Nicole

MARDI 23 OCTOBRE ; 03H36
ÉCOLE MUNICIPALE DE GARÇONS - CHAMBRE

J'accumulais les insomnies depuis le début de l'aventure, et je ne trouvais pas d'explication à cela. Une fois encore, j'avais été tiré du sommeil en pleine nuit et, depuis, impossible de me rendormir. J'avais pourtant tout essayé : compter les moutons, m'installer à l'envers dans le lit, mais non, rien n'y faisait, je restais encore et toujours éveillé, et pourtant dieu sait que la fatigue se faisait ressentir. Voilà plusieurs longues minutes que j'étais assis sur le matelas, scrutant tout autour de moi les candidats dormant à poings fermés. Mais mes yeux ne tardèrent pas à se river vers un lit en particulier. Celui anciennement occupé par Teresa. Cela faisait plusieurs nuits que Nicole alternait entre notre lit et celui de l'ancienne candidate, dont elle était très proche. Il m'arrivait donc de dormir seul de temps à autres, comme c'était le cas ce soir. Je crois que l'absence de Nicole dans notre lit n'arrangeait rien à mon insomnie, pour tout vous avouer. Aussi, je ne savais plus vraiment où nous en étions elle et moi. La semaine dernière nous avions eu quelques différents, puis je l'avais embrassée lors du prime. Mais globalement tout ceci était pesant, parce que je sentais que j'étais susceptible de me heurter à un mur au moindre faux pas, à la moindre maladresse, et j'en avais assez car même si Nicole devait penser qu'elle ne représentait pas grand chose à mes yeux, il n'en était rien. Je finis par quitter mon lit et me diriger vers celui de Teresa, où dormait donc Nicole cette nuit. Je m'assis sur le côté de ce dernier, puis l'une de mes mains vint caresser les cheveux de ma partenaire. J'entrepris de l'observer pendant quelques instants, de l'admirer même. L'occasion pour moi de me rendre compte que Nicole était particulièrement belle endormie. Elle l'était d'ordinaire, mais là tout particulièrement. Je la vis alors bouger et, par réflexe, je retirai ma main de sa chevelure, me reculant légèrement. J'espérais ne pas l'avoir réveillée, mais hélas je crois bien que ce fut le cas. Vu l'heure, je m'exposais là à une sérieuse réprimande. Nicole ouvrit les yeux, et j'entrepris aussitôt de justifier en quelque sorte ma présence, enfin, non, pas exactement... « Ce n'est que moi tu... tu peux te rendormir Nicole. » murmurais-je alors. Je tentais de ne pas réveiller les autres candidats... ce serait le pompon. Là en fait, je redoutais sérieusement de m'en manger une, car Nicole devait m'en vouloir pour... beaucoup de choses, déjà, et voilà qu'en plus de cela je venais la tirer du sommeil à près de quatre heures du matin. Non non, je n'étais pas suicidaire, non. Elle me manquait c'est tout, mais je ne savais pas comment le lui faire comprendre.

Notre discussion à la ferme marqua un tournant dans notre relation. Disons plutôt qu’elle venait de terminer sa boucle. Nos débuts avec Malik s’étaient avérés délicats, le temps que je comprenne son malaise puis je m’étais résolue à faire des efforts afin qu’il se sente de plus en plus à l’aise avec les femmes et qu’il y reprenne goût. Or c’est épuisant, et je ne suis pas le genre de personne à compatir bien longtemps ; à vrai dire dans ma vie de tous les jours je n’ai de compassion pour personne, sauf pour moi-même, ce qui fait beaucoup au final étant donné de ma grandeur. J’avais donc fini par laisser tomber l’affaire, depuis ce jour où j’ai surpris mon partenaire avec une dénommée Blanchette de veau je fais lit à part, préférant sniffer les dernières effluves de l’odeur de Térésa telle Tinkerbell ayant perdu sa maîtresse Paris. Hilton pour les intimes… ou les incultes. Ca faisait longtemps que je n’avais pas eu les avantages d’un sommeil en solitaire et je ne me gênais pas pour m’étaler de tout mon long. Ce lit avait une signification assez triste, d’abord il appartenait anciennement à ma pétasse de cousine mais aussi à Sia, la belle au bois dormant des temps modernes qui fut contrainte d’abandonner. Son départ me désolait, elle était bien sympa, mais d’un côté grâce à ça je pouvais être tranquille dans ces draps alors tant mieux. Du moins c’est ce que je pensais. Je n’ai pas le sommeil lourd, un rien me fait tiquer ; l’habitude d’être aux aguets sûrement. Le léger remous du matelas provoqué par une mystérieuse présence suffit à me faire sortir de mes rêves bien que mes yeux restaient clos ; disons qu’à cette heure-ci on ne réagit pas forcément. En somnolence, je sentis pourtant une main passer dans mes cheveux… il était venu pour me les couper ! JE LE SAVAIS ! Je l’avais dit ! J’avais bien raison de me méfier. Mes yeux s’ouvrent avec quelques difficultés bien que mon moral soit au taquet. Strange. « Ce n'est que moi tu... tu peux te rendormir Nicole. » Mes yeux se plissent comme dans les films d’action lorsque les ninjas ciblent leur proie, super concentrés et tout ; you know what I mean. Je viens agripper le poignet de Malik, celui qui conduisait sa main précédemment. « Montre ta main. » Avec le peu de force dont je bénéficiais en ce trouble du sommeil j’amenais sa main dans mon champ de vision. A peine avais-je pu remarquer qu’il ne possédait aucun objet semblable à des ciseaux je la relâchais comme si tout ça m’avait demandé des efforts surhumains. « Oh trop mignon… » Je plongeais mon regard dans le sien, sans doute devait-il pétiller tellement ma voix semblait attendrie. Le genre de situation trop pas habituelle quoi, en même temps j’étais un peu dans une autre dimension là; ça devait sûrement s'entendre dans ma voix d'ailleurs. « Qu'est-ce que tu fais là Malik? C'est moi qui te tâte la bouclette d'habitude. »

Ma partenaire et moi faisions lit à part depuis plusieurs jours, et je vivais plutôt mal cette situation. Ce que je voulais, moi, c'était que Nicole daigne revenir dans notre lit, mais cela ne se ferait certainement aussi facilement que j'osais l'espérer. Je pris le risque de venir m'assoir à ses côtés tandis qu'elle était plongée dans un profond sommeil. Seulement, je finis par la réveiller, à force de tripoter ses cheveux. Nicole se réveilla donc, et j’entrepris de suite de lui faire savoir qu'il ne s'agissait que de moi - hm, c'était censé la rassurer ça ?... « Montre ta main. » fit-elle tout en se saisissant faiblement de mon poignet. Ah, je vois, elle vérifiait si je ne m'étais pas muni d'une paire de ciseaux, je présume ? Et bien comme elle pouvait le constater, ça n'était pas le cas ! L'occasion pour moi de voir que Nicole me faisait toujours autant confiance, hein, vraiment ça faisait plaisir. Comme si j'étais assez sournois pour me lever en pleine nuit et lui couper quelques mèches de cheveux. Et puis je n'avais pas intérêt à commettre une telle chose... elle avait juré de me "démonter" si j'osais faire ça. « Oh trop mignon… » Hm, d'accord. J'étais ravi qu'elle trouve ça mignon. Mais au fait, qu'est ce qui était "trop mignon" à ses yeux ? Oh et puis non, le principal, c'est que ça l'était. Je pensais me recevoir une baffe ou que sais-je encore, et au final je n'eus droit à rien de tout ça. Donc là, j'étais en quelque sorte rassuré. Mais si Nicole s'était trouvée mieux réveillée, je pense qu'elle ne m'aurait pas raté... « Qu'est-ce que tu fais là Malik? C'est moi qui te tâte la bouclette d'habitude. » Eh oui... comme quoi, le changement n'est jamais bien loin. Bon là, j'étais réellement censé justifier ma présence à ses côtés, en pleine nuit, plus exactement à trois heures trente du matin. Alors... qu'est ce que je pouvais lui dire... et bien la vérité, hein, ce serait pas mal ça ! Et même si cette vérité était quand même difficilement avouable, j'en étais arrivé à un stade où il valait mieux que je demeure toujours honnête avec ma partenaire. Voilà pourquoi, toujours dans un chuchotement afin de ne tirer personne d'autre du sommeil dans cette chambre, je rétorquais. « J'aime pas dormir tout seul, j'ai plus personne à mes côtés pour me donner des coups de coude en pleine nuit, et ça me manque. » Je sais, n'importe qui aurait été ravi de se débarrasser d'un tel supplice, seulement ça n'était pas mon cas. Au contraire, je voulais à nouveau recevoir ces coups de coude - involontaires je l'espère, hein, quand même - que ma partenaire avait l'habitude de me donner durant la nuit lorsqu'elle dormait à mes côtés. Des coups de coude dont je me trouvais donc privé depuis plusieurs jours, et qui me manquaient atrocement... mais pas autant que la présence de ma partenaire, ça c'est sûr. « Tu me manques, reviens dormir avec moi Nicole. » la supplias-je presque - mon regard se voulait attendrissant, du moins je faisais tout pour qu'il le soit. Mais je n'étais pas certain qu'elle puisse avoir pitié de moi, malgré cette supplication. Aussi, je lui demandais en quelque sorte de déserter un lit qui appartenait autrefois à une personne qui comptait beaucoup à ses yeux. Et en toute honnêteté, je ne me faisais pas d'illusions : demander à Nicole de faire un choix entre Teresa et moi relevait à me demander de faire un choix entre un cornichon et une serpillère... la réponse semblait évidente.

« J'aime pas dormir tout seul, j'ai plus personne à mes côtés pour me donner des coups de coude en pleine nuit, et ça me manque. » Quand on pose une question, on obtient une réponse ; n’est-ce pas ? Seulement là ! Depuis quand je mets des coups de coude ? Personne ne s’était jamais plaint ! Invention ! Pure invention de sa part ! Devais-je aussi considérer sa déplaisance à dormir seul comme telle ? Ça me paraissait beaucoup trop contradictoire pour un type n’ayant pas touché à une femme depuis sept ans (du moins jusqu’à il y a peu). Il dormait avec son frère alors ? Ah non… il allait se marier si mes souvenirs étaient bons. Oh non ! Non pas ça ! Complètement dégueulasse. Y a toujours un moment où elle s’incruste dans mes pensées la mama égyptienne ! Ne me dites pas qu’il dormait avec elle. Ré-pu-gni-ant. « Ah. » Je me contentais d’un simple mot ne servant strictement à rien pour lui répondre. Que pouvais-je lui dire ? Je n’étais pas assez réveillée pour lui faire une remarque sur sa mère, là, de suite, alors si ce n’est pas pour lui envoyer un taquet… je n’ai rien à lui dire. « Tu me manques, reviens dormir avec moi Nicole. » De suite ça change la donne. Je levais mon regard afin de rencontrer le sien, lequel semblait m’amadouer avec charme. A part Teresa personne ne m’avait jamais dit que je lui manquais, enfin peut-être mes parents mais j’en avais purement rien à foutre ou alors il s’agissait d’un manque purement charnel. Rien de bien important en somme. Etrangement la déclaration de Malik ne me laissait pas de marbre, et ça me déstabilisait tout autant. Je prenais ce jeu à la rigolade, l’histoire des couples ne m’atteignait pas vraiment mais là j’avais eu la sensation d’être sa réelle compagne pendant quelques microsecondes ; c’est suffisant pour secouer quelqu’un qui n’a jamais eu l’expérience d’être réellement en couple avec quelqu’un. Du moins j’ai toujours eu ce soucis avec les gens, ou dirais-je plutôt cette habitude ; cette manie de toujours me foutre de leur gueule sans les prendre au sérieux. Je te prends, je te jette et je ris sur ta gueule avec Teresa la hyène… oui voilà c’est un peu à ça que s’est toujours résumé ma « vie sentimentale ». Je baissais mon regard, celui-ci commençant à s’embrumer. « Non. Elle me manque trop. » Ma voix flancha sur le dernier mot. Jamais je n’avais été séparée d’elle aussi longtemps, et ne pas savoir ce qu’elle devenait était une torture, tout comme la façon dont je me sentais seule et vide ; comme incomplète. Jusqu’à présent j’avais réussi à faire abstraction devant les autres en allant me cacher dans les toilettes pour pleurer même si certains avaient des soupçons sur mes réelles occupations en cet endroit clos et étroit, mais là j’étais sur le point de craquer. Or quand on est the Queen of Asia (hey hey Quentin my first fan thanks pour ce surnom il est supeeeeerbement adapté) on sait se reprendre. « Viens toi. » Je me décalais afin de lui laisser une véritable place à mes côtés, essuyant au passage une larme rebelle qui avait osé se faire la mal de mon œil. Ce qu’elle ne savait pas c’est que j’allais la dissiper direct, ahah on a voulu faire sa maline heiiiiiiiin.

D'emblée, Nicole avait préféré s'assurer que je n'étais pas venu saccager ses cheveux, ce que je n'avais bien entendu jamais envisagé, ne serait-ce qu'un instant. Si dans un sens le manque de confiance qu'elle m'accordait m'irritait assez, il fallait la comprendre : j'étais venu me poser près d'elle, à trois heures et demi du matin, ce qui était très certainement passé à ses yeux comme un comportement suspect. Mais elle pouvait se détendre, je n'avais pas la moindre paire de ciseaux en mains. Elle ne tarda pas à me demander ce que je faisais là, assis à ses côtés sur ce lit qui était initialement celui de Teresa, et je lui fis savoir que je supportais difficilement d'être amené à dormir seul, depuis quelques jours. Nicole avait quitté le lit commun et avait donc trouvé refuge dans celui-ci, tandis que j'avais de mon côté un grand lit pour moi tout seul, une situation dont je ne parvenais néanmoins pas à me satisfaire. « Ah. » Ah ? Je ne savais pas trop comment interpréter ce "ah", de vous à moi, mais le mieux était sans doute de ne pas le relever. Elle avait peut-être prit conscience de quelque chose, que sais-je, et comme il m'était impossible de savoir de quoi il pouvait s'agir, je préférais tout simplement ne pas m'attarder sur ce "ah" et poursuivre. Mieux valait pour moi que je sois honnête avec Nicole, aussi je lui confiai mon désir de dormir à nouveau avec elle, et la suppliai même de revenir dormir avec moi dans notre lit. Après tout, j'estimais ne pas ronfler, ni trop gesticuler pendant la nuit... Mais comme je le redoutais, Teresa allait peser plus lourd que moi sur la balance. « Non. Elle me manque trop. » Et, bien sûr, moi, je ne lui manquais pas. Je soupirai, pensant qu'il fallait prendre cette réponse comme un "va te faire voir Malik et retourne donc pioncer, ça me fera des vacances." Mais je crois surtout que ce lit importait réellement à ses yeux, et lui faisait se sentir proche de celle qui n'était dorénavant plus en jeu à ses côtés - sa cousine, que je n'avais hélas pas eu le temps d'apprendre à connaitre. Je sentis d'ailleurs Nicole bien nostalgique d'un coup - c'est bien simple, sa voix lui échappait presque, je ne l'avais jamais vue comme ça avant, jamais. « Viens toi. » Elle se déplaça pour me faire une place, et je ne tardais pas à m'installer dans ce lit qui se voulait tout à fait symbolique - Sia aussi y dormait autrefois, et elle me manquait beaucoup, comme Teresa manquait beaucoup à Nicole. Je crus même la voir essuyer une larme, mais fis comme si je n'avais rien vu, ne souhaitant pas la mettre dans une situation embarrassante. Après m'être glissé sous les draps, je reportai un regard attendri sur ma partenaire. « J'aurais vraiment aimé connaitre Teresa, j'ai pas eu l'occasion de lui parler une seule fois, et je le regrette. » Nicole semblait lui porter beaucoup d'affection, aussi Teresa avait quitté cette aventure relativement vite, ce qui ne m'avait pas laissé le temps de faire sa connaissance. « J'suis embêté quand même. Je t'ai réveillé en pleine nuit, et maintenant je voudrais pas que tu aies du mal à te rendormir par ma faute... » Je savais que de mon côté, le sommeil demeurerait difficile à trouver, comme chaque nuit depuis le début de cette aventure, mais Nicole n'était pas victime d'insomnies comme c'était mon cas, alors tout ce que j'espérais maintenant c'était ne pas avoir totalement compromis sa nuit. Je laissai s'échapper un nouveau soupire, constatant alors que je n'avais vraiment rien d'un partenaire idéal. Je réalisai ensuite que nous n'étions pas revenu sur ce fameux baiser que je lui avais offert lors du prime, et qui l'avait semble-t-il poussée à revoir son opinion me concernant. Enfin, ça, c'était ce que j'avais cru comprendre mais entre ce que je comprenais et ce qu'il en était réellement, il y avait parfois tout un monde. « Hum, pour ce qui est du baiser, dimanche... comment c'était à tes yeux ? Je veux dire, tu m'as trouvé maladroit ? » Est-ce que cela s'était vu que je n'avais pas embrassé qui que ce soit depuis belle lurette, en somme ? Elle pouvait être honnête, j'étais prêt à tout entendre. Oh, à moins qu'elle ne désire aucunement débriefer sur le sujet, ce que je pouvais tout aussi bien comprendre.

Malik s’installa à mes côtés, le scrutant dans ses gestes, il finit par s’immobiliser et poser son regard dans le mien. « J'aurais vraiment aimé connaitre Teresa, j'ai pas eu l'occasion de lui parler une seule fois, et je le regrette. » Probablement disait-il ça dans l’espoir de me réconforter mais sans vraiment le penser. S’il avait vraiment voulu connaître ma timbrée de cousine il aurait été lui parler dès lors qu’il la savait nominée. Le concept de Fake Lover ne lui convenant finalement pas, elle s’était faite toute petite – Dieu sait que ce n’est pas dans ses habitudes – et n’avait pas cherché à se démarquer pour attirer les votes en sa faveur, bien que son caractère lui suffise en général pour qu’elle ne passe pas inaperçue. J’avais pu apercevoir ma chère et tendre perdue pour la première fois, comme si elle se fanait en ces lieux morbides. En attendant elle me laissait seule ici, en compagnie d’un partenaire incertain qui passait son temps à se remettre en cause. Merci. « Malheureusement c’est ce que beaucoup de gens disent pour me « réconforter », sauf que venant de la part de personnes qui ne se sont même pas intéressés à elle lorsqu’elle était encore là ça ne me fait aucun effet. Oh si, ça m’énerve. C’est tout. » Mon ton s’était fait calme mais tout aussi sec. J’avais pris l’habitude d’ignorer lorsque Malik s’excusait, comme ici par exemple où il disait regretter ne pas avoir pris vingt minutes pour papoter avec Teresa. Chez lui c’était comme un tic, il se pliait aux pensées des gens afin de toujours les réconforter ; jamais il ne s’opposait ou tentait de rendre la situation plus drôle. Non, il compatissait toujours. C’était mignon certes mais je commençais à désespérer de voir sa naïveté et sa trop grande empathie évoluer un jour. « J'suis embêté quand même. Je t'ai réveillé en pleine nuit, et maintenant je voudrais pas que tu aies du mal à te rendormir par ma faute... » Voilà qu’il remettait le couvert. Je ne sais pas pourquoi je me bornais à m’acharner sur lui, à le critiquer sans cesse, à toujours lui envoyer des taquets qui se chargeaient de le garder à distance. Les phrases piquantes étaient chez moi automatiques et je me rendais compte grâce à cet enfermement que cette attitude devait cesser maintenant que j’étais seule face aux autres. « Ne t’inquiètes pas pour ça, si je ne te réponds plus c’est que je me suis rendormie.Mais qu’est-ce que tu faisais debout à une heure pareille ? » Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il pouvait être mais à en juger par les ronflements qui raisonnaient au sein de la pièce étrangement calme alors tout le monde devait être couché. Passant allongée sur le dos, j’observais le plafond qui n’était qu’une masse noire. « Hum, pour ce qui est du baiser, dimanche... comment c'était à tes yeux ? Je veux dire, tu m'as trouvé maladroit ? » Voilà le retour de la thérapie. De toute façon c’était inévitable, à chaque nouvelle évolution de Kilam en ce qui concernait son retour vers les femmes on débriefait ça ensemble. Je tournais ma tête afin de voir son visage mais surtout pour qu’il puisse cerner la sincérité de mes paroles. « Non je t’ai trouvé imprévisible. C’était bien. » Je lui adressais un doux sourire. « Bien » en soit ne voulait rien dire. Il approuvait à la fois l’imprévisibilité de mon partenaire mais aussi son baiser. S’il voulait recommencer je l’invitais d'ailleurs volontiers. Bien que je ne sois pas certaine que l’offre l’intéresse réellement. « Pendant un instant j’ai eu l’impression que tu avais confiance en toi. » Qu’on se le dise, son problème est sa façon se sous-estimer. Pourtant je ne voyais pas de raisons à ça, je le trouvais plaisant physiquement moi. Mentalement je suis sûre que sans tous ces doutes qui traversaient son esprit il serait génial. « Tu devrais cesser de te poser trop de questions… je préfère le Malik qui se laisse aller et qui ne réfléchit pas à cent à l'heure pour chacun de ses mots et gestes.» Venant de moi ces paroles ne devaient sûrement pas l’étonner mais qu'importe j'espérais au moins que ça aurait un impact sur sa façon de se comporter. Certes en ce qui nous concerne je ne lui facilitais pas la tâche avec mon caractère de diva, mais si au moins il pouvait agir de la sorte avec les autres je suis persuadée qu'il vivrait beaucoup mieux.

Bonne nouvelle, j'allais à nouveau pouvoir dormir au côté de Nicole... mais ça ne serait par contre plus dans notre lit, mais bel et bien dans celui de Teresa. Et justement, je fis savoir à Nicole que je regrettais de ne pas avoir appris à connaitre cette dernière, avant son départ prématuré de l'aventure. « Malheureusement c’est ce que beaucoup de gens disent pour me « réconforter », sauf que venant de la part de personnes qui ne se sont même pas intéressés à elle lorsqu’elle était encore là ça ne me fait aucun effet. Oh si, ça m’énerve. C’est tout. » C'est vrai, je n'allais certainement pas le démentir, j'avais effectivement essayé de la réconforter. Mais au final, je n'avais fait que légèrement l'irriter. Oups. Vraiment, ça n'était pas voulu. J'étais le premier à reconnaitre que je ne m'étais pas grandement - voir pas du tout - attardé sur Teresa, tout simplement parce que celle-ci s'était faite très discrète en début de jeu - aussi, je vous l'accorde, j'aurais pu aller la voir ne serait-ce qu'une fois, mais je ne sais pas pourquoi je n'avais au final rien entrepris. Pour le coup, Nicole me faisait culpabiliser. Bon, changement de sujet je vous prie ! Tiens, pourquoi ne pas signifier à Nicole combien je m'en voulais de l'avoir tirée du sommeil ? Oui, on allait partir là-dessus. « Ne t’inquiètes pas pour ça, si je ne te réponds plus c’est que je me suis rendormie.Mais qu’est-ce que tu faisais debout à une heure pareille ? » Ce que je faisais éveillé si tardivement, et bien, je n'étais tout simplement pas parvenu à trouver le sommeil. Et pourtant, oula, croyez bien que je l'avais cherché, encore et encore... néanmoins celui-ci n'avait pas daigné se montrer, d'où le fait qu'à trois heures trente du matin, je ne dormais pas, et me trainais en prime de sacrées poches sous les yeux. Un problème que ne rencontrait pas Nicole, fraiche comme une rose alors que brusquement réveillée par un bien envahissant partenaire. « Je n'arrivais pas à dormir. J'ai songé à faire les cent pas dans la chambre, et puis je me suis rendu compte que je n'étais vraiment pas fait pour dormir seul. Alors je suis venu te voir... mais je n'avais pas l'intention de te réveiller, tu as ma parole. Mes gros doigts boudinés ont juste manqué de discrétion, j'espère que tu le leur pardonneras. » Pas un instant je n'avais voulu réveiller Nicole, tout simplement parce que je respectais le sommeil de mes camarades, comme ces derniers respectaient le mien, en prenant soin de me laisser dormir un maximum le matin, sachant bien que j'avais des nuits agitées, et que je ne m’endormais qu'après avoir perdu un bras de fer avec Morphée. Suite à quoi je demandai à Nicole ce qu'elle avait, honnêtement, pensé du baiser que je lui avais donné dimanche, lors d'un prime des plus mouvementés. Peut-être m'avait-elle trouvé maladroit, ce que j'aurais parfaitement pu comprendre. « Non je t’ai trouvé imprévisible. C’était bien. » Imprévisible... bien... je prenais ça comme une remarque positive de sa part, une sorte de "good work, baby !"... « Pendant un instant j’ai eu l’impression que tu avais confiance en toi. » Ce manque de confiance en moi était constamment la première chose qu'on me reprochait ou, tout du moins, qu'on soulignait chez moi. Si, pendant un instant, je lui avais paru plus confiant, je m'en réjouissais. C'est qu'elle s'était rendue compte que je n'étais pas qu'un type coincé, tout ce que je voulais en somme. « Tu devrais cesser de te poser trop de questions… je préfère le Malik qui se laisse aller et qui ne réfléchis pas à cent à l'heure pour chacun de ses mots et gestes. » Ce qu'elle venait de me dire me fit avoir comme un déclic... Je pris conscience qu'il fallait que je songe, enfin, à me lâcher. Mon regard s'illumina. « Hm, d'accord. Et bien, dans ce cas, lance-moi un défi, Nicole. » Un défi, oui oui, parfaitement. Un défi que je m'emploierais à relever, quel qu'il soit. Bon, il ne fallait pas qu'elle oublie qu'il était tard, très tard, et que tout autour de nous des candidats dormaient paisiblement. Donc bon, s'il était question de chanter du Lady Gaga le nez bouché, on allait avoir comme un soucis. Je ne tenais pas tellement à devenir la risée du nid pour avoir tripoté les cheveux de Nicole, en pleine insomnie.

Encore une fois Malik faisait référence à son incapacité à dormir seul. Il fallait vraiment que je le questionne pour comprendre comment il faisait pour dormir chez lui, de quelle présence il se contentait pour trouver le sommeil. « Comment t’as fait pour trouver le sommeil ces sept dernières années alors ? » lui soufflais-je, ma tonalité se faisant très très basse tel un murmure de souris. Je marquais une pause, me remémorant ce qu’il venait de dire à propos de mon réveil précipité. Toujours à se rabaisser. Pour les avoir analysés lors de son arrivée sur le lit je peux affirmer que ses doigts ne sont pas boudinés comme il le prétend. Anorexique le monsieur ? Hm. Ca me vannait complètement qu’il soit toujours là à faire des courbettes afin d’éviter de se prendre une remarque ou même une gifle en pleine face. Pour le peu que je n’ai encore jamais levé la main sur qui que ce soit ici. La seule qui aurait pu se plaindre de violence –et encore- serait Rumer mais c’est parce qu’elle le vaut bien. Une petite mise au point s’imposait je crois. Une fois ce problème réglé nos rapports seraient sûrement plus pacifiques. « Je te fais peur sincèrement ? Enfin… pourquoi tu te justifies tout le temps ? Ca ne me gêne pas que tu tripotes mes cheveux tant que tu ne les coupes pas. » Sur la fin de mes propos je plissais les yeux, accusatrice. En toute honnêteté il avait raison de se méfier, je me savais moi-même assez violente tant dans mes propos que dans mes gestes or il me semblait qu’ici il fallait se tenir à carreau sinon c’était dehors. Pour le bien de ma victoire future je restais donc aussi calme que la neige un soir d’hiver bien que ça ne m’empêchait pas de monter sur mes grandes licornes pour un rien. S’ensuivit notre conversation sur le baiser de Malik qui m’avait clairement plu. Je n’allais pas m’en cacher, ce fut une excellente surprise ; de quoi faire fondre la glace on va dire. Un petit peu. Oui un peu car s’il n’était pas revenu vers moi ce soir je crois que j’aurais pu me passer de lui jusqu’à la fin de l’aventure en l’ignorant royalement à la manière d’un caniche royal (logique). Son regard aurait pu produire de la lumière tellement il s’était éveillé d’un coup, comme ça. « Hm, d'accord. Et bien, dans ce cas, lance-moi un défi, Nicole. » Si ça n’avait pas été lui je me serais retournée en m’enroulant dans la couette afin de beugler un « non » catégorique. Mais sans pour autant être mon ami Malik comptait un peu plus que ces tonnes d’inconnus inintéressants. En y pensant cela fait déjà cinq semaines que j’avance dans le jeu en sa compagnie et je n’arrive pas à comprendre pourquoi je n’arrive toujours pas à lui faire confiance. Il est inoffensif mais je ne peux m’empêcher de me méfier de lui. L’habitude peut-être. J’en ai assez de ne pouvoir parler de ça avec lui, plus j’avance dans le jeu et plus je me rends compte que mon secret m’est fardeau dans ma vie ; qu’il me rend sauvage et mauvaise. J’aimerais tellement qu’il soit découvert… mais déjà qu’on est l’un des couples les plus à la ruine alors… je crois qu’on s’en passera. Next. Je devais donc lui lancer un défi, loin de moi l’idée de lui demander de faire sauter ma culotte bien sûr. J’en mourrais d’envie en fait, rien que pour voir sa tête mais ce serait agir en mal alors je m’abstenais afin de ne pas pourrir l’ambiance. Sauf que si on prenait en compte le sommeil des autres il n’y avait pas grand-chose d’autre à proposer, du moins de mon point de vue. « Ok alors imite-moi le phoque ! » Owi j’adorais cette imitation ! Bien qu'elle avait un peu rien à voir avec notre discussion précédente. Restait plus qu’à voir comment Malik l’interprétait. J’aurais peut-être dû rajouter « en rut » derrière, non ? Ça aurait été plus surprenant. Oui mais non. Nicole arrête, oh !

Je justifiais ma présence à ses côtés cette nuit par le fait que je m'étais trouvé dans l'inaptitude de trouver le sommeil. Ça n'était pas faute d'avoir essayé, vraiment, mais que voulez-vous je ne devais pas être fait pour dormir seul... « Comment t’as fait pour trouver le sommeil ces sept dernières années alors ? » Rah, je n'étais pas certain de vouloir réellement m'étendre sur les conditions dans lesquelles j'étais amené à vivre, notamment dernièrement, à Londres. Je n'en avais véritablement parlé qu'à Mads en fait, mais les autres ignoraient pour la plupart que j'étais, probablement, le plus pauvre de tous ici. Et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraitre, la dernière chose que je recherchais dans une telle aventure, avec la notoriété, était l'argent. Parce que j'en avais toujours manqué, j'estimais ne pas en avoir besoin. Je m'étais accommodé de cette vie misérable qui était la mienne, j'avais mes petites habitudes, je ne sais pas à quoi ressemblerait ma vie si, du jour au lendemain, je gagnais au loto par exemple. Limite, je refuserais le chèque ou, mieux, en ferais don à une cause me tenant beaucoup à cœur, à savoir les enfants malades et manquant de soins. Je m'égarais là. Nicole m'avait posé une question, et en toute logique je lui devais une réponse. Elle était ma partenaire, j'avais confiance en elle... j'estimais pouvoir tout lui dire sans craindre que cela ne fasse le tour du village. Oh, comme si la petite vie minable d'un type dans mon genre pouvait intéresser quiconque ici. « Tu sais que je vis avec ma mère et mon frère... » fis-je dans un premier temps, me remémorant par la même occasion le fait que Nicole était du genre... quelque peu obsédée par ma mère, à qui il fallait à tout prix que je la présente ! D'ailleurs, entre nous, j'étais certain que depuis le début de l'émission, elle avait radicalement changé d'avis la concernant. « ... et bien, à Londres, où nous vivons maintenant, nous n'avons pas de lit à nous, à proprement parler. On a aménagé deux matelas au sol qu'on a disposé l'un contre l'autre - c'est là-dessus qu'on dort. J'ai pas de matelas pour moi tout seul, puisqu'on doit se partager deux matelas à trois. Je dors donc au côté de ma mère, et de mon frère. J'ai de la place, quand même, mais je m'endors en sachant qu'ils sont là, d'un côté comme de l'autre. Et c'était pareil en Égypte, quand on y vivait. » Puisque je dormais au centre. Hm, je ne sais pas si elle arrivait à saisir, à s'imaginer tout ça. Donc j'avais passé ces dernières années à dormir auprès de ma mère et de mon frère, sans pour autant me coller à l'un ou à l'autre pendant la nuit. Deux matelas, à trois, ça laissait malgré tout de la place... des matelas pour lit double hein, bien sûr. Sinon je pense que quelqu'un aurait fini par se retrouver réellement au sol, depuis le temps. « Tu as remarqué qu'ici, je dors sans oreiller ni drap. Même, chaque soir, tu t'aménages un côté du lit tandis que moi je reste à même le matelas. Et bien, ça vient de là en fait. Lulu m'a d'ailleurs questionné là-dessus sur mon blog, une fois... » Et, bien entendu, je n'avais pas osé déballer tout ça, la triste histoire, la précarité dans laquelle je vivais au quotidien. Le tatoué s'était même inquiété pour mon dos ! Celui-ci allait bien, malgré ce que l'on pouvait croire. Je me rendis subitement compte que j'avais répondu plus que longuement à la question de Nicole - sans doute ne s'attendait-elle pas à tant de détails de ma part. Je pense surtout que cela me faisait du bien d'en parler. « Je te fais peur sincèrement ? Enfin… pourquoi tu te justifies tout le temps ? Ca ne me gêne pas que tu tripotes mes cheveux tant que tu ne les coupes pas. » Non, Nicole ne me faisait pas peur. Il est vrai que je redoutais certaines de ses réactions, la sachant assez impulsive, néanmoins je n'avais pas peur d'elle. Elle ne m'avait en tout cas jamais donné de raisons de la craindre. J'espérais d'ailleurs qu'elle ne m'en donnerait aucune à l'avenir. « Je ne sais pas. Mais non, tu ne me fais pas peur. Il est vrai que je ne sais pas toujours comment me comporter avec toi, mais le soucis vient de moi, hein, pas de toi. » C'était évident. L'élément perturbateur de notre couple, c'était moi. Et allez, voilà que je me rabaissais à nouveau. Quel cercle vicieux, je finissais toujours par me rendre coupable de tout et n'importe quoi. Suite à quoi nous évoquions mon baiser, lors du prime, qui avait semble-t-il ravi Nicole. Bien, enfin une bonne chose ! Elle disait m'avoir trouvé imprévisible, et regretter le fait que je ne me lâche pas plus souvent. C'est ainsi que j'eus l'idée de lui permettre de me lancer un défi, n'importe lequel. Pour tout vous avouer je redoutais maintenant sa prochaine prise de parole... à quoi allait-elle bien penser ? Il fallait bien sûr que cela soit réalisable, tout en tenant compte du fait que nous étions les seuls candidats éveillés dans cette chambre, et que le reste du groupe dormait à poings fermés. « Ok alors imite-moi le phoque ! » Le... phoque ? Ouf, pendant un moment, j'avais bien cru que Nicole allait se montrer sadique et exiger de moi des choses... un peu olé olé, vous voyez. Donc bon là, clairement j'étais soulagé. Le phoque donc ? Mais pas de problème ! Je sortis mes jambes de sous la couverture puis me plaçai à quatre pattes sur le lit. Là, j’étendis mes jambes, écartai mes doigts, espaçai mes bras et me cambrai en arrière - le résultat était assez approximatif, mais croyez-moi, je donnais tout ce que j'avais. Je balançai énergiquement ma tête, me dandinant presque, et c'est alors... que dans un mouvement brusque je perdis l'équilibre, tombant littéralement du lit, chutant donc au sol sans même m'y attendre. Outch, la chute fut brutale mais, fort heureusement, je crois bien que je n'avais tiré personne du sommeil. Je me relevai un peu assommé, posant l'une de mes mains sur mon front - ma tête avait bien morflé, je me voyais déjà arborer une jolie bosse dans les jours prochains. « Aïe. Quel idiot. » grognais-je tout en maintenant le ton de ma voix relativement bas. Mais pourquoi avait-il fallu que ça m'arrive à moi, et cette nuit ? Juste au moment où je m'étais décidé à faire un effort ! Le destin était définitivement contre moi, je ne pouvais luter.

désolée je me suis pas contrôlée, d'où la longueur :/

« Tu sais que je vis avec ma mère et mon frère... » oui je sais, next ? La suite ne tarda pas à arriver et j’en restais sur le cul, bien que je fusse allongée. J’étais outrée par le manque d’intimité qu’engendrait un lit commun car cela impliquait aussi la chambre. Pour moi cet endroit était un espace personnel, où y découvrait la personnalité d’une personne. Tout s’éclairait, je pensais enfin comprendre d’où venait le réel malaise de Malik ; au final tout ça n’était que le résultat de trop de facteurs l’amenant à oublier qui il était. J’étais tout aussi surprise d’apprendre qu’il vivait dans la précarité au milieu des rats, pour moi s’il habitait avec sa mère et son frère c’était simplement parce qu’il était un fils à papa peurex ; encore une preuve de ma mauvaise foi certaine. En parlant de ça… il me semblait que son père ne faisait pas parti du tableau lorsqu’il parlait de sa famille. Un sujet à éviter sans doute. A vrai dire, pour couronner le tout, j’étais restée bloquée sur le fait qu’il résidait en Egypte. Autant dire que là, de suite, j’avais honte. Honte d’avoir jugé mon partenaire à une vitesse folle sans avoir pris le soin de m’attarder sur lui. Pour la première fois depuis un long moment je me sentais méprisable et un sentiment de compassion naissait à l’égard de Malik. Tellement surprise par sa déclaration, je ne me prononçai pas lorsqu’il marqua une pause ; me contentant de le regarder. Il reprit, expliquant l’absence de couverture et d’oreiller du côté de son lit. Je me souvenais alors de ce soir où nous avions partagé ma couette car il avait froid. Je me serais bien contentée de me taire pendant de longues minutes mais je crois que je me devais de prendre la parole. « Mais c’est... horrible ! Pourquoi tu te prives de tout ça ? La couette par exemple, tu avais froid l’autre jour. Ici tu peux avoir tout ce dont tu as besoin, tu devrais sauter sur l’occasion et en profiter pour en mettre en douce dans tes valises ! Tu aurais dû me le dire plus tôt j’aurais fait attention à notre cagnotte. Oui parce que bon on est un peu parmi les plus pauvres… mais je… je t’inviterais chez moi quand on sortira du jeu jusqu’à ce que tu trouves un bon logement si tu veux ! Enfin… j’ai pas de chez moi mais ça s’arrange ces trucs-là. » Je m’étais redressée, presque assise en tailleurs en oubliant que toute la chambrée dormait à poings fermés. Les inconvénients de voyager partout c’est bien sûr de ne pas avoir sa propre petite maison mais j’avais des bons plans et je suis sûre que je pourrais m’arranger pour Malik. Maintenant que j’étais partie à papoter je lui posais une question qui me trottait dans la tête depuis un sacré moment, ce à quoi j’eu une réponse … intéressante. « Je ne sais pas. Mais non, tu ne me fais pas peur. Il est vrai que je ne sais pas toujours comment me comporter avec toi, mais le souci vient de moi, hein, pas de toi. » Voilà qu’il recommençait. « Arrête. » On aurait carrément dit une mère qui ordonnait fermement à son sale gosse de cesser de soulever les jupes des dames. J’espérais qu’avec ce simple mot il se déciderait à cesser de se rabaisser mais malheureusement j’avais bien l’impression que c’était ancré en lui. Afin d’enfoncer le clou je lui signalais que je préférais l’homme qui avait confiance en lui, comme lors du dernier prime et c’est alors qu’il me proposa de lui lancer un défi. Ni une ni deux j’exigeais de lui qu’il m’imite le phoque. A la vue du résultat je ne pouvais m’empêcher d’étouffer mes rires, par respect envers ceux qui dormaient bien que la scène soit hilarante. Jusqu’à ce que Malik bascule dans le vide, là ce fut… l’éclat. Je ne prenais même plus le soin de faire le moins de bruit possible tellement c’était drôle. « Aïe. Quel idiot. » Il réapparut, la main sur son front. « Ca va ? » Je me levais, tentant de trouver l’équilibre une fois debout sur le lit puis m’avançais vers lui. J’étais carrément plus grande que lui là, hihi. Je soulevais sa main afin de constater les dégâts… évidemment je n’y voyais rien mais d’après mes constats il n’était pas ouvert. Normal quoi. Vu que je suis sympa et que j’ai été une fois infirmière je lui accorde un bisou magique sur son mal. « C’est bon y a plus rien. Ca va mieux ? » Et en prime je lui accordais un sourire ; cool nan ?

Pas grave