Mercredi matin. Il était finalement l'heure que je tente de mettre une machine en route. Par machine je pensais bien évidemment au lave-linge. Mes vêtements s'entassaient dans le dressing et il était temps que j'y remédie, d'autant que je n'étais pas de ceux qui aimaient le désordre. Alors, après m'être paré d'un panier à linge sale, j'avais trié mes vêtements, ainsi qu'une partie de ceux de Marthe – si ça pouvait lui rendre service – et étais parti rejoindre le cellier les bras chargés. C'est fou le nombre de pantalons, gilets et de paires de chaussettes que l'on pouvait bien porter en un peu plus d'une semaine, et aussi le nombre de pantalons, gilets et paires de chaussettes qui pouvaient bien nous manquer quand on oubliait de faire une lessive de temps à autre. En même temps, au risque de passer pour un incapable, c'était encore ma mère qui s'occupait d'entretenir mon linge, alors quand j'étais chez moi dans la vie extérieure, je n'avais jamais aucun soucis à me faire au sujet de ce qu'il me restait à mettre. Soit. Dans le cellier, je n'eus bien évidemment pas de mal à trouver les machines. Seulement, avant de me lancer dans une mission tordue, je décidais de jeter un coup d'oeil au fonctionnement de l'appareil. Sans grand étonnement, je ne comprenais rien à toutes ces valeurs en degrés et à ces modes fragiles ou basses températures. Alors je grommelais avant que mon attention ne soit portée vers les étagères de la pièce. Panier en mains, je décidais d'aller fouiner un peu, histoire de voir. On trouvait finalement de tout dans ce dit cellier. Allez savoir ce à quoi la production pensait en nous laissant sous la main des bouteilles de sable de couleurs différentes. C'était même plutôt dangereux dans le fond. Sait-on jamais ce qu'un candidat été capable de faire avec ça. Bref ! Au moins où j'eus la bonne idée de revenir sur mes pas pour faire ma machine, je fis tomber un sachet de riz dont tout les grains se retrouvèrent éparpillés sur le sol accompagnés de mon linge. J'avais les bras en l'air et je voyais le carnage que je venais de provoquer en quelques minutes, un carnage...

J'cherchais désespérément après une barre de chocolat. J'étais cruellement en manque de ma dose quotidienne et semblerait que les candidats avaient malheureusement eu l'idée de tout engloutir. J'étais à deux doigts de commencer à trembloter tant le manque était profond. Bon, j'exagère sans doute un peu. Beaucoup. Mais j'ai faim. Mon dernier espoir se porte donc sur le cellier, parce qu'il parait que la production y laisse plein de truc. J'suis bien décidé à mettre la main sur mon précieux. J'fais donc une entrée fracassante -ou pas- dans le cellier et tombe nez à nez avec un candidat qui a les bras levés en l'air. Qu'est-ce qu'il fout lui ? Baisse les bras, c'est pas comme ça qu'on évacue les mauvaises odeurs mec ! Baisse tes bras. J'dis rien pourtant. Mon regard se pose sur le sol et j'vois soudainement le désastre ; du riz et des vêtements. Mais c'est pas comme ça que ça marche une lessive, il est bizarre lui. J'suis perplexe face à son cas, j'sais pas ce qu'on va bien pouvoir faire de ce bonhomme. Semblerait qu'il ai besoin d'une femme pour l'aider à faire son ménage. Tout le monde sait que c'est un travail de femme ça. J'marche donc en essayant d'éviter de tout écraser et je fixe les étagères. Chocolat, chocolat. Bam ! Je l'ai ! Je l'attrape, le déballe et me pose sur la machine à laver. Je m'y mets assis et décide enfin d'ouvrir la bouche mais pas pour parler dans une premier temps, juste pour prendre une bouchée. Comme je suis poli, j'avale avant de parler cette fois. « tu fous quoi ?» parce que t'es vraiment bizarre toi. J'pourrais lui dire, mais c'est bien connu ... Je parle peu. Je garde beaucoup de choses pour moi. Une nouvelle bouchée de chocolat que je m'empresse d'avaler. Une régale ce truc, une vraie drogue. C'est pire encore que les cigarettes pour moi. « tu devrais appeler quelqu'un pour t'aider. » Mais pas moi. Parce que je sais pas me débrouiller avec mes dix doigts.

J'ai l'impression que je n'aurais jamais du mettre les pieds dans le cellier. Que j'étais passé là comme une tornade. Et que maintenant j'avais foutu un bordel impossible. Le comble dans tout ça fut lorsque la porte s'ouvrit et qu'un candidat me vit les bras en l'air à prier pour qu'une solution de rangement me vienne à l'esprit. J'allais devoir ramasser les vêtements en premier, et les secouer aussi pour qu'aucun grain de riz ne reste coincé dedans. Mes idées ne sont plus vraiment très claires, je suis totalement embrouillé par le venu du jeune homme et par ce que j'ai fait. D'ailleurs, je le regarde qui s'active, attrape un truc et s'assied sur la machine à laver en me regardant, statique. « Tu fous quoi ? » Ceci est une question bien intéressante, je trouve. « Je suis en pleine cérémonie religieuse Syrienne, ça se voit pas ? » Amen. Sérieusement. « Tu devrais appeler quelqu'un pour t'aider. » Je rigole à sa réplique. Franchement, j'ai l'air si idiot que ça ? Je suis peut-être pas un génie, mais y a quand même des limites. Enfin, je crois. « Oh, vraiment ? » J'y ai pensé, mais pas moyen que je fasse le tour du nid pour savoir où est perchée Liz. Liz, qui serait approximativement la seule à m'aider. Quoique Alecia aussi, elle le ferait sans doute. « Mais tu m'aides déjà beaucoup toi, en étant assis sur la machine à laver, donc je ne vois pas de qui d'autre je pourrais avoir besoin. » Je lâche le peu de fringues que j'ai toujours en mains, et vais chercher un balai. À moins qu'un aspirateur ne soit pas loin. Et bref, je me penche déjà pour récupérer le linge et le secouer. Fort passionnante, cette activité.

excuse-moi d'avoir mis tant de temps à répondre