Cette histoire de trésor m'intrigue. Elle m'habite et me démange. J'essaie d'y passer le plus souvent possible, comme ce soir. Je viens d'avaler en vitesse une espèce de poêlée de légumes - qui n'est pas de moi, évidemment - et je décide de me diriger en direction des habitations abandonnées. J'en fait presque mon domaine. J'aime y passer du temps. Cette ambiance est apaisante. Elle me permet de me calmer, de me poser, de réfléchir. Je ne suis plus sur le qui vive, à me torturer l'esprit afin de savoir quoi dire, savoir quoi faire. Je ne réfléchis plus, je me laisse aller. J'entre dans l'une des baraque avec aplomb, je regarde autour de moi. On ne sait jamais, si le trésor me tombe sous la main comme ça, par enchantement. Je fouille un moment. Je soulèves des poutres, je guette derrière des mûrs délabrés. Je lève la tête et je repère une poutre, quelques centimètres plus haut. Je m'y accroche, je fait quelques tractions. Pas pour me montrer que j'ai des muscles mais pour la tester. Voir sa résistance. Je pousse une dernière fois sur mes bras et pose mon derrière sur cette poutre. Je balance les jambes d'avant en arrière. J'ai l'air d'un enfant. Je reste là quelques minutes. J'attends. Je ne sais pas quoi mais j'attends. Jusqu'à ce que quelqu'un se présente. Elles sont deux, en fait. Le prime me revient en mémoire. Sïana et Rumer se doivent d'être attachées toute la semaine. Je jubile. Je les guette chercher, farfouiller la maison jusqu'à s’immobiliser. C'est ce moment que je choisis pour descendre de mon perchoir et atterrir dans leur dos. « Je voulais pas vous faire peur, désolé. Mais j'commençais à avoir mal au cul, là haut. » je dit avec intérêt, mes mains posées sur mon derrière.

Je les regarde avec curiosité. Elles sont attachées et la candidates aux cheveux rose n'a pas dégoisé un mot. Et puis, je me rappelle du prime et je grimace. Sïana et Rumer doivent être attachées toute la semaine et Rumer n'a pas le droit de parler. Aoutch. Je souris néanmoins. Cupidon nous a lancé de beaux défis. Je pense notamment à Louis, coincé au manoir par ma faute. « Qu'est-ce que tu faisais perché là ? » J'hausse les épaules et je suis son regard jusqu'aux poutres. En fait, je ne sais même pas ce que je foutais perché là haut. J'étais juste bien. « On est bien là haut. Je t'aurais bien proposé de t'aider à monter, qu'on y passe un peu de temps mais j'aurai jamais de force pour vous y monter les deux. » finalement cette obligation nous prive de pas mal de choses. Je grimace. « Ca fait quoi d'être enchaîné depuis déjà trois jours ? » je demande avec intérêt en détaillant Rumer. Je n'ai jamais approché cette fille. J'ai simplement pu être témoin - comme tout le monde - d'une de ses disciplines à savoir le lancer de tampon usagé. C'est tout. Et j'avoue que du coup, j'aimerais éviter de m'en approcher de trop près. Ces trucs de filles m'ont toujours dégoûté. « Vous vous êtes pas encore battues à coup de serviettes hygiéniques pleines ? » je demande avec un demi sourire sur les lèvres, qui s'apparente assez à une grimace, elle aussi. L'image de cette bataille me retourne le bide en deux secondes.