Il fallait qu’on dorme dans les champs. Sérieusement ? Tout ça pour quoi ? Pour que deux candidats puissent s’envoyer en l’air dans toute la maison. Non mais soyons honnête hein c’est clairement ça. Du coup j’ai emporté des tonnes de couvertures avec Liv qui m’aide bien gentiment à ne pas me casser la figure. « Ok, choisis un emplacement et on pourra s’installer. » Je lui dis avec les couvertures toujours dans les bras, n’y voyant rien. J’imagine qu’elle n’y voit pas grand-chose non plus puisqu’il fait super noir. Oh joie immense, quoi. « Je suis désolé d’être un boulet. » Je précise, parce que c’est exactement ce que je suis.

« On est arrivés... » M’indiqua la candidate. Je lui demandai alors de choisir un emplacement pour poser toutes nos affaires et dormir. Je n’avais vraiment pas envie de dormir dehors, il faisait si froid ! Mais bon nous n’avions pas tellement le choix… « T'es pas un boulet, arrête. C'est l'jeu. » Dit-elle immédiatement après que je me sois excusé. « Quand même, t’as pas écopé du meilleur partenaire. Mais j’me rattraperai. » Je réponds en riant légèrement. Je peux être un bon partenaire, du moins si ma partenaire ne disparait pas totalement de la surface du jeu comme la précédente, hein. Elle m’emmène à nouveau, je sens une légère pression dans mon dos puisqu’elle a y a posé sa main, c’est rassurant de savoir que je ne suis pas seul dans le noir. Et puis je lui fais confiance, pas seulement parce que j’ai pas le choix mais aussi parce qu’elle m’inspire cette confiance. « Lève bien les pieds, ok ? Je peux pas voir le sol dans le détail, alors il est possible que tu trébuches sur quelque chose. » Je hoche la tête. « Ok. » Dis-je alors que j’avance en levant bien les pieds pour ne rien me prendre dans les pattes. « Ca va ? » demande-t-elle au but de quelques minutes. « T’inquiètes, ça va, mais je crois que si je gagne ce jeu j’aiderai les aveugles. » Dis-je en riant encore une fois, comme quoi aveugle ne veut pas dire sans humour. « Parle moi un peu de toi pendant qu’on marche. » Je lui demande alors, c’est ma partenaire et je ne la connais même pas.

« Moi, je pense le contraire. Le fait d'être aveugle pour une semaine ne fait pas de toi un... moins bon partenaire que les autres. Je sais pas comment dire ça. En plus, tu comptes te rattraper, tous les partenaires ne font pas ça. » Je souris, elle ne peut peut-être pas le voir vu qu’on est surement dans le noir à cette heure-ci. En tout cas je passe un bras autour de ses épaules et l’approche de moi. « T’es cool toi. » Fis-je en riant à moitié, bien content de l’avoir elle comme partenaire plutôt qu’une fille qui m’aurait laissé me débrouiller tout seul. « Je crois que je me suis découvert une passion aussi, on aura qu'à travailler ensemble ! » fait-elle, je lâche un nouveau rire. « Ok, associons-nous dans ce cas. » Dis-je avant de lui demander de me parler un peu d’elle. « Je... ne sais pas par où commencer. Je m'appelle Liv. J'ai vingt ans... Et... hum. Je viens de Norvège, où je suis bergère à temps plein. Ma vie n'est pas très passionnante, alors... Qu'est-ce que tu veux savoir de spécial ? » Je souris. « Je savais que tu t’appelles Liv. » Précisais-je avec un sourire amusé. « C’est comment la Norvège ? Tu habitais à l’extrême nord ? » Je pense que c’est là qu’il fait nuit 6 mois par an, non ? Ca doit être fascinant…

« Toi aussi, même si t'es aveugle... » me répond ma partenaire, je souris. Au moins on s’entend bien. C’est un bon point. Finalement je lui demande de me parler d’elle, ce qu’elle commence à faire avec quelques difficultés. J’imagine que ça ne doit pas être facile pour tout le monde de parler de soit, moi je dis toujours la même chose, comme des phrases types pour faire connaissances quoi. « Bah tu sais, pour moi, y'a rien d'extraordinaire parce que je suis née là-bas... Mais j'avoue qu'ici, ça n'a rien à voir et que j'ai un peu le... mal du pays. J'habite dans les Îles Vesterålen donc oui... On peut dire que c'est à l'extrême Nord, c'est au dessus du... » Elle semble chercher ses mots, comme je ne vois pas ce qu’elle veut dire je ne sais pas l’aider et j’attends simplement qu’elle me réponde. « de la ligne polaire ?... Je crois qu'on dit ça comme ça. J'en sais rien. Bref, là, tu vois, chez moi, il fait nuit de 14 heures à 10 heures du matin et entre 10 heures et 14 heures, il fait clair comme... quand il pleut ici. Tu vois le genre ? Sinon... là où je vis, y'a de la montagne à proximité, pour les bêtes. Et y'a d'immenses prairies. Et des... zut... aurores boréales ! C'est magnifique à voir... » Elle semble avoir quelques difficultés avec l’anglais mais je trouve qu’elle se débrouille bien, on entend à son accent que ce n’est pas sa langue maternelle mais franchement combien de bergère norvégienne peuvent se venter d’être bilingues ? Peu, j’imagine. Et puis n’étant pas bilingue moi-même, j’admire. « J’aimerais beaucoup voir ça. Il y a des gens qui paient des milliers d’euros pour ça et toi… Tu vis là bas… Quelle chance. » Fis-je, pensif, j’aimais le voyage et les découvertes alors évidemment j’étais avide de voir ces paysages. « Tu viens d'où toi, au fait ? » je souris, j’ai perdu mon accent, enfin un peu, je pense qu’il faut vraiment être anglais pour comprendre que je ne le suis pas. « De Seattle, aux Etats-Unis. J’ai beaucoup voyagé a partir de mes 17 ans, j’ai dernièrement vécu presque un an en Irlande. »