Il y a un jour de l’année pendant lequel j’aurais aimé dormir sans me réveiller avant le lendemain, le 14 février ou plus particulièrement le jour béni de la Saint Valentin. Pour certains cette journée était l’occasion de faire un cadeau plus coûteux que d’habitude à son compagnon, de faire l’amour comme des lapins pour d’autres. Ouais mais une question, qu’est-ce qu’on fait lorsqu’on n’a pas eu le moindre copain, échangé le moindre baiser depuis douze ans ? On ne fait rien, exactement ! On ne peut pas dire que le principe en lui-même me rendait aigrie, non, je n’avais juste pas besoin d’un jour pour me rappeler oh combien j’étais seule. Je n’avais jamais trouvé un garçon pour me faire oublier à quel point ils pouvaient être stupides, la stupidité touchait particulièrement mon ex, celui qui m’avait fait tomber enceinte pour m’abandonner ensuite mais je n’avais pas le sens du cas particulier, je généralisais un peu trop. Malgré ça je m’étais ouverte depuis le début du jeu, il suffisait de voir combien de baisers j’avais pu échanger sur le prime de dimanche pour faire remporter des points à mon équipe, c’était tout simplement hallucinant. Vaquant à mes activités en prétextant que rien ne changeait pas rapport aux autres jours je cherchais mon iPod, j’avais tendance à le paumer partout étant bien plus accrochée à mon portable sur lequel j’écoutais ma musique en temps normal, ouais mais dans cette aventure nous n’avions pas droit aux téléphones, j’avais donc entièrement improvisé. C’est finalement aux oreilles d’Israel que je le retrouvais, souriant amusée je venais me mettre devant lui le montrant du doigt avec un air faussement indigné et accusateur. « Imposteur. »

Je n’étais pas une grande diva de la musique, j’écoutais de tout et avait, je dois l’avouer une petite préférence pour les balades tristes, pleines de mélancolie mais également les sons électroniques qui donnent envie de se lever pour réaliser une danse des plus risibles. J’étais totalement cinglée et danser devant des gens ne m’avait jamais fait peur. Au contraire, je me souvenais d’une journée très calme avec ma camarade ambulancière et tous les pompiers de la caserne dans laquelle nous étions en permanence lorsque nous étions en service. Une musique rock était passée à la radio, je m’étais levée en me dandinant et au final nous avions tous fini par nous éclater… Jusqu’à ce qu’un appel d’urgence ne vienne tout gâcher certes mais c’est pour vous dire si je me moquais qu’on me prenne comme cible lorsqu’il y avait des choses sur lesquelles se moquer. Passons, dans le salon je repérais le beau Israel, le premier garçon qui pouvait être susceptible de ne pas me laisser indifférente depuis bien longtemps. Je souriais amusée le montrant du doigt alors qu’il retirait mes écouteurs, il ne m’avait pas écouté le vilain. « Excuse-moi j'ai pas entendu... Qu'est-ce que tu me racontais ? » Une moue boudeuse prenait superficiellement la place à mon sourire, je m’installais à côté de lui me laissant tomber sur le canapé. « Je disais que tu étais un imposteur, tu mériterais d’être flagellé de mes propres mains pour avoir osé t’aventurer dans mon iPod. On ne sait jamais, j’aurais pu y cacher des choses coquines ou je ne sais quoi d’autre après tout. » Je gloussais, promis je n’avais pas enregistré de sextape. Douze ans en arrière ce n’était pas vraiment à la mode qui plus est.