Je quitte le plateau pour me diriger vers le SAS. Je suis anxieux et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression d'avoir toutes les raisons du monde de l'être. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire qui m'oblige à me rendre là-bas ? Ce n'est pas par là que passent les éliminés avant d'être définitivement évacués ? C'est la fin, c'est ça ? Plus le temps pour les interrogations, je pénètre les lieux et découvre cet endroit que je n'avais encore jamais visité avant. Mais que je me serais tout de même bien contenu de découvrir un jour. Les mains moites, la gorge nouée, j'expire un bon coup, impatient de savoir ce qu'il se trame réellement.

Il ne s'y attendait pas, c'était logique. J'étais comme qui dirait, après mon abandon, sorti de son esprit, de sa vie. J'avais du mal à penser bien, à vrai dire. Le seul constat qu'il m'était apparu était que depuis notre pseudo-rupture, il était bien mieux sans devoir me supporter. Et ca me donnait envie de gerber. Car oui, j'étais vraiment devenu un fardeau, de ce que j'ai pu remarquer depuis mon départ de l'émission. J'ai préféré quitté l'aventure tant qu'il en était encore tant, je pense que si j'étais resté, la relation serait devenue encore plus invivable. J'ai donc pris mes clics et mes clacs notamment pour cette raison mais pas seulement. Il ne s'attend donc pas, lui le beau tatoué adulé par toutes les gonzesses de l'émission, à me voir débarquer dans ce sas, non. Car il me pense envolé, disparu de sa vie. Mais il se trompe, grandement. J'ai hâte de voir sa tête lorsqu'il va me voir, cela vaudra de l'or. Car il faut dire que j'ai plein de choses à lui dire, et je ne suis pas sûr qu'il appréciera. Mais après tout, je n'ai plus rien à perdre moi, alors je peux me lâcher. Je suis derrière la porte, on m'annonce qu'il est déjà dans le sas. Sven le retour. J'ai hâte de voir sa tête déconfite lorsqu'il va me voir pousser cette porte. Je vais jubiler. Et je ne vais pas me gêner, comme à mon habitude. Les feux des projecteurs m'auraient presque manqué, d'ailleurs. Je pousse la porte et peut l'apercevoir dans le sas. « Alors, tu te souviens encore de moi, j'espère ? » je demande, railleur. On ne sait jamais que je sois définitivement effacé de sa mémoire.

Je ne me rappelle pas avoir déjà été aussi anxieux une fois dans ma vie. Je tapote du pied inconsciemment, me surprends à me ronger les ongles. Une multitudes de petites manies qui ne trahissent pas l'état d'esprit dans lequel je me trouve être actuellement. Du moins jusqu'à ce que la voix de Cupidon retentisse à nouveau. Mon coeur ne fait qu'un bond. Bordel, il ne peut pas prévenir avant de prendre la parole, lui aussi ? « Joshua, Cupidon a trouvé bon de te confronter à ton ancien partenaire de jeu, Sven. » Mon visage se décompose, je relâche la pression. Sérieusement ? Je passe ma main dans mes cheveux, ne sachant pas si je dois prendre ces retrouvailles comme une bonne ou une mauvaise chose. Il faut dire que malgré le fait qu'il me manque énormément, certains de mes actes, après son départ, pourraient être perçus comme des actes de trahison. Et pour cause, j'ai fricoté avec son ex-partenaire. La porte grince, sa silhouette apparaît face à moi. Merde. Je connais Sven par coeur. Et cet air, cette expression.. ils ne présagent rien de bon. « Alors, tu te souviens encore de moi, j'espère ? » Mes yeux fixent les siens, tandis que je me mords violemment la lèvre inférieure. Zen, Yoshi. Si tu ne prends pas sur toi, cela risque de mal se passer. « Bonsoir Sven. », dis-je sur un ton totalement neutre, loin du ton cynique qu'il a préféré employer de son côté.

Il a pas l'air à son aise, le coco, bizarrement. Tu m'étonnes, à sa place, je ne serais pas très fier non plus, je serais même tenté de faire l'autruche, dans ce genre de situation. Il évite le coté cynique de la conversation en me lançant un neutre bonsoir, bon, il veut se la jouer cool et obtenir le moins de problème possible, je peux le concevoir mais ce n'est pas vraiment mon optique de la chose. Je croise les bras et je le regarde avec un sourire narquois qui montre très bien les paroles qui vont suivre. « Alors, dis-moi, je t'ai manqué ou bien j'suis déjà dans le tiroir des choses à tirer un trait dessus ? » Parce qu'il faut dire que j'ai bien vite été remplacé, vous ne trouvez pas ? Qu'il refasse sa vie, je peux le concevoir – avec toute la force qu'il me faut pour – mais une semaine après, c'est un peu fort tout de même pour le coup et il fallait qu'il le sache, j'avais besoin de crier ce mal-être qui stagnait dans mon ventre en voyant ces images. D'ailleurs c'est dommage que ma chère petite Sissi en qui j'avais confiance ne soit pas présente dans le sas j'aurais été ravi de lui faire un petit bonjour également. Histoire de lui remettre les pendules à l'heure à cette petite innocente qui a bien joué son jeu. Et dire que tous les soirs, elle me demandait des nouvelles de mon couple. J'en rigole mais ce n'est pas réellement l'impression que ça fait en mon for intérieur. Bref, je soutiens son regard et j'attends. Je ne déballe pas tout tout de suite non.

Je conçois très bien le fait qu'il puisse m'en vouloir ou m'execrer pour ce que j'ai pu faire. Mais à y réfléchir un peu plus intensément, qui a tout fait capoté, en somme ? Moi qui suis allé me consoler dans les bras de sa partenaire ou lui qui m'a posé son ultimatum à la con, une semaine à peine avant de faire ses valises ? "Tu m'baises ou j'te quitte". C'est à peu près le discours exact qu'il a tenu avant qu'on se prenne le chou. Quelle personne totalement saine d'esprit n'aurait pas mal réagi face à une réflexion de ce genre ? J'ai beau être cool et détendu trente jours sur sept, je n'en reste pas moins un homme pour autant. Et comme chaque homme, j'ai du mal à me contenir lorsque les gens décident de pousser le bouchon aussi loin. D'autant plus lorsque ces gens sont des personnes que j'apprécie et qui me tiennent à cœur. Il croise les bras, se montre narquois et détestable au plus haut point. « Alors, dis-moi, je t'ai manqué ou bien j'suis déjà dans le tiroir des choses à tirer un trait dessus ? » Je soupire, hésitant à lever les yeux au ciel pour lui prouver à quel point ses paroles sont absurdes, mais n'en fait rien au final. « Et toi ? T'as trouvé quelqu'un pour te vider les testicules ou tu veux toujours qu'on batifole dans le ciné ? » Je me surprends à employer un vocabulaire pour le moins cru et pas franchement joli joli à entendre. Je n'avais pas l'intention de me montrer méprisant ou quoi que ce soit. Seulement vu comme c'est parti, j'ai bien peur de ne pas savoir me contenir. Il lance les hostilités ? Très bien. A ses risques et périls.

Il s'amuse à faire le gros dur mais il sait pertinnement qu'avec moi, ça ne fonctionnera pas, c'est toujours moi qui ai eu les couilles dans notre couple, ce n'est pas nouveau loin de là. Il veut jouer, d'accord, on va bien rire après tout. Car je ne suis absolument pas en tort, lui par contre ne peut pas s'estimer innocent de tout reproche, après avoir flirté avec cette petite innocente juste après mon départ. Traître. Les deux d'entre eux, tous les deux des traîtres. Il me ressort la scène que je lui avais fait dans le cinéma, la semaine avant mon départ. Facile. Encore plus s'il fait en sorte de le retourner à son avantage. « Tu sais très bien que ce n'était pas purement le fait de coucher ensemble qui m'intéressait, c'était juste un ultimatum que je te posais pour te faire réaliser ce qui était en train de se passer. Histoire que tu daignes, ne fut-ce que me toucher le petit doigt. Mais non, avec les mecs, bien trop pudique, à vrai dire j'ai encore du mal à comprendre comment tu as pu faire le premier pas lors de notre rencontre, sûrement parce que tu étais bourré. Tu devrais boire plus souvent ça te réussit mieux, faut croire. Sache que c'est toi le seul responsable de toute cette merde, toi qui n'a pas daigné faire le moindre effort d'affection depuis notre arrivée dans ce jeu. Bien que ce n'était pas très glorieux avant non plus, cela dit en passant. Mais ne te tracasse pas Joshua, refais ta vie, ne t'occupe plus de moi et ne viens jamais ô grand jamais regretter ce que tu as causé. Oh et j'oubliais, passe le bonjour à Sïana, on peut dire qu'elle tu n'as pas de problème à la toucher » je fais tout en le saluant de mes deux doigts s'écartant de mon front, à la manière d'une connaissance car c'est tout ce qu'il était désormais. Et je trouvais cela encore trop méritant pour lui. Je me retournai alors en ne lui laissant qu'un regard plein de rancune, j'espérais en mettre assez histoire qu'il en donne un peu à Sïana. Au revoir Joshua.