Elle avait dit quoi la meuf de la météo déjà ? Du soleil non ? Quoi qu'il en soit je suis remonté dans la chambre commune pour défaire mes valises de façon à aller droit au but. Trouver ma tenue de snowboard que la production nous avait conseillé d'apporter avec nous, donc en balançant tout le reste par dessus bord ce qui laissait présager une bonne heure de rangement quand je serais de retour des pistes.

Autant d'activité en moins de 24 heures, pour quelqu'un qui passe son temps à ne rien faire d'habitude je devrais faire attention au malaise vagal. A la base je n'avais rien prévu de spécial pour cette journée et puis...j'ai croisé furtivement un dénommé Mason dans les couloirs et la je me suis dit "non, la c'est pas possible il faut que tu ailles prendre l'air". Mon Dieu. J'avais pas eu le temps de faire la connaissance de tout le monde le soir du Prime, étant donné que j'avais fait parti des derniers à entrer alors je faisait leur découverte petit à petit, et je commençais sérieusement à penser que dans cette maison, j'étais le moins dingue de tous c'est pour vous donner une idée...

Ne trouvant pas ma combinaison dans mes affaires j'ai commencé à être pris d'un sérieux doute. Est-ce que la production avait fait nos valises avant de nous les livrer pour s'assurer que nous avions rien à l'intérieur qui soit interdit ? Un téléphone portable, de la drogue...un ensemble de Snowboard bariolé aux couleurs d'une marque que nous n'aurions pas le droit de faire involontairement de la pub à l'écran...j'ai arrêté de chercher, j'étais sur d'avoir mit le doigt sur la raison pour laquelle je ne trouvais pas mes affaires. Contrarié, j'ai commencer à FREDONNER pour oublier ma frustration et m'improviser une tenue dans laquelle je ne risquais pas de mourir de froid. "Faire du snowboard tout un après midi en short et tshirt" à ajouter à ma désormais officielle liste des idées les plus stupides pour rater mon suicide commencée le matin même à la piscine du chalet.

Affublé d'une doudoune qui me donne des airs de mascotte publicitaire pour une marque de pneumatiques, mes supra s'enfoncent dans la neige qui me sépare de la petite cabane en bas des pistes dans laquelle je retrouve un autre candidat aux sensations fortes sans trop de surprise, puisque je me suis fait à l'idée de ne plus jamais être seul tant que je serais sous le dôme. Après avoir choisi un modèle de snowboard à la fois à ma taille et les fixations montées pour le freeride, je tend le bras dans la direction d'Ezra pour une poignée de main.

"Tu crois qu'ils ont pensé à construire un halfpipe ?"

Si y'avait bien un truc que je n'avais pas pigé dans le domaine "FAKE LOVER" c'était bien la composition même du nid. Non parce que foutre des pistes de ski, c'était quelque peu dangereux, mais mon avis ne devait de toute évidence pas être pris en compte. C'est donc pour cette raison, genre pour tester, pour la sécurité de tous, parce que je suis un être exceptionnel et que de toute évidence, je brille de sympathie envers mes camarades, que je m'étais rendu sur place, testant à quelques petits coups de pieds l'épaisseur du sol. Mouais. J'avais déjà vu plus impressionnant en matière de neige. Faux, à vrai dire je n'avais presque jamais vu de neige de ma vie, mais faute de me l'avouer, c'était toujours bien plus amusant que de prétendre avoir tout vécu, tout entendu. J'étais même pas équipé à vrai dire, ouais, parce que comme vous devez sans doute le deviner, j'étais plutôt invincible comme gars, genre un vrai rock. On me fout une droite, c'est limite si le mec ne se casse pas la main tout seul quoi, ouais, au moins. J'étais parfait, et ne le disais clairement pas assez. Mais surtout pour ne pas que mon entourage soit complexé, comprenez, ils pourraient mal le vivre. Enfin, me voilà dans une espèce de petite cabane. Je trifouille quelques conneries, teste l'épaisseur de quelques skis, parce que ouais, c'est cool, j'suis aussi un pro dans la matière et, oh, la porte s'ouvre. Je reconnais le visage de... Ouais non, en fait impossible de mettre un nom sur ce facies, mais vous savez, j'ai rarement retenu d'autres noms que le mien, alors... Il me tend la main, je tape dedans, ouais, je crois que c'est comme ça qu'on fait quand on est cool. « Tu crois qu'ils ont pensé à construire un halfpipe ? » « Ouais, bien sûr... » j'hoche longuement la tête alors qu'un lourd silence s'installe. Que je décide finalement de briser après réfléxion. « En fait j'ai aucune idée de quoi tu peux bien parler, mais c'pas grave, on va faire comme si j'avais compris. Pareil, j'ai jamais fait de ski de ma vie, mais ça ne doit pas être bien compliqué, rien ne me résiste. » comme ça, c'était dit.

Je rêve ou il se passe un truc que je pensais même pas possible dans cet endroit ? Ezra, qui lui ne connaît pas encore mon prénom, m'a répondu quasi normalement. Vraiment vous allez me faire croire qu'il y a au moins un candidat ici qui ne sent pas dans l'obligation de s'adresser aux autres comme si il avait à faire à un gros con qui sait à peine parler ? C'est un peu comme la température du cabanon, c'est rafraichissant je commençait à désespérer.

Bien entendu je suis pas passé à coté du fait qu'il à l'air sérieux quand il dit que rien ne lui résiste mais j'ai peut être envie de le croire ou en tout cas de le suivre dans son jeu.

"J'en doute pas, au fait moi c'est Ithaque."

Et le snowboard c'est un peu le seul sport auquel j'ai déjà touché. Pour le reste des sports individuels j'ai pas le temps ni l'envie et les sports collectifs j'ai pas l'envie tout court. Enfin bon, je sais tourner, freiner, prendre une bosse et descendre un halfpipe donc, sans me manger le bord avec la tête. Les bases. Pas de quoi me jeter sur les cimes en sautant d'un hélicoptère. Je laisse ça a ceux qui transforment tout ce qu'ils touchent en or. Ceux que tu met sur une planche merdique et qui finissent médaillés olympiques, les mecs que tu fou au piano et qui te jouent le mouvement le plus complexe du monde, les mecs à qui tu fou une plume entre les mains et qui te réécrivent la bible...les mecs du casting de Fake Lover saison trois chapitre trois.

"On y vas ensemble ou tu y vois une objection ? "

Et merde, dans quoi je m'embarquais au juste ? Sérieusement, j'avais beau être parfait, tout ça, tout ça, si j'en venais à abimer mon magnifique visage en me fracassant contre un rocher, j'crois que c'est le bon Dieu qui en viendrait à pleurer. Ouais, j'essaie de penser aux autres avant moi, fallait pas que je lui fasse de la peine, comprenez. Non, non, ce n'était absolument pas un moyen de vous dire que j'avais la trouille, qu'est ce que vous racontez. Non mais n'importe quoi ! Tss. Moi la trouille. C'était comme voir passer une grand mère en skate dans la rue, genre, improbable quoi. J'avais déjà fait du skate d'ailleurs, j'étais plutôt bon, genre pour les trucs de bases, mais fallait pas croire que j'pouvais sauter par dessus la tour Eiffel ou quoi. Enfin si, je pouvais très certainement, mais cela vous ferait trop plaisir. « J'en doute pas, au fait moi c'est Ithaque. » j'hoche la tête comme pour tenter d'assimiler l'information. Ithaque. Ithaque. « Eh mec ! Ton prénom il me dit trop un truc. C'était pas une île dans un dessin animé ou un truc du genre ? » ouais on une île réelle, tout court, mais ça, c'était une information que je n'avais pas vraiment vérifiée. Genre, c'était comme aller vérifier si Superman existait ou quoi. N'importe quoi. « En tout cas c'est cool, tes parents ont d'l'imagination. » huhu. « On y vas ensemble ou tu y vois une objection ? » je plisse un instant les yeux, fait durer le suspens quelques longues secondes avant de prendre la parole « Euh... » hm... « Ouais, mais genre, faut que je m'échauffe avant, tu vois, pour pas me froisser un muscle ou quoi. » ouais, voilà. Même pas peur.