Tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas mis les pieds aux maisons abandonnées. Je viens de m'engouffrer un bon plat de pâtes carbonara, le sommeil n'est pas de mise pour le moment alors, pour éliminer le tout, je marche. a travers les maisons, à la recherche d'un truc qui me sauterait éventuellement aux yeux. Un je ne sais quoi, un rien qui me permettrait de peut-être remporter ce fichu trésor dont Cupidon nous a parlé la première semaine. J'entre dans une des maison, avec la ferme intention de tout retourner. Il fait nuit, je ne vois quasiment rien. Je me guide grâce aux quelques lampadaires qui éclairent la rue et dont la lumière s'infiltre dans ces vieilles baraques sans portes ni fenêtres. Je soulèves quelques débris, j'entre dans des espèces de cagibis, de caves et j'en ressors les mains vide, sans rien. J'entre dans une nouvelle pièce. Je regarde le plafond, les mûrs, je toque, je soulèves, je me retourne et je cris. Je suis une tapette, un pauvre mec. Mais elle m'a pris par surprise bordel. « Tu viens de me faire un remake de The Grudge là, j'ai boulé putain. » je lui crie - c'est un réflexe - la main sur le coeur, comme si la syncope me guettait.Bon, j'exagère un peu, quand même. Je me radoucis, et je la gratifie d'un sourire, même. Après tout, elle est adorable Nicole et elle me fait rire. « Qu'est-ce que tu fou là d'ailleurs ? » comme si j'étais le maître incontesté des lieux et que personne ne se devait de fouler mon territoire. J'en rajoute encore. De toute manière, avec la peur qu'elle vient de me foutre, je crois que je me suis perdu, loin.

J'avais imaginé être le seul fou à s'aventurer au niveau des maisons abandonnées à cette heure-ci. J'aime la peur. Pas de cette façon. Pas quand on me prend par surprise. J'aime la peur du vide, crier avant de faire un saut en parachute ou en élastique, être surpris dans un train fantôme, pourquoi pas. Mais de cette façon, impossible. Et mon cris est ridicule, qui plus est. Je le sais, j'en ai conscience et je tente de me maîtriser mais, impossible. Et je pense que Nicole s'en servira contre moi. Ça ne loupe pas, d'ailleurs. J'essaie de me rattraper comme je peux, en la comparant au monstre bizarre de The Grudge, mais ça ne fonctionne pas. Je grogne, je fais la moue et je croises les bras. « Ca, y a aucun doute.. » je rétorque en la dévisageant avec insistance. Il fait encore assez chaud pour que les filles restent en jupes, en robes, en trucs courts, quoi. Et je me délecte de cette vue que m'offre Nicole. Pourquoi m'en priver après tout. Ce que je regarde, je ne le touche pas, en l’occurrence. « Je voulais flipper mais ça a fait l’effet inverse en fait… t’as un cri super aigu pour un homme à femmes quand même. » Et voilà le moment que je redoute. Elle ne passe pas à côté de ce cris aigu duquel j'ai honte. Elle le relève et même, elle m'enfonce. Je fait la trogne, j'en joue, un peu, aussi. Je suis d'humeur taquine, joyeuse, et je ne vais pas me vexer pour si peu. « Tu veux vérifier l'état de mes couilles, peut-être ? » je lui réponds un brin taquin, mes yeux mutins plantés dans les siens, un fin sourire flottant sur le visage. J'ai dis ça de but en blanc comme on peut raconter son petit déjeuné. Et puis, Nicole n'a pas l'air de prendre de gants non plus alors, j'en profite tant que je peux parler gras, comme si elle était un de mes bons potes. Ça me manque de parler gras, d'être grossier. « Bah, le trésor. » je réponds, comme si ça coulait de source. Et au final, c'est tout à fait normal pour moi. C'est ça que je suis venu chercher en plus de quelques frissons nocturnes. « Et toi qu'est-ce que tu fous là ? » je lui demande, le plus concerné du monde. Une femme, en plein milieu de la nuit, seule, dans un endroit comme ça - qui pourrait aisément le repère d'un violeur ou d'un pervers - dans un tel accoutrement, c'est louche.

J'en rajoute un peu, cela va de soi. Nicole n'est pas tellement le genre de femme qui me fait vibrer. Elle est trop exubérante, pas assez simple et discrète. Je préfère de loin les filles plus.. comment dire, dans la norme (?) que les filles qui tentent (plus ou moins consciemment) de se faire remarquer. Dans le cas ne Nicole, je ne sais pas si c'est fait exprès ou non, je n'ai pas matière à juger pour le moment. Je ne peux pas nier que ses courbes sont alléchantes, ce serait mentir, mais, simplement, je sais pertinemment que je n'y toucherai sous aucun prétexte. Parce que même si je suis qualifier de tombeur, je ne fais pas l'amour à tout ce qui bouge. Je fais l'amour à celles qui me plaisent et savent me toucher. Nicole est adorable, j'en convient mais n'allons pas jusqu'à dire que j'ai envie de me la faire.. Néanmoins, je joue le jeu. D'une parce qu'elle y joue aussi. Et de deux, parce que c'est amusant. « Pour le peu qu’il y en ai bien deux. » « J'suis pas monoboule. » je rétorque un peu passivement. Passons à autre chose. Épiloguer sur mes couilles n'est pas le débat le plus alléchant qui soit. Je lui parle de trésors et elle me regarde éberluée. J'ai dis une connerie ? « Paaardon ? Quel trésor ? Tu sais chaton, si ton secret est « je me confonds avec Jack Sparrow » je viens tout juste de mettre le doigt dessus. » Hm, ouais. Je reste groggy quelques secondes face à son ignorance. Je passe ma main sur ma nuque, un peu gêné. Alors elle n'a vraiment pas entendu parlé du trésor ? « T'étais où lorsque la première alarme à sonné, cha-ton ? » Parce que c'est là que tout à commencé. Que Cupidon nous a dit de retaper ces vieilles baraques afin de trouver un trésor inestimables qui nous aidera tout au long de notre aventure. J'ai pas rêvé et je m'efforce d'y venir assez souvent. Je n'en dis pas plus, elle n'a réellement l'air de pas comprendre, c'est drôle, finalement, de savoir des choses qu'elle ne sait pas. J'aime bien. « Je suis venue pour avoir des frissons, je te l’ai déjà dit… mais tu devais être trop occupé à me mater. » J'hausse les épaules. « Oui, voilà, mea culpa. » En fait, j'étais en train de me remettre du choc de son visage dans la nuit, mais je vais me garder de le lui dire. Parce que ça pourrait la vexer.. « Bon tu fouinais quoi avant que j'arrive, le pirate? » J'ai envie de répondre, « Bah, le trésor » mais bon, la conversation tournerait vite en rond alors je me tais. Et je cherche une alternative. « Tu viens d'où, en fait ? » que je sache comment la qualifier. La viet', la japonaise, la chinoise, la coréenne ?

Après tout je me dis qu'elle doit être un peu attardée ou qu'elle a une mémoire de poisson. Et puis, si elle ne se souvient pas du trésor, tant mieux pour moi après tout, ça m'en fera plus. Je suis trop bon de partager tout ça avec elle. Je pourrais jouer les vipères, ne rien lui dire et tout garder pour moi. LA renvoyer à.. New-York ? Vraiment ? Très bien. La renvoyer à New-York et continuer à chercher seul. Après tout, c'est elle qui m'a rejoint. Et puis, elle a l'air de se foutre de moi comme l'an deux milles. Alors pourquoi est-ce que je serais sympa, sérieusement ? Je soupire. Elle ne m'a rien fait de mal. Elle a l'air excessive comme ça, de nature. Il suffit de s'y faire, ce n'est pas la première que je rencontre et ça ne sera certainement pas la dernière. « T’es venu dans ce jeu pour chercher des trésors ou pour trouver l’amour ? » Moi je passe du coq à l'âne mais elle n'est pas mal non plus dans le genre. Et puis cette question est embarrassante, je n'ai aucune réponse à lui fournir. Je sais pas. Au début de l'aventure, j'aurais répondu l'argent sans aucune hésitation, pensant ne rien trouver d'autre ici. Et puis, tout s'est chamboulé au final et je suis un peu - c'est un euphémisme - paumé. « Les deux sont envisageables. » je réponds simplement, d'une voix monocorde sans même la regardé. Elle cherche - entre trente-six guillemets - de son côté et je cherche du mien. Je ne lui dois rien, elle ne me doit rien, elle est simplement une compagnie non négligeable. Après tout, sa façon d'être est drôle et pas ennuyante. « Eh mais attend ouais je m’en rappelle ! Faut le trouver ce fucking trésor ! J’en ai marre d’être dans les cagnottes les plus pauvres. Bouge ton boule là ! » Katsumi se réveille, Alléluia, j'ai envie de crier. Je lève les yeux au ciel, je grimace et je souris en même temps - ça donne un truc assez dégueulasse, j'avoue. Je me tourne pour la fixer un moment, sceptique. « T'es gentille, je me suis fait piqué tout mon pognon y a deux semaines au prime, j'ai plus que 9000 euros donc ce trésor est pour moi. » Je la regarde se baisser. Moi, je retourne à mes mûrs dans lesquels je toc, voir s'ils sont creux. « Tu penses que la prod est assez conne pour enterrer un trésor.. dans le sol ? » ça paraît tellement absurde. Bon.. si j'étais un trésor, où est-ce que je me cacherais ... ? Et en même temps, je déblaye la maison, puisque Cupidon nous a dit de le faire. Je suis un bon toutou, je suis ses ordres à la lettre.