A l'origine pour Rafael, mais on ne mord pas ... (Quoi que ...)

Après avoir passé la matinée à arpenter les pièces de la maison, il fallait avouer que je n'avais pas prit la peine la vieille au soir de découvrir le nid d'amour, des coupes de champagnes me tendant affectueusement les bras, je tâchai de m'occuper des placards. J'étais une fouine, certes, mais pas une si bonne fouine que ça, étant donné que j'attirais plus les grosses boules de poussières que les trésors oubliés par d'anciens propriétaires. C'était quelque peu déçue que je m'apprêtais à abandonner mes recherches, jusqu'à ce qu'un reflet metallique attire mon regard vers le fond d'une étagère. Et c'est triomphante que je sortis de l'ombre un vieux slinky, cet espèce de ressort géant capable de parcourir un certain bout de chemin à lui tout seul. Ni une, ni deux, je filai en direction de l'escalier et grimpai les marches pour arriver au sommet de celui-ci. Je me baissai comme je le pouvais du haut de mes bottes à talons, tout en essayant de ne pas basculer en arrière. Je passais déjà pour une grande enfant, inutile d'y rajouter la mention "ridicule".
Le premier essai fut désastreux, et le second pas bien meilleur. Le ressort parvenait à descendre seulement deux/trois marches, avant qu'il ne se retrouve lamentablement à l'horizontale, à cause d'un manque de vitesse flagrant. Je marmonnai d'un air perplexe, tout en remontant en haut de l'escalier pour retenter l'expérience, ne m'avouant pas encore vaincue.

Rafael s’était levé en début d’après-midi, avait traîné en guise de petit-déjeuner et s’était finalement douché, juste histoire de. Il était à peine dix-sept heures et ses deux copines lui manquaient déjà. L’une était la nicotine et l’autre la caféine. Sans elle, tout semblait fade, la preuve, lorsqu’il aperçut une jeune femme voutée en haut des escaliers, il n’eut même pas le réflexe de la pousser. Assurément, il était en manque. A la place, il se pencha à ses côtés et observa en silence ce qu’elle tentait de faire. Elle avait avec elle un slinky – Rafael n’en avait pas vu depuis ses huit ans – qu’elle essayait de faire rebondir sur les marches. L’avait-elle emmenée avec elle ou quelque chose comme ça ? « T’as cinq ans ou bien ? » Dit-il avec insolence, en la regardant un instant, avant de finalement se relever, avant de finalement détailler du regard le corps féminin qui s’offrait – presque – à lui. Secouant sa tête de gauche à droite, déjà las de cette femme-enfant, il poursuivit en soupirant. « Surtout que tu t’y prends super mal. Il faut juste donner une pichenette, juste la. » Il se pencha de nouveau afin de lui montrer l’endroit, sans pour autant le faire. Plus jeune, il s’était amusé avec ça. Et il ne s’en ventait pas tous les jours.

Les escaliers de la maison avait une certaine tendance à apprécier les grincements, si bien que je fus au courant de la présence d'un candidat derrière moi, bien avant que celui-ci ne parle « T’as cinq ans ou bien ? ». Je levai les yeux vers le jeune homme, d'un air excédé, avant de me remettre à observer le slinky, comme si la bonne technique allait s'imposer à moi d'un seul coup. Je ne relevai même pas les yeux en l'entendant soupirer à côté de moi, en reprenant d'une voix que j'aurais presque pu qualifier de supérieur. « Surtout que tu t’y prends super mal. Il faut juste donner une pichenette, juste la. » Il se baissa tout de même pour montrer l'endroit dont il parlait, toujours avec un enthousiasme affolant. Je me levai pour me mettre à sa hauteur, en libérant ainsi un passage dans l'escalier. « Quoi ? Tu veux monter pour aller t'occuper d'activités plus "adultes" ? » lançai-je d'un ton acide, visiblement vexée par les propos de l'habitant. « Je t'en prie, j'ai cru comprendre qu'une blonde aux tendances nymphomanes se trouvait dans l'une des chambres, ça doit être ton genre, non ? ». Je le fusillai du regard. J'avais déjà tendance à avoir du mal à m'entendre avec les autres, il suffisait de savoir que je n'avais encore jamais eu de vrai discussion avec aucun autres candidats pour s'en rendre compte, et il fallait que je tombe sur un vrai emmerdeur, qui ne comprenait pas tout les biens fait du slinky ... Mince, quoi ! Qu'est-ce qu'il y avait de plus cool qu'un slinky ?

« Fais pas ta jalouse, ma petite, t’auras droit à une part de gâteau si t’es sage. ». Je ne pus m'empêcher de sourire, sous la prétention du jeune homme. Il était si sûr de lui, que ça frisait presque le gros n'importe quoi. Certes, il n'était pas désagréable à regarder, et ça aurait été mentir que de dire le contraire, mais l'un des éléments principal qui faisaient le charme d'une personne restait une certaine modestie quant à ses propres qualités, non ? Je soupirai, en lui répondant avec franchise :« Crois-moi, si j'avais des vues sur toi, tu le saurais. » Et accessoirement, je ne serais sûrement pas en train de m'énerver après lui au lieu d'essayer de me montrer attirante. « Avec quelques efforts, tu pourrais peut-être arriver à la cheville d’Alice, en attendant tu peux continuer à jouer à la poupée. » Je levai les yeux au ciel, tout en sortant mon paquet de Lucky Strike. « Si c'est pour plaire à Monsieur, je devrais sûrement pouvoir faire de tels efforts ! » Lançai-je d'un ton ironique. Je coincai l'une de mes cigarettes entre mes lèvres, puis me contentai de demander en deux malheureuse syllabe au candidat, sans même prendre la peine de retirer ce que j'avais dans la bouche pour pouvoir être plus audible, bien trop occupée à ranger mon paquet comme je le pouvais dans l'une de mes poches étroites : « Du feu ? »