Ce soir, camping! Youpi. Je déteste dormir à la bonne étoile, déjà parce qu'il y a toujours de bestioles inconnues pour me grimper dessus, ensuite parce qu'il fait froid, et enfin parce que c'est inconfortable. Bref ça me gaaaave. J'espère au moins que pour rattraper le tout l'ambiance sera bonne sinon... sinon bah rien. Je ne peux même pas grogner avec mon air mal-aimable et partir me réfugier dans mon lit puisque c'est tout simplement interdit. Soit. Je débarque, ma tête ressemblant à un oeuf posé dans un nid tellement mon cou est englobé dans une énooorme écharpe de laine, et m’assois près de Joshua. J'hiberne, voilà.Je ne sais pas à qui est cette doudoune immonde que je porte d'ailleurs mais ce soir elle est mienne. J'observe les autres, mon regard restant un instant fixé sur Malik, avant de passer à son voisin. Finalement je plonge ma tête dans mon écharpe, loiiiin du froid de cette soirée épouvantée.

Je viens d'inviter Siana à s'approcher du feu lorsque Malik nous rejoins, pendant l'espace d'une seconde j'oublie qu'il ne peut pas parler. Je me demande alors ce qu'il peut bien vouloir avec ses gestes. Je comprends ensuite qu'il me propose son aide. Ah oui d'accord, je suis un peu long à la détente ce soir. Le froid je suppose. « Je pense qu'il faudrait rajouter un peu de branchages et puis ça devrait aller. » Le bois semble suffisamment sec, merci la production puisque avec la pluie qui bat son plein depuis plusieurs jours on aurait eu beaucoup de mal à faire partir ce feu. Je crois que ça aurait été dramatique pour notre survie. Rapidement, Candace arrive et mon coeur bat à tout rompre contre ma poitrine d'autant qu'elle s'installe aux côtés de Branca, soit pile poil en face de moi. Je lui souris, je ne sais pas si on est autorisé à nous parler, on a pas le droit de s'approcher, d'ailleurs elle fait une remarque à ce sujet. J'hausse les épaules, j'espère qu'on est assez loin en effet. Je ne la lâche pas des yeux, je peux y lire tout un tas de choses, je peux déceler qu'elle semble peu enthousiaste face à cette situation, elle qui n'est pas des plus bavardes d'ordinaire déplore l'attitude des autres. Je sors à mon tour une cigarette de mon paquet. C'est à ce moment là que Joshua arrive, je lui souris. Il m'interroge sur le feu. « Hum oui en effet, mais ce n'est pas si extraordinaire que ça, il suffit de l'allumer et le tour est joué. » Et avec un briquet c'est beaucoup plus simple qu'avec du bois, ou des cailloux. Ou je ne sais quoi. J'allume ma cigarette par la suite.

Cette soirée ne serait peut être pas aussi horrible qu'elle s'annonçait, parce que j'ai réussi à allumer un feu, on ne mourra pas de froid cette nuit. Enfin j'imagine. Et puis parce que l'ambiance est plutôt bon enfant, et même si j'ai ma femme juste face à moi, l'arrivée de Joshua m'aide à l'occulter un peu. D'ailleurs c'est peut être l'occasion où jamais de faire sa connaissance, mieux tard que jamais. Il arrive et me congratule sur le feu. Je ne trouve pas qu'il s'agisse là d'un effort sur-humain, encore que visiblement peut être que ce n'est pas si aisé que ça. Je ne peux pas m'empêcher de sourire face à sa remarque. « Tu penses que je devrais me reculer alors ? » Je demande, en désignant sa cigarette, après tout, ça brûle rapidement aussi ce genre de choses, j'ai déjà cramé bon nombre de choses avec une cigarette. Mes doigts déjà. Une chemise, un canapé, un sac de couchage. Mais c'était à une autre époque. En parlant de cela, je déleste ma cigarette de quelques cendres qui s'écrasent contre le sol. Je tire une nouvelle fois sur celle-ci lorsqu'il m'interroge à nouveau. Et même s'il n'évoque pas vraiment Candace, mais je n'ai pas trop de mal à le deviner puisqu'il la regarde à présent. Je soupire avant de coincer mon bâton de nicotine entre mes doigts. « Sans doute moins bien qu'elle à priori. Et ça doit paraître stupide parce qu'elle est là, juste en face, pourtant c'est encore pire que lorsque je ne la vois pas. » Nouveau soupire. En presque sept ans de vie commune c'est la première fois qu'on est "séparés" alors oui c'est bizarre en effet. « Mais je suppose que tu sais ce que c'est... » Je demande évoquant le départ des personnes dont il était proche. Sven notamment, et son départ purement égoïste. Il m'avait semblé qu'ils étaient rentrés ensemble et donc qu'ils étaient assez proches. Mais peut être que je me trompe finalement.

Je n'ai de cesse d'observer le visage meurtri de Callan dont les flammes viennent lécher le visage de là où je suis. Je ne devrais pas parce que je sais que ça le fait souffrir, je peux le voir. Pour tout dire j'aimerais autant être dans ses bras au lieu de me peler les miches. D'autant que ma camarade n'a jamais été aussi peu bavarde, je serais presque tenté d'évoquer les détails sordides de mon dossier qui la fascine tant pour la faire sortir de sa torpeur mais non, je m'abstiens. Je sers pourtant un peu plus son bras parce que j'ai froid. J'aurais dû me couvrir davantage, un peu comme Siana finalement. Je pourrais aussi bien me caler dans mon sac de couchage sauf que j'y renonce. Rapidement Joshua se joint à mon époux. Je me demande s'il lui fait aussi peur que moi, et j'en déduis que non. Callan est charismatique, les gens viennent facilement vers lui alors que je leur inspire de la crainte parce qu'ils me trouvent trop froide en général. Je détourne le regard. Et la voix de Dagga me parvient. « Ma sauveuse... » Je déclare enthousiaste, avant d'écraser ma cigarette qui s'est finalement consumée seule tandis que j'étais partie dans la contemplation du visage de mon mari. « Bonne initiative. » Je lance face à ses marshmallow, toujours poussé par cet élan d'enthousiasme insoupçonnable. Je me penche afin d'attraper des bonbons et un pic afin de me confectionner une brochette. « Raconte moi n'importe quoi, mais par pitié de devient pas aussi muette que Branca ou je vais finir par devenir folle. » Je lance à la jeune femme, qui vient tout juste d'arriver, je ne suis pas la femme la plus bavarde de la terre mais ce camping va me rendre dingue. Ou du moins, c'est ce que j'ai envie de montrer ce soir.

Callan maintenait le feu comme un chef et moi, je pourrais éventuellement y ajouter quelques branchages lorsque ce dernier commencerait à faiblir. C'est surtout que j'essayais comme je le pouvais de me rendre un peu utile, car croyez-moi, ne plus pouvoir parler peut vous donner cette sensation très désagréable de ne servir à rien. Alors que je pensais qu'une partie des candidats s'était perdue en route, bon nombre d'entre eux ne tardèrent pas à nous rejoindre. Parmi eux, Raphaël. Ce dernier attira de suite mon attention, et pour cause, il entreprit bientôt de me dévisager avec insistance. Mince, est-ce que j'avais fait quelque chose de mal ? Pourtant non, pas à ma connaissance. Mais alors pourquoi est-ce que le grand brun me fixait de la sorte ? C'était embarrassant tout de même, de sentir ses yeux rivés sur moi. Finalement, son regard se perdit par la suite sur Asmaa, et d'un coup je ne me sentis plus épié. Ouf. Parce que quand même, c'était gênant. Je ne saurais probablement jamais pourquoi Raphaël m'avait à ce point porté de l'attention, mais tout compte fait, je crois que je préférais encore l'ignorer. Si il y a bien une arrivée que je guettais ce soir, c'est assurément celle de Nicole. Et justement, ma partenaire vint se joindre au groupe à son tour. Emmitouflée dans une épaisse doudoune qui lui tiendrait bien chaud, je pus deviner à l'expression de son visage et à la façon dont elle entreprit de s'assoir au côté de Joshua que l'idée de dormir dehors ne la ravissait pas grandement. Qu'elle se rassure, elle n'était pas la seule dans ce cas-là... mais me concernant, c'était avant tout dû à de la frousse, eh oui. Mon regard croisa celui de Nicole, nous nous fixâmes quelques instants avant de détourner les yeux quasiment au même moment. Bon bon, je n'avais par ailleurs aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Et donc j'étais incapable de dire si nous irions bientôt nous coucher, ou pas. Personnellement, je ne ferais certainement pas de vieux os. Le mutisme ça fatigue. Et je crois que je serais plus rassuré à l'idée de m'endormir au milieu de candidats encore éveillés, même si ces derniers devaient être amenés à faire du bruit... bien que ce soir, je n'aurais probablement pas ce problème. C'est comme s'endormir devant la télévision, dans un sens, c'est une présence qui rassure.

« Tu devrais tendre les mains vers le feu. » Le visage enfoui dans mon énorme écharpe je réussis tout de même à percevoir qu'on m'adressais la parole. Faisant affronter à mes traits très fins et gracieux l'agressivité du froid, je pouvais identifier l'auteur de ces paroles. Je gratifiais Joshua, à côté de qui je m'étais assise, d'un sourire en remerciement de son conseil. « C'est pas bête ça, merci. » Sortant mes mains de mes poches, je venais étendre mes bras au maximum afin de les rapprocher le plus près du feu. C'est pas le tout mais quand on est trop près ça crame. Je bondis et recule mes paumes par la suite. Je galère déjà à les hydrater tous les matins c'est pas pour les brûler, non mais! Le nez enfoui dans mon... cache-nez -logique quoi-, je balaye une nouvelle fois l'assemblée du regard. J'aimerais tellement aller me blottir contre quelqu'un afin qu'il me partage sa chaleur sauf que pour chaque personne j'y voyais un petit truc qui m'en empêchais. Mes yeux s'arrêtèrent sur mon voisin. Il est gay, on s'en fou, aucun risque de jalouse venant me trainer par le string afin que je m'éloigne; donc. Oh même si c'était le cas c'est pas le genre de truc qui me dérange. Je sautille sur mes petites fesses jusqu'à arriver à proximité, allant m'appuyer contre J'anchois sans prendre la peine de lui demander si ça le dérange ou non; mes mains toujours vers le feu, peinant à se réchauffer.