ANDREA

Je venais de passer clairement ma pire nuit de toute l’aventure. Le prime de la veille s’était révélé bien plus catastrophique que je ne l’avais prédit. Non seulement dorénavant tout le monde était au courant pour Lylou et moi, mais surtout, Andréa et Caleb avaient couché ensemble. La seule information que j’avais réellement retenu du prime au final. Oh bien sur j’étais aussi nominé au passage, mais à côté du reste ça me semblait complètement dérisoire. Une fois le prime terminé j’avais fais les 100 pas sur le toit histoire d’arriver à me calmer. Après ça, j’avais décidé de dormir dans le salon, sauf que impossible de trouver le sommeil. Je suis resté des heures durant à fixer le plafond. Les images d’Andréa nue sur Caleb hantant mon esprit. D’accord je lui avais balancé qu’elle pouvait aller faire ce qu’elle désirait avec le jeune homme, sans avoir à se sentir coupable, mais je ne pensais pas qu’elle l’aurait réellement fait. Et ça me tuait que ça puisse m’atteindre autant. Cela serait tellement plus simple que je ne ressente rien pour elle. Rajoutez à cela le fait que je me sentais terriblement coupable et mal pour Lylou, et bien autant dire, qu’en me levant ce matin, je n’étais pas au meilleur de ma forme. J’avais réussi à fermer l’œil, en tout est pour tout, une heure, grand maximum. Les traits tirés, une tête à faire peur, je me rendis à la douche. Vêtu d’un maillot de bain, voilà plus de vingt minutes que je laissais l’eau couler sur mon corps.

L'eau glissant sur mon corps avait des vertus apaisantes. Ça plus le calme. Troublé bien trop vite par...Andréa en personne. Bien sur. Pourquoi fallait il qu'on soit les deux seuls lève tôt de cette baraque ? La dernière chose dont j'avais envie, c'était de me battre avec elle. J'étais fatigué de tout ça. « T’as l’air d’un zombie. Et encore, c’est méchant pour eux. » Apparemment pas elle. En tant normal sa réplique m'aurait probablement arraché un sourire tant c'était ridicule, mais je n'avais pas le cœur à ça. Elle n'arrivait peut être pas à se montrer réellement méchante, mais elle désirait l'être, et c'était déjà bien assez. « Tu n'as rien de mieux en stock ? Non parce que vas y profite en, défoules toi sur moi c'est gratuit. » Non mais comment avions nous pu en arriver là ? Dire qu'il n'y pas si longtemps, on dinait ensemble dans la salle Juliette, on était tellement proches...et maintenant elle se servait probablement de cette pièce pour faire des galipettes avec son amoureux. Oh oui parce que je savais qu'elle n'avait pas dormi dans notre lit. Pas besoin d'être un génie pour savoir où, ou plus précisément avec qui elle avait passé la nuit.

Pauvre chou, apparemment mes paroles de la veille lui restaient en travers de la gorge. Dire qu'à mes yeux je ne m'étais même pas montré extrêmement méchant envers elle, franchement j'aurais pu faire pire. Parce qu'en définitive que lui avais je dis ? Qu'elle devrait avoir honte d'avoir ainsi perdu sa virginité – ce que je pensais toujours – et que Lylou valait probablement mieux qu'elle. Peut être était ce ça qui l'avait marqué. En tout cas je ne comptais pas le moins du monde m'excuser, parce que pour ma part, c'était moi qui avait tous les droits de lui en vouloir, et pas l'inverse. Étrangement, la veille, beaucoup de monde s'en était mêlé, s'attaquant à Andréa parce qu'elle avait perdu sa virginité sous les caméras. J'avouais volontiers que ce n'était probablement pas mérité. Non j'étais la seule personne qui avait réellement le droit de lui en vouloir. C'est moi qui avait été prit pour un con, humilié, avec le sentiment qu'elle s'était clairement foutu de ma gueule. « Je sais pourquoi moi je t'en veux, mais pourquoi tu sembles si remontée contre moi ? T'as eu le mec que tu voulais non ? Tu vas pouvoir vivre ton conte de fées, alors je ne saisis pas. »

Non je ne comprenais pas pourquoi elle était si remontée contre moi. Oui, après avoir couché avec Lylou, je pensais que dès lors qu'elle verrait les images, ça la blesserait. Seulement toutes mes belles certitudes avaient volé en éclat, en voyant Andréa offrir sur un plateau d'argent sa virginité à Caleb. Et ce avant qu'elle n'apprenne qu'il ne se soit passé quoi que ce soit avec Lylou. J'en avais tiré la conclusion que son choix était fait depuis bien longtemps. Mais peut être me trompais je. « Tu ne t’es jamais dit que j’étais peut-être amoureuse de toi ? Que quand tu m’as dit que tu ne voulais plus de moi ça m’a brisé le cœur ? Que si les choses s’étaient déroulées autrement, je ne serai surement pas avec Caleb aujourd’hui ? » Je pensais qu'elle aurait encore trouvé des attaques gratuites à me faire, mais je ne m'attendais certainement pas à ça. Était-elle en train de sous entendre qu'en gros, c'est moi qui l'avait poussé dans les bras de Caleb ? Que si je n'avais pas lâché l'affaire, les choses seraient surement différentes aujourd'hui ? J'écoutais la suite de ses propos en silence. L'entendre parler de moi, pénétrant Lylou, m'était plus que dérangeant. Encore aujourd'hui j'avais du mal à me faire à l'idée. Avant la soirée, je ne m'étais jamais imaginé Lylou de cette façon, alors ça avait de quoi me perturber sérieusement. Donc elle n'était pas la seule à qui ça avait été pénible de voir ses images. Je ne m'attendais pas le moins du monde à ce qu'Andréa m'ouvre ainsi son cœur. Tout ce qu'elle disait devrait quelque part me faire plaisir, pourtant il en ressortait une impression d'un terrible gâchis.  « Tu n'as pas le droit de me dire ça. C'est toi qui m'a jeté en premier lieu d'accord ? Tu ne peux pas... Tu crois que ça ne m'a pas couté de te laisser ? De te dire que je ne voulais plus de toi, quand tout mon être pensait le contraire ? Mais finalement j'ai surement bien fait. Quand je vois que tu t'es empressée de te jeter sur Caleb. A croire que tu n'attendais que mon feu vert. » Léger silence avant de reprendre  « Est ce que ça valait le coup ? De perdre ainsi ta virginité ? » Non je ne lui demandais pas si elle avait prit son pied avec Caleb, seulement si elle regrettait. Honnêtement pour elle j'espérais que ça avait valu le coup. Je savais que c'était une étape importante, qui signifiait beaucoup pour elle.

Evidemment comme je m’en doutais Andréa passa à l’offensive, m’accusant d’avoir couché avec Lylou. Zut elle n’avait pas oublié ce passage. Elle avait raison bien sur, je ne le niais pas. Mais à mes yeux ce qu’Andréa avait fait, était bien pire que ma propre connerie. « Arrêtes. On avait encore rien fait que t’enfonçais déjà ta langue dans la bouche de Caleb. » Si mon départ à la soirée avait coïncidé avec la vision d’Andréa à fond sur Caleb, ce n’était pas tellement dû au hasard. Pour m’éviter d’avoir à supporté ça toute la soirée, ou d’avoir la soudaine envie d’en coller une à son cavalier. La suite des évènements je ne l’avais pas prémédité, je ne suis pas monté sur le toit dans le but de me faire Lylou, mais c’était arrivé quoi qu’il en soit. Et je ne pouvais malheureusement pas revenir en arrière. « Tu ne crois pas que je le sais que j’ai agi comme un connard ? Que je ne me sens pas assez minable pour ça ? » Sur tellement de points. Vis-à-vis d’Andréa, de Lylou, de ma famille, ma dignité… « Tu ne sais pas le pire ? C’est qu’en me réveillant le lendemain matin, la première chose que j’ai pensé en constatant mes actes, c’est à quel point ça allait te faire souffrir, et que j’avais définitivement grillé mes chances avec toi. C’est con pas vrai ? Quand je pense que toi pendant ce temps, t'offrait ta virginité à Caleb, et lui avouait ton amour.. » P’tain oui ce que je pouvais être con parfois. Concernant sa virginité la demoiselle se contenta de répondre que ça n’avait plus d’importances désormais, c’était trop tard. Ce qui me laissait passer que ça ne valait peut être pas tant que ça le coup. Remarquez d’un autre côté, si elle ne regrettait pas un temps soit peu la manière, c’est que je ne la connaissais pas vraiment alors. Parce que je restais persuadé que bourré, sous l’œil des caméras, sur le sol d’une bibliothèque, n’était pas ainsi qu’elle se serait imaginée les choses. Elle méritait tellement mieux, et ça m’énervait royalement. Je préférais ne rien répondre, de toute manière elle connaissait très bien elle-même la portée de ses actes. C’est alors qu’elle se fit plus hésitante dans ses propos « Est-ce que … Est-ce que tu es amoureux d’elle ? » Question légitime. J’avais eu le temps d’y réfléchir tous ces derniers jours. Parce qu’évidemment, peut importe si j’étais bourré ou quoi, coucher avec Lylou ça ne restait pas anodin. J’en étais arrivé à une conclusion. Je plantai mon regard dans celui d’Andréa avant de finalement répondre. « Non, je ne suis pas amoureux d’elle. » Et pourtant dieu sait si j’avais eu envie de lui répondre oui, rien que pour la blesser. Qu’elle comprenne ce que je ressentais en la voyant déclarer son amour à Caleb. Mais je n’avais pas à cœur de lui faire ça. Et ça serait malhonnête vis-à-vis de Lylou. Imaginez qu’après elle voit les images ou qu’elle aille lui répéter ? Ça serait cruel de lui donner de faux espoirs. « Je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas capable d’aimer deux personnes à la fois. » Sous entendu que je l’aimais, elle. Chose que je n’avais jamais réellement dite à haute voix. Même si je ne venais pas de le dire clairement, on comprenait parfaitement que la deuxième personne se trouvait être elle.