Je porte ma robe du prime, elle virevolte, elle balaye le sol. Les débris qui le jonchent. Du verre principalement. Le bistrot est sans dessus dessous. Les tables et les chaises sur le sol. J'en ai marre de Piaf et de sa vie en rose. J'ai besoin de musique. Moderne de préférence. J'ai mon ipod sur le juke box, le son est poussé à fond. Une musique résonne. Elle résume bien mon état d'esprit. Enfin si quelqu'un passait le seuil de la porte il me prendrait pour hystérique. La chanson en mode repeat. Je lance les verre contre la cible. Ils s'éclatent sur le sol dans un bruit assourdissant. Ça résonne. La pièce est vide, plus le rythme de la musique et plus elle me transporte, plus je lance les verres avec violence. Ce n'est que du verre. Je ramasserais plus tard. Je fais des mouvements circulaires avec mon bassin. Je m’empreigne de la musique. C'est exaltant. Quoi que non, ça commence à être ennuyant. Mon stock de verre s'épuise. J'attaque les chopes que j'ai précédemment aligné sur une table. Le bruit est plus assourdissant encore. Je rentre dans une rage indescriptible. Je crois que je suis en transe. La musique s'arrête et je me calme. Je suis redescendu comme la drogue que je n'ai pas prise avait cessé de faire son effet. La musique agit comme une drogue. Et quand elle reprend, je reprends mon jeu étrange. La porte grince. Quelqu'un arrive et si mon rythme cardiaque avait remonté avec mes jets de verre, il a rapidement ralenti lorsque j'ai découvert le visage de la jeune femme. Eliott je crois. Je m'avance vers le bar. Il est tôt, ou tard, j'ai perdu la notion du temps. Je déambule sur les morceaux de verre comme si de rien était. J'aperçois l'aube. Il fait jour. La musique hurle encore, toujours la même. Je m'assieds à l'un des tabourets. « Je t'offre un verre ? » Je demande dans un sourire. Et c'est au choix, je lui offre le plaisir de l'éclater contre le mur, ou le plaisir de s'en servir comme contenant à n'importe quel alcool.

J'enchaîne nuit blanche sur nuit blanche. Foutue insomnie. J'en ai croisé des adeptes sur la route. J'erre ça et là dans le but de me dégourdir les jambes, en tenant un livre entre les mains. Cette nuit, je n'ai pu dormir que trois heures. Réveil en sursaut, impossible de se rendormir. Il est dans les environs de sept heures du matin. Je ne pouvais plus tenir en place donc, je me suis levée. Je me suis habillée en vitesse. Une longue robe grise, puis un veste en jean par-dessus. J'ai attrapé un bouquin sur la table de chevet près du lit avant de prendre mon envol. Je décolle en enfilant mes bottines noires sur le chemin. Je continue mes déambulations en frôlant des doigts le texte que je suis en train de déchiffrer. Ce n'est pas un livre, mais un vieux journal de bord datant des années 50. J'entends de la musique au loin. Des guitares saturées, une voix électrisante. J'arque un sourcil interrogateur. De la musique à cette heure-ci ? Je regarde autour de moi, je ne vois personne. La musique émane du bistrot du coin. J'entre à l'intérieur. Le son du verre éclaté résonne à mes oreilles. Je reconnais la candidate de dos. C'est Candace. Un sourire spontané naît sur mes lèvres à la vue de la belle brune. Le son est à fond, se diffusant dans toute la pièce. Hysteria. Mon sourire s'accentue quand elle retourne et me voit. Elle me propose : - Je t'offre un verre ? Je hausse les épaules et répond sur un ton amusé : - Pourquoi pas ! Je viens m'asseoir à côté d'elle. Mon pieds tape la mesure. J'aime cette chanson. Elle vous emporte dans un élan de folie pure. Elle exalte les sens, les exacerbe. Un petit bourbon me tenterait. Pour commencer la journée en douceur. Je me redresse et contourne le comptoir. Je me trouve derrière le bar. J'enlève ma veste que je pose en bout de table. Je saisis une bouteille de bourbon. Je la sers en premier, puis m'en sers un. J'en prends une gorgée. Je ferme les yeux et laisse l'alcool s'infiltrer dans mon corps. Ça réchauffe. - Tu casses souvent des verres quand tu écoutes du Muse ?

C'est le bordel, il y a du verre brisé de partout. J'en prends conscience petit à petit. Ça craque, ça se brise sous mes pieds et j'aime ce bruit. Le bruit de la destruction. Il va parfaitement avec cette chanson de Muse. J’aperçois rapidement Elliot faire son entrée. Je lui souris immédiatement parce qu'elle inspire confiance. Je n'ai pas confiance, attention, je dis juste que c'est ce qu'elle m'inspire de suite. Elle ne trouve pas mon idée de verre à sept heures du matin ahurissante. Et c'est tant mieux. Au contraire, elle accepte et file vers le bar. Je ne la quitte pas des yeux de mon tabouret. Ma robe l'englobe rapidement d'ailleurs. « Merci. » Je suis Américaine alors je bois du bourbon, mon père en buvait tout le temps lorsque j'étais enfant, il m'est arrivé d'en boire une gorgée une fois. Bref, ce n'est pas l'alcool que je préfère, mais ça se laisse boire. Sa question me fait sourire. « Non pas vraiment, mais cette chanson a toujours eu un effet dévastateur sur moi. » Du bon côté, qu'on se le dise. Elle me transporte. A vrai dire, j'adore me défoncer dessus. J'adore, elle est enivrante. « Ca t'arrive souvent de boire du Bourbon à sept heures du matin ? » Je lui retourne la question, en m'emparant de mon verre. La première gorgée est toujours particulière. Elle me brûle la gorge, et j'adore ça. Vraiment.