Le lycée pour moi, signifie mon arrivée en France. Un passage très dur donc, d'une manière de vivre à une autre, sans parents, sans famille, sans ami. Vivre chez des connaissances lointaines, encore assez gentille pour m’accueillir malgré leurs nombreux enfants. Des années à galérer, redoublant de travail pour palier mon retard. Oh et puis les regards obliques, les moqueries. J'étais mise à l'écart car différente, avec mon accent à couper au couteau, mon voilà la sortie des cours et ma timidité maladive. Puis, le lycée a vu ma décadence. M'a vu sombrer dans la drogue et devenir plus encore un ovni. Une sorte de junkie, mais encore super bizarre, car accro à une drogue nord-africaine. Enfin bref, le lycée pour moi n'avait rien d'une periode bien heureuse. Les bals de promo, je ne connaissais que par le biais de la télévision. C'était bien plus une tradition anglo-saxonne que francophile et j'étais bien issue de ce dernier groupe. Mais le décor était planté : un bal de promo, du coup de belles robes obligatoire pour nous, les filles. Comme d'habitude on ne pense pas au plus petite. Bah non, les robes longues sont bien trop longues pour moi. Alors je prenais entre mes doigts une plus petite robe. Bien plus petite. Il ne faut pas se mentir, porter une telle robe ne me gênait pas, j'avais portait bien pire que ça, mais se dire que les autres ici ne m'avait jamais vu aussi bien habillé me gênait. M’embarrassait. Oui, j'étais un peu stressée d’apparaître ainsi, c'était d'un ridicule sans nom. Escarpin déjà aux pieds, j'essayais de dompter mes cheveux en quelques chose de plus classe que mes bouclettes dans tout les sens. Je ramenais alors ceux-ci dans mon cou, essayant de lisser un peu mes boucles pour qu'elles soient plus souples ; moins serrées. Une fois prête, une touche de maquillage sur ma peau pour l'éclaircir, j'allais pour me rendre sur les lieux. Je ne savais pas si les garçons étaient déjà là ou s'ils m'attendaient à un endroit spécifique. Je me risquais à entrer dans la mairie. Mes yeux se posèrent en premier sur Nicole et Malik, avant que je ne dévie mon regard vers une voix. « Ouuuups, j’ai oublié ma cavalière ! » Je m'éclaircissais la voix, pour qu'il puisse m'entendre de là où il était « Je suis là... » Oui, j'étais déjà présente, pas besoin de venir me chercher. « Elle est où la musique ? Il faut que ça bouuuuuuge ! » Wade était censé m'accompagner, sauf qu'il avait déjà l'air bien déchaîné, tout seul. Oh c'était bien plus que déchaîné, je reconnaîtrais ce comportement parmi cent : il était complètement bourré. Malheureusement j'en connaissais la cause, je m'en doutais et ce n'était pas que pour son anniversaire. J'hésitais alors à bouger de l'entrée. Puis finalement j'allais vers lui, ne sachant pas trop quoi lui dire. J'avais un léger sourire, contente finalement de me montrer dans ma mini-mini-robe. « La musique va arriver.. bientôôôôt ! » Lui répondais-je en rigolant, avant de prendre tout de même une mine inquiète. « Est-ce que ça va ? Je crois que t'as... Déjà bu un coup de trop... » Et tu n'es pas super classe avais-je envie de rajouter, un peu vexée. J'avais fais un effort moi...

Je me suis appliquée dans ma toilette, c'est vrai. Je suis ravie qu'elle provoque l'effet escompté auprès de mon partenaire, c'était le but en quelque sorte. Fini les larmichettes et les explications de la dernière fois, ce soir je suis à bloc. En phase attaque. Eh oh les ninjas sont bridés oui ou merde? On est des guerriers. Comme Bouddha. Dah. « T'es... pffouu... j'trouve même pas les mots pour le dire.» Ah... ça me fait tellement plaisir que j'en perds mes mots. Un sourire sincère suffira je pense. La sensation de débarquer dans une salle de balle au bras d'un cavalier me convenant parfaitement est... indescriptible. Lors de mon réel bal de promo ce n'était carrément pas la même histoire; ce n'était pas Malik. « Si j'avais su que tu porterais cette robe rouge, je n'aurais pas opté pour ce costume... On est pas tellement assortis là, du coup. » Je le scrute, de sa première bouclette jusqu'à la pointe de ses chaussures. N'importe quoi. Enfin il a pas tort, les couleurs de nos vêtements ne sont pas à marier mais.. qui est le styliste de la prod' sérieux ?! Virez-le! Sans ça Malik est tout bonnement craquant ce soir. Je le mangerais bien tout cru; si seulement je ne fondais pas devant lui -ohoh jdm [jeu de mots]. « C'est vrai que ça pique les yeux. Mais c'est avantageux, personne ne nous regardera comme ça et on pourra faire tout ce qu'on veux. » Ok c'est bon notre situation est délicate, j'arrête. Mais les sentiments ça va bien cinq minutes, mes vilaines pensées ne peuvent s'empêcher de ressurgir en ce soir si... relaxant. C'est comme si tous les problèmes de la semaine passaient à al trappe. Une pause. « Mon nœud de cravate est bien fait ? » Un regard sur le fameux nœud et... ah c'est un peu imparfait. Hihi. « Oui attend, c'est juste un peu négligé. » Je m'empare du fameux nœud afin de simplement le réajuster. C'est vicieux mais j'avais juste envie de ce bête contact, en soit le nœud en question était pas époustouflant mais plutôt convenable. « C'est parfait. Comme toi ce soir. » Je lui accorde un clin d’œil qui s'ensuit d'un long sourire malicieux. Ah ça fait du bien, je me retrouve. J'entends Wade hurler je ne sais quoi. Il m'a l'air carrément éméché. Moi aussi je veux être undercontrol ce soir! « Tu n'as pas soif dis moi? »

Nicole ou la splendeur incarnée. Je ne sais pas si c'est elle qui avait jeté son dévolu sur cette sublime robe rouge ou si on la lui avait conseillée, mais elle avait été faite pour elle, c'était une évidence à mes yeux. Cette robe qui épousait parfaitement les courbes de ma jolie partenaire... mais qui mettait surtout en valeur un décolleté des plus généreux. Mais, gentleman, je ne louchais pas dessus un seul instant. Non, à vrai dire je ne savais plus où poser les yeux sur Nicole : j'avais la sensation de me trouver face à une reine de beauté. Il ne manquait plus que l'écharpe et la couronne en somme. Elle était la plus jolie de toutes pour moi ce soir. Bon par contre, du coup, je devais faire un peu tâche dans ce costume bleu nuit. Et puis le soucis, c'est que nous n'étions pas assortis elle et moi. Sur pas mal de drapeaux, le rouge et le bleu semblaient s'accorder mais c'était surtout grâce à la présence de blanc. Là tout de suite, ça faisait moins rêver. « C'est vrai que ça pique les yeux. Mais c'est avantageux, personne ne nous regardera comme ça et on pourra faire tout ce qu'on veux. » Je ne voyais pas tellement où elle voulait en venir mais soit, si cela pouvait nous permettre de passer un petit peu inaperçus pour une fois, histoire de ne pas attirer l'attention comme nous l'avions déjà trop fait à mon sens ces derniers jours. Bon est-ce qu'au moins mon nœud de cravate faisait l'affaire ? Moi je le trouvais quand même un peu de traviole... « Oui attend, c'est juste un peu négligé. » Suite à quoi ses mains vinrent s'affairer au niveau du nœud en question, tandis que je me contentais de l'observer, souriant. Pour la première fois cette semaine nos récents "problèmes" ne se voulaient plus pesants - ils étaient temporairement mis de côté, et ça faisait un bien fou. « C'est parfait. Comme toi ce soir. » Mon sourire vint s'élargir. J'aimais avoir ce genre de contacts avec elle, plutôt que de me prendre la tête pour des sentiments que l'on savait de toute manière réciproques. Alors bien sûr, il y avait toujours Asmaa, seulement celle-ci semblait en très charmante compagnie ce soir. Ironie, Wade était vraiment mal fringué. Nous n'avions pas la même notion de "mise sur son trente-et-un" je pense. Bref. Mon attention se voulait entièrement reportée sur Nicole, à qui je vins glisser quelques mots à l'oreille. « C'est toi qui es parfaite. Tu leur fais de l'ombre, à toutes. » Et effectivement, les autres candidates avaient beau arborer de très belles robes elles aussi, elles n'arrivaient pas à la cheville de ma partenaire. Et je restais parfaitement objectif, jugez par vous-même. « Tu n'as pas soif dis moi? » Il me semble que nous n'avions droit qu'à du punch aux fruits ce soir, ce qui me posait problème je dois dire... Je redoutais le fait que ce punch eut été alcoolisé. « Je peux aller nous chercher deux verres si tu veux, mais... » Hum, réflexion faite, il ne valait peut-être mieux pas gâcher cette soirée en m'interdisant la moindre goute d'alcool. Même s'il était important à mes yeux de ne pas en consommer. « ... non rien. J'y vais donc de ce pas. » Je me rendis alors au bar, et revins quelques instants plus tard avec un verre dans chaque main. Je remis à Nicole le sien et gardai le mien, avant de plonger mon regard dans ses prunelles noires. « À quoi voudrais-tu qu'on trinque ? » Je gagnais du temps là, car ensuite il me faudrait ingérer ce qui pouvait être une boisson alcoolisée. Je pouvais toujours me convaincre que ça n'en était pas une, mais quand même, un doute persisterait malgré tout.

En le voyant se dandiner, j'oscillais entre rire ou détourner mon regard de honte, ou presque. Mais à bien y réfléchir, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Quand moi j'me drogue, j'suis sûre être capable de faire ce genre de chose. Alors finalement un sourire se dessina sur mon visage, même si je restais hésitante. Un court instant avant de le rejoindre. « Ay Caramba ! » Je baissais un peu ma tête, gênée par cette simple exclamation et son sifflement et ce n'était pas tout. « Bah oui je vais bien, c’est mon anniversaaaaaaaaaaaaaaaaaire ! En plus, qui c’est qui est accompagné de la plus jolie fille de la soirée ? C’est bibi » Je lâchais un léger rire. Il exagérait, vraiment, il y avait bien plus belle que moi ici. Il était juste trop bourré pour s'en rendre compte. Il me fit faire un tour sur moi même et je me laissais prendre au jeu, faisant une sorte de petite révérence immédiatement en suivant. « Merci beaucoup ! T'es trop gentil... » Même bourré. Oui, même ainsi il arrivait à être mignon, même si ce n'était pas une exclamation très naturelle. Pas très naturelle qui m'alerta quand même. Tout le monde avait remarqué qu'il était pété ce garçon...  « Et t’inquiètes pas, j’ai dû boire, un ou deux…ou trois petits verres…Mais pas plus. » Là j'eu un rire franc et clair. Non il en avait ingurgité plus que ça, bien trop. « Je crois qu'ils étaient plus grands que ce que tu crois, tes verres ! » Ca devait être même des choppes, non ? N'empêche, je me sentais bête d'avoir tant d'effort pour le voir fringuer ainsi, quoique, son compliment avait aidé à faire passé la pillule. « Han mais si j’avais su j’aurais sorti la cravate ! Je dois faire tache à côté de toi » Je roulais des yeux ; c'était une grosse tâche là oui. Oui oui oui. « Ouai... Plus que tu ne le crois... » Je parlais de son tee-shirt, mis à l'envers, évidemment. Mais finalement je m'en fichais pas mal. Je m'étais vexée un peu trop facilement, vraiment trop facilement et c'était d'un ridicule absolu.... Riducle j'ai bien dis ? « Tu m’accorderais quand même cette danse ? » Étant donné qu'il n'y avait aucune musique, j'étais tentée de dire non. Pourtant, l'ambiance était déjà bien morne et si personne ne bougeait, alors ce n'était pas la peine de rester. J'avais envie de rester. Alors avec ou sans musique, j’acquiesçais d'un mouvement de tête. « Pourquoi pas ! » Répondais-je en haussant les épaules et les mains. Je posais délicatement la mienne de main dans la sienne, rapprochant mon corps du sien. Ooooh oh oh, avec mes talons, mes immenses talons, j'avais rattrapé ma différence de tailler avec lui et passait presque pour une grande. Presque ! « J'suis un peu sourde, j'entend pas bien... C'est bien un slow ? Qui chante ? » Lui demandais-je, un léger sourire en coin. Il avait beau être bourré, j'arrivais encore à rire et à pouvoir l'emmerder sans culpabilisé. Une slow alors, je posais mes mains sur ses épaules, me contentant de le regarder dans les yeux, même si ceci était mi-clos, à moitié rouge, et que son haleine empestait jusqu'à moi d'alcool. « Tu danses bien, dis moi ! » Ajoutais-je, feignant d'être sérieuse.

Très honnêtement, et malgré sa volonté bien présente de faire de réels efforts, Raphaël se donnait peu de temps avant de foutre le camps de cette soirée. Comprenez bien que cette ambiance n'était pas faite pour lui, qu'elle lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Repenser au lycée, c'était repenser à toutes les fois où on s'était moqué de son sérieux et du fait qu'il ne désire pas se mêler aux autres, mais c'était également repenser aux intimidations qu'il avait subi à cette époque de sa vie, aux menaces qu'on avait pu lui adresser, simplement parce qu'il était toujours apparu aux yeux des autres comme quelqu'un de différent, comme quelqu'un d'un peu trop original, sans doute. Le fait est, en tout cas, que le jeune homme craignait de faire ressurgir trop de mauvais souvenirs dans son esprit et ainsi de passer la soirée à pleurnicher sur ce qu'il avait été au lycée, sur ce pauvre adolescent que personne n'avait jamais aimé mais que tout le monde s'était toujours plu à ridiculiser. Autant dire qu'il était préférable qu'il évite ce genre de rétrospectives. Mais voilà que tandis qu'il eut droit au salut d'Elliot, qui partit rejoindre Arès - la raison pour laquelle il n'avait pas souhaité rejoindre le jeune homme, pour ne pas s'imposer une fois de plus au couple - Raphaël eut le plaisir de voir approcher Candace, sa partenaire, qui ne tarda pas à le complimenter. Un sourire gêné gagna alors ses lèvres, fissurant cette expression on ne peut plus coincée qu'il arborait depuis quelques minutes. Au baiser qu'elle déposa sur sa joue, il se mit bêtement à rougir. « Tu veux mes lunettes ? » demanda-t-il alors, tentant sans doute un peu d'humour, mais exprimant surtout clairement le fait qu'il ne se trouvait en rien "craquant". Ringard au possible, oui. Mais craquant, certainement pas. « Je ... je sais, mais c'est douloureux pour moi de repenser au lycée, à cette époque peu plaisante de ma vie, chose inévitable lorsqu'un bon paquet de stéréotypes m'entourent, en me rappelant ceux que j'ai hélas longtemps "côtoyés". » Le quarterback, le pom-pom girl, le geek, le pitre ... Oui, ils étaient tous réunis, là. Il sourit légèrement, se permettant alors d'observer sa camarade. Et le moins du l'on puisse dire, c'est qu'il avait de quoi être fier d'apparaitre à ses cotés ce soir, hm. « J'ai rarement vu une robe seoir aussi bien à une femme. » Et il disait cela sincèrement, pas par plaisir de la complimenter. Il la trouvait ravissante. Et adorable, comme chaque fois qu'il passait un moment avec elle.

Il y a une soirée ce soir. Comme toutes les semaines. Je sais pas, ce genre de truc, c’est pas mon genre. Prétendre être quelqu’un d’autre le temps d’une soirée. En plus, c’est pas ma semaine. Je ne suis pas très sociable, je ne crois pas que cela sera différent en cette soirée. J’écoute tout de même le thème. Le bal de finissant. THE prom. Typiquement américain, ce qui me fait tout de même un peu sourire. Parce que je viens du Texas, et ce genre de tradition, chez moi, on tient ça très à cœur. Puis je viens à entendre mon rôle de la soirée, associé à celui de Dagga. Est-ce qu’il y a quelque chose à comprendre ? Je ne sais pas. Mais le simple fait de savoir que je passerais la soirée en compagnie de la demoiselle me donnait peut-être envie, finalement, d’aller faire un tour à ce fameux bal. Finissant ma bière, je quitte mon repère, c’est-à-dire la salle de musique et ne prend pas la peine d’aller à l’épicerie puisque j’ai une tonne de vêtements qui iront parfaitement avec le thème de ce soir. Et c’est après une douche rapide et mon habit neuf sur le dos que je me dirige vers la mairie, les mains dans les poches, décontracté grâce aux quelques bières que j’ai bu quelques heures avant. La production a tout de même mit le paquet, me faisant presque retourner dans mes jeunes années, là où tout était tellement plus simple. Je regarde les gens déjà présent dans la pièce, tous semblant être à fond dans leur rôle alors que je me sens soudainement un peu paumé. Je cherche Dagga, je cherche la chevelure de feu qui aurait déjà attirée mon attention si elle avait bien été présente dans la pièce. Ce qui me confirme qu’elle n’est pas encore arrivée. J’aurais peut-être du l’attendre, après tout, nous sommes supposés être ici ensemble ce soir. Je soupire, passant derrière Candace qui est absolument époustouflante, pour ne pas faire changement, frôle son dos du bout des doigts, un sourire amusé sur mes lèvres avant de me rendre vers Branca qui se tient bien près du punch avec Jared. « Je t’ai vu… » Ouais, fais pas la maligne, petite. Je suis un professeur, je suis supposé être à cheval sur le règlement. Bon, on oublie le fait que j’ai une aventure avec une de mes élèves et c’est un peu plus crédible. Je me prends un verre vide, regardant Branca de façon insistante, remplissant celui-ci avant de le porter à mes lèvres. « Je crois que y’a manque un peu. » J’ajoute, le plus naturellement du monde, avant de boire l’intégralité du contenu de mon verre. Mouais, ça goûte le jus.