Cette première nuit avait été éprouvante. Je n’avais pas cessé de me repasser le prime de la veille : les départs, les arrivées, les défis, les nominations. L’arrivée dans l’enceinte du jeu. Les autres. Surtout eux. La première chose que je vois en eux, c’est un secret. Dès que je vois quelqu’un, je m’imagine x ou y choses qui auraient pu leur arriver. Ca en est malsain. Et si celle-ci était une pute? Et si celui-ci n’avait qu’une boule? Que voulez-vous, impossible de me concentrer et de suivre une conversation : ça m’hantait. Il était 15h, et je n’avais toujours pas aperçu Elliot. Je partis vers sa chambre, et la trouvais enroulée sous sa couette. N’ayant pas eu de nouvelles d’elle pendant un mois, je n’avais aucune idée de qui était son allié ici, et qui ne l’était pas. Elle n’avait pas l’air bien hier soir, après toute cette histoire à propos des départs. Je pris place près d’elle, et déposais délicatement ma main sur son front en sueur. Elle ouvra les yeux délicatement et m’enlaça. Mon nez encastré dans sa nuque je lui murmurais « Tu m’as tant manquée. » L’étreinte se finissait que j’ajoutais « A croire que cette production est un vrai tortionnaire, hein? » Un petit sourire taquin s’affichait sur mon visage, essayons de mettre un peu d’humour tant tout ça après tout. « Bon dis-moi tout, qu’est-ce que j’ai raté? Je veux tout savoir. Déjà, cette Dagga, c’est ta partenaire ? Elle est sympa ? Et cet Arès, c’est qui ? » Je sentais mon pouls s’accélérer sous la tension, je voulais tout savoir, j’étais avide de ses nouvelles. Je pris ses mains dans les miennes, la serrant le plus fort possible, comme pour lui prouver à quel point mon amour pour elle était grand.

La beauté et l’élégance de Elliot m’avait tellement manquée. Je la regardais sécher ses larmes avec une compassion énorme, je le sentais resserrer l’étreinte de nos mains, on semblait plus fortes que jamais. « Dagga ? C’est une des plus belles personnes de ce nid. J’ai de la chance de l’avoir à mes côtés. Je n’échangerai pas de partenaire pour rien au monde. Elle est sublime, compréhensive et affectueuse. Elle est mon pilier, mon garde-fou. » Je regardais en l’air, comme si je cherchais une quelconque réponse avec une once de sagesse. « C’est vrai que ses beaux cheveux roux m’hantent encore. » J’étais heureuse de voir qu’elle s’était trouvée son repère, parfois, c’est tellement dur d’en trouver un parmi des gens trop compétitifs, ou autres. Dagga avait déjà toute ma sympathie sans le savoir. C’est à Arès que je sentis les choses commencer à coincer. « Arès, c’est... C’est... » Légèrement, je voyais ma grande soeur rougir. J’en rigolais. « Oh mon dieu, quelqu’un a finalement réussi à te rendre comme ça. C’est merveilleux ! » Je souriais comme une enfant un soir de Noël. Je regardais son regard tout perturbé, toujours triste d’avoir eu un choix si cornélien à faire. « Hého, non, pas de ça avec moi. T’es plus forte que ça ma belle, tu t’en fou, on s’en fou. Il comprendra avec le temps, et puis, c’est qu’un jeu. Te mets pas de bile pour ça. Tu as bien choisi, ne te reproche rien. Tu ne pouvais pas nominer Dagga, je comprends. Moi je trouve que tu t’es bien comportée. T’as été élégante sur le coup. » je fis une petite pause avant de reprendre. « Ce Gaspard est si gentil, mais ça me semble bien fou tout ça. Il s’est nominé pour toi, hein ? » J’étais avide de réponse, et je me rendais compte que ma pauvre soeur devait se trouver bien trouble devant mes harcèlements. « Bon assez parlé de complots, je te fais à manger ? Dis-moi ce que tu veux, y’a tout ici, c’est trop magique ! » Ca me rappelait quand on était enfants et qu’on voulait faire des gâteaux au chocolat par nous-mêmes. On trouvait jamais rien pour les faire, Maman les cachait.