S'il y a bien une chose de laquelle Mado avait tendance à se réjouir à cet instant précis, c'était du fait de ne pas avoir à payer la moindre facture au sein du nid. Car cela devait maintenant faire plus d'une vingtaine de minutes qu'elle était sous la douche, complètement stone, car incroyablement pensive, si bien qu'elle ne tarderait probablement pas à ressembler à un vieux pruneau qu'on aurait oublié là. Il faut dire qu'elle était préoccupée. Enfin, perdue surtout. Parce qu'elle repensait au prime, à la rubrique de Sydney, et que certaines choses ne passaient décidément pas. Elle en venait tout bonnement à regretter d'avoir tenté de se rapprocher de Fitz en organisant une séance de cinéma relativement symbolique à ses yeux et visant à restaurer leur complicité des premiers jours, tandis qu'Everleigh, elle, avait opté pour une toute autre forme de rapprochement, beaucoup plus facile celle-ci, en se glissant carrément dans le lit du jeune homme. De quoi donner à Mado quelques remords, elle qui s'était donnée un peu de mal, tout de même, afin de ne rien perdre de sa subtilité et tâcher de ne rien faire de trop maladroit. Au fond, elle savait depuis déjà quelques temps qu'il était bien plus facile pour Everleigh d'aller au devant des choses, quitte à passer pour une opportuniste prête à s'inviter sous les draps d'un mec qui, visiblement, n'avait rien contre l'idée d'être rejoint de cette manière. Elle, elle ne pouvait pas enfiler une cape de séductrice et s'improviser femme fatale, parce qu'elle s'était promise, comme elle avait promis à Fitz d'ailleurs, de rester elle-même dans cette histoire. Et clairement, elle ne piétinerait pas ses principes pour un type que l'on pouvait visiblement troubler en se complaisant dans un rôle de minaudière aux tendances aguicheuses. Si tel était ce qu'il lui suffisait, alors grand bien lui fasse, à Fitz. Il était certain que s'il attendait de la moindre de ses "prétendantes" qu'elle batte des cils pour lui et se frotte lascivement contre son corps, il n'obtiendrait pas grand chose de Mado qui, elle, estimait que l'on pouvait se rapprocher sans nécessairement dragouiller à tout va. De la vieille école, elle ? Sans doute. Peut être finirait-elle d'ailleurs désespérément seule et combattrait-elle sa terrible solitude en adoptant trente-six chats et en finissant par être bouffée par ces derniers. Oui, peut être. A cet instant, en tout cas, elle estimait qu'il lui faudrait tâcher de laisser tout ça de coté et d'avancer, car elle ne gagnerait rien à se laisser ronger par cette histoire. Mais vous savez bien que le hasard n'était jamais de son coté, ou que très rarement. Du coup, il eut suffi qu'elle se décide enfin à s'entourer d'une serviette - elle se douchait de toute façon en maillot de bain - et qu'elle sorte de la douche pour qu'elle note la présence de Fitz. Euh, d'accord. Si ça se trouve, il était là depuis l'année dernière, mais elle, elle avait été trop occupée à se torturer l'esprit sous le jet d'eau pour s'en être aperçue, hm. Bref, c'est quand elle voulait éviter de penser à lui qu'il était là. Super. Du coup, elle n'avait rien à lui dire. Et clairement, elle n'avait pas très envie de faire preuve de bonne volonté aujourd'hui. Pas à son égard, en tout cas. Oui, Mado n'était qu'une putain de rageuse, amère et jalouse. Mais c'est parce qu'elle tenait à lui. C'était aussi simple que ça, oui. Donc hm, que faire ? Que dire ? Rien du tout ? Bah si, quand même, quoi. « Tu n'aurais pas vu le sèche-cheveux ? » Drôle. Non franchement, drôle, étant donné qu'il était exactement sous ses yeux, ce qu'elle constata d'ailleurs bien vite. « Ah bah, il est nul à cache-cache, ce con » soupira-t-elle, saisissant l'appareil, mais ne l'allumant pas. Non, elle ne l'alluma pas. Peut être parce qu'elle espérait qu'il lui dirait quelque chose, malgré tout. Fitz, pas le sèche-cheveux, hein. Ou bien parce qu'elle faisait grève, aussi. Ouais, pourquoi pas, après tout.

Ah oui non mais vraiment, ce sèche-cheveux était une andouille. Quoi ? Comment ça, ça n'était pas le sujet ? Bah un petit peu quand même, si. Même si bon, il est vrai qu'il serait peut être plus intéressant de converser sérieusement avec Fitz, histoire de faire le point. En soi, ça n'était pas vraiment ce qu'elle voulait. Parce que naturellement, compte tenu de ce qu'elle avait cru voir lors du prime, sur les images diffusées à l'écran, elle se doutait que "faire le point" pourrait ne pas être bon du tout pour ses affaires, hm. Alors oui, peut être s'emballait-elle un tantinet, mais elle était beaucoup trop extrême pour relativement. De toute manière, elle était déçue. Déçue de s'être donnée du mal en vain, déçue de constater qu'un rien pouvait décidément émoustiller les hommes. Ouais, voilà, c'était probablement ce qui la contrariait le plus. Que Fitz ne soit pas si différent que cela des autres, de tous ceux qu'elle fuyait désespérément et auxquels elle n'aurait de base jamais pu s'attacher. Pourquoi ne l'avait-il pas laissé rêver un peu plus longtemps ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle se prenne cette réalité en pleine tronche, lors du prime ? Ce fut brutal et blessant, clairement. Donc oui, ça lui avait fait suffisamment de mal pour qu'elle n'ait plus tellement envie de tenir une conversation avec le jeune homme. La faute à sa fierté bien mal placée, sans doute. Pourtant, maintenant qu'elle avait retrouvé ce fichu sèche-cheveux, elle n'était pas vraiment résignée à faire comme si Fitz n'était pas là. Un peu comme si elle continuait d'espérer qu'un dialogue serait toujours possible malgré tout. Car elle avait beau faire la fière, il n'en était pas moins certain que le perdre maintenant serait un sacré coup dur. Elle pourrait toujours faire comme si ça ne voulait rien dire, continuer son aventure de son coté et même faire en sorte qu'il en sorte avant elle, mais clairement, elle passerait de longues nuits à se morfondre et à se maudire de n'avoir pas su adopter la même stratégie qu'Everleigh, de n'avoir pas été capable de rester naturelle tout en tâchant de faire ce qu'elle voulait vraiment faire, sans se retenir, que ce soit par appréhension ou par pudeur. Un silence s'installa. Il ne dura alors qu'un temps très court, puisque déjà, son camarade prit la parole. Il disait alors ne pas regretter ce qu'il s'était passé, des paroles que Mado accueillit de façon très neutre, haussant simplement les épaules, comme si elle s'était de toute façon attendue à ce qu'il le lui dise. Bien sûr qu'il ne devait pas regretter. Et s'il l'avait fait, c'est parce qu'il en avait eu envie, c'est tout. Et limite, elle comprenait ce point-ci. Ou elle s'efforçait de comprendre, en tous les cas. Il disait savoir qu'elle lui en voulait, et effectivement, c'était un tantinet probable. Et clairement, elle ne chercherait pas à le contredire, parce que la mine qu'elle avait pris trahissait sa rancœur. Elle lui en voulait, oui. Pour tout et rien à la fois, finalement. Pour des conneries aussi, autant le dire. Enfin non, justement, elle ne le lui dirait pas. Il ne manquerait plus que ça. Elle n'ajouta mot et pensa même à partir, à le laisser là, comme si ça pouvait suffire et comme si elle était tellement au dessus de tout ça qu'elle pouvait se payer le luxe de se contenter de cette très courte discussion. La blague. Elle se retenait en fait de dire énormément de choses, là. Mais sans doute était-elle suffisamment ridicule depuis dimanche, non ? C'est ce qu'elle pensait, oui. Mais voilà que son camarade poursuivit, et attira particulièrement son attention. Comment osait-il ? Il était ... « Fourbe. » Oui, exactement. Et donc, elle avait ressenti le besoin de le lui dire. Parce qu'il reprenait ses propos et qu'à cet instant très précis, elle n'était pas tellement certaine de savoir à combien elle lui en voulait. Disons que ça devait plus ou moins se situer vers ... « 150 000. » Oui, c'était beaucoup. MAIS ... mais Mado était excessive, sans doute. Elle voyait gros partout, c'est vrai. Et puis bon, ça n'était jamais que la moitié, hein. Si on adaptait ça sur une échelle de 1 à 10, ça faisait 5. Donc bon, ça restait raisonnable. « Tu n'es pas celui à qui j'en veux le plus, dans cette affaire. Mais tu es celui qui m'a le plus déçue, je pense. » Oui, si sa rancœur était plus grande à l'égard d'Everleigh, il est certain que puisqu'elle était plus attachée à Fitz, c'était de ce coté là que la déception était la plus forte. Logique. « Mais c'est de ma faute aussi, je suppose. Je dois avoir un petit coté idéaliste. » Dans le sens où, oui, elle avait espéré ne jamais avoir à faire à ce genre d'images. Comme si ça ne pouvait pas arriver. Parce que si tout le monde semblait y voir quelque chose d'anodin, ça n'était pas son cas. Non, vraiment pas.

Cette situation était clairement gênante, hein. Oui, autant se l'avouer, ça avait un coté franchement embarrassant de se retrouver avec Fitz dans cette salle de bain, et de n'être même pas capable de prendre ses jambes à son cou, elle qui se répétait pourtant depuis dimanche qu'elle gagnerait à ne plus lui adresser la parole. Franchement, elle en était incapable. Parce qu'elle ne contrôlait pas aussi bien sa volonté qu'elle avait envie de le croire, sans doute. Alors oui, son esprit lui dictait de ne pas insister, de tout bonnement laisser tomber, vu que de toute manière, elle ne pourrait jamais attirer autant son attention qu'une autre parvenait à le faire en n'hésitant pas à se glisser sournoisement dans son lit ... Mais son cœur, lui, ne voulait pas faire une croix sur tout ça, sur leur complicité, et surtout pas à cause de ce qui avait pu se passer entre Everleigh et le jeune homme. Bien sûr que ça la révoltait. Bien sûr qu'elle était vexée de n'être toujours que la fille froide dont les hommes avaient tendance à se méfier et qui n'était bonne qu'à être embrassée lorsqu'une sordide musique retentissait. Bien sûr qu'elle vivait particulièrement mal de n'avoir pas un rôle un peu plus glorieux, dans cette histoire. Mais elle ne voulait décidément pas tout rayer maintenant, alors qu'il suffisait qu'ils soient réunis dans la même pièce pour qu'elle s'efface et qu'elle n'ose tout bonnement pas lui dire combien elle était amère et blessée. Elle ne voulait pas qu'il fuit parce qu'elle lui aurait donné une raison de le faire, parce qu'elle aurait laissé penser que c'était ce qu'elle voulait, alors que non, clairement pas. Aussi dingue cela puisse-t-il être venant de quelqu'un comme elle, Mado ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait besoin de Fitz aujourd'hui. Pas seulement parce qu'elle restait certaine de pouvoir compter sur lui. Non, pas seulement. Aussi parce qu'il comptait pour elle à ce jour et que c'était exactement pour cette raison qu'elle ne pouvait clairement pas se résigner à ne plus faire aucun effort, même s'il y avait eu ce baiser entre Everleigh et lui, même si elle n'avait pas manqué d'en être profondément déçue. Quant à cette idée de reprendre les propos qu'avait tenu la jeune femme deux semaines plus tôt, oui franchement, c'était fourbe. Mais bien pensé, hein. Par contre, il risquait de trouver sa réponse un peu plus extrême que celle qu'il lui avait donné l'autre jour. Mais c'était relatif, étant donné que là, c'était Mado, et donc que tout était en soi intensifié. Roh et puis, 150 000 sur 300 000, ça n'était pas si démesuré que ça, non plus. Évidemment, là l'échelle était grande elle-même. Mais sinon, Mado trouvait ça franchement raisonnable, elle. Son camarade grimaça légèrement, et elle, elle haussa doucement les épaules. A force, il allait finir par comprendre qu'elle en faisant des tonnes pour tout, hm. En tous les cas, il est vrai qu'elle en voulait davantage à Everleigh qu'à Fitz, mais que la déception était plus forte le concernant. Mais ça, ça lui paraissait légitime. Il disait comprendre, en quelques sortes, et elle se pinça la lèvre. Car la suite était plus corsée. Oui, elle savait qu'il n'aimait pas qu'on pense de lui qu'il était parfait, comme un certain Connor l'avait affirmé lors de sa première nomination. « Non, je sais bien. C'est pour ça que je dis que c'est aussi de ma faute. » Parce que oui, elle lui trouvait beaucoup de qualités, et bien peu de défauts. Parce qu'il lui était toujours apparu comme quelqu'un de très respectable et contrastant très nettement avec la pire image qu'elle ait jamais eu de l'homme. Assurément, il n'était pas parfait. Mais il avait tout pour plaire, ça c'était certain. Peut être peinait-elle aussi à être pleinement objective. « Je ne t'ai jamais vu comme un connard, Fitz. Tu n'en es pas un, et j'en sais quelque chose. » Encore une fois, parce qu'elle avait une référence en tête et que, clairement, c'était comme le jour et la nuit. Donc non, Fitz n'était absolument pas un connard. Jamais elle n'avait pensé pareille chose de lui, et il n'y avait sans doute aucune raison pour que ça change. « Une réponse ? Je ne sais pas. Même si oui, on a techniquement obtenu la réponse à une question que l'on s'est posé récemment, mais c'est encore autre chose ... » Par là, elle voulait dire que si ni lui ni elle n'avait su dire, quelques jours plus tôt, si elle était jalouse, maintenant ça semblait relativement évident, non ? Donc pour le coup, ils avaient eu une réponse, oui. A cette question ci du moins. « Tu sais, j'ai conscience d'être excessive dans ma façon de réagir à tout ça, mais je n'y peux rien, c'est moi, c'est ... je suis comme ça. Quand quelque chose me contrarie ou me blesse, ça m'atteint beaucoup plus que ça ne devrait. Tous mes ressentis ont tendance à être intensifiés, et crois-moi, c'est autant pénible pour moi que pour ceux qui pourraient s'en plaindre. » Bien sûr, ça faisait d'elle quelqu'un de d'autant plus insupportable, et elle pouvait concevoir qu'on trouve par exemple abusé qu'elle le prenne comme ça, puisque ça semblait être si peu de choses pour les autres. Pour elle, pourtant, ça ne l'était pas. Et oui, elle aimerait être un peu moins excessive, c'est vrai. Sauf qu'elle n'y pouvait véritablement pas grand chose.

Spoiler:

Dans toute cette histoire, Mado se découvrait une facette assez sensible, assez vulnérable. Elle qui se disait si forte, si intouchable, ne pouvait ici cacher qu'elle avait été blessée par les agissements de ses deux camarades. Mais que personne ne s'y trompe, ça n'en était pas pour autant une raison pour laisser sa fierté de coté. Et bien non, cette fois encore, cette dernière s'accrochait. Parce que c'était une chose d'admettre avoir été peinée, mais c'en serait clairement une autre d'en dire beaucoup plus, sur tout ce que lui inspirait véritablement cette histoire, sur tout ce qu'elle pouvait ressentir dans la position qui était la sienne. Mado n'avait jamais été du genre à se victimiser. Non, vraiment pas. Dans la vie, elle en avait chié, et bien comme il faut. Elle n'avait jamais pu compter que sur deux personnes : Ezra, et elle-même. Les autres l'avaient tous trahie et abandonnée. Aujourd'hui, elle avait envie de voir si sa confiance pouvait être raccordée. Mieux encore, elle avait envie de croire au fait que Fitz puisse petit à petit l'inciter à se réconcilier avec la gente masculine. C'était un fait, il lui plaisait. L'on pouvait même aller jusqu'à dire que, si elle n'avait jamais prévu de tomber sous le charme du moindre candidat, elle était forcée d'admettre que Fitz représentait une initiative intéressante pour une jeune femme qui avait tourné le dos aux hommes depuis déjà un bon moment. Donc oui, bêtement, il est possible qu'elle ait espéré, ne serait-ce qu'un tout petit instant, qu'ils finiraient par véritablement se connaitre, et que peut être il lui donnerait envie de laisser une chance aux hommes à nouveau. De lui laisser une chance, peut être. Parce qu'elle avait beau ne pas exactement savoir où elle en était dans tout ça, il est certain que s'il n'y avait jamais eu Everleigh, elle aurait peut être essayé pour de bon de laisser de coté ses appréhensions, et se serait éventuellement risquée à quelques rapprochements elle aussi. Mais ça ne semblait pas être pour elle, tout ça. Si sa camarade n'avait visiblement aucun mal à se glisser dans le lit d'un homme, pour elle, ce serait beaucoup plus compliqué. A cause de son vécu personnel tout d'abord, inévitablement, mais également parce qu'elle n'était pas une séductrice en herbe et qu'elle ne pouvait pas s'improviser dans un rôle comme celui-ci simplement par peur d'être laissée de coté au final. Car bien sûr qu'elle savait que tout ça lui jouerait des tours, c'était déjà un peu le cas après tout. Si Fitz voulait vraiment se rapprocher de quelqu'un qui se montrerait très démonstratif à son égard, alors oui, il est fort probable qu'elle ait en soi beaucoup de mal à s'imposer à ce niveau. Ne serait-ce qu'au début. En tous les cas, elle savait que Fitz n'était pas parfait. Si elle lui connaissait un grand nombre de qualités, elle lui avait également trouvé quelques défauts, tout de même. Quoi qu'il est vrai qu'ils étaient très peu nombreux, donc hm, disons qu'il était quand même bien loin des pires specimens de la gente masculine. Mais ça, ça paraissait évident. Puisque non, évidemment, Fitz n'était pas un connard. Elle n'avait jamais pensé pareille chose de lui, et espérait sincèrement que ce ne serait jamais le cas. Elle tenait à ce qu'il reste une sorte d'idéal, mine de rien, à ses yeux. Fitz disait alors avoir compris qu'elle était effectivement jalouse. Elle s'en était doutée, même si de son coté, elle avait tâché de se convaincre qu'elle ne l'était pas, justement. Parce qu'avoir ce rôle, franchement, ça la mettait mal à l'aise. Everleigh semblait si disposée à s’accommoder d'une certain nombre de choses, qu'inévitablement, elle passait pour la fille chiante, jamais contente et envieuse. Elle ne voulait pas être comme ça, elle voulait simplement intégrer, et faire intégrer aux autres, que tout ça ne la laissait pas indifférente, que ça la blessait, qu'elle ne pouvait pas faire comme si elle s'en fichait alors que ça n'était pas le cas. Oui, voir Fitz et Everleigh s'embrasser l'avait rendu jalouse, notamment. Elle s'en serait sans doute bien passée, mais c'était comme ça. Quant à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose, elle n'en savait rien non plus. Elle se demandait simplement s'il était normal qu'elle soit jalouse, si c'était la réaction la plus naturelle. Parce que clairement, c'était la première fois que ça lui arrivait. Oui vraiment, la toute première. Il se disait maintenant désolé de l'avoir blessée, chose qu'elle savait déjà, puis qu'il avait l'impression qu'elle ne se satisferait jamais de ce qu'il ferait. A cette pensée, elle se mit à sourire légèrement. « Ça, c'est parce que je suis une vraie chieuse. » Ce qui était vrai, autant le dire. Elle était difficile à contenter, quelle que ce soit la situation. Celle-ci était particulièrement délicate, mais ça ne changeait rien. Au fond, elle était tout aussi perdue que lui. « Je ne sais pas ce que je souhaite exactement » avoua-t-elle alors, le sèche-cheveux toujours en main, mais visiblement pas encore décidée à l'allumer. « Mais je pense savoir ce que je ne souhaite pas ... » A savoir qu'Everleigh s'en tire facilement à force d'agir comme elle le faisait, ce qu'elle commençait à trouver assez malhonnête, surtout vu comment tout ça avait commencé, comme elle s'était fait une place de choix dans cette histoire, pour sans doute mieux prétendre ne l'avoir jamais voulu. La blague. Finalement, peut être que tout ce que voulait Mado, c'était pouvoir rester naturelle sans être pressée par la menace Everleigh, qui redoublerait toujours d'inventivité et mettrait ses charmes en avant à la première occasion. Mado avait comme l'impression qu'on ne lui laissait même pas le temps d'être elle-même, et c'était frustrant. « Avec de l'aspirine diluée, ça devrait partir assez facilement » soumit-elle finalement, en un fin sourire, et en désignant la tâche de sang visible sur le t-shirt de son camarade. Oui, avoir un gosse, ça pouvait avoir certains avantages. Et oui, c'était aussi une belle tentative de diversion.

Spoiler:

Non, Mado n'était pas tellement certaine de savoir ce qu'elle souhaitait. Ou si elle le savait, sans doute n'arrivait-elle pas à se l'avouer, et c'était alors tout aussi problématique. Le fait est que rien n'était décidément simple, dans cette histoire. Probablement qu'elle aurait du sagement prendre ses distances au moment où Everleigh avait commencé à s'y immiscer, vu qu'à ce jour les choses étaient tout de même relativement ingérables. Voyez dans quel état l'avait mis un simple baiser. Baiser survenu dans un lit, certes, mais un simple baiser tout de même. Elle s'était sentie trahie, blessée et un tantinet humiliée également. Parce qu'elle avait franchement eu l'impression que tous les efforts qu'elle faisait pour tenir bon, pour ne pas renoncer à tout ça, ne servaient finalement à rien, dans la mesure où une jeune femme visiblement plus calée qu'elle en séduction n'y allait absolument pas par quatre chemins. Alors bien sûr, elle savait qu'il leur fallait à tous les trois rester authentiques et naturels dans cette histoire, et peut être après tout Everleigh avait-elle pour nature de squatter les lits de tous les mecs qu'elle convoitait, ça Mado ne pouvait pas le savoir ... Mais honnêtement, si tout ça continuait à être aussi pénible pour elle, si elle ne parvenait toujours pas à assumer ce qu'il en était de son coté et si elle se laissait flouter par le comportement de sa camarade, il ne servirait à rien qu'elle s'accroche. Comme elle l'avait dit à Everleigh quelques heures plus tôt, Mado n'avait pas l'intention de se battre pour qui que ce soit, estimant que ça n'aurait peut être pas tellement de sens à ce stade. Mais elle ne voulait simplement pas avoir l'impression d'être pressée, d'être bousculée parce qu'elle avait simplement un peu plus de mal à assumer ce genre de situations. Chaque fois qu'elle serait avec Fitz, elle ne pourrait que penser à Everleigh et au fait que le jeune homme et elle ne partageraient sans doute jamais ce qu'il commençait à partager avec la jeune femme. Donc oui, c'était frustrant, même blessant. Mais elle ne pouvait pas non plus trop en montrer, de peur sans doute de passer pour une sentimentale qui ne s'assumait pas, ce qu'elle n'estimait pas être. Elle était simplement sensible, et jalouse. Oui, clairement. Ça, elle le reconnaissait sans mal par contre. Parce qu'à ce jour, c'était très clair. Elle jalousait les rapprochements survenus entre Fitz et Everleigh, parce qu'elle, de son coté, ne devait toujours passer que pour la nana coincée qui avait trouvé le moyen de dire à Fitz de reboutonner sa chemise lors de leur seconde entrevue. Donc oui, sans doute la prenait-il pour quelqu'un de froid et qui rejetterait tout ce qu'Everleigh n'hésitait pas à réclamer, elle. Clairement, elle ne voulait pas avoir ce rôle, mais elle ne parvenait même pas à le lui dire. Par fierté, peut être. Par peur, sans doute. Par peur de laisser penser qu'elle voulait plus, qu'elle voulait finalement trop, par peur de le faire fuir donc. Fitz disait alors qu'ils en arrivaient probablement à la même conclusion que l'autre fois, une conclusion qui semblait en effet toujours d'actualité, mais qui avait un peu le don de l'inquiéter, également. Après tout, on voit où être eux-mêmes les avait mené, Everleigh et Fitz, hein. Mado, elle, avait simplement essayé de lui faire découvrir un film. Whaou, c'était glorieux. Ah oui non mais vraiment, ça réussissait à tout le monde, sauf à elle, cette conclusion. Le temps, le temps ... elle l'emmerdait, le temps. Ils n'avaient jamais été potes, de toute manière. Et il ne causait que des problèmes, lui aussi. Bon, que répondre, du coup ? Qu'elle avait peur de douiller à nouveau ? Ce serait risqué, hm. « Euh, oui. Oui, oui ... je suppose que c'est ça, oui. Donc oui. » Un seul "oui" aurait suffi, elle en avait conscience, mais au moins elle avait l'air convaincue là, non ? Au fond, elle l'était quand même un tantinet, vu que tout ça semblait raisonnable, dans un sens. Mais elle ne le sentait pas, le temps. Il lui faisait toujours des crasses, vu qu'il était ami avec le destin. Deux couillons, hein, vous savez. Mais voilà que Fitz lui confia réellement l'apprécier et ne pas avoir envie de perdre leur amitié, et ce quoi qu'il arrive. Oula, c'était censé vouloir dire quoi, ça ? Bon, visiblement, c'était plutôt une bonne chose. Et ça lui faisait plaisir, évidemment. Même si bon, c'était le genre de discours annonciateurs de choses un peu moins agréables, sans doute. Donc dans un sens, elle était troublée. Elle avait beau savoir que les choses n'étaient ni toutes blanches ni toutes noires, il est vrai qu'elle avait du mal à imaginer une amitié sur le long terme avec Fitz, surtout si Everleigh était devenue ... plus. Enfin, vous voyez. Oui, elle partait directement dans ce genre de scénarios. Le plus plausible, selon elle, probablement. Le plus douloureux, aussi, évidemment. Bref. « C'est ... gentil » se contenta-t-elle de souffler, dans un sourire en demi-teinte. Elle ne lui dirait pas que c'était réciproque, parce qu'elle espérait qu'il le savait déjà. Ça paraissait évident. Alors elle finit par attraper un peigne et, à défaut d'allumer le sèche-cheveux, commença à démêler ses cheveux, le regard un peu dans le vague, pendant un instant. Son regard, pourtant, se posa ensuite sur la petite tache de sang qui trônait sur le t-shirt de son camarade. En fait, elle l'avait remarqué depuis le début, mais elle ne pensait qu'à en parler maintenant, ne serait-ce qu'histoire de ne pas rester sur un silence. Donc oui, de l'aspirine diluée, ça pourrait sauver son t-shirt. Le jeter ? Mais pourquoi ? Vraiment, c'était inutile. « Tu ne peux pas savoir combien de fringues j'ai récupéré grâce à cette méthode » s'amusa-t-elle. Effectivement, il ne pouvait pas savoir. Mais c'était surtout histoire qu'il sache que parfois, ce qu'on croyait foutu ne l'était pas. Comme son t-shirt, qui aurait ainsi droit à une seconde vie, et grâce à un peu d'aspirine. Merveilleux, hein ? Oh oui, sans nul doute. « Rosie et le petit van ont fait connaissance hier. Je crois qu'ils s'entendent bien, hm. » Oui alors ça, c'était la preuve qu'elle ne voulait décidément pas laisser un angoissant silence s'installer, hm. Oui, c'était ridicule et complètement tiré par les cheveux. Comme elle, quoi. En fait, de tels propos visaient surtout à combler un vide instauré par ce qu'elle n'osait pas dire. Pourtant, il le fallait. « Je ... Désolée ... c'est facile de combler un silence avec des conneries. Pour moi, c'est très facile. Ce qui l'est moins, c'est de dire ce que j'ai sur le cœur, par exemple. Mais je vais essayer. Parce que si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Tu veux qu'on reste nous-même et qu'on laisse le temps aviser ? C'est peut être la meilleure chose à faire, effectivement, mais moi, ça m'effraie un peu. Parce que j'ai eu un aperçu de ce que ça pouvait impliquer, et que ça m'a fait mal. Tu dis que tu ne veux pas me perdre comme amie ? Moi non plus, mais je ne suis pas certaine que tous les cas de figures soient compatibles avec ça. Cette après-midi, j'ai fait de nombreux reproches à Everleigh, et ça m'a fait du bien. Je n'en suis pas spécialement fière, mais j'ai eu envie d'être égoïste, et d'aller mieux, en la pourrissant, ni plus ni moins. Je n'aime pas faire ça, vraiment pas, parce que tout n'était pas justifié, mais j'en avais besoin. » Elle espérait simplement qu'il ne la jugerait pas, car elle s'en voulait déjà un peu elle même de lui être tombée dessus de la sorte et d'avoir tenu des propos assez durs à l'égard d'Everleigh. En quelques sortes, elle lui avait fait payer le mal qu'elle lui avait fait à travers les images diffusées au prime. « Je crois que ce que je vis le plus difficilement, c'est que tu sembles à ce point attiré par elle ... » Parce qu'à se repasser les images de la piscine, la façon dont ils s'étaient embrassés, touchés, ainsi que celles du lit ... Oui, elle avait l'impression de gêner plus qu'autre chose, au sein de ce manège. S'ils se désiraient à ce point et que Mado les empêchait d'aller jusqu'où ils avaient peut être envie d'aller, elle se sentirait franchement mal. Elle culpabiliserait et se détesterait tout autant, oui.