C’est sympa, ici. C’est marrant. C’est comme faire du camping, mais en pire. Je suis sûr qu’un scout pourrait parfaitement gérer cette situation. Je ne suis pas scout, mais ça ne m’empêche pas de vivre bien cette situation quand même. Ça me fait marrer, de voir les gens galérer, se plaindre, croire qu’ils font face à la mort tous les jours. C’est ridicule. Faut pas être con pour se rappeler qu’on est filmé, et que si quelqu’un est en danger, la production interviendra. Ils ne veulent pas se coltiner un procès, les cocos. Alors moi, j’le vis bien, et je prends un malin plaisir à me moquer des autres. C’est mon truc, ça. Et alors que je suis dans la forêt, j’entends un cri aigu et des bruits de pas, pour finalement sentir quelqu’un s’agripper à moi. Ah oui d’accord. Je fais fasse à une de ces fragiles incapables de se débrouiller toute seule, là. Et bien sûr, je ricane. Il faut que je la sauve, apparemment, mais je ne sais pas de quoi. Qu’importe. Il faut que j’apprenne à tourner ça à mon avantage, n’est-ce pas ? « Je v-vais te sauver qu’à une s-seule condition. » je commence de mon air goguenard, la gardant sur mon dos, prêt à la faire tomber si elle refusait, bien évidemment. La galanterie, je ne connais pas, moi. « Que tu f-fasses tomber le haut » Eh bien quoi ? Une vie contre des seins, ça me paraissait correct.

C’est dans ces moments que je me rends compte que les filles n’ont vraiment pas de courage. Aucune d’elles. Il n’y a qu’à voir cette folle qui venait de sauter le plus normalement du monde sur mon dos pour m’ordonner d’avancer comme si j’étais son taxi personnalisé. Et en plus d’être des chochottes, elles étaient pourries gâtées et s’attendaient à voir tous leurs vœux se réaliser dès qu’elles les prononçait. Pourtant ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle s’est adressée à la mauvaise personne, cette trouillarde là. C’est comme une maladie chez moi, je fais tout le contraire de ce qu’on me demande. Je déteste les ordres. En fait, je suis allergique aux ordres. Certains sont allergiques au lactose, moi c’est aux ordres. Chacun son truc. « Une v-vraie trouillarde. » je dis sans pour autant avancer. Tout ça pour un oiseau, c’est ça. « J’te rassure, l-les oiseaux aiment manger des c-cerveaux bien remplis. Tu ne r-risques rien. » je dis en ricanant et en avançant tout de même de quelques pas puisqu’elle confirme qu’elle fera tomber le haut après. Il faut savoir tourner les choses à son avantage. Je la sauve, et elle elle me montre ses nibards. Ça me paraissait plutôt juste.