J'entrepris de faire part à Nicole de détails sur ma vie, d'anecdotes presque. Je fis notamment référence aux conditions dans lesquelles je vivais, à Londres, au fait que j'étais amené à dormir chaque nuit sur un simple matelas posé au sol, sans avoir de quoi me couvrir ni rien pour reposer ma tête, à toutes ces choses qui faisaient partie de mon quotidien, avec lesquelles je vivais maintenant sans maudire le ciel, décrétant que si ma vie était comme telle, c'est que le seigneur l'avait voulu. Mais il n'était pas question de me plaindre, ou de lui inspirer pitié. Non, elle m'avait demandé comment est-ce que j'étais parvenu à faire mes nuits ces sept dernières années, et je n'avais fait que lui permettre de connaitre la vérité - je n'avais, de toute manière, rien à lui cacher. Nicole arbora très vite une mine déconfite. Hm, j'avais comme l'impression que mon récit n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. « Mais c’est... horrible ! Pourquoi tu te prives de tout ça ? La couette par exemple, tu avais froid l’autre jour. Ici tu peux avoir tout ce dont tu as besoin, tu devrais sauter sur l’occasion et en profiter pour en mettre en douce dans tes valises ! Tu aurais dû me le dire plus tôt j’aurais fait attention à notre cagnotte. Oui parce que bon on est un peu parmi les plus pauvres… mais je… je t’inviterais chez moi quand on sortira du jeu jusqu’à ce que tu trouves un bon logement si tu veux ! Enfin… j’ai pas de chez moi mais ça s’arrange ces trucs-là. » Sa suggestion à propos de la couette à mettre en douce dans ma valise me fit sourire, seulement je n'étais pas du genre à dérober des biens ne m'appartenant pas, sous prétexte que je manquais de cela chez moi. Pour ce qui était de notre cagnotte, Nicole n'avait vraiment pas à s'en faire ! Et, concernant sa proposition de m'héberger - en quelque sorte - cela me touchait, sincèrement. Je crois que lui avouer tout ça m'aura été fortement bénéfique, et aura permis à Nicole de, sans doute, ouvrir les yeux. « Je n'ai pas envie de prendre ici de nouvelles habitudes, pour que mon retour en Angleterre se fasse par la suite difficilement. Je ne désire pas m'habituer à ce confort dont je ne disposerai plus dans quelques semaines. » J'étais lucide, je savais que je repartirais d'ici sans un sou en poche, en ayant profité de cette aventure mais sans que celle-ci n'eut pu changer mes conditions de vie, mes bien maigres moyens, et tout ce qui va avec. Si je m'habituais ici au confort d'un lit avec oreiller, drap et couette, une fois de retour chez moi, j'aurais à me faire à l'idée que cela ne m'était accessible que par le biais d'une émission mais qu'à présent il me faudrait retourner dans la misère. Je restais donc moi-même, jusqu'au bout, et me contentais comme toujours du strict minimum, voir de quasiment rien. « Et je serais ravi de te revoir après le jeu. Ta proposition me fait vraiment plaisir. » ... même si je me voyais quand même difficilement accepter qu'on me fasse la charité, bien que cela partait d'une bonne intention, je n'avais aucun doute là-dessus. C'était fou de voir à quel point Nicole avait changé de comportement d'un coup. Je ne sais pas si elle avait pris conscience de certaines choses, mais je n'allais certainement pas m'en plaindre ! Au contraire, elle se montrait attentionnée comme jamais, et j'appréciais grandement. Suite à ça, elle voulu savoir si elle me faisait peur, et pourquoi je ressentais le constant besoin de me justifier. Je lui fis alors savoir que, premièrement, je n'avais pas peur d'elle et, qu'ensuite, si il y avait un problème, il venait forcément de moi. « Arrête. » Nicole détestait que je me rabaisse, elle ne le supportait pas. Moi-même j'en avais assez de ne pas avoir confiance en moi, de me sous-estimer en permanence. Je baissai un instant la tête, réalisant qu'il me faudrait vraiment prendre de l'assurance par la suite, voir, m'affirmer. Et justement, je proposai à Nicole de me lancer un défi, celui de son choix. Elle opta pour une imitation de phoque que j'exécutai non sans mal... et ridicule. Aussi, je ne tardai pas à dégringoler du lit, achevant ce numéro de la façon la plus grotesque qui soit. Et Nicole, bien sûr, était hilare. Seulement, en me voyant me relever tout en posant une main sur mon front légèrement endolori, elle sembla un instant s’inquiéter - ou alors je prenais mes rêves pour la réalité. « Ca va ? » Elle était trop mignonne à se préoccuper de moi. « Heu oui oui... c'est pas grand chose. » rétorquais-je, encore légèrement dans les vapes après cette chute grandiose qui finirait à coup sûr dans les bêtisiers de la chaîne. Bientôt, Nicole se hissa sur le lit - me surplombant carrément - puis retirai ma main comme pour vérifier que je n'avais rien de grave. Aussi, j'eus même droit à un baiser sur le front, et croyez-moi, la douleur s'estompa presque automatiquement. « C’est bon y a plus rien. Ca va mieux ? » Mes lèvres s’étirèrent en un large sourire. Ce qu'il était plaisant d'avoir sa partenaire aussi à l'écoute, et aussi concernée. « Oui ça va beaucoup mieux. Merci Nicole. T'es vraiment adorable. » Mais je n'étais pas franchement rassuré de la voir toujours debout sur ce lit dont, j'avais pu le vérifier, il était tant facile de tomber. Ainsi, je pris Nicole dans mes bras afin de l'en faire descendre, puis la posai au sol, au même niveau que moi donc. « Une vilaine chute est si vite arrivée... » rétorquais-je, comme pour justifier cette action. Surtout qu'en tombant d'une telle hauteur, elle se serait sans doute fait bien plus mal que moi en glissant juste sur le côté. Je n'irais pas jusqu'à dire que je lui avais sauvé la vie, mais je venais en tout cas de lui éviter un bien bête accident. Mieux vaut prévenir que guérir !

Je ne comprenais pas l’attitude de Malik. Il s’offrait à lui la possibilité d’avoir tout le confort dont il n’avait pas pu profiter jusqu’à maintenant et il n’en profitait même pas. Moi lorsqu’on me filait des Louboutin en cadeau je les prenais direct. J’imagine qu’une couverture a, à ses yeux, la même valeur qu’une paire de chaussure de luxe aux miens donc là c’est le gros point d’interrogation. Pas grave je lui en enverrais une par la poste quand je sortirais. Une seule. Sa mère ne le mérite pas après les injures dont elle a fait preuve envers mon être ! Je le sais, je l’ai entendue de derrière sa télé. Et puis fuck son frère, il allait être père et c’était donc un homme mal, à défaut d’un homme bien. « Et je serais ravi de te revoir après le jeu. Ta proposition me fait vraiment plaisir. » Je venais de lui faire plaisir, donc. Mais moi… j’étais encore une fois hébétée par ses propos parce que plus je passais de temps avec Malik et moins je me reconnaissais. Etait-ce le fait de lui avoir fait une promesse ? Ou d’avoir eu un sentiment de compassion à son égard ? Je n’ai jamais cherché bien loin dans mes relations, à savoir Teresa + vagabondage. Rien de bien compliqué mais surtout rien de très engagé, sauf envers ma cousine qui d’ailleurs était peut-être devenue complètement dépendante depuis sa sortie. Moi je ne l’étais pas. On m’avait toujours reproché d’être trop collée à elle, de ne pas savoir concevoir ma propre vie. Bien sûr j’ai toujours nié mais depuis quelques semaines j’avais comme l’impression que ces gens avaient raison et ça me tuait de devoir l’admettre. Je n’ai jamais tort. Pourquoi je me serais trompée sur un point aussi important de moi-même ? Quand j’étais avec Malik j’avais parfois l’impression d’avoir trouvé une autre personne digne de confiance bien qu’une partie de moi me criait que les mecs gentils dans son genre aimaient tout le monde et que je ne comptais pas plus que l’inconnu avec qui il aurait parlé dans les coulisses. J’avais ce besoin incessant d’être importante aux yeux des personnes que j’affectionnais, ceci étant certainement la raison pour laquelle je passais mon temps à le rejeter ou le provoquer pour le rendre triste ; l’égyptien n’étant pas de ces gens qui s’énervent pour un rien. Ainsi j’étais contente. Contente de lui avoir plaisir, bêtement. Contente qu’il ne me considère pas comme une simple partenaire de jeu encombrante. Pour me rassurer je lui demandais si je l’effrayais ou non, ce à quoi s’ensuivit l’imitation et la chut… chut devant… oh mais lâchez moi la grappe ! Non chuuuute chuuuuute ! Bref, la chute. Sa main sur son front il soutenait qu’il n’y avait « pas grand-chose », cela dit même lorsqu’il n’y a pas grand-chose il y a quelque chose, right mh ? Donc je m’improvisais sexy infirmière en pyjama, because I’m sexy and I know it. « Oui ça va beaucoup mieux. Merci Nicole. T'es vraiment adorable. » Adorable ? En général lorsqu’on me qualifiait de telle c’était par pure ironie, cependant je savais que les significations des paroles de Malik étaient toujours différentes de celles dont j’avais l’habitude puisqu’il fallait toujours le prendre dans l’optique « gentil ». « Derien. » Hésitante, je décidais finalement d’ignorer son… « compliment ». Ses bras m’encerclèrent alors, what da ? « Qu’est-ce que tu fais ? » Soulevée puis posée au sol j’avais comme l’impression d’avoir tenu le rôle de poupée humaine pendant quelques secondes. « Une vilaine chute est si vite arrivée... » Mon regard se fait alors taquin, bien que dans ce noir on ne distingue pas grand-chose. « Ne t’en fais pas pour moi, j’ai plus d’équilibre qu’un phoque maladroit sur mes deux jambes. » Ces dernières fléchissant légèrement, je m’abaissais afin d’attraper la couette du lit inoccupé pour en orner Malik. Je me débrouillais comme je pouvais afin de lui passer ça autour de ses épaules. Mes mains empoignant la couette venant se rejoindre un peu plus bas que sa pomme d’Adam je veillais à ne pas l’étrangler ; tout de même. « Un rhume est si vite arrivé » Un sourire malicieux se dessinait sur mes lèvres. Il pourrait inventer n’importe quoi je continuerais à insister lourdement. En échange j’étais même prête à revenir dans le lit "conjugal". Dieu que ce mot avait le don de me répugner.

Ici, j'avais à disposition tout ce que je n'avais jamais eu chez moi. Des draps, couettes et oreillers à gogo, mais aussi des machines à laver, des ordinateurs et, surtout, de l'espace. En toute logique et parce que je venais d'un milieu extrêmement défavorisé, j'aurais dû profiter de tout cela. Mais si me rendre sur un ordinateur pour alimenter mon blog ou à la laverie pour mettre mon linge dans le tambour d'une machine ne me posait aucun problème, dormir dans un lit pourvu d'un oreiller, d'une couette et d'un drap était pour moi infaisable. Tout simplement parce je savais qu'en rentrant chez moi, je ne ressentirais pas le besoin de retourner sur un ordinateur, n'y comprenant rien. Je n'aurais pas non plus l'envie de faire mes lessives à la machine à laver parce que je préférais toujours faire usage de mes mains pour ça. Mais pour ce qui était du fait de bénéficier d'un certain confort au coucher, là, tout était différent. Je ne voulais pas m'habituer à cela, je ne voulais pas profiter de ce "luxe", puis revenir brutalement à la réalité dès mon retour en Angleterre. Je crois que ma partenaire ne comprenait pas ma façon de penser ni de voir les choses - qui pouvait le comprendre, sans être amené à le vivre ?... Après m'avoir en quelque sorte promis de m'héberger à la fin de ce jeu, Nicole s'occupa de mon front suite à ma chute du lit. Hop, un bisou sur le front et je me sentais déjà mieux. Je la remerciais, lui signifiant au passage ô combien elle était adorable. « Derien. » rétorqua-t-elle, tandis que de mon côté je commençais à m'agiter. « Qu’est-ce que tu fais ? » Bah, ça se voyait non ? Je la prenais dans mes bras pardi, mais sans aucune autre intention que celle de la poser à terre et de lui éviter, ainsi, une éventuelle chute du haut de ce lit. Pas question de laisser Nicole s'amocher, je m'en voudrais trop par la suite. « Ne t’en fais pas pour moi, j’ai plus d’équilibre qu’un phoque maladroit sur mes deux jambes. » La phoque maladroit la saluait. Nicole se baissa puis se saisit d'une couette dans laquelle elle entreprit ensuite de m'emmitoufler. Je me retrouvais donc avec la couette sur les épaules, luttant contre l'envie de retirer celui-ci de là aussitôt. Mais non, j'allais la garder. Parce que je ne voulais pas contredire Nicole, et parce qu'elle se préoccupait visiblement du fait que je puisse m'enrhumer. Bon, c'était à mon avis plus un prétexte qu'autre chose, mais elle avait tant changé en une nuit, loin de moi l'envie de tout gâcher en me débarrassant de cette couette qui, en plus, me tenait chaud. Je n'allais donc pas m'en plaindre, je n'avais rien d'un éternel insatisfait, loin de là. « Hum, vu l'heure, tu désires peut-être te recoucher ? » lui demandais-je, me souciant alors du sommeil dont elle allait bientôt manquer si elle restait éveillée trop longuement... je ne désirais pas franchement qu'elle se retrouve dans le même état que moi, à savoir complètement mort, sans énergie aucune, et avec des valises sous les yeux comme si je n'avais pas dormi depuis des années. Ah pour le coup j'étais bien content de me retrouver face à elle quasiment dans le noir absolu, cela lui empêchait au moins d'être directement confrontée à ma tronche de zombi. « Tu... veux bien qu'on passe la nuit ensemble ? » Qu'on dorme cote à cote quoi. HEUUUUU. Oula, dans un autre contexte cela aurait pu paraitre légèrement indécent comme proposition. Mais je savais qu'elle ne s'y méprendrait pas - je l'espérais plutôt - parce que je n'étais vraiment pas du genre à faire de pareilles insinuations. Non, pour ça elle était bien plus forte que moi je dois dire. Donc, Nicole acceptait-elle de dormir avec moi, afin que je puisse, peut-être, trouver le sommeil ? Hm, la connaissant, il n'était pas impossible qu'elle pose quelques conditions à son retour dans notre lit... Ou alors voudrait-elle que je dorme là, dans le lit de Teresa, ce qui ne me dérangerait pas, par d'ailleurs. Moi tant que je ne dormais pas seul, vous savez...

« Hum, vu l'heure, tu désires peut-être te recoucher ? » La proposition était trop aimable, j’étais vraiment tentée de l’accepter avec un plaisir non dissimulé bien qu’il avait réussi à me réveiller avec sa drôle de chute. « Oui …mais demain quand je me réveillerais je suis sûre de redevenir cette … fille qui se plait à jouer avec toi. » Euh nan mais STOP ! Pourquoi je m’étais engagée à lui livrer le fond de mes pensées ? Il n’était pas dans le besoin de savoir, au contraire j’allais encore une fois baisser dans son estime. Comme si je ne touchais pas déjà le sol t’sais ! J’avais même carrément manqué de me qualifier de garce, ce par quoi je m’étais contentée du terme « fille ». Trop fade ce mot. Daaah le manque de sommeil était fort mauvais pour mon comportement ; enfin dans un certain sens. J’étais en effet persuadée que si ma sympathie grandissait envers Malik elle n’était malheureusement due qu’à mon état secondaire ; celui d’entre deux dodos profonds. Je me souvenais encore de nos confessions sur le carrousel, ou plutôt des siennes. Sur le moment je m’étais faite compréhensive et pourtant j’avais parfaitement su oublier ses propos afin de n’en faire qu’à m’a tête, étant consciente que pour lui mes actes étaient parfois durs à encaisser. Je me connaissais par cœur et savais très bien qu’à mon prochain réveil matinal j’aurais probablement oublié toute cette compassion qui concernait la situation précaire de mon partenaire afin de continuer dans les propositions indécentes et gestes inappropriés. Je m’en rendais parfaitement compte, je ne suis pas totalement sans cœur, mais il m’était impossible de m’empêcher de le persécuter encore et encore. Sans doute était-il une proie trop facile. Mon regard s’était glissé vers le bas, s’il y avait eu un peu plus de lumière sans doute aurais-je pu utiliser l’expression « regarder ses pieds ». Or là pour le coup j’admirais ce qui semblait ressembler à mes pieds. Qui sont sublimes, au passage. C’est les seuls pieds sexys que cette planète doit compter. Sans dec. « Tu... veux bien qu'on passe la nuit ensemble ? » Je rêve ou on aurait dit un couple cucul la praline assis sur un banc devant l’école ? NAN JE NE REVE PAS. Duuuuude. Sortez les stilettos en masse là, j’ai besoin de retrouver mon vrai moi bordel ! « C’est si joliment demandé. j’hausse les épaules, la question me semblant d’une banalité dinguissime. Je pensais que c’était clair depuis un petit moment, que je retournerais dormir avec lui. Mais saches que la prochaine fois que tu poseras cette question je m’attendrais à autre chose.» Oui bah on ne pouvait pas faire abstraction de mon côté nympho très longtemps, désolée heiiin.

Il se faisait tard, vraiment très tard. Nicole avait déjà bien assez perdu de temps de sommeil par ma faute, alors maintenant le mieux pour elle était de se recoucher. Et je ferais bien d'en faire autant. « Oui …mais demain quand je me réveillerais je suis sûre de redevenir cette … fille qui se plait à jouer avec toi. » Rah, j'aurais dû m'en douter. Voilà plusieurs minutes maintenant que je ne reconnaissais pas ma partenaire, et pour cause, son comportement avec moi avait considérablement changé cette nuit, à tel point que je m'étais un instant imaginé que peut-être elle avait tout simplement décidé de se montrer d'avantage à l'écoute, et plus tolérante. Mais la vérité venait en quelque sorte de m'éclater en pleine tronche. Tout ceci n'était dû qu'au fait que Nicole manquait de sommeil. Bah, elle n'était plus tellement elle-même cette nuit, et le reconnaissait par ailleurs, tandis que moi, et bien, j'étais forcé de constater qu'une fois encore, je m'étais bercé de douces illusions. J'avais quand même bien fait d'entreprendre de la réveiller, cela m'aura au moins permis de voir une autre facette de Nicole - une facette que je ne reverrais sans doute pas de si tôt, mais qui était vraiment très plaisante. Bien, maintenant que j'étais persuadé de retrouver demain, au réveil, la Nicole avec laquelle les rapports étaient parfois houleux et très souvent synonymes d'incompréhension, je pouvais retourner dormir. Mais allait-elle accepter que l'on dorme à deux ce soir ? Je préférais m'en assurer quand même, car pour le coup je n'étais plus sûr de rien, après sa dernière remarque. « C’est si joliment demandé. Mais saches que la prochaine fois que tu poseras cette question je m’attendrais à autre chose.» J'esquissai un sourire en coin, un peu nerveux. Le message était passé, on ne m'y reprendrait clairement plus. « Hum, d'accord, c'est noté. » Et je ne risquais pas de poser à nouveau une telle question. En tout cas pas de cette façon, car effectivement cela pouvait porter à confusion. Nicole savait à qui elle avait à faire, il ne pouvait aucunement être question d'autre chose que de dormir l'un à côté de l'autre, comme nous l'avions fait pendant des semaines. Ainsi, je me dirigeais à nouveau vers "notre lit", celui au sein duquel je dormais seul depuis quelques jours, enfin, si on pouvait appeler ça dormir d'ailleurs. Mais j’espérais justement que le retour de Nicole m'aiderait à trouver le sommeil, et à faire mes nuits. Parce que tout à fait franchement, je ne donnais pas cher de ma peau si je devais me contenter de quelques minutes de sommeil par nuit, et basta. Je me trouvais déjà dans un état de fatigue extrême, presque alarmant, et je ne souhaitais pas que cela empire. Non, je m'étais juré de rester en forme, afin de profiter pleinement de cette aventure qui pourrait être écourtée bien plus tôt qu'on ne le pense. Je finis par reprendre place sur mon matelas, ayant pris soin de me débarrasser entre temps de la couette que Nicole avait déposée sur mes épaules tout à l'heure. Nicole allait sous peu redevenir elle-même, alors je retrouvais quant à moi mes petites habitudes. Je fis une constatation tout à fait regrettable en fermant les yeux cette-nuit là, auprès de Nicole : une fois encore, je sentais que nous aurions droit à quelques petits différents prochainement elle et moi, et cela avait le droit de grandement me préoccuper. Contre toute attente, je finis par trouver le sommeil, à ses côtés. La dernière pensée que j'eus avant de m'endormir fut la suivante : "c'était trop beau pour être vrai... et allez, rebelote."