Au fond, cela n'aurait pas tellement dérangé Raphaël que Lulu ait définitivement refusé de le lâcher et qu'il soit ainsi resté tendrement dans ses bras. Il aurait même plutôt apprécié le prolongement d'une telle situation, hm. Mais à force d'alterner entre le regard de Lulu et les lèvres de ce dernier, il savait pertinemment qu'il aurait fini par y déposer un baiser. Or, ça ne serait absolument pas raisonnable. Certes il avait particulièrement apprécié tout ce qu'il s'était passé dans les souterrains - beaucoup plus que prévu, en tout cas - mais il ne se voyait pas tellement embrasser à nouveau son camarade. Il s'en voudrait de le pousser à s'éloigner, de le lasser à force. Il préférait faire taire l'irrésistible envie qu'il avait de joindre à nouveau leurs lèvres et penser à autre chose, comme à la leçon de natation qu'il lui avait demandé. Et justement, Lulu ne tarda pas - après un petit moment de bonus, disons - à l'inciter à laisser son corps flotter sur la surface de l'eau. Ce ne fut pas une tâche aisée, dans la mesure où Raphaël avait véritablement peur de l'eau, et qu'il craignait de se noyer à chaque instant qu'il passait dans ce bassin, mais le fait de savoir que Lulu était là pour le soutenir - ou en tout cas dans l'immédiat pour soutenir son pauvre corps - avait tout de même tendance à le tranquilliser un minimum. Disons que ça lui évitait de s'échapper d'ici précipitamment, lui qui voulait pourtant tellement apprendre, et qui avait tout autant l'intention de profiter encore quelques instants de la plaisante compagnie de Lulu. Il se mit donc à plat ventre sur l'eau qui, avec les mains de son camarade, permettait à son corps de ne pas couler. Raphaël n'était de toute manière pas bien lourd, hm. Mais tandis qu'il se devait encore et toujours de gérer ses craintes, il en vint à supplier son camarade de ne pas le laisser, de rester avec lui. Il avait besoin de Lulu, c'était indéniable. Il l'apaisait et c'était primordiale. Ne recevant aucune réponse de son camarade, mais devinant que celui-ci devait sourire aussi joliment qu'à son habitude, Raphaël en conclut qu'il était d'accord pour ne pas l'abandonner. Mais il se trouvait clairement ridicule. Déjà parce qu'il apprenait à nager à un âge où certains concouraient en niveau olympique, mais également parce qu'il en venait à se montrer un peu nigaud en disant ce genre de choses. Il entendit alors son camarade rire. De lui ? Parce qu'il se moquait ? Même pas. Car il fut bien vite amené à rougir terriblement lorsque Lulu insinua qu'il était ... ridiculement beau. Son cœur s'emballa mais il tâcha de ne pas gigoter, histoire de ne pas faire tout foirer. Il garderait assurément en mémoire ces quelques mots qui, bon sang, le troublaient énormément. Lulu lui demanda alors d'agiter lentement les bras, comme s'il nageait véritablement. Anxieux, il s’exécuta. Il fit alors de lents mouvements, pour ne pas décevoir Lulu, mais ne tarda pas à se sentir en léger déséquilibre. Et tandis qu'il tâcha de garder le contrôle de son corps, celui-ci s'emballa, se mettant à gigoter de manière incontrôlable, si bien qu'il ne tarda pas à se vautrer lamentablement dans l'eau. Petit rappel : il ne savait pas nager. Heureusement, en humain qu'il était, il eut une sorte d'instinct de survie et tâcha d'atteindre le bras de son camarade. Cela ne l'empêcha pas de disparaitre un instant sous l'eau, mais il parvint à en ressortir, essoufflé, mais surtout terrorisé. Oh, et en larmes évidemment. « Lulu, je ... je suis désolé ... » articula-t-il péniblement, tout en s'agrippant plus fermement au jeune homme, choqué par ce qu'il venait de vivre. « Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je ... j'ai paniqué et ... mon dieu ... j'ai eu peur » reprit-il, en se sentant terriblement bête. Ses larmes continuaient de couler, et il se jeta finalement dans les bras de Lulu. « Serre-moi ... serre-moi fort. » Juste histoire qu'il s'en remette, quoi.

Il s'en sortait plutôt bien. Pour tout vous dire il n'était pas le premier que je voyais qui ne savait pas nager à cet age là. Non, malgré ce que l'on pouvait en penser, c'était une chose plus commune que l'on pourrait l'imaginer. Je le tenais à peine pour tout vous dire, lui donnant simplement l'impression de le maintenir, alors qu'en vérité, il flottait plus par lui même qu'autre chose, mes mains n'étant que disposées sur son corps. C'est ainsi que je lui demandais de nager, ou tout du moins d'essayer, à l'aide de ses bras. Et après quelques mouvements parfois maladroits, le déséquilibre se fit ressentir, et bientôt, je le vis chuter de mes appuis, buvant la tasse. On aurait dit un petit chaton effrayé par l'eau, tombant dans un bassin, peut-être allait-il même se secouer en sortant de la piscine. C'est alors qu'il se raccrocha à mes bras, comme un point de survie, s'hissant à la surface jusqu'à sortir la tête de l'eau, terrorisé, essoufflé. Je pouvais le sentir trembler de tout son être, s'agrippant à mes bras comme si sa vie venait de lui glisser entre les mains. Il était littéralement terrorisé, pourtant je ne pouvais m'empêcher de le trouver incroyablement adorable. « Lulu, je ... je suis désolé ... » dit-il alors que je pouvais percevoir les larmes couler sur ses joues, de part ses mots, ayant de toute évidence du mal à se faire entendre. « Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je ... j'ai paniqué et ... mon dieu ... j'ai eu peur » je devais avoir l'air incroyablement mou à cet instant présent, certainement parce que je ne réagissais pas. Certainement parce que cette expression quelque peu étonnée, tout en restant assez neutre trônait sur mon visage. Tout était allé trop vite, et j'avais maintenant bien du mal à remettre chaque élément à sa place, si bien qu'alors que je me repassais une énième fois la scène dans ma tête, tentant de comprendre tant bien que mal ce qu'il venait de se passer, le jeune homme colla son corps contre le mien. Il tremblait réellement. « Sers-moi ... sers-moi fort. » instinctivement, mes bras enlacèrent son torse, venant se placer dans son dos, mes muscles s'animant, se contractant comme pour obéir à ses désirs. C'est ainsi que je le serrais tout contre moi, restant une longue minute dans cette position. Je pouvais même sentir sa respiration de moins en moins saccadée s'abattre violemment sur mon épaule. Alors, je desserrais légèrement mon étreinte pour pouvoir replacer mon visage devant le sien. Ses joues étaient trempées, mélange de larmes et d'eau simple. « Fais moi confiance, d'accord ? » un léger sourire se dessina sur mon visage, alors que mes yeux captaient les siens, s'y plongeant le temps d'une poignée de secondes avant que mon visage ne s'approche un peu plus, toujours un peu plus, mes lèvres se déposant bientôt sur celles du jeune homme. Un doux baiser d'abord, plus passionnel par la suite. Là, mes jambes se brisèrent, lentement, entrainant le jeune homme, nous enfonçant peu à peu dans le bassin. L'eau nous arrivait maintenant aux cous, mes bras tenant toujours le corps du jeune homme, comme pour le bercer. Le baiser s'éternisait, avec une incroyable délicatesse. Et bientôt... et bientôt nous en venions à disparaitre, entrainés dans les profondeurs du bassin. Là mon étreinte se resserra un peu plus, comme pour lui signaler que j'étais toujours là, que je le tenais, et que rien ne pourrait lui arriver. Comme pour le rassurer de ma présence. Comme pour qu'il s'habitue à se climat. Bien entendu, nos lèvres liées ne nous laisseraient certainement que peu de temps à nous, l'oxygen viendrait bientôt à nous manquer. Mais cela ne m'effrayait pas. Parce que j'étais bien, là. Juste là.

Ne pas savoir nager avait toujours été assez handicapant pour Raphaël. Cela lui avait valu de subir les moqueries de ses camarades d'école - lors des sorties piscine, notamment - mais également de ses propres sœurs. La vérité est qu'il avait toujours eu bien trop peur de l'eau pour oser demander à quiconque de lui apprendre à nager. Et aimants comme l'avaient été ses parents - autant dire pas du tout - il va de soi que cela ne leur serait pas non plus venu naturellement. Il était donc resté profondément craintif de l'eau et totalement incapable d'entrer dans un bassin sans se tenir fermement aux bords de celui-ci. Mais ici, avec Lulu, tout était différent. Il était parvenu à vaincre une première partie de sa crainte, et c'était assurément un bon début. Il faut surtout avouer que son camarade était d'une présence on ne peut plus rassurante. C'était un peu comme s'il était le seul à pouvoir le tranquilliser. Et son idée d'inciter Raphaël à faire la planche sur le ventre n'était pas bête du tout. Il lui faudrait de toute manière passer par divers exercices afin de véritablement apprendre à nager. Oui, c'était assurément nécessaire. Et il voulait justement faire de gros efforts pour progresser, dans ce domaine et dans bien d'autres d'ailleurs. Malheureusement, les choses tournèrent court, puisqu'il ne put rester équilibré bien longtemps. Le fait d'agiter les bras lui donna une impression de malaise, et il ne sentit plus capable de tenir dans une telle position. Alors, sans qu'il ait pu l'en empêcher, son corps chavira sur le coté, rencontrant inévitablement l'eau du bassin. Et nul doute qu'il aurait coulé droit au fond de celui-ci s'il n'avait pas eu le réflexe de s'accrocher au bras de son camarade. Ce geste lui permit alors de regagner bien vite la surface, mais dans un état pour le moins épouvantable. Non content d'être profondément choqué par ce qu'il venait de vivre, voilà que Raphaël était en larmes. Il était véritablement bouleversé, ressentant bien vite le besoin de s'excuser, avant de se jeter dans les bras de Lulu. Il réclamait une étreinte. Une étreinte pouvant le calmer, le rassurer, l’apaiser. Une simple étreinte. Dieu sait qu'il en avait besoin. Son camarade le serra alors contre lui, et instantanément, Raphaël se sentit mieux. Moins paniqué, moins essoufflé. Il était bien, à cet instant précis. Bien mieux, en tout cas. Mais voilà que, déjà, l'étreinte prit fin. Leurs visages se retrouvèrent face à face, et Lulu articula quelques paroles. Lui faire confiance ? Bien sûr qu'il lui faisait confiance. Ainsi donc, Raphaël hocha tout doucement la tête, ses yeux rivés vers les siens. Quelques secondes passèrent, dans un délicieux silence, avant qu'un baiser ait lieu. Un savoureux baiser. Tendre, puis plus passionné. De quoi l'émoustiller clairement. Et tandis qu'il savourait l'instant présent, il se sentit disparaitre progressivement sous l'eau. Mais Lulu était là, à l'embrasser si délicieusement, alors il ne paniquait plus. Il le laissa faire, prolongeant encore et toujours le baiser, tandis qu'ils disparaissaient tous les deux en dessous de la surface de l'eau. Savoir que Lulu était là rassurait clairement Raphaël. C'était pour lui, pour ne pas le décevoir, qu'il faisait autant d'efforts à cet instant précis. Des efforts pour ne pas paniquer. Des efforts pour ne pas penser à sa peur. Des efforts pour rester docile. Alors il restait calme, profitant encore et toujours de ce divin baiser, tout contre Lulu, dans cette eau presque inoffensive en fin de compte. Mais l'oxygène leur manquerait bientôt, alors il leur faudrait penser à remonter. C'est finalement au bout de quelques secondes - qui lui parurent d'agréables minutes - que tous deux regagnèrent la surface, pouvant alors détacher leurs lèvres. Le souffle court, l'esprit apaisé et le corps animé d'une passion étrangère, Raphaël se surprit à laisser ses doigts explorer le torse de Lulu, tandis que ses lèvres revenaient butiner les siennes. « Je suis bien avec toi » avoua-t-il timidement, dans un sourire. Contrairement à beaucoup de gens, Lulu ne l'effrayait pas. Au contraire, il le rassurait. « Et même si je ne sais toujours pas nager, pas encore du moins, je ... je me réjouis d'avoir pu partager ... tout ça ... avec toi » reprit-il, tout en fermant les yeux et en collant doucement son front au sien. Il était fatigué de craindre tout le monde. Alors il savourait le fait de ne rien avoir à craindre de Lulu.

Nos corps s'enfonçaient toujours un peu plus dans le bassin, me retrouvant bien vite accroupis sous l'eau, mes lèvres toujours liées à celles du jeune homme, mon corps collé au sien, caressant lentement sa douce peau, comme pour le rassurer, l'apaiser. La dernière chose que je souhaitais était qu'il ait une crique de panique sous l'eau, pour sûr que j'aurais bien du mal à la contenir. Non, au lieu de ça, nos langues dansaient l'une dans l'autre, comme elles commençaient à en avoir l'habitude. Pourtant à chaque baiser échangé avec le jeune homme, j'avais la vague et étrange impression qu'il n'en était que le premier. Comme si nous apprenions à nous connaitre de cette manière. J'en venais d'ailleurs à penser que je ne connaissais pas grand chose sur sa vie. Nous avions commencé à l'envers, les baisers avant, nos passés ensuite. Peut-être même jamais. Nous ne nous jugions pas, nous contentons de savourer mutuellement une âme, de faire abstraction de son passé, de sa vie comme de ses erreurs. Oui, nous nous contentions de prendre les choses comme elles venaient, et c'était très certainement ça qui m'attirait le plus dans cette relation. Parce que oui, quoi que les autres en pensent, il s'agissait bien à mes yeux d'une relation. Je ne voyais pas comme qualifier cela autrement. Pourtant, et malgré ce que vous pouviez en penser, nous prenions notre temps, je prenais mon temps. Pour le moment, il n'y avait qu'un échange, de simples baisers, rien de plus, ou du moins rien qui ne devait être encore signalé, bien que certainement déjà visible. Pour sûr qu'il y avait attirance, des deux côtés. Nos corps remontèrent alors lentement à la surface, nos lèvres se séparant un instant, le temps d'inspirer profondément. Je pouvais même sentir mes poumons, ma poitrine et la sienne également se gonfler tout contre mon torse. Un léger sourire vint alors trôner sur mes lèvres alors qu'une de ses mains parcourait maintenant mon torse, chose qu'il n'avait jamais osé faire jusqu'ici. Voyez comme j'en venais à noter les détails. Ses lèvres se déposèrent furtivement sur les miennes, avant qu'il ne reprenne la parole. « Je suis bien avec toi » je n'en montrais rien, mais ces paroles me faisaient vraiment du bien. Cela faisait un petit moment maintenant que je n'avais pas reçu ce genre de compliments. En y repensant, cela ne m'était même jamais arrivé puisque tout n'avait été que mensonge. Avec lui, j'étais certain de ne plus souffrir, terminé les relations à un sens. Je voulais évoluer. Et quelque part, j'avais évolué, je n'étais plus aussi naïf que dans le passé. « Et même si je ne sais toujours pas nager, pas encore du moins, je ... je me réjouis d'avoir pu partager ... tout ça ... avec toi » un léger sourire s'esquissa alors sur mon visage. Il était vraiment mignon. Je ne comprenais pas comment les autres ne pouvaient pas fondre devant cet être si pur. Si calme, si lumineux. Le bout de mon nez se frotta un instant au sien, avant que mes lèvres ne se déposent sur son front. « Je suis bien avec toi également. » et à cet instant précis, ton mon être lui appartenait. Impossible de me détacher de son regard. Il avait de si beaux yeux.

A l'instant où Raphaël avait compris en quoi consistait l'idée de Lulu - à savoir disparaitre ensemble dans les profondeurs du bassin, en s'embrassant et en restant étreints l'un avec l'autre - il avait cru ne pas pouvoir gérer l'appréhension qui avait commencé à naitre en lui. Sauf que ladite appréhension n'avait même pas eu l'occasion de prendre des dimensions dramatiques, puisque le fait de goûter une nouvelle fois aux lèvres si plaisantes de son camarade et de pouvoir sentir celui-ci tout près de lui, eut tendance à le tranquilliser presque immédiatement. Ainsi donc, Raphaël s'était laissé entrainé sous l'eau, guidé par le corps de Lulu qu'il sentait tout contre le sien, et motivé par cet agréable baiser dont il n'attendait certainement pas la fin. Et voilà qu'ils disparurent. Sous l'eau, Raphaël fut étonnement serein. Il aurait pu durement paniquer, notamment face à la perspective de ne pas disposer d'une réserve d'air illimitée, mais ce ne fut même pas le cas. Il ne pensa en réalité qu'à Lulu, à ce baiser, mais également à tout ce que son camarade faisait pour lui, et qui comptait grandement à ses yeux. Au fond, il aurait eu bien du mal à vivre ce début d'aventure sans Lulu, et il le savait pertinemment. A croire qu'en plus de lui plaire - c'était incontestable, et il aurait de toute évidence bien du mal à le nier - son camarade avait aussi le don d'apparaitre à ses yeux comme celui qui avait motivé ses nombreux efforts, qui lui avait évité de trop s'isoler, malgré sa peur de tout et de tout le monde. Au fond, et malgré le fait que cela ne faisait que trois semaines qu'ils avaient réciproquement intégré le jeu, Raphaël avait l'impression de beaucoup devoir à Lulu. Voilà pourquoi il commençait à beaucoup tenir à lui. Lorsque finalement les deux jeunes hommes regagnèrent la surface, l'un comme l'autre ne manqua pas d'être essoufflé. Mais Raphaël avait tout de même tendance à être fier d'une chose : ne pas avoir paniqué sous l'eau. C'était assurément un progrès considérable, que ce soit au niveau de son apprentissage de la natation, ou au niveau de sa guérison générale. Raphaël avait alors laissé ses doigts se promener sur le torse de son camarade, s'étant même permis de regagner furtivement ses lèvres, comme s'il parvenait à faire tomber certaines barrières en compagnie de Lulu, comme si ce dernier parvenait à le détendre au point qu'il se découvrait plein d'une passion surprenante. Il avait alors fait savoir à Lulu qu'il était bien avec lui, ce qui était tout à fait sincère. Avec Lulu, tout semblait différent. Tout semblait mieux, surtout. Il allait mieux, en tout cas. Et quand il ne l'avait pas tout près de lui, il était nostalgique de sa présence. A croire qu'il était devenu quelques peu dépendant de celui qui se donnait du mal pour lui faire du bien, hm. Par la suite, Lulu vint frotter son nez contre le sien, tandis que le suisse savourait encore et toujours le moindre instant passé avec lui, ou ici, contre lui. Ses paroles lui firent plaisir. Savoir que la réciproque était vraie le comblait de joie. Et ce baiser sur le front lui fit grandement plaisir. Il eut envie de pleurer, comme il eut envie de sourire. Le fait est qu'il était submergé d'émotions diverses et contraires. De la joie, mais également un brin de nostalgie. Au fond, il avait tendance à penser que rien de tout cela ne durerait, et ça lui faisait du mal à l'avance. Son regard ancré au sien, Raphaël adressa un sourire à son camarade. Un sourire qui semblait témoigner du bien être qu'il ressentait et dont il comptait bien profiter le temps qu'il durerait. Doucement, il tâcha de nager assez maladroitement jusqu'au rebord, attirant Lulu jusqu'à lui, avant de s'y adosser. « Ne te méprends pas, d'accord ? » souffla-t-il, avant de gagner ses lèvres avec sensualité et d'enrouler ses bras autour du torse de Lulu. Il se permit ensuite de laisser ses lèvres se déplacer dans le cou de son camarade, s'y attardant pour y déposer de brûlants baisers, s'arrêtant de temps à autre pour capter son regard. Il en oubliait à nouveau cette histoire de leçon de natation, tant il était désireux d'apprendre déjà une toute nouvelle chose : l'art de la séduction.

Oui, à ses côtés j'étais réellement bien. Je ne savais pas encore pour quelle raison, ni par quel miracle cela pouvait être possible. Non, cependant je me souvenais de la première fois que mon regard avait croisé le sien, dans un cimetière, notez l'ironie de la scène. Il ne m'avait absolument pas intéressé, il n'avait même pas attiré mon attention. Parce qu'il était mon contraire, une part d'innocence que j'avais perdu après bien des années de souffrances. Il était ce que j'aurais pu être, ce sur quoi j'avais du faire une croix. On dit que l'on est souvent attiré par nos contraires, pourtant je suis certain qu'au fond, ce que l'on recherche, ce n'est qu'un bout de soi. Alors, dans ses yeux, je cherchais, je cherchais ce à quoi je tentais de me rattacher. Le pourquoi d'un tel attachement, aussi soudain soit-il. Peut-être ne serait-il qu'éphémère, très certainement même, puisque je n'avais plus eu ce genre de relation depuis maintenant des années, et doutais clairement que je serais capable d'en ravoir de si tôt. Je doutais tout simplement parce que ce n'était plus qui j'étais. Je n'étais plus fait pour la romance, pour la découverte, pour... ça. Et pourtant, j'étais là, dans ses bras, ne voulant plus les quitter. La richesse de son âme, voilà très certainement ce qui m'attirait le plus chez lui. Il était incroyablement beau, et pas seulement de l'extérieur. Il était beau mais n'en avait pas conscience. Alors, je me sentais chanceux, chanceux de pouvoir partager un tel moment avec un tel être, pensant que cela ne m'arriverait certainement plus par la suite. Péché de la gourmandise, j'en savourais les moindres secondes comme si elles étaient les dernières, chose que je ne souhaitais pour rien au monde. Que savais-je sur lui ? Que savait-il de moi ? Au final peu de choses, le seul point sur lequel nous étions sûrs était la confiance. j'avais étrangement confiance en cet être, et avais le sentiment que celle ci était réciproque. Il m'autorisait à faire des choses que certaines personnes n'auraient très certainement jamais pu faire. Je pouvais parcourir sa peau de mes doigts, aspirer son âme de mes lèvres, sentir son coeur battre, si proche du mien, plonger dans ses yeux et en perdre le souffle. Alors, au final, j'en venais à m'interroger, pourquoi moi et pas un autre ? Pour sûr qu'il aurait pu avoir n'importe qui à ses pieds et ce sans qu'il ne le veuille, sans qu'il ne s'en rende réellement compte. Pour sûr que sans ce premier baiser, nos chemins ne se seraient certainement jamais croisés, chacun aurait tracé sa route, épiant l'autre d'un regard. Voire deux. Voire plus. Je n'étais pas quelqu'un de bavard, et n'avais pas non plus l'impression d'être le plus beau, le plus intelligent ni même le plus intéressant des candidats. J'étais un de ces gars de l'ombre, qui se contentait de batir pour d'autres, et dans retenir les récompenses anonymes. Alors être identifié par quelqu'un, être reconnu et ce après tant d'année me donnait l'impression d'exister à nouveau. « Ne te méprends pas, d'accord ? » Son corps était maintenant collé à la bordure du bassin, ses lèvres capturant les miennes un instant, plus sensuel qu'il ne l'avait jamais été, dérivant rapidement dans mon cou, cherchant de temps à autres mon regard. Ma respiration quant à elle s'accélérait, rythmée par ses lèvres déposées sur ma peau alors que mes mains parcouraient ses bras, les caressant en toute douceur. Je ne savais plus comment réagir, parce qu'il ne voulait justement pas que je réagisse. Pourtant, je pouvais sentir le désir monter en moi, par bouffée de chaleur. Il était innocent, j'étais simplement con. « Attends... » dis-je en plaçant mes mains à plat sur son torse, capturant son regard avant de déposer mes lèvres sur les siennes, le temps d'une poignée de seconde et de les y retirer. « Si tu continues je... » putain j'me sentais con en plus « Je ne suis pas sûr de pouvoir me retenir. » un léger sourire se dessina sur mes lèvres, pour lui montrer que ce n'était pas grave, et qu'il n'avait rien fait de mal. Que ce n'était que naturel. Que j'étais tout simplement attiré par lui.

On aurait pu croire que toute cette situation embarrasserait fortement Raphaël. Après tout, il était bien connu pour ne pas tellement apprécier la proximité et les contacts physiques à répétition. Mais ici, avec Lulu, les choses étaient tout à fait différentes. Il n'avait pas peur, ni de lui même, ni de son camarade, ni de ce qu'il se passait à cet instant précis. Il se sentait assurément en confiance avec le jeune homme, profitant un maximum de la présence de ce dernier, comme s'il était entouré d'un ange qui risquait de lui échapper pour retrouver le ciel d'une minute à l'autre. Cet ange, il le voulait tout près de lui encore quelques instants, puisqu'il avait si longtemps prié pour s'en approcher. Il était quasiment certain que Lulu ne compte pas entretenir le doux lien qui les unissait, mais Raphaël comptait bien savourer les instants qu'il lui restait à passer en sa compagnie. Les plus belles choses avaient une fin précipitée, et il avait vécu suffisamment de moments douloureux dans sa vie pour savoir qu'elles étaient surtout bien rares. Tout comme les gens comme Lulu l'étaient, eux aussi. D'une douce rareté, qui l'incitait à profiter un maximum de la compagnie de ce beau jeune homme, de ce tatoué si rassurant, si sécurisant à ses yeux. Voilà pourquoi il agissait vis à vis de Lulu bien différemment de vis à vis de beaucoup de personnes. Il lui permettait de se rapprocher de lui, aussi bien physiquement que sentimentalement, comme s'il lui ouvrait son cœur, comme s'il lui remettait la clé qu'il avait tant cherché à cacher aux autres. Il avait confiance en lui, comme si Lulu ne risquait jamais de lui faire le moindre mal. Au fond, il ne pouvait s'empêcher de garder en tête qu'il y avait toujours un risque que tout cela ne soit qu'un jeu, une belle mascarade, et que son camarade se serve simplement de lui à des fins peu glorieuses, mais à cet instant précis, il voulait lui donner tout ce qu'il avait. Peut être à un détail près, cependant. Il ne se voyait évidemment pas lui offrir ce qu'il n'avait jamais pu offrir à personne. Son corps. Il l'incitait à l'embrasser, à le caresser, mais il ne sentait évidemment pas prêt à aller aussi loin que n'importe qui aurait pu aller à sa place. Pourtant, il venait de nager - bien mal, évidemment - jusqu'au rebord pour s'y adosser, avant d'adopter une troublante attitude. Car après avoir demandé à son camarade de ne pas se méprendre, voilà qu'il se mit à l'embrasser, d'abord sur les lèvres, puis dans le cou. Honnêtement, il cherchait à voir ce qu'il était capable de faire dans une pareille situation. Comme s'il cherchait à se découvrir plus aventureux, plus sensuel. Comme s'il cherchait encore et toujours à apprendre de la situation. Au fond, il n'avait aucune réelle arrière pensée. Son but n'était pas non plus de tenter ni de troubler Lulu. Il voulait simplement se rendre compte de ce qu'étaient ses capacités à séduire. Et lorsqu'il crut se rendre compte que la respiration de son camarade s'accéléra, il eut presque envie de poursuivre indéfiniment, comme si le fait de réaliser qu'il pouvait parvenir à le troubler pouvait l'inciter à accentuer la chose. Mais il ne devait pas en faire trop. Parce que lui même risquait de réagir d'une manière bien étonnante. En sentant les mains de Lulu caresser ses bras, il se sentit frissonner. Et ça, il ne l'avait pas tellement prévu. Alors, quand son camarade mit plus ou moins fin à l'échange, il ne put que prendre conscience du danger de la situation. Il avait clairement joué avec le feu, et il commençait à s'en vouloir sérieusement. Aux paroles de Lulu, il se pinça les lèvres avant de fermer doucement les yeux. Il laissa sa tête retomber sur l'épaule de son camarade, déposant un dernier baiser sur sa peau chaude et délicieuse. « Je suis désolé, je ... je n'aurais peut être pas du ... » Maladroitement, il vint agripper son bras, toujours pour ne pas couler, se permettant au passage de le caresser du bout de son index. « Je ne l'imaginais pas comme ça, cette leçon de natation » reprit-il, se redressant pour adresser un doux sourire à son camarade. « Je me sens tellement bien, dans tes bras » ajouta-t-il, déposant un baiser à la commissure de ses lèvres, avant de l'enlacer avec délicatesse. Il ne pensait même plus au fait qu'il pourrait brusquement couler. Il ne pensait à rien d'autre qu'à cette étreinte. A rien d'autre qu'à Lulu.