La nuit avait été reposante. Il y a même bien longtemps que Mado n'avait pas dormi aussi bien, mais surtout, aussi longtemps. Pas besoin de se lever tôt pour préparer le déjeuner d'Aaron, pas besoin non plus de choper un métro pour se rendre à la piscine municipale ... Non, ici, elle estimait avoir le temps de vivre. Et cela impliquait donc de trainer au lit, qu'importe l'heure, et qu'importe le fait que ce soit aux cotés de Bob, son charmant partenaire, qui ne lui avait malheureusement pas fait le plaisir de s'évaporer dans la nuit. C'aurait assurément été trop beau. Bon, il est vrai que Mado avait été plutôt garce avec lui la veille au soir. Il faut dire qu'elle avait d'abord cru à une blague, ne s'étant pas dit qu'on lui avait sérieusement refilé le Polnareff de la bande. Mais lorsqu'elle avait compris tout le sérieux de la situation, tout le tragique surtout, il est vrai qu'elle n'avait pu que considérablement déchanter. Parce que, qu'on se le dise, Mado n'avait pas signé pour ça. Au fond, son coté un peu trop superficiel l'incitait probablement à ne laisser aucune chance à ce pauvre garçon, simplement parce qu'elle le trouvait mal coiffé. Mado était probablement quelqu'un de profondément injuste, mais parait-il qu'elle le vivait plutôt bien. Quoi qu'il en soit, c'est tout à fait silencieusement que la jeune femme s'éveilla, jetant donc un coup d’œil à son partenaire, mais sans dire mot. Parce que, dans un premier temps, elle estimait naturellement n'avoir rien à lui dire depuis hier. Mais lorsqu'elle se souvint qu'elle était bien incapable de rester muette, qu'importe la situation, elle se résolut à lui adresser quelques mots. Toujours avec beaucoup de sympathie, évidemment. « Ce qu'il doit y avoir de bien avec une coupe comme la tienne, c'est probablement de n'avoir pas l'air plus décoiffé le matin qu'à n'importe quel autre moment de la journée, non ? » Et le tout dit, naturellement, avec un sourire hypocrite. Parce qu'en soi, elle n'avait pas la moindre envie de lui être agréable. Elle le respectait peut être suffisamment pour ne pas lui laisser penser qu'elle pourrait vouloir faire des efforts alors que, de toute évidence, ça n'était pas le cas.

Mis à part le fait que ta partenaire était la pire de tout les candidats, ta soirée c'était plutôt bien passé. Ils avaient tous l'air supportable, à une exception près. Et bien sûr, il fallait que ta chambre soit la même que cette même exception. Bref, ça ne t'as pas pour autant empêché pour dormir, t'étais tout bonnement crevé après avoir pris l'avion. Puis, on peut dire que tu as le sommeil facile, entre autre. Ça doit peut être faire maintenant trente minutes que t'as les yeux ouverts. Pourtant, t'es toujours allongé dans ton lit, au chaud sous ta couette. Pourquoi ? Parce que t'es le plus gros glandeur et flemmard qui puisse exister sur cette terre, voilà pourquoi. Mado, quant à elle, était aussi réveillée. Mais tu ne lui dis rien. Hors de question. Tu lui adresseras la parole seulement quand t'y seras obligé, voilà tout. Même si tu n'aimes pas le silence, tu ne feras pas d'effort pour cette ..chose. « Ce qu'il doit y avoir de bien avec une coupe comme la tienne, c'est probablement de n'avoir pas l'air plus décoiffé le matin qu'à n'importe quel autre moment de la journée, non ? » Tu lèves les yeux aux ciels. Elle est vraiment obsédée par tes cheveux, celle-là. Elle doit sûrement avoir un sérieux problème dans sa tête pour être comme ça. « Lâche-moi. » tu marmonnes en tournant la tête. Puis finalement, tu t'assois sur le lit pour la regarder en plissant les yeux. Et elle avait la preuve en direct que contrairement à ce qu'elle venait de dire, le matin, tes cheveux sont encore plus décoiffés que d'habitude. C'est ce que tu appelles la révolution capillaire du matin. « Ce qu'il doit y avoir de bien avec une femme frigide comme toi, c'est probablement de ne pas avoir d'amis ni de copains. La joie d'être seule. Ouh là là, ta vie doit être si excitante, c'est pour ça que tu peux te permettre de critiquer les autres, c'est ça hein ? Ah, je comprends, je comprends.» on peux desceller dans ta voix une certaine ironie, bien sûr. Puis tu hoches la tête comme si tu venais d'assimiler quelque chose d'essentiel dans ta vie.

S'éveiller dans un lit si confortable, clairement, c'était plaisant. Mais s'éveiller dans un lit certes confortable mais aux cotés d'un type pas franchement supportable, disons que ça l'était déjà moins. En soi, Mado était décidée à ne pas laisser la moindre chance à son partenaire. Sans doute parce qu'elle n'avait jamais imaginé qu'on aurait pu lui refiler un chevelu bronzé et à l'humour douteux. Lorsqu'elle avait pris connaissance de sa sélection, elle s'était tout naturellement imaginée tomber sur un partenaire à la fois beau et muet, ce qui aurait fait de lui le partenaire idéal en somme. Mais là, elle déchantait brutalement, oui. Donc il est vrai qu'elle s'acharnait sur lui et sur cette improbable touffe de cheveux qu'il avait sur le crane. Allez savoir si c'était de mode à L.A, comme il l'avait naïvement avancé. Mado se permettait en tout cas d'en douter, hm. En tout cas, c'est un Bob un peu ronchon qu'elle trouva dans son lit ce matin. Sans doute m'apprécia-t-il pas des masses la petite pique de la jeune femme. Hm, il lui faudrait simplement s'y habituer. A la longue, tous les deux finiraient peut être par s'apprécier un peu plus. Ou pas, oui, c'était probable également. Mais voilà que Bob se sentit l'âme d'un rebelle et qu'il la tacla en retour. En soi, l'intention était belle, et cela indiquait presque qu'il pouvait finalement avoir des couilles, mais Mado n'était pas franchement disposée à s'emballer pour si peu. Il se permettait quand même de la juger, alors qu'elle était expressément restée superficielle dans ses critiques, pour ne pas non plus se montrer trop injuste. Lui, il émettait ni plus ni moins un jugement global sur sa personne, tentant même - et c'était amusant - d'imaginer la vie de la jeune femme. Autant dire que celle-ci ne tarda pas à lui lancer un regard mauvais, suivi d'un sourire sarcastique. Clairement, ça s'annonçait mal entre eux. « C'est marrant, chaque fois que je me demande si je ne passe pas à coté de quelque chose en me montrant aussi acerbe avec les autres, il y a toujours un couillon pour me rappeler que non, évidemment pas. » Ici, le couillon se nommait Bob et il ne faisait que confirmer ce qu'en soi elle avait toujours su : les gens étaient globalement cons. « Je n'ai jamais eu besoin d'amis. Et je n'ai plus besoin de copains depuis bien longtemps. Alors je crois que je vis plutôt bien le fait d'être si seule. Et que ne donnerais-je pas pour l'être, à cet instant précis. » Pour qu'il disparaisse, qu'il s'envole, qu'il soit téléporté ailleurs ou suffisamment loin d'elle en tout cas pour que l'air redevienne un tant soit peu respirable. Oui, elle en rêvait.

Toi qui est du genre à toujours être content, il faut avouer que ça te fait chier d'être tomber sur la pire partenaire du monde. Mais bon, il faut bien que tu fasses avec. Que tu la supportes, plus ou moins. Bref, t'es là, assis sur ton lit, la couette couvrant tes jambes, mais pas ton torse nu. D'ailleurs, tu commence à avoir froid. T'écoutes Mado sans grand intérêt, au final. Elle essaie de te prouver je ne sais quoi, et t'en as rien à faire. Parce que tout revient au même, elle te dit qu'elle aime être seule, qu'elle est bien, qu'elle t'aime pas. Comme si tu ne l'avais pas deviné. « Pas besoin de faire un monologue pour dire que ta vie est nulle. C'est pas de ta faute si personne ne veut de toi. » Tu n'es pas d'un naturel méchant à la base, mais quand tu t'y mets, ça y va. Puis bon, elle l'a bien cherché. Tu seras gentil quand elle le sera, voilà. « Et puis il est scientifiquement prouvé qu'il est impossible de vivre rien qu'avec son amour propre. Ce que tu prétends faire. Alors, trois options s'offrent à toi : Soit tu n'es pas humaine, et tu viens d'une autre planète, soit tu es une morte vivante, soit tu mens. » Aucune option n'est à mettre de côté, il faut considérer tout les scénarios possible. « Je t'avoue que si t'es une morte vivante, j'trouverai ça vachement cool et je te pardonnerai presque ta débilité. » Bah quoi ? Pourquoi pas après tout... Tu hausses tes épaules. Puis tu ébouriffes tes cheveux pour les mettre à peu près en place. Et c'est instinctivement que tu attrapes l'oreiller de Mado, et que tu le frottes à tes cheveux. Cheveux parfaitement propres, bien sûr. Même si elle s'obstine à croire le contraire. « Et si je fais ça, tu fais quoi ? » Oui, tu aimes faire chier les gens dès le matin. Et t'as beau ne pas l'aimer -genre pas du tout-, il n'y a personne d'autre autour de toi, et ton instinct d'emmerdeur prend le dessus. Tu la regardes avec un grand sourire malin. Ouais, t'es un petit malin toi. Ou pas. T'as toujours le coussin de ta partenaire sur ta tête, et tu ressembles plus à un con qu'autre chose. Tant pis, t'en as rien à faire.

Peut être, oui, peut être que Mado pouvait finalement souffrir de sa perpétuelle solitude. Elle se revoyait au lycée, populaire et bien entourée, car faisant partie des équipes de sport phares et admirées de tous. Pour autant, à ce jour, elle ne pouvait compter que sur son petit frère, s'étant laissée entraîner dans un tourbillon d'exigence et d'injustice qui l'avaient l'une et l'autre éloigné de bien des personnes, de toutes les personnes qui avaient en soi compté un jour pour elle. Et elle avait beau faire comme si cela l'indifférait au plus haut point, il est indéniable qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser, quelques fois, qu'elle aurait peut être été plus heureuse si elle ne s'était pas progressivement coupée des autres, si elle n'avait pas laissé sa passion pour le sport diriger sa vie, et sacrifier ceux qui y avaient un jour eu leur place. Pour autant, elle n'aimait pas parler de tout cela et constater que Bob se permettait de juger sa vie sans la connaître du tout, ça avait un petit peu tendance à l'emmerder, quand même. Dans un premier temps, elle préféra l'ignorer, comme elle aurait du le faire depuis la veille au soir en fait, ce qui leur aurait évité d'échanger d'une manière déplorable à plus d'une reprise. Mais bientôt, un sourire partiellement amusé finit par naître au coin de ses lèvres. Clairement, elle ne savait plus quoi penser de son partenaire. Etait-il con, ou très con ? « Bien sûr. Oui, bien sûr que je suis une morte vivante. Et bien sûr que c'est vachement cool. Allez, faisons la paix et ensuite on va dire que je te bouffe. Happy end, mon beau. » Lui crevé, et elle débarrassée d'un boulet, oui, ça y ressemblait fort effectivement. En tout cas, puisqu'il passait pour un con, elle pouvait bien l'encourager en entrant un tantinet dans son jeu. Oui, Mado était en fait quelqu'un d'adorable. Simplement, il allait mettre un peu de temps à s'en rendre compte. Euh par contre, l'idée qu'il eut de frotter sa touffe de cheveux douteuse à l'oreiller de la brune ne manqua pas de désespérer celle-ci. C'était genre, pour la provoquer ? Bah ça lui donnait surtout envie de pleurer, mais elle allait se retenir hein. « Bob, je suis désolée. » Et sortant de la sorte de sa bouche, ça semblait sincère. Alors peut être l'était-ce. « Tu vas devoir quitter ce lit. » Ah, ses excuses tournaient d'une manière assez particulière. Avait-elle une idée derrière la tête ? « Parce que je vais me munir d'une paire de ciseaux, que je garderai sur moi en permanence. T'as compris ? En per-ma-nence. Et si tu je ne doute pas que tu puisses aisément m'éviter en journée, je ne voudrais pas être tentée d'arranger ta coiffure en pleine nuit, tu sais, pendant que tu dors. Alors pour ton bien, ou plutôt pour le bien de ce qui te sert de cheveux, je te conseille sérieusement de quitter ce lit. Tu dormiras mieux dans la forêt, en pleine nature. Je t'assure. » Sur ce, elle allait faire le deuil de son oreiller et donc s'employer à dégoter une paire de ciseaux. Parce qu'elle était sérieuse, évidemment. Ou aussi provocatrice que lui, en tout cas.

Personne n'aime être seul. Et ceux qui affirment le contraire ont juste trop de fierté pour l'avouer. La solitude, c'est la pire des choses qui puissent exister. Tu n'as que trop bien connu ce sentiment lorsque tes parents t'ont mis à la porte. Tout ça parce que tu souhaitais vivre de ta passion. Du sport. Du surf, entre autre. Heureusement que tes amis ont été là. Sinon, tu ne serais rien aujourd'hui. Heureusement qu'ils t'ont aidé à te battre. Tu plisses les yeux quand elle annonce qu'elle est une morte vivante. Tu te penches sur elle, passes ta main devant son nez. Tu sens de l'air. Elle respire. Blasphème. Mensonge. « Ce n'est pas parce que je n'ai pas fini le lycée que j'ai un Q.I d'huître. Je ne suis pas dupe. Une morte vivante ne respire pas. Et puis si t'en étais une, tu m'auras déjà tué. Menteuse. » Bien sûr, tu ne crois pas aux morts vivant, ni à tout ça. Tu dis ça juste pour rigoler, mais vu qu'elle n'a visiblement pas un sens de l'humour très développé, elle croira sûrement que t'es con. Depuis le début, elle croit que tu l'es. Tu ne l'es pas. Oh que non. Bref. Sans faire exprès, tu as dit que tu n'avais pas fini le lycée. Chose que tu ne voulais pas forcément qu'elle sache. Tu l'attends d'ailleurs au tournant sur cette information qu'elle vient d'apprendre : elle va sûrement te faire une remarque désagréable, et se moquer. Ou même dire que ça explique le pourquoi du comment tu es comme aussi "con", justement. Et ça, tu ne vas pas aimer. Pas du tout. Puis tu mets son coussin sur ta tête, tu veux la provoquer. Lors de son discours, ton visage change d'expression au fil de ses mots. Au début, tu arques les sourcils quand elle s'excuse, puis tu les fronces quand elle annonce que tu dois quitter le lit. Ensuite, une expression horrifiée se dessine sur ton visage quand elle prêtant aller couper tes cheveux. Non, pas tes cheveux. Jamais. « Tu fais ça petite Madeleine, et je te tue. Je-te-tue. J'ai un mini revolver caché dans ma touffe, je n'hésiterai pas à m'en servir. Je suis sérieux, si y'a bien une chose qui me mets en colère, c'est qu'on ose couper mes cheveux sans ma permission. Je ferai de ta vie un enfer. Et puis, comment tu feras si je mets un bonnet de bain pour dormir ? Tu pourras rien faire hein.» Tu lui souris. Oui, tu n'hésiterais pas une seule seconde à dormir avec un bonnet de bain. Pour la protection de tes cheveux. Tu lui lances finalement son propre coussin sur le visage. « Si t'es pas contente, change de lit. Ca fait huit ans que je dors que sur des canapés; alors je bougerai pas d'ici.» tu secoues la tête, lui faisant comprendre qu'il était hors de question que ça se passe comme ça. Elle ne lui faisait pas peur. Et puis, il avait une solution à tout. . « En fait, j'suis sûr que le premier homme qui t'as brisé le coeur avait les cheveux bouclés comme moi, c'est pour ça que tu me détestes autant.»

Mado était une mort vivante. Ouais, en fait, c'est ce qu'elle essayait de lui dire depuis le premier soir, mais bon, vu qu'elle avait surtout été perturbée par la coiffure improbable de son partenaire, il est vrai qu'elle avait quelques peu laissé cet aveu de coté. Mais du coup, ce matin, il était nécessaire de se montrer plus honnête, histoire qu'il sache réellement à qui il avait à faire. Sauf qu'il disait ne pas la croire. Ah oui, et pourquoi donc ? Parce qu'elle respirait, disait-il. Ah merde, c'est vrai ça. Du coup, elle ne serait pas une mort vivante ? Elle avait pourtant cru. Ou alors, et c'était relativement probable aussi, elle s'était juste un peu foutue de sa gueule. Oui, maintenant qu'elle prenait pleinement la peine de réfléchir à tout ça, il lui apparaissait très clairement qu'elle avait simplement tenu à jouer avec la connerie du chevelu. Lui, franchement, il l'étonnerait toujours. Pouvoir se montrer plus con à chaque fois, ouais, ça avait un coté stupéfiant. En tout cas, apprendre qu'il n'avait pas terminé le lycée la laissa perplexe. Tout s'expliquait, peut être ... Ou pas, en fait. « Ça n'est peut être pas lié, effectivement. Mais il n'en reste pas moins que t'as quelques soucis, quand même. » Elle ne s'étendrait pas là dessus. Elle était trop noble, en soi, pour se foutre de sa gueule simplement parce qu'il n'avait pas terminé le lycée. Par contre, elle était forcée de reconnaitre qu'un truc clochait chez Bob. Elle se demandait encore comment on avait pu croire qu'une "union" était possible avec cet improbable spécimen ... Il allait vraiment falloir que quelqu'un lui explique comment ils avaient formé les couples, parce que là elle prenait surtout ça pour une très, très, très grosse blague. Mauvaise aussi, hm. Quoi qu'il en soit, il était certain qu'après ce que venait de faire Bob - un acte ignoble et infiniment condamnable aux yeux de Mado - la jeune femme se vengerait. C'était même un euphémisme, puisqu'elle ne tarda pas à lui confier que ses cheveux étaient clairement dans la merde. Oui, elle se procurerait une paire de ciseaux et oui, elle s'improviserait coiffeuse pour son plus grand plaisir. Après ça, il l'aimera encore plus, c'était certain. Sauf que Bon, bizarrement, ne trouvait pas cette idée franchement plaisante. Ah bon ? Bah, il aurait peut être fallu y réfléchir avant d'avoir torché l'oreiller de sa partenaire, hein. « C'est donc ça que tu caches là dessous ? Bah putain, j'aurais jamais cru. Écoute Bob, tout aurait pu s'arranger si tu n'avais pas joué de provocation, tu vois. Donc maintenant, je vais être forcée de me mettre à ton niveau, et ainsi rendre service à ceux qui, j'en suis sûre, sont tout aussi indisposés par ta coiffure que moi. Non pas que ça me plaise, mais j'ai pas le choix tu comprends. Et si vraiment t'enfilais un bonnet de bain, et bien ... je suppose que ça ne m'arrêterait pas. Ça se coupe aussi, tu sais. » Et ça, elle en était sûre. Donc oui, il allait bientôt avoir une coiffure décente. Et lui, tout ce qu'il trouvait à faire, c'était gueuler. Elle allait juste lui rendre service, mais non, il ronchonnait déjà. Pff, quel chieur ce Bob. Et maintenant, il lui lançait l'oreiller en pleine poire. Oh le con. « Oui mais ta vie, tu te doutes que je m'en tape légèrement. Tout ce que je dis, c'est que tu viens de déclarer la guerre, là. T'aurais pas du, mais tu l'as fait. Donc tu vas être amené à faire un choix : ton confort, ou tes cheveux. » Dur choix que celui-ci, elle en convenait. Mais bon, franchement, il ferait tout aussi bien de coopérer et de la laisser s'occuper de sa coupe. Il serait tellement mieux avec les cheveux plus courts. Pas moins con, certes, mais moins moche au moins. Ce serait déjà ça. « Et dans quel monde est-ce que j'aurais pu, un jour, cautionner cette coiffure, hm ? Non non, ça n'est pas du tout lié à cela. Et je ne te déteste pas, Bob. Je te méprise. C'est sensiblement différent. » Elle ne lui portait en soi pas suffisamment d'attention pour dire qu'elle le détestait. Et puis, Mado était rarement amenée à détester qui que ce soit, vu que rares étaient les personnes qui, selon elle, méritaient cette relative preuve d'intérêt.

Tu secoues la tête, puis lèves les yeux aux ciels. T'es pas d'accord avec elle. Non, t'as pas de sérieux problèmes. T'es juste différent des autres. Tu prends juste pas grand chose au sérieux. A part ça, tout va bien chez toi. A part ton humour assez spécial en fait, il faut l'avouer. « C'est toi qui as des soucis, t'es la seule personne dans ce monde qui me fait autant chier à propos de mes cheveux depuis mes 11 ans. Autant dire que tu as un sérieux problème dans ta tête. T'as peut être le syndrome de peter pan. » Et te voilà devenu médecin. Oui oui, médecin. Dr. House en plus stylé. Puis finalement, tu poses ton regard sur Mado, et tu te demandes ce que t'as fait pour mériter ça. Pourquoi ne l'ont-elle pas mis en couple avec son frère, bordel ? Elle serait plus heureuse, et toi aussi. Enfin, en pouvant imaginer que mademoiselle puisse être heureuse un jour. Parce qu'elle était la personne la plus renfrognée que tu connaisses. Puis elle te menace de te couper tes cheveux, et c'est un peu la panique à bord. Pour qui se prend-t-elle ? Hors de question. « Hé oui, c'est un revolver. Mais il n'y a pas que ça, je te rassure. Mes cheveux, c'est comme le sac de Marry Poppins. Ca va... Je te passe mon coussin si tu veux ! J'ai lavé mes cheveux hier, arrête de faire la sainte-ni-touche. Et puis, il n'y a que toi qui n'aime pas mes cheveux. QUE-TOI. Alors tu vas te calmer tout de suite, d'accord ? Oui, effectivement, sauf que tu temps que tu me coupes le bonnet, je me serai réveillé, et je t'aurai déjà attaqué, tu vois. » Hé bah ouais. Tu secoues la tête, encore. « T'as un sérieux problème dans ta tête... rabat-joie. » Oui, tu pouvais effectivement la qualifier de rabat-joie. C'est ce qu'elle était, une rabat-joie. « Ca sera mon confort et mes cheveux. Tu ne me fais pas peur. Tu es faible, je suis fort. Faible-fort. » expliques-tu en la pointant du doigt, puis en te pointant du doigt. « Toi comprendre ? Ou toi vouloir plus explications parce que toi bête ? » Tu souris, amusé par tes propres bêtises. T'as beau ne pas l'apprécier, ce n'est pas pour ça que ta bonne humeur disparaîtrait pour autant. Tu te lèves finalement pendant qu'elle parle, sortant enfin du lit. Tu prends ton jean et l'enfiles, et tu te mets à la recherche d'un t-shirt. « Joue pas avec les mots Madonna, je vois pas la différence entre détester et mépriser.» A vrai dire, t'en as rien à foutre qu'elle te méprise, ou non. C'est sans importance. « Au nom de tout les frisés de la terre, je m'excuse pour ce que ce premier amour t'as fait subir. » Annonces-tu, la main sur le coeur, un sourire amusé accroché aux lèvres. Ouais, t'es sûr que c'est ça. C'est pour ça qu'elle veut absolument te couper les cheveux. « Ecoute, Madomoche, le jour où tu auras un peu d'humour, que tu seras gentille, que tu souriras sincèrement, et que tu riras un peu sans faire la focul, je te laisserai couper un touuuuut petit bout de mes cheveux. Ça te va ? » Tu dis ça parce que tu sais que ça n'arrivera jamais. Donc t'es tranquille. Tu fouilles dans ta valise pour prendre un t-shirt, et tu tombes sur ta combinaison de surf. Oui, tu l'as carrément emmené. « Tu crois qu'il y a la mer ici ? » demandes-tu naïvement. Ça doit faire deux jours que t'as pas mis les pieds dans l'eau. Et il faut avouer que ça te manque déjà. Toi, tu te sens vraiment bien seulement lorsque tu es dans l'eau, quand tu nages, quand tu surfes. Tu t'y sens tout simplement libre. Comme chez toi, ton vrai chez toi.

Peut être bien que Bob était en fait un attardé. Il en fallait bien un, non ? Et quelle malchance serait-ce que Mado en ait justement hérité. Alors elle préférait croire que sous cette apparence de chevelu négligé et derrière cette profonde connerie qui avait tout de même tendance à bien ressortir, se cachaient quelques qualités difficiles à percevoir mais néanmoins existantes. Disons que cela l'aidait à ne pas partir du principe qu'on avait voulu l'handicaper dès le début du jeu, hm. Bon, par contre, elle n'en démordait pas : Bob avait quelques soucis, d'ordre psychologique oui oui. Il niait. Le pauvre homme était dans le déni. « T'as pas bientôt fini, oui, d'inverser les rôles ? Tu sais pertinemment que quelque chose cloche chez toi. La preuve, tu me parles du Syndrome de Peter Pan alors je dois bien être l'être le moins susceptible d'en souffrir au sein de cette aventure. » Vrai ou pas ? Vrai, hein. Parce qu'elle s'estimait suffisamment mature pour ne pas être associée à ce genre de conneries. De plus, elle avait horreur de tout ce qui se rapportait à l'enfance en général. Et dire qu'elle avait un fils ... « Ah, c'est vachement intéressant tout ça ... Et après c'est moi qui suis censée souffrir du Syndrome de Peter Pan, hein ? » Un vrai gamin, ce Bob. « Et si je ne doute pas d'être la seule personne suffisamment honnête dans les environs pour te dire tout net que tu ne ressembles pas à grand chose, il me semble que ça ne veut nécessairement dire que tout le monde cautionne l'horreur que tu as sur la tête. Tu sais ce qu'on dit, ils ne disent rien mais ils n'en pensent pas moins. » Mado était absolument sûre de ce qu'elle avançait, évidemment. De toute manière, face à lui, elle était censée avoir raison, et ce, en permanence. Pourquoi ? Mais parce qu'elle l'avait décidé, voyons. Quant à l'attaque ou au fait qu'il insinue qu'elle était rabat-joie, et bien, elle préférait simplement ne pas répondre. Peut être bien qu'elle l'était au fond. Disons qu'elle pouvait facilement être obsédée par un détail. « Faible-fort ... Faible-fort ... Gnagna ... Mais t'as quel âge, rappelle-moi ? » Et elle estimait l'imiter à la perfection, sachez-le. « Tu me sous-estimes, et ça te portera préjudice tôt ou tard. » Qu'il prenne cela au sérieux ou non, il ferait quand même bien de se renseigner : Mado avait toujours eu de la suite dans les idées. De plus, la morale et les scrupules n'étaient pas de très bons potes à elle. Le plus bête des deux, clairement, n'avait jamais fait la rencontre d'un lisseur hm. Bob se leva alors du lit et commença à s'habiller. Sans trop chercher à être discrète, Mado se permit de le mater un court instant. Parce qu'en soit, elle était bien la première à admettre que chez Bob, à part ses cheveux, tout était relativement agréable. « Et comment pourrais-tu, hein ? » La différence, évidemment qu'il ne la saisissait pas. Il ne fallait pas non plus lui en demander trop. « Toi et tous les frisés de la terre êtes mignons, hélas, un peu hors sujet. » Car non, encore une fois, aucun frisé ne lui avait brisé le cœur. Elle n'aimait pas tellement les frisés alors comment aurait-elle pu sortir avec l'un d'eux ? « T'en as encore des surnoms pourris dans le genre ? Et ne t'inquiète pas, c'est pas comme si j'avais besoin de ta permission, hein ... » Clairement, elle le provoquait à nouveau. Avec ou sans bonnet de bain, avec ou sans pistolet et attirail à la Mary Poppins, elle allait lui couper les cheveux. Avec les dents même, s'il fallait. Mais voilà que brusquement, Bob divagua. La mer ? Quoi ? C'était censé sortir d'où ça ? Et là, elle en vint à faire un lien : un mec bronzé, venant de L.A et visiblement en manque de mer ... Ouais, il était surfeur quoi. Bonjour le cliché ambulant. « Je ne pense pas, non. Ça va aller ? Tu vas être fort ? » En référence, bien sûr, à son puéril "faible-fort" de tout à l'heure.

Tu lèves les yeux aux ciels. Elle se croyait vraiment supérieure aux autres, c'était quelque chose d'évident. Et tu ne comprenais pas pourquoi elle se permettait d'être comme ça. Elle n'avait rien de spécial, après tout. Elle se retrouvait là dans ce jeu, comme tout les autres. Alors peut être que dans sa vie à perpette les oies, elle avait l'air plus intelligente, ou plus puissant; mais ici, c'est différent. Ici, vous êtes sur le même piédestal, elle a autant de chance que toi de partir d'ici, de gagner, ou qu'on découvre son secret. Voilà tout. Tu ne prends donc même pas la peine de répondre. « Je vois pas le rapport avec le Syndrome de Peter Pan. » réponds-tu tout simplement. Non, t'es pas un gamin. Bon, un peu, peut être. Même beaucoup, en fait. Mais c'était ta manière de te protéger du monde extérieur. « Ça, c'est ce que toi tu dis. La réalité, c'est juste que les gens sont tolérants et qu'ils me laissent vivre comme je l'entends, tu vois. Qu'ils aiment mes cheveux ou non, mon esthétique capillaire ne regarde personne.» Puis finalement, elle tente de t'imiter. Et tu ne peux pas t'empêcher de rire face à ça. « Je ne sais pas quel est ton métier dans la vrai vie mais... j'espère que tu n'es pas actrice. Parce que franchement, cette prestation était à chier.» Tu lui fais un sourire désolé, comme si tu venais de briser tout ses rêves avec cette révélation. « J'ai vingt-quatre ans mademoiselle, je les fais pas, je sais. » te ventes-tu. Puis face à ses propos, tu lèves à nouveau les yeux aux ciels. C'était elle qui le sous-estimait, oui. Et pas l'inverse. Elle te demande ensuite comment tu pourrais comprendre la différence entre détester et mépriser. « Oui, c'est vrai je ne pourrai pas comprendre, je suis beaucoup trop con pour ça. » C'était ce qu'elle voulait entendre, non ? Et bien voilà, madame était servie. « Je sais que tu mens... Je le sens. » Ouais, et t'as toujours eu une intuition de merde donc bon. Tant pis, tu dis tout simplement ce que tu penses. Comme d'habitude. « Oui, j'en ai encore pleeeeeins, ne t'inquiète pas pour ça. Tu vas être servie. » T'es quelqu'un qui a toujours eu une imagination débordante. Alors des surnoms, tu ne séchera jamais pour en trouver. Et puis, tu t'es promis de ne jamais l'appeler Mado. Et toi, tu tiens toujours tes promesses. Toujours. « Oui, t'as besoin de ma permission. J'ai minimum 10kg de muscle de plus que toi, alors je te conseille pas de me chercher. » Une menace, Bob ? Non, juste une petite alerte. Oui, tu ne frappes pas les femmes. Mais rien ne t'empêches de la mettre à terre. Puis tu te mets finalement en tailleur devant ta valise, et tu commences à sortir tes affaires déjà roulées en boule. Ouais, t'avais trop la flemme de tout ranger correctement. T'es bordélique, à l'image de tes cheveux. Voilà de quoi faire plaisir à Mado, tiens. Tu poses tout tes médicaments au sol, tu mets tes t-shirt d'un côté, tes pantalons de l'autre. T'as pas emmené de pulls, ni de manteaux. Tout simplement parce que t'en as pas, et que t'en as jamais eu. Oui, tu vas bien te les cailler ici. On va bien voir si tu pourras survivre. Et tu éclates de rire aux dires de Madeleine, la petite Madeleine. « Ça me brise le coeur, mais je pense pouvoir survivre. Je vais essayer... » C'est vrai que tu ne sais pas trop quoi faire sans la mer. C'est un peu toute ta vie. Puis finalement, tu brandis ton maillot de bain en l'air, tout fier. « Au pire, j'ai la piscine ! » T'as un énorme sourire. De toute façon, tant que t'es dans l'eau, toi t'es heureux. En fait, tu te rends compte que ton problème, c'est que t'es trop expressif. Et ça te porte toujours préjudice dans la vie.