DAPHNE
ASMAA
NIVEAU II

J'ETAIS CALME ! Ouai ! Aussi étonnant que ça puisse paraître, je restais en place. J'sautais pas dans tout les coins, j'riais pas comme une gamine. J'avais tout de même les yeux pétillants, mais pas un bruit émanait de mon petit corps. J'étais assise sur l'un des banc du milieu, face aux immenses miroirs, dans lequel se reflétait la silhouette de Daphne. Je la regardais, pas vraiment discrètement, mais je la regardais tout de même. Assise donc sur l'un des banc, en tailleur, tête entre mes mains. En fait, j'pouvais parier tout ce que j'avais qu'elle ne devait même pas connaître mon prénom. C'était pas trop grave, parce que moi je la connaissais. Enfin, qui ne la connaissait pas parmi les candidats ? Qu'est-ce que je regardais comme ça ? Hmmm j'sais pas trooooop en fait. La personne qu'elle est, que j'aime bien d'ailleurs, et puis sa manière de s'habiller. J'suis pas la mode moi, j'assemble juste des vêtements ensemble. Il paraît que ça va plutôt bien. C'est même pas fait exprès. Parfois, dans des moments comme ça, j'rêve d'être blanche et blonde et d'avoir d'la tchatche naturelle. À d'autres moment, j'suis contente d'avoir une peau d'mêtisse et d'avoir des explosions capillaires chaque matin en me levant. C'est pas le cas aujourd'hui, naaaan, j'voudrais bien ressembler à Daphneeeeuh. Quand elle vit enfin que je la regardais, je détournais immédiatement mon regard genre, vers le plafond en sifflotant.

Après s’être habillée et maquillée, Daphne remettait un peu d’ordre dans ses affaires. Elle avait commencé par refaire son lit, sous le regard intriguant de la belle Asmaa. Oui attirer l’attention demeurait sans aucun doute l’un de ses plus grands talents, à double tranchants cependant, elle l’avait appris à ses dépens. Dans un premier temps, elle se contenta d’ignorer sa camarade, pliant soigneusement sa nuisette avant de la reposer sur son oreiller. Les secondes s’écoulèrent et la jeune femme continuait de se sentir observée. Elle tourna alors ses yeux émeraude dans sa direction, daignant enfin lui accorder un minimum d’importance. « Non ! Regarde-moi, ne t’arrête pas ! Dis-moi ce que tu vois. » Demanda-t-elle en s’avança jusqu’au banc.

J'me sentais un peu incitante, je sais, mais j'men foutais. J'ai des yeux, c'est pour m'en servir, non ? Surtout quand face à moi se tient une fille plutôt jolie, alors j'allais sûrement pas me priver. « Non ! Regarde-moi, ne t’arrête pas ! Dis-moi ce que tu vois. » Je posais de nouveau mon regard sur elle, via le miroir, avant de tourner mon corps vers Daphne même. « T'aime bien être regardée ! Admirée !» Lui disais-je dans un premier temps, un large sourire étirant mes lèvres. Bah ouai, elle pouvait pas me mentir, j'le savais, j'le sentais. Y'avais pas d'mal à ça. On est comme on est. Elle, imbue de sa personne, peut-être et moi pétée. Il faut de tout dans ce monde... « Je voiiiiiiis... » Je posais mon index sur mon menton, les yeux toujours pétillant. Bon, j'sais pas si c'est super flatteur, mais ils pétillaient autant la semaine dernière, lorsque je regardais Elliot faire ma barbe à papa. Je pris une grande inspiration. « J'vois une jolie blonde en train de plier des trucs eeeeeeet j'me dis que je t'aime bien, alors que tu ne me connais pas et que je ne te connais pas plus que ça et que, en plus, tu dois pas savoir qui j'suis et que moi j'sais que j'aime bien quand tu dis ce que tu pense ! » Je repris ma respiration. J'avais été un peu plus au-delà de ce que je voyais sous mes yeux, mais fallait que ça sorte. Alors maintenant, ou dans deux minutes...

La jolie blonde nia d’un signe de tête avant de venir s’asseoir aux côtés de son interlocutrice. « Je ne dis jamais ce que je pense en public. Je parle dans le but de contrôler ce que les gens pensent de moi. » Répondit-elle avec une honnêteté surprenante. Elle préférait être détestée parce qu’elle l’avait décidée plutôt que de ne pas plaire en se montrant naturelle, telle qu’elle était. Dure séquelle de son divorce. Daphne ne s’attendait pas à ce qu’Asmaa comprenne, elle tâchait simplement de montrer progressivement son vrai visage.

« Je ne dis jamais ce que je pense en public. Je parle dans le but de contrôler ce que les gens pensent de moi. » Je la regardais, quelques secondes, avant de hausser les épaules. « M'en fou, j't'aime bien quand même ! » Avouais-je avec un large sourire. Et même que j'avais une idée sur ton secret. BAH OUAI. Mais ça c'est encore autre chose. Alors, comme elle ne me demandais rien d'autre, je me tournais de nouveau vers le miroir, la regardant à travers celui-ci. Je me mit à me toucher les cheveux, en pinçant mes lèvres... Hésitante, avant de me lancer... « J'aimerai bien me lisser les cheveux... Tu sais lisser les cheveux? » Lui demandais-je. Ouai, j'aimerai bien voir ce que ça faisait. Aussi étonnante soit cette information, je n'avais jamais tenter de le faire.

La jeune femme posa un œil intrigué sur les cheveux volumineux de son interlocutrice. Etait-ce une invitation déguisée pour lui demander poliment de lui lisser les cheveux ? Un tel travail pourrait prendre des heures entières ! Selon Daphne, la chevelure d’Asmaa demeurait parfaite telle qu’elle était. Vouloir l’apprivoiser ne pourrait entrainer qu’un désastre capillaire. A moins de s’appeler Naomi Campbell ou Kimora Lee Simmons. « T’es en train de me demander si je veux bien te lisser tout ça ? » Questionna-t-elle en désignant du regard l’énormité de sa chevelure crépue.