arès

Je ne suis pas vraiment du genre à avoir peur de tout. Il n’est pas non plus impossible de me faire peur, cependant, cela m’en prend beaucoup. Halloween, les monstres, vampires, zombies et tueurs en série n’ont pas vraiment d’impact sur ma personne. Je reste plutôt indifférent même. Alors, je ne devrais pas avoir peur d’aller dans un cimetière la journée d’halloween. On est même pas le soir encore, il fait clair, l’air est doux. Moi, je n’y vois absolument aucun inconvénient. J’aurais bien aimé me cacher derrière une pierre tombale et attiré une des candidates pour lui foutre la trouille de sa vie. Je n’ai malheureusement pas trouvé de victime, ce qui me rend un peu triste, je l’avoue. J’ai tout de même envie de me rendre dans le cimetière, c’est tellement le meilleur endroit où passer l’après-midi. Je m’installe contre un arbre, à même le sol. J’ai hésité à apporter une guitare, me disant que j’aurais bien pu jouer une balade aux morts, mais cela aurait peut-être été déplacé. N’empêche, je ne connais pas beaucoup de télé-réalité où il y a un vrai cimetière. C’est un peu glauque, d’un regard extérieur. Je sors une cigarette. La fume. Puis une deuxième cigarette. La fume. C’est définitivement mon passe-temps préféré. Je vois Arès s’avancer vers moi. Il aurait pu se forcer et passer derrière moi et tenter de me faire peur. Mais bon, peut-être m’avait-il même pas remarqué. Pourtant, avec le nuage de fumé que j’ai autour de moi, y’aurait de quoi remarquer et penser que le cimetière est en feu. « Tu crois que les morts vont ressusciter ce soir ? » Je demande, sans même le saluer. On ne se connaît pas vraiment, mais pour ce que ça change.

Le cimetière un jour d'Halloween, je ne suis pas très judicieux. Et pourtant, mes pas me guident vers cet endroit avec rapidité. Comme si ma vie en dépendait. En fait, le froid me glace les os. Je tente comme je peux de me réchauffer, en marchant vite. Et je n’omet pas de me griller une cigarette afin de réchauffer mes poumons. Et les nourrir en nicotine, également. Ma clope se consume sans que je n'ai l'impression de tirer énormément dessus. Ma tête est ailleurs. Mon corps est présent mais mon âme est retournée à Paris. Je regarde autour de moi. Suis-je épié à cet instant ? J'adresse un signe de la tête à une potentielle caméra. Signe qui va directement à mon frère que je chéris. Il me manque. S'en est douloureux. Je n'ai jamais vécu si loin de lui, aussi longtemps. Et je me demande ce qu'il fait, à cet instant précis. S'il me regarde tous les soirs. S'il est fier de moi. Et surtout ça. J'arrive rapidement au cimetière. Quelle idée de se faufiler à cet endroit. Même en plein jour, il me fiche la chaire de poule. Je me grille une seconde cigarette, juste pour passer le temps. Mes yeux se posent sur un nuage de fumé et, intrigué je m'approche. Je détaille William un moment avant qu'il ne s'adresse à moi dans une remarque qui me fait sourire, la clope au bec. J'hausse les épaules. « Tu crois vraiment à ces conneries ? » Je ne crois pas au fantômes. En toute réincarnation, en toute âme, en rien. Je suis plutôt du genre Saint Thomas. A ne croire que ce que je vois. Si l'on me prouve qu'ils existent. Que j'en vois un, peut-être qu'alors je réviserai mon jugement. Mais pour l'instant, ces histoire d'Halloween me font doucement rire. Pour moi, cette fête sert simplement à se goinfrer de bonbon et remplumer les poches des médecins après une bonne crise de foie. Je prends place aux côtés de William et grimace au contact du sol froid avec mon jean. Mon échine frissonne en son entièreté. Je souris simplement à William. Je ne le connais pas. On ne se connait pas, on ne s'est même jamais adressé la parole. Il me semble simplement assez proche de ma partenaire mais je me garde bien de lui poser la question. Il doit s'en foutre comme de l'an deux mille. « Je crois surtout que la production va encore nous malmener. » et j'en ai marre que mon petit coeur fragile passe par des ascenseurs émotifs.