On est samedi, je n'ai plus de fringues et plus de pièces non plus pour la laverie automatique. Il faut que j'arrête de me laisser embobiner par Candy elle m'a piqué toutes mes pièces. Et le pire dans l'histoire c'est qu'elle a lavé le quart de ce qu'elle m'a promis. Je sais qu'elle a trois fois plus de fringues que moi. Et qu'un petit coup de brosse à récurer sur ses sous-vêtements en dentelle c'est inenvisageable. Néanmoins je suis le blair=eau qui doit se taper la lessive à la main. J'attrape le panier, y'a des fringues à elle, le pire c'est qu'on est même pas dans la même salle de bain. Je sifflote jusqu'au lavoir sans doute désert. Personne ne lave quoi que ce soit là bas. Et je les comprends. Mais c'est soit ça, soit piquer un des tee-shirt immonde de mon partenaire. Ces chanteurs de country, tous des illuminés. En parlant de lui, je le vois qui vient, les mains dans les poches, ou du moins sans fringues vers moi qui frotte comme un forcené depuis je ne sais combien de temps. « Salut ! » Je lui fais un signe de main pleine de savon et l'interpelle un peu trop joyeusement à vrai dire. « Tu ne voudrais pas m'aider, Partenaire ? » Quitte a partager le lit d'un mec, autant qu'il se rende utile. « Tu n'as qu'à commencer par .... ça ! » Je fouille dans le panier pour y dégoter un vêtement de Candace, particulièrement sexy, surtout lorsqu'elle l'a sur elle. « Fais attention c'est fragile. » Là encore j'insiste bien sur le dernier mot.

Je ne fais rien de spéciale, je me promène, profite de la journée, parle avec quelques candidats, c’est bien assez. J’en viens à faire un détour inutilement vers le lavoir, alors que j’aperçois Callan se démener pour laver ses vêtements à la main. Ça c’est drôle. Enfin, j’ai pas hâte d’arriver au jour où je n’aurai pas de pièces et que je devrai faire la même chose, mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il me salue avec enthousiasme, un peu trop même et j’hoche la tête avant de lui répondre. « Salut. » Mon ton est beaucoup plus neutre que le sien, mais je lui souris quand même. On a pas vraiment pris la peine de faire connaissance durant cette semaine. Je crois que sans vraiment le vouloir, nous sommes sur nos gardes, l’un envers l’autre. Et la cause de cette situation est bien simple. Elle s’appelle Candace. Enfin, il me demande de l’aider. Je n’en ai pas particulièrement envie, laver le linge de mon partenaire ne fait pas partie de mes tâches je crois, mais finalement, je m’approche un peu plus près de lui. « Bien sur, partenaire. » Je souris un peu plus, tendant les mains pour prendre une de ses chemises, mais il est plus rapide que moi et me donne un morceau qui ne lui appartient clairement pas. Je ne vois pas ce qu’il cherche à faire en me demandant de laver les vêtements sexy de son épouse, mais je ne vais certainement pas me mettre mal à l’aise pour si peu. Après tout, ce ne sont que des vêtements, et j’ai vu beaucoup plus que ses vêtements. Enfin, pas vraiment vu, mais passons. Il me dit aussi que c’est fragile en mettant de l’emphase sur le mot. Il essaie de me faire comprendre quelque chose en me disant ça ? J’hausse les épaules, comme ça ne me dérange pas vraiment. « Et pourquoi tu ne mets pas ça en ma présence ? Je crois que je craquerais totalement pour toi… » Mon sourire en coin est un peu plus prononcé. Je peux jouer de la provocation et des petits messages pseudo-subtiles, s’il le désir. Je suis autant capable que lui. Je n’en ai pas particulièrement envie, mais bon, faut pas me chercher non plus. Je me met à laver le vêtement délicatement, parce que j’ai bien vu l’étiquette et je n’ai pas envie de détruire un vêtement qui vaut aussi cher. « Ça fait longtemps que vous être mariés, Candace et toi ? » Je demande, le plus naturellement au monde. Quoi, il est mon partenaire, faut bien que je m’informe un peu sur sa vie, non ?

A la base je n'ai rien contre William. Il n'a pas l'air trop con, pas le type égocentrique que la célébrité à touché de plein fouet. Il a l'air plutôt simple, plutôt hors de tout ce star system. Sauf qu'il a eu le malheur d'être trop proche de ma femme. Et sa confession au sujet de ce qu'il s'est passé dans la nuit de mardi à mercredi m'a quelque peu refroidi. J'ai comme qui dirait la rage. Mais je garde tout à l'intérieur, comme à chaque fois, je me blinde et je fais comme si de rien était. De toute façon il semblerait qu'il m'évite lui aussi. Aurait-il peur de ma réaction ? J'en sais rien, je m'en moque de toute façon, je ne l'agresse pas de toute manière. Au contraire, je suis plutôt courtois. Un peu trop, j'en sais rien. Dans tous les cas, il ne s'enfuit pas, et même qu'il ne rechigne pas à la tâche. Je ne lui laisse pas vraiment l'occasion de répliquer avec le vêtement que je lui envoie mais bon. Il aurait pu tout aussi bien m'envoyer chier. Je ris face à sa remarque. Pourquoi je ne porte pas ça ? « C'est parce que tu boudes notre lit conjugal, tu devrais voir ma collection impressionnante de dessous sexy. » Je parle sans exagération, je souris simplement. Je continue de laver le jeans que je tiens entre mes mains. C'est bien plus chiant qu'un lavage en machine. Et puis il me pose une question à laquelle je ne m'attendais pas. Elle concerne ma femme évidement, quoi d'autre ? « Six ans et demi. » Ca ne fait pas six mois, ou un an. Notre mariage n'est pas tout récent, on ne vient pas de se rencontrer, et il nous faudra bien plus qu'un type de passage pas trop dégueulasse physiquement pour nous barrer la route. Qu'on se le dise. « Et toi ça fait longtemps que tu te passionnes pour les femmes mariés ? » Je demande sur un ton semblable au sien, sans me départir de mon sourire. Je me renseigne aussi après tout. Je ne sais pas s'il sait que je sais. Je laisse le truc tremper un moment et en attrape un autre.

Ah merde. Il a remarqué que je n’allais plus dormir à ses côtés depuis quelques jours. Moi qui croyait être subtil. Le pire dans tout ça, c’est que je ne l’évite pas vraiment, mais je ne suis pas non plus confortable avec la situation. Je devrais m’en moquer aussi, mais je n’y arrive pas non plus. « D’accord, alors ce soir tu portes cette tenue lorsque je reviendrai te rejoindre ! » Je lui fais un clin d’œil, un fin sourire se dessinant sur mes lèvres le temps de seulement quelques secondes. J’ai les deux mains dans l’eau, frottant le plus délicatement possible le vêtement, alors que je pose une question à mon partenaire un peu pour faire la conversation, mais surtout parce que ça m’intéresse, je dois bien l’avouer. Six ans et demi. C’est beaucoup, tout de même. Bien que je sais pas, mais je m’en doutais un peu que leur mariage n’était pas récent. J’hoche la tête qu’une fois, avant de sortir le vêtement de l’eau et de l’étendre bien comme il le faut. « Et toi ça fait longtemps que tu te passionnes pour les femmes mariés ? » Haha, elle est bien bonne celle-là. Je lève les yeux vers lui, restant silencieux un moment alors que je cherche un peu quoi lui répondre. J’imagine qu’il est au courant, sinon il ne me dirait pas une telle chose. Je ne suis pas particulièrement mal à l’aise, je dégage une bonne confiance et je préfère plutôt prendre le tout à la légère, même si je sais que c’est mal. « Ouais, bof, marié, célibataire… Je vois pas vraiment de différence. » C’est complètement faux. Je sais qu’il y en a une et je ne sais pas pourquoi j’ai embarqué dans le soi-disant jeu de Candace alors que je sais qu’elle est mariée. « La célébrité donne l’impression qu’il n’y a aucune limite… J’imagine que c’est ce qui m’est arrivé. » J’hausse les épaules, secouant ma tête comme étant atteint par tout cela. Ce que je peux en dire des conneries parfois. J'espère qu'il a compris que je plaisantais, parce que sinon, ça va mal aller pour moi. En plus, j’ai pas envie d’avoir mon propre partenaire à dos, ça serait con. Surtout que lui connait mon secret. Je le regarde, ne l’aidant plus du tout à faire son lavage. Est-ce qu’il va me frapper en plein visage ? Moi qui voulait qu’on soit ami, je crois qu’on ne part définitivement pas sur de bonnes bases…

Je l'observe du coin de l'oeil, je me demande au moins s'il éprouve un quelconque remords, pourtant, il a l'air très confiant. Je me suis sans doute trompé à son sujet, peut être que c'est un sale type. Un mec à qui ça ne pose pas de problème de se taper des femmes mariés tout en s'adressant à leurs époux comme si de rien était. C'est assez pathétique. Enfin j'en sais rien. Après tout, s'il s'éloigne du lit c'est qu'il doit avoir des remords, il doit craindre ma réaction aussi. Il fait bien d'avoir peur. Parce que j'peux être un véritable enfoiré si je le veux. Et est-ce que je le souhaite ? Je ne le sais pas encore. Puisque pour l'instant on plaisante, comme si de rien était. Mais de toute façon, je ne montre jamais à personne qu'une situation me trouble. Je suis comme ça. Alors je joue le jeu à fond. « Avec plaisir. » Je réponds à son sourire, pourtant j'ai bien envie de lui exploser sa petite tête de chanteur pour minette. D'ailleurs il me demande depuis combien de temps on est mariés. Je lui réponds. Je ne sais pas ce qu'il espère ? Parce que je sais que Candace n'est pas près de me quitter, malgré tout ça. Je lui pose une question, il me répond, il est trop confiant pour que ce soit vrai. J'arrête de frotter deux secondes et l'observe. Je le laisse parler, sa réponse me laisse de marbre. « T'as conscience de n'être qu'un jouet entre ses mains ? » Après tout je suis son partenaire, je me dois de le prévenir. « Candace se lasse rapidement de ses jouets. » Candace se lasse de tout de toute façon, sauf de moi. Ce qui est finalement assez hallucinant lorsqu'on y pense. J'hausse les épaules. « Je t'aurais prévenu. » Je ne suis pas entrain de lui dire de couper les ponts, il fait ce qu'il veut, c'est un grand garçon je suppose. Enfin s'il a d'autres espérances la concernant, il peut immédiatement tirer un traits dessus.