Wade

MERCREDI 14 NOVEMBRE - 17H39
QUARTIER AUBANEL - RUISSEAU

J'avais besoin d'air, de me revigorer en extérieur même si ce mois de novembre était particulièrement frais et qu'on se caillait grave près de ce ruisseau. Un ruisseau devant lequel je m'étais retrouvé... je ne sais trop comment en fait. Toujours est-il que j'étais là, planté devant ce dernier en ce début de soirée, les yeux fixés sur cette eau stagnante et me cramponnant à mon écharpe comme si ma vie en dépendait. Bon, je n'avais clairement pas le moral, et cela durait depuis un moment. Mon aventure ici ne rimait plus à grand chose, et tout ce qui m'était arrivé de regrettable dernièrement m'était entièrement dû. Seulement, lâche comme j'étais, je n'assumais rien. Non, dans ma tête c'était la faute à pas de chance, ou alors à un mauvais karma. Bref, puisque j'étais franchement mal bigorné aujourd'hui et que je n'avais pas franchement passé une excellente journée, on peut bien le dire, je préférais encore n'imposer ma compagnie à personne. Quitte à me geler les miches dehors, donc. Près de ce ruisseau, je n'avais désormais plus qu'une envie : passer mes nerfs sur la première chose qu'il me serait donné de voir. Et bientôt mes yeux se posèrent sur un tas de cailloux à terre. Je vins me saisir de quelques uns, et entrepris de les jeter avec toute la force qu'il me restait dans ce ruisseau, comme si cela était susceptible de me défouler ou que sais-je. Je n’espérais même pas faire de ricochets là, je ne sais même pas ce que je voulais en fait, peut-être détruire le monde en lançant ses cailloux comme Hulk détruirait Las Vegas. Ouais, sans doute. Bref, j'étais ridicule à m'acharner sur ces pauvres cailloux et ce pauvre ruisseau qui n'avaient rien demandé à personne. C'est alors que des pas se firent entendre, attirant vaguement mon attention mais ne me détournant pas de ma préoccupation première, celle de jeter un maximum de cailloux dans ces eaux. D'un coup d’œil, je me rendis compte de la présence de Wade. Je ne le saluais même pas, il pourrait rapidement se rendre compte du fait que là, clairement, j'avais pas la tête à ça. « J'en ai marre. Marre. Ma-rreuh. » grognais-je, lançant toujours plus fortement les cailloux... jusqu'à en perdre l'équilibre et glisser. Voilà, super, je me retrouvais maintenant au sol. Comble du ridicule hein. Tout se passait décidément comme je ne le souhaitais pas. J'allais finir par croire que j'étais maudit en fait. « C'est pas possible... pourquoi est-ce que tout va de travers... » soufflais-je, désemparé. Intérieurement, mon état d'esprit était plutôt le suivant : RAAAAAAAAAH !!!!! J'aurais bien ajouté une petite obscénité, mais non, tellement pas mon genre. Au lieu de ça je gesticulais dans tous les sens, assis par terre, comme un gosse se roulerait au sol dans un centre commercial pour protester contre le fait que ses parents ne voudraient pas lui acheter le dernier action man. Donc là, en fait, s'il me restait un minimum de dignité, je venais clairement de la réduire à néant. Wade quant à lui allait bientôt regretter de s'être rendu jusqu'ici par un froid de gueux. Oh et j'entendais déjà les téléspectateurs s'exclamer devant leur écran : "Mais il va arrêter de se plaindre, un peu, l'égyptien oui ?! On s'en fout de ses histoires bordel !"... Oh si vous saviez, j'aurais préféré m'en foutre moi aussi. Hélas c'était loin, très loin d'être le cas.

Il faisait froid. Une petite brise glaciale me cueilli en sortant dehors. Mais pas de quoi m’effrayer. Ce n’était qu’un peu de fraîcheur après tout. Je n’allais pas rester cloitré à l’intérieur, emmitouflé sous une couette et ne plus bouger. Oh non. J’avais besoin d’espace, pour déployer mes ailes. Vivre. Sinon j’étais tout tristounet moi. Donc ce n’était pas les températures basses qui m’empêcheraient de sortir. Suffisait d’enfiler un petit pull douillet et un manteau assez chaud, et le tour était joué. Mes pieds, sans raisons particulières m’avaient mené jusqu’au ruisseau. Peut être pour y retrouver mes copains les poissons. De loin, j’aperçus une personne, vraisemblablement qui jetait des cailloux dans l’eau. En m’approchant un peu plus, je constatais qu’il s’agissait de cornichon man. Et dites donc les cailloux il les balançait énergétiquement dans l’eau. Comme si il avait décidé de vider tout le sol de ses petites pierres. Quelque chose me disait qu’il n’était pas particulièrement de bonne humeur. Non parce que moi quand je les lançais dans l’eau, c’était juste pour faire des ricochets. Pas effrayer ces pauvres poissons qui n’avaient rien demandé. Malik sembla se rendre compte de ma présence, pour autant il m’ignora, continuant son activité hautement passionnante. Sympathique. « J'en ai marre. Marre. Ma-rreuh. » Ah ouais, rien que ça. Et là, ce fut le drame. Ses pieds glissèrent, il perdit l’équilibre, tombant à la renverse, se retrouvant les quatre fers en l’air. Je ne pus m’empêcher de lâcher un léger rire. Désolé mais c’était plut fort que moi. Attendez c’était quand même assez comique de le regarder avec ses petites mimines balancer des cailloux, avant de casser la gueule comme un idiot. Surtout que maintenant il gesticulait dans tous les sens, tel un gosse. Ah vraiment, ça mériterait même une photo. Dommage que je n’avais pas l’appareil sur moi. « C'est pas possible... pourquoi est-ce que tout va de travers... » Pauvre petit chou. Il fallait l’avouer, il était un peu ridicule là. « Tu crois pas que t’en fais un peu trop là ? » lui demandais je. N’exagérons pas non plus hein. « Allez relève toi » dis je en lui tendant la main pour l’aider, remarquez comme j’étais gentil. Un peu de dignité tout de même. « Et laisse tranquille ces cailloux ils t’ont rien fait. En plus t’effraies les poissons. »

J'entendais déjà Sharon Stone annoncer mon nom comme vainqueur de l'oscar du meilleur acteur dans un film dramatique. Et ce film, c'était mon aventure, ou du moins les derniers jours que j'avais passés dans le nid. Non mais il fallait m'avoir vu dégringoler à même ce sol, après m'être déchainé sur de pauvres petits cailloux ramassés à mes pieds quelques instants plus tôt. J'étais ridicule, pathétique, mais le pire restait à venir puisqu'ensuite, non content de m'être vautré comme une mandarine tomberait de la corbeille de fruits - oui, pourquoi pas cette image hein -, j'entrepris d'endosser le rôle de Dylan, un gosse de huit ans tout droit sorti de mon imagination et que j'imaginais avoir pour habitude de piquer des caprices en plein Toys'R'Us. Et donc Dylan, ce soir, c'était moi. Et effectivement la ressemblance était flagrante entre nous deux. Moi aussi je me roulais à terre comme un gamin capricieux, et c'est sans doute ce qui faisait le plus de peine à voir en fait. J'étais décidément tombé bien bas, certains diront même que j'avais touché le fond. Oh mais avec tout ça, j'en aurais presque oublié la venue de Wade, passablement ignoré mais vraiment, ça n'était pas contre lui. Celui-ci ne manqua bien évidemment rien de cette scène déchirante qu'on aurait pu nommer "Malik, ou le gars dont le nom apparaitra bientôt dans le dictionnaire à côté du terme 'ridicule'." « Tu crois pas que t’en fais un peu trop là ? » fit-il, tandis que je relevai doucement la tête en sa direction. C'était un peu le genre de remarques susceptibles de calmer vos ardeurs quoi, clairement. Bah moi ça m'avait calmé en tout cas. « Allez relève toi » répliqua-t-il, tout en me tendant une main que je vins aussitôt saisir, avant de me hisser sur mes deux jambes, réalisant ô combien j'avais été loin cette fois-ci. « Et laisse tranquille ces cailloux ils t’ont rien fait. En plus t’effraies les poissons. » Oh croyez-moi, je ne m'en faisais pas pour les poissons car ils ne devaient pas être très nombreux dans ce ruisseau, quoi que... Bah remarquez, le froid ne devait rien leur faire à eux. Bref, là n'était pas le sujet. « Pardon Wade, j'suis tellement navré de t'avoir offert une scène aussi pathétique... » Et là, j'espérais sincèrement qu'il n'en ressortirait pas traumatisé. « Vas-y ris, moque-toi de moi, je sais que tu en meurs d'envie. » Et il l'avait déjà fait tout à l'heure me semble-t-il, lorsque j'avais chuté au sol, non ? Aaaah, ce Wade, un vrai ami, pas de doute là-dessus. « Tu veux que je te dise... ce soir, j'en ai contre la terre entière, donc contre ces cailloux également. » C'était stupide non, de constamment rejeter la faute sur d'autres, en allant même jusqu'à la rejeter sur des cailloux dont, la plupart, avaient d'ailleurs fini noyés, vous ne trouvez pas ?

Ma petite remarque sembla le calmer aussitôt. En effet, il arrêta de gesticuler dans tous les sens, comme un gosse qui faisait son petit caprice. Au moins était-il plus docile qu’un enfant, qui ne voulait guère entendre raison. Mais vraiment là on atteignait quand même des sommets…D’un autre côté, question ridicule, je serais très mal placer pour juger. Bien que moi ce n’était pas ridicule dans le genre pathétique. Alors que là, il s’agissait clairement de ça. Comme si se rouler en boule au sol, ou balancer des cailloux allait aider. Il accepta la main que je lui tendis, heureusement, et se releva. Un peu de dignité. « Pardon Wade, j'suis tellement navré de t'avoir offert une scène aussi pathétique... Vas-y ris, moque-toi de moi, je sais que tu en meurs d'envie. » Et bien c'est-à-dire que…j’étais partagé entre deux sentiments. Mais j’avoue que là, je me l’imaginais de nouveau au sol, à bouger ses petits bras et…oui je ne pus retenir un rire. Sérieusement, c’était quand même poilant non ? « Non mais attends…je suis désolé…C’est juste que toi…là…T’aurais du te voir avec tes petites… » Ce que c’était mal j’en avais conscience, mais c’était plus fort que moi. « Pardonne moi » dis je finalement en retrouvant un semblant de sérieux. « Désolé, désolé, désolé » ajoutais je, sachant qu’il n’avait pas du apprécier. En même temps aussi…Naaan fallait que j’arrête de penser à ça. Je me foutu une baffe d’ailleurs, oui oui. « C’est bon, j’arrête de rire » Promis. En tout cas une chose est sure il allait passer dans le zapping. Oh oui ça allait faire le tour du net ça. « Tu veux que je te dise... ce soir, j'en ai contre la terre entière, donc contre ces cailloux également. » me confie t’il alors. « Il ne fait donc pas bon vivre de te côtoyer alors cet aprem…Devrais je craindre pour ma vie ? » Car cela voudrait dire qu’il en avait aussi contre moi tiens. Petite touche d’humour, on fait comme on peu. « Mais t’es sur que ce n’est pas plutôt après toi que tu en as ? » lui demandais je. Une question qui n’en était pas vraiment une en fait car je connaissais déjà la réponse.

Qu'on se le dise, je venais de me taper une honte de type intersidérale. C'était à se demander ce qu'il m'avait pris de me rouler à terre comme un gosse, devant un Wade des plus hilares d'ailleurs... Mes nerfs avaient lâché, simplement. Et j'étais désolé de lui avoir offert une scène aussi pathétique. Maintenant il pouvait en rire, si ça lui chantait. Il ne s'en privait d'ailleurs pas. « Non mais attends…je suis désolé…C’est juste que toi…là…T’aurais du te voir avec tes petites… » Alors déjà, premièrement, sauf en ayant quitté mon corps je ne vois pas trop comment j'aurais pu assister en tant que spectateur à cette scène qui semblait, d'ailleurs, avoir été vraiment tordante. Il fallait voir Wade ricaner pour comprendre que j'avais vraiment été ridicule, en fait. « Pardonne moi » reprit-il, tout en tentant de réprimer un autre rire. Mon regard à moi signifiait en quelque sorte : "bon, ça y est, tu as terminé ?". Bah, je me sentais quelque peu moqué et ça n'était pas très plaisant de vous à moi. Je savais que Wade n'avait pas mauvais fond, mais j'espérais c'est vrai d'avantage de compassion venant de lui bien que je l'avais moi-même convié à rire de tout ça. « Désolé, désolé, désolé » enchaina-t-il, visiblement confus et soucieux du fait que je pus l'avoir mal pris. Oh non, à peine... Mais avec tout ce que j'avais à endurer dernièrement, ces petites moqueries bien gentillettes ne m'atteignaient pas tant que ça au fond. « C'pas grave. Hm. » Oh mais c'est que je ronchonnais presque dites-moi. Pour ma défense j'avais passé une très mauvaise journée... Forcément mon humeur n'était pas au top, au même titre que mon moral. Quand ça va pas, bah ça va pas hein j'ai envie de dire. Je lui fis par la suite savoir que ce soir, justement, j'en avais contre la terre entière. J'avais l'impression que tout mon monde s'effondrait et que je demeurais impuissant face à tout ça. Je prenais donc pour responsable n'importe quel être vivant sur cette planète, comme un gros lâche que j'étais. « Il ne fait donc pas bon vivre de te côtoyer alors cet aprem…Devrais je craindre pour ma vie ? » Je levai les yeux au ciel. Devais-je sérieusement répondre à cette question ? S'il risquait sa vie en restant près de moi, mais c'était une évidence que non enfin. Ralala, comme si j'allais m'en prendre à Wade pour quelque chose qui ne le concernait absolument pas. « Mais t’es sur que ce n’est pas plutôt après toi que tu en as ? » Je reportai le regard sur lui, avant de baisser les yeux jusqu'au sol. Voilà, il avait mis le doigt sur un fait avéré : c'est à moi, tout particulièrement, que j'en voulais. Et j'avais de quoi d'ailleurs. Bon sang je m'étais comporté comme un abruti ces derniers jours. À croire que j'adorais m'attirer des ennuis. « Bah oui... » soufflais-je comme s'il s'agissait là d'une évidence, avant de poursuivre. « Toute cette m... tout ce foutoir est arrivé par ma faute. Maintenant c'est vrai, je suis en colère. Contre moi-même. Et je n'arrive pas à saisir pourquoi mon frère est aussi brillant tandis que moi je suis si sot... » Abdel ne vendait pas de matelas lui, et sans faire d'études il s'en était sorti mieux que moi. C'était pas difficile de faire pire remarquez. Mais même dans la vie de tous les jours, il était carrément plus mâture, carrément plus réfléchi. Ce genre de choses ne lui seraient jamais arrivées à lui, jamais. « Tu as des nouvelles d'Asmaa ? J'ai cru comprendre que c'était la grande entente entre vous deux... » Oui, je farfouillais sur les blogs, et alors, c'était mal, c'était interdit ? Non ça n'était pas une remarque masquant une certaine jalousie, il ne manquerait plus que ça. Seulement puisque je n'avais pas vu Asmaa depuis la fin du prime de dimanche et que Wade était sans conteste son nouveau BFF, je pense qu'il était le plus apte à m'assurer que la jolie frisée se portait au mieux. En espérant que c'eut été le cas.

Me moquer n’était pas très respectueux, je le savais. En même temps que vouliez vous faire face un à un rire incontrôlé ? Je n’y pouvais rien. Ça vous tombait dessus même quand vous ne le désiriez pas. Oh et puis celui qui n’aura pas rigoler face à la chute de quelqu’un ou une situation aussi ridicule me jette la première pierre ! « C'pas grave. Hm. » Surement que lui aussi aurait ri de la situation et de lui-même dans d’autre circonstances. Peut être même qu’avec du recul oui. Quoi qu’il en soit il n’était pas de bonne humeur, c’était une certitude. Bougon, raleur, colérique…Tout cci ne faisait pas bon ménage. Je n’eus pas de mal à mettre le doigt sur le problème, il s’en voulait. « Toute cette m... tout ce foutoir est arrivé par ma faute. Maintenant c'est vrai, je suis en colère. Contre moi-même. Et je n'arrive pas à saisir pourquoi mon frère est aussi brillant tandis que moi je suis si sot... » Son frère ? Son frère ? Mais que venait-il faire dans l’histoire là ? A part juste pour trouver une nouvelle façon de s’auto flageller. Il allait falloir qu’il arrête de faire ça ce n’était pas possible à la fin. « Mais putain tu t’entends mec ? Arrêtes ! Arrêtes de te rabaisser toutes les trois minutes bordel ! » m’emportais je. « T’as deux filles superbes qui te courent après, qui à ce que j’ai cru comprendre sont raides digues de toi, et toi tu trouves à…Gosh tu m’énerves tellement quand tu parles comme ça ! » Non mais à l’écouter il n’était qu’un moins que rien que ne valait pas la peine qu’on s’attarde sur lui. Y a un moment c’est bon quoi, il faut dire stop. Je ne pouvais guère le laisser plus longtemps dire des conneries. « Tu as des nouvelles d'Asmaa ? J'ai cru comprendre que c'était la grande entente entre vous deux... » Hm c’est moi où je détecterais de la jalousie ? A la limite il m’aurait juste demandé de ses nouvelles d’accord, mais rajouter la petite phrase sur notre entente ce n’était pas nécessaire. Surtout que bon ce n’était pas nouveau qu’on s’entendait bien. D’ailleurs avec qui je ne m’entendais pas bien dans ce jeu hein ? « Pourquoi tu ne prendrais pas ton courage à deux mains, et lui demanderais toi-même ? » Ce n’était pas une bonne idée ça ? « Mais ouais elle va bien. Aussi bien qu’elle peut étant donné les circonstances. » En tout cas elle ne passait pas son temps à se morfondre sur son sort. Pas en ma présence en tout cas. Je ne la laisserais pas faire de toute manière. « Mais ça te gêne qu’on soit proches ? » Simple curiosité. Pour m’en assurer.

Il fallait croire que Wade ne voyait pas souvent tomber des gens devant lui... Car à la vue de ma chute, c'est bien simple, il devint totalement hilare. J'étais irrité de mon côté, qu'il en vienne à se moquer de la sorte alors que bon, y'avait quand même une dimension dramatique qu'on ne pouvait ignorer. Je ne m'étais certes pas cassé le col du fémur, néanmoins à mes yeux la situation n'était pas aussi comique qu'elle semblait l'être pour Wade. Suite à quoi il me demanda si ça n'était pas plutôt à moi, et non à la terre entière après qui j'en avais. Il ne m'en fallait bien évidemment pas plus pour me dévaloriser et me diminuer comme le plus inférieur de tous les êtres, une fois encore. Un comportement qui semblait quelque peu agacer Wade, qui bientôt s'empressa de hausser le ton. Chose qu'il valait mieux éviter de faire lorsque je me trouvais à bout de nerfs, m'enfin, ça n'était pas écrit sur mon front non plus que c'était à proscrire. « Mais putain tu t’entends mec ? Arrêtes ! Arrêtes de te rabaisser toutes les trois minutes bordel ! » J'ouvris de grands yeux, puis fronçai les sourcils. J'étais contrarié, et bien souvent quand c'était le cas je devenais extrêmement susceptible. Aussi, je ne tardais pas à prendre cela comme une attaque, une offense même. « Wade calme-toi, y'a pas matière à s'emporter comme tu le fais ! » Et encore, si je m'étais plutôt employé à lui révéler le réel fond de ma pensée, je pense que j'aurais pu aller beaucoup, beaucoup plus loin. Oh et puis zut hein ! « Et puis baisse d'un ton s'te plait, tu seras gentil. » À partir du moment où c'était demandé gentiment, je partais du principe qu'il devait bien le prendre. J'avais pas non plus envie de me le mettre à dos hein, c'était mon pote quand même Wade. « T’as deux filles superbes qui te courent après, qui à ce que j’ai cru comprendre sont raides digues de toi, et toi tu trouves à…Gosh tu m’énerves tellement quand tu parles comme ça ! » Je l'énervais peut-être, comme il disait, mais il en était ainsi. Quant au fait d'avoir deux filles à mes pieds, soi-disant hein... « Heuuu j'arrive pas trop à voir le côté flatteur de la chose, là tout de suite... » Okay j'avais des sentiments pour deux demoiselles et ces derniers se voulaient réciproques... mais y'avait pas de quoi sauter au plafond non plus car ce à quoi j'avais droit en contre-partie n'avait rien de bien glorieux. « Et elles ne sont clairement pas raides dingues de moi, Wade. » soufflais-je ensuite, dans un haussement d'épaules. Fait avéré, j'avais pu m'en rendre compte ces derniers jours, auprès de l'une comme auprès de l'autre. Ou si elles étaient réellement folles de moi, bon dieu, elles cachaient bien leur jeu ! Je tentai ensuite de lui soutirer quelques informations sur Asmaa, à qui je n'avais pas parlé depuis dimanche après le prime. Il était surtout question de savoir comment la jolie frisée allait, en fait. « Pourquoi tu ne prendrais pas ton courage à deux mains, et lui demanderais toi-même ? » Après ce que nous nous étions dit, franchement, je n'oserais jamais. « Je ne préfère pas. Plus loin je me tiendrai d'elle, mieux elle se portera. » Et justement, l'instant d'après Wade m'affirma qu'elle se portait au mieux. « Mais ouais elle va bien. Aussi bien qu’elle peut étant donné les circonstances. » Je pense qu'elle n'irait pas aussi bien si je me faisais insistant, envahissant et si j'étais constamment sur son dos, comme je l'avais été il y a quelques semaines en découvrant son addiction. « Mais ça te gêne qu’on soit proches ? » reprit-il, probablement en référence à la remarque que j'avais faite plus tôt sur leur complicité évidente. Il devait me penser jaloux... je ne l'étais pas exactement, seulement c'est sûr, je ne pouvais pas m'empêcher de me soucier de leurs rapports. « Wade, je t'adore tu sais... » ... mais s'il se passe quelque chose entre vous je te pète les deux jambes mon pote. Non plus sérieusement, allez. « ...seulement tout ce que je te demande, c'est de prendre soin d'elle. J'sais pas si elle t'a parlé de ses... petits soucis. Si elle ne l'a pas fait alors je ne te dirais rien car ça n'est pas à moi d'en parler... Seulement j'ai tendance à m'inquiéter pour elle, alors j'voudrais juste m'assurer qu'à défaut d'être présent à ses côtés pour la protéger, tu endosseras ce rôle à ma place. » C'était juste horrible de lui dire ça, de lui confier une tâche que je m'étais moi-même confiée il y a quelques temps maintenant. Seulement Asmaa devait au final retrouver le sourire auprès de Wade... loin de moi l'envie de gâcher leur si bonne entente. Oui je sais, je n'avais absolument pas répondu à sa question.

« Wade calme-toi, y'a pas matière à s'emporter comme tu le fais ! » Mais non je ne me calmerais pas ! Je faisais ce qu’il me plaisait. Puis là je n’étais pas non plus en mode super vénère. « Et puis baisse d'un ton s'te plait, tu seras gentil. » Baisser d’un ton, mais je ne l’avais pas monté si ? Ou alors à peine. « J’arrêterais quand toi t’arrêteras de dire des conneries ! Et à l’évidence ce n’est pas prêt d’arriver » Il continuera toujours à se dévaloriser encore et encore non ? « Puis je suis très calme. » Tout à fait. D’ailleurs cette dernière phrase je l’avais dites calmement justement. « Heuuu j'arrive pas trop à voir le côté flatteur de la chose, là tout de suite... » Et bien pourtant moi je le voyais. Dommage qu’il ne sache pas apprécier les choses à leur juste valeur. Qui ne rêverait pas d’avoir deux filles comme elle sous votre charme ? Ceci dit je ne savais pas non plus qu’il était amoureux des deux alors bon. Et d’accord sa situation était un peu compliquée…Mais bon il s’y était mit tout seul la dedans ! « Et elles ne sont clairement pas raides dingues de moi, Wade. » Non mais bientôt il allait me dire qu’elles n’avaient aucuns sentiments pour lui aussi. Qu’elles se fichaient de lui, que ça allait leur passer ? « Excuses moi, amoureuses alors ? » Ce terme lui conviendrait peut être mieux ? Mais ça m’écorchait quelque peu de dire ça. « Si deux filles comme elles craquent pour toi, c’est qu’il y a bien une raison. Alors arrêtes de te dire que tu ne les mérites pas » Mais bon par contre, pas les deux en même temps s’il te plait. Une seule ça ira. Et puis c’était vrai, si elles étaient tombé amoureuses, ou avait des sentiments ou peut importe ce qu’elles ressentaient, c’est que le monsieur ne devait pas craindre totalement. Qu’il n’était pas doté que de défauts. Bien au contraire. Il n y avait qu’à le regarder. Moi-même je pourrais craquer pour lui. Bon par contre faudrait lui mettre une perruque et des faux seins mais ça devrait le faire. Je lui dis alors qu’il ferait mieux d’aller parler à Asmaa lui-même, plutôt que de demander de ses nouvelles par Wade interposé. « Je ne préfère pas. Plus loin je me tiendrai d'elle, mieux elle se portera. » Ah bon. Remarquez en y réfléchissant bien ce n’était peut être pas faux. Il était plus ou moins en couple avec Nicole. Et elle avait des sentiments pour lui. Alors…ouais ça serait peut être cruel de continuer à avoir leur relation comme avant non ? « Hm » fus je la seule chose que je trouvais à dire. Puis je voulu savoir si ça le gênait que je sois proche de la métisse. « Wade, je t'adore tu sais... » Houla qu’est ce qu’il allait me sortir. Qu’on serait plus potaux si je continuais à la fréquenter autant ? Qu’il allait me pêter les dents ? En tout cas c’était la suite logique d’une telle phrase. « ...seulement tout ce que je te demande, c'est de prendre soin d'elle. J'sais pas si elle t'a parlé de ses... petits soucis. Si elle ne l'a pas fait alors je ne te dirais rien car ça n'est pas à moi d'en parler... Seulement j'ai tendance à m'inquiéter pour elle, alors j'voudrais juste m'assurer qu'à défaut d'être présent à ses côtés pour la protéger, tu endosseras ce rôle à ma place. » Ah je ne l’avais pas vu venir cette suite là. Pas du tout même. Genre il me refilait le flambeau. Et ses petits soucis ? Non elle ne m’en avait pas parlé. Même si je me doutais de certaines choses…Qui avaient tendances à se confirmer là. Seulement je n’avais jamais osé aborder le sujet avec Asmaa, préférant que ça soit elle qui vienne m’en parler, si elle serait prête un jour. « Tu t’entends parler ? On dirait que vous n’allez plus jamais vous revoir. Mais…oui je prendrais soin d’elle. Aussi longtemps que le public me le permettra… » Ouais parce que y a un moment donné où j’allais surement dégager du jeu. Et peut être même dans un futur très proche. En tout cas, surement bien avant Malik. « Mais tu n’as pas répondu à ma question » Croyez pas que j’avais oublié.

D'accord, être confronté à un type se rabaissant sans cesse devait être parfaitement agaçant, et Wade avait certainement mieux à faire en ce début de soirée que de m'entendre déblatérer au sujet de tout ce que je me reprochais. Seulement était-ce pour autant une raison de s'emporter légèrement ? Je trouvais qu'il n'y avait vraiment pas matière à ça, mais le lui signifier serait probablement comme me heurter à un mur. Je savais que Wade était du genre têtu et qu'il n'était pas évident de lui faire entendre raison. « J’arrêterais quand toi t’arrêteras de dire des conneries ! Et à l’évidence ce n’est pas prêt d’arriver » Je soupirai. Oui et ben... il en était ainsi. Et entre nous je préférais me dénigrer à-tout-va que me lancer des fleurs et donner dans l'égocentrisme et le narcissisme. « Puis je suis très calme. » Certes c'est moi qui avait tendance à exagérer la chose, puisque le ton n'était finalement pas tellement monté. Néanmoins je n'aimais pas la façon dont il s'adressait à moi. Je virais peut-être parano, seulement il me donnait l'impression de me prendre de haut. Oui c'est ça, je devais me faire des idées là encore... Pour Wade, c'était une chance inouïe d'avoir "à mes pieds" deux candidates aussi jolies qu'Asmaa et Nicole. Seulement je voyais bien plus loin qu'un joli minois, et surtout j'étais loin de me considérer comme un tombeur. Aussi, avec tout ça, j'avais du mal à me sentir flatté de tout cet intérêt pour ma personne. Et puis depuis ce matin, en fait, je n'étais même plus certain de la sincérité de leurs sentiments... c'était bête à dire mais j'en doutais beaucoup désormais. J'avais du mal à me dire que toutes deux étaient dingues de moi. « Excuses moi, amoureuses alors ? » reprit Wade, tandis que je me contentai dans un premier temps de hausser les épaules. Amoureuses... hum, moi c'est sûr, j'étais amoureux. Elles... difficile à dire tout de suite, alors que je nageais en plein océan de doutes. « Si deux filles comme elles craquent pour toi, c’est qu’il y a bien une raison. Alors arrêtes de te dire que tu ne les mérites pas » La raison ? Je ne la connaissais pas. Même, je ne comprenais rien de ce qui m'arrivait. « J'arrive justement pas à en saisir la raison. J'ai clairement pas le physique d'un Arès, le côté bad boy tatoué d'un Lulu, le discernement d'un Raphaël ou encore ton humour... » Pour ne citer qu'eux. Mais tous les mâles du nid me faisaient de l'ombre, et ça n'était bien pas difficile car moi, je ne brillais en rien. Je n'étais ni beau, ni intelligent, ni hilarant, ni touchant... y'avait que mon côté lourdingue qui ressortait, à moi, étrangement. « Et j'ai débité bien plus de "je t'aime" que je n'en ai reçus en retour... » rétorquais-je, tout en reportant le regard au sol. Fait avéré. Bref. Il m'importait de savoir comment Asmaa allait. Wade me suggéra d'aller moi-même prendre de ses nouvelles, seulement je considérais que plus loin je me tenais d'elle, mieux elle se portait. « Hm » fit-il, sans ajouter quoi que ce soit ensuite. Vous savez ce que je pensais, moi ? Et bien que ceci lui plaisait. Je veux dire, je fait que je me fasse moins présent autour d'Asmaa, lui, ça lui laissait en quelque sorte le champ libre. Ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient ensemble, moi tout ce que je désirais, c'est que Wade prenne soin d'elle, ce que je lui demandais d'ailleurs, l'instant d'après, presque dans une supplication. « Tu t’entends parler ? On dirait que vous n’allez plus jamais vous revoir. Mais…oui je prendrais soin d’elle. A Le plus longuement possible alors, je l'espérais. Qu'on se le dise, je l'aimais beaucoup, le Wade. Et aujourd'hui j'étais juste sur les nerfs. Jamais je ne me serais permis de lui parler de cette façon autrement. [b]« Mais tu n’as pas répondu à ma question » qu'il rétorqua. Hein ? Sa question, mais voyons, quelle question ? Non vraiment, je ne voyais pas à quoi il faisait présentement allusion. Hm, à moins qu'il ne s'agisse de celle posée un peu plus tôt, et visant à savoir si je voyais ou non d'un bon œil leur complicité certaine. J'avais tenté de l'esquiver, mais voilà que Wade revenait à la charge. Bon... « Non... ça me gêne pas... Asmaa n'a aucun compte à me rendre, et toi non plus. Vous êtes libres d'agir comme bon vous semble, vous êtes majeurs, et puis... je n'ai clairement pas mon mot à dire dans tout ça. » Je parlais comme s'il était sur le point de se passer quelque chose entre eux. Bah sait-on jamais... En tout cas elle l'appréciait le Wade, il fallait voir le nombre de photos de lui trônant sur le blog de la jolie frisée. P'tit chanceux va.