W/ NICOLE

Bon, les demi-finales allaient se jouer demain. Pour la deuxième fois dans le jeu, je risquais donc de jarter à l'issue du prime. En soi, ça me dérangeait pas plus que ça ; en théorie, il aurait été logique que je sois de plus en plus excitée au fur et à mesure que je me rapprochais de la finale, mais la vérité c'est que mon excitation allait décroissante depuis mon entrée dans le nid. C'était une autre logique, un autre fonctionnement. Bref. J'allais peut-être virer demain. Et, si je me retrouvais éliminée (soyons honnêtes, y'avait tout de même de grandes chances que cela se produise) j'ignorais encore si je comptais rester au village ou au contraire me carapater à toute allure. J'aurais dû dresser une liste des "pour" et des "contre" mais j'avais la flemme. Alors, dans le doute, je me préparais aux deux alternatives – en songeant que j'aviserai sur le moment. Et si je devais me retrouver à l'extérieur lundi, il fallait que je reprenne sérieusement en main mon habitude de "faire des réserves" en profitant au maximum de l'infinité de provisions qui étaient mises à notre disposition ici. J'allais me la jouer grosse morfale jusqu'à la toute fin, quitte à me faire péter l'bide au passage. Levée à dix heures tapantes, je m'habille rapidement et me dirige vers la cantine pour commencer le festin. J'amasse une montagne de viennoiseries, pâtisseries et autres gourmandises au chocolat sur la table avant de m'y installer, une tasse de café à la main. Je dégustais un croissant quand j'aperçois Nicole entrer dans la salle. Je lance un sourire dans sa direction, espérant qu'elle le rattraperait au vol. « Salut poupée ! Bien dormi ? » Ben oui, il était que dix heures quand même, c'était pas non plus super courant de croiser des candidats à cette heure alors je demande à tout hasard. « Ton projet avec Teresa, c'est toujours top-secret ou tu peux nous en parler maintenant ? » je demande avant de mordre à pleine dent dans un pain au chocolat – alors que je n'avais toujours pas terminé mon croissant, soit dit en passant.

Je me lève ; et je te bouscule. Tu ne te réveilles pas, comme d’habitude. Ok voilà Teresa dort comme un bébé et on ne va pas pouvoir déjeuner ensemble. Conséquences : je suis de mauvais poil. Trainant mes chaussons en moumoute violet pastel sur le sol, mes grands cheveux blonds encore un peu en pagaille, j’entre dans la cuisine dans l’espoir qu’il y ait encore des Cracottes. Péter un scandale aux caméras de si bonne heure pour saoulerait franchement. « Salut poupée ! Bien dormi ? » Sursaut, je m’en fou je passe outre. Tous les matins c’est le même rituel ! Je me pense seule et là j’entends la voix de Dagga qui à chaque fois me surprend. Bref, je la regarde et lui souris tout en continuant mon chemin vers le placard. « Superbement bien et toi ? » Je devais être super convaincante avec mon air du matin. Pour être tout à fait honnête je pense sérieusement que Dagga tombe en dépression. Toute cette masse de nourriture qu’elle avait l’intention d’ingurgiter était un signe alarme. Warning. Je suis une bonne copine alors je vais aller lui piquer un pain au chocolat, ça lui fera toujours quelques grammes en moins sur la balance. Je n’ai même pas le temps de me mettre à picorer la viennoiserie qui dorénavant est mienne qu’elle m’agresse. Qu’on se le dise des questions dès le matin c’est pareil qu’une agression. En général au petit dej’ je parle mec ou crache sur le dos de pouffiasses rencontrées la vieille, sauf que vu que Teresa n’est pas là je ne peux pas vaquer à mes habitudes (et qu’en plus ça fait longtemps que je n’ai pas vu de chair fraiche). Je repense à notre projet qui n’est plus. Dans un haussement d’épaule j’engage ma réponse envers la rouquine. « On voulait monter notre propre business dans l’escort. Sauf que vu qu’on a été éliminées toutes les deux c’est mort pour le financement. C’est chiant parce que ça aurait bien arrangé mes affaires, j’aurais pu rester chez moi en working girl sexy avec Malik me préparant à manger tout en bossant avec Teresa qui se serait par la même occasion trouvé un super toyboy pour passer le temps libre que je ne pourrais pas lui accorder. » Un soupire m’échappe. Malheureusement tout ça n'arrivera jamais, je ne sais même pas comment je gagnerais ma vie à la sortie. Si aucune offre alléchante ne se proposait à moi... je sais où est-ce que je retournerais. « Et toi t'as des projets si jamais tu gagnes? En tout cas je te conseille sérieusement d'arrêter de te goinfrer comme ça sinon tu vas finir aussi grosse que la présentatrice blonde là... j'ai oublié son prénom.»