everleigh

Je suis sur la terrasse, malgré la tempête de neige. Je sais pas trop ce que je fais ici. Venu prendre de l’air. Enfin ça, et fumer un paquet de cigarette en entier, mais bon, où est la différence. La bonne chose, c’est d’être dehors. De profiter de cette neige. Moi ça ne me dérange pas vraiment. J’ai un bonnet enfoncé sur la tête, et un énorme foulard autour du cou pour affronter le froid. Je suis pensive lorsque je vois une personne passer dans mon champs de vision, au loin. Elle n’est peut-être pas très près, mais je n’ai aucun mal à distinguer Everleigh. Comment pourrais-je de toute façon. Je me demande où elle peut bien aller. Et c’est dans une impulsion soudaine que je décide de la suivre. De loin évidemment, je veux juste voir où elle va, rien de méchant. Parce que je crois que depuis deux semaines, nous faisons des progrès. Enfin, elle je sais qu’elle serait prête à presque n’importe quoi pour qu’on s’entende bien. Moi, je suis encore réticente. Qui pourrait me le reprocher ? Personne. J’ai juste besoin de temps. Mais la chose que je croyais impossible ne me semble plus si impossible que cela finalement. C’est peut-être la preuve que je ne suis pas un cas perdue finalement. Je n’y crois pas trop mais bon, on sait jamais. Alors voilà que je la suis, me rendant compte qu’elle va vers la patinoire. Et je crois que j’ai envie de la rejoindre. Oui, à ne rien comprendre. Je pousse la lourde porte après elle, posant mes yeux directement sur elle, puisqu’elle n’a pas encore eu le temps de rejoindre la glace. Je souris timidement, mais tout de même avec une certaine assurance. Sinon, je vais juste avoir l’air idiote, et je ne veux pas lui laisser penser que je suis gênée par sa présence et tout. « Hm... Je t’ai suivi... » Pas le meilleur moyen d’avoir l’air normal. J’ai plutôt l’air d’une folle qui la traque peu importe où elle va. « Enfin... J’étais dehors et je t’ai vu passé. » Je me sens obligée de m’expliquer ce qui est encore plus ridicule. « Bref, je peux me joindre à toi ? » Ça c’était claire, et c’était pour ça que j’étais venue, je ne vois pas pourquoi je me gênerais. Je m’avance vers elle et lui souris un peu plus franchement, quelque flocons de neige fondant sur le bout de mon nez, me penchant pour retirer mes bottes et me chercher des patins. Ça pourrait être agréable. Je crois que si on se force, on pourrait passer une beau moment ensemble. J’espère.

J'en ai assez de rester enfermé, j'ai l'impression de tourner comme un lion en cage. Il fait très froid, trop froid, il neige sans arrêt depuis lundi, c'est l'horreur. Mais peu importe, je prends mon courage à deux mains et décide d'arpenter le froid. Mais attention, avant cela, je m'équipe. J'enfile un bonnet blanc, tout mignon et une écharpe de laine de la même couleur. Doudounes sur le dos, gants aux mains et me voilà prête à affronter la neige. J'en ai vu d'autre, j'ai vécu plusieurs mois à Stockholm en plein hiver alors une tempête de neige artificielle ça ne devrait pas me faire beaucoup de mal. D'abord, je reste un moment sur la terrasse pour fumer un peu, je suis abrité par le chalet, alors je décide d'avancer un peu plus profondément dans le jardin ma cigarette à la bouche. Je ne sais pas vraiment ce que je pourrais faire. Le ski pourrait être tenant mais je n'ai pas envie de me casser une jambe, ou les deux alors je reconsidère la question. Il fait froid, il est saisissait et pique. Je ferais mieux de me mettre à l'abris. Je ne suis pas très loin de la patinoire alors je m'y dirige. D'ailleurs c'est étrange j'ai l'impression de ne plus être seule par ailleurs, ce qui est bizarre puisqu'il n'y a pas vraiment de bruit. Je ne me retourne pas, ce n'est pas dramatique. J'entre dans le bâtiment et me débarrasse de la neige que j'ai amassé sur mes vêtements. Je suis encore dans l'entrée lorsque la porte s'ouvre, je me retourne et y découvre Harlow, elle me sourit, je lui souris. Elle m'annonce de but en blanc qu'elle m'a suivit. Bon au moins, je j'ai pas rêvé. « Enfin... J’étais dehors et je t’ai vu passé. » Elle se justifie. « Y'a pas de problèmes, ça ne me dérange pas... » Bah non elle ne me dérange jamais. « Bref, je peux me joindre à toi ? » Je suis un peu étonnée, mais ne le montre pas, par contre, je souris un peu plus preuve que je suis vraiment contente de sa question. « Oui, bien sûr. » Je me voyais mal dire non, pas que j'en ai envie mais elle fait l'effort d'être venue, elle veut patiner avec moi. Je retire ma veste un peu trop encombrante et replace mon écharpe correctement. J'enfile les patins à ma taille et m'avance vers la glace. « Tu veux mes gants ? » Elle n'en a pas et je n'ai pas si froid donc je les lui propose volontiers. Je lui fais face alors du coup je pars en arrière et m'élance. C'est tellement facile de patiner, tellement agréable. « Tu patines souvent ? » Je m'intéresse pour connaître son niveau, je ne sais même pas si elle sait faire, je ne l'ai jamais vu. Sans doute, elle est habile de ses jambes, mais sait-on jamais.

Je ne la dérange pas, c’est déjà une bonne chose non ? Enfin, ça ne m’étonne pas vraiment quand j’y pense un peu plus. Elle ne doit vouloir que ça, passer du temps avec moi. Et ça fonctionnait plutôt bien depuis deux semaines, pour ma grande surprise. C’était finalement une bonne chose de lui laisser sa chance, un jour à la fois, puisque je me rend compte qu’elle est loin d’être un monstre. Je me rend aussi compte que nous avons énormément de choses en commun, malgré l’absence de fréquentation que nous avons vécue. À quelque part, ça a quelque chose de rassurant, mais aussi d’apeurant. Bref, elle accepte bien que je passe un moment avec elle sur cette patinoire et je suis plutôt contente. Elle sourit tellement que s’en est un peu contagieux. Mon sourire s’agrandit donc en même temps que le sien alors que j’enfile des patins à mon tour, prête à me lancer sur la glace. Enfin, façon de parler. « Tu veux mes gants ? » Je relève les yeux vers elle, une simple question et si gentiment demandé vient à me déstabiliser. Autant je suis de marbre devant les choses les plus folles, autant les petites attentions comme celles-ci me rendent terriblement mal à l’aise. C’est con. « Je... hm... Oui, merci. » Je récupère ses gants, me disant que j’aurais du moi-même penser à m’en apporter. « Tu me le diras si t’as froid par contre... Pour les récupérer. » Je ne veux pas qu’elle gèle alors que s’est moi qui a été insouciante pour le coup. Je la regarde embarquer sur la patinoire avec agilité et je comprend bien que ce n’est pas la première fois qu’elle patine. Ça ne m’étonne pas, j’ai l’impression qu’elle sait tout faire. « Tu patines souvent ? » C’est au moment qu’elle me pose la question que j’embarque avec précaution sur la glace, donnant un premier de patin puis un deuxième en avançant vers elle, juste pour m’assurer que je suis en stabilité. « Je ne dirais pas souvent, mais je me débrouille quand même bien. Je ne trouve pas que c’est difficile. Comme je disais à Diana, tout est une question d’équilibre. » Ouais, enfin ça et un peu de technique tout de même. Je pars à l’opposer plutôt rapidement, faisant un tour de la patinoire pour me dégourdir les jambes avant de revenir vers Everleigh. « Tu sais, Cameron... Il n’est pas autant un connard que tu le crois... » Houla, qu’est-ce qui me prend de parler de Cameron avec elle soudainement. Pourtant je ne me suis pas cogné la tête ou quoi que se soit. Et je sens que ça peut être un sujet dangereux pour nous deux. Mais bon, voilà, je crois qu’on devrait en parler. On a couché avec lui toutes les deux... Ce n’est pas une situation habituelle disons... « Je veux dire, je sais que tu ne le portes pas dans ton coeur, comme tout le monde. Mais avec moi, il est plutôt gentil... » Il devient même peut-être un peu trop gentil. Mais ça c’est un autre sujet.

J'agis naturellement avec Harlow, c'est bien facile que je ne le pensais. Bien plus facile. L'instinct maternelle sans doute. J'ai un peu de mal à croire à ses conneries mais bon. Finalement, je me dis qu'il y a peut être une issue à tout ces problèmes. Peut être que les choses vont finir par s'arranger et même si elle ne me pardonne pas pour le moment au moins, j'ai l'impression qu'elle me laisse peu à peu rentrer dans sa vie. Mais d'un côté je sais qu'à la moindre occasion tout ce qu'on a construit risque de se fissurer, c'est pas stable encore tout ça. Rien ne l'est. Les fondations ne sont même pas encore totalement construite, il faut faire preuve d'un peu de patience encore. En attendant je profite simplement de tous les instants qu'on peut partager ensemble. Ce moment sur la glace. Je lui propose mes gants le plus naturellement du monde. Elle semble troublée elle par contre. « Je... hm... Oui, merci. » Je les lui tends dans un sourire. « Tu me le diras si t’as froid par contre... Pour les récupérer. » Nouveau sourire. Je m'élance sur la glace avec assurance. « Oui, oui ne t'inquiète pas. » Je ne suis pas sûr de le lui dire mais bon ça ce n'est qu'un léger détail. Ensuite pour lancer la conversation je lui demande si elle patine souvent, elle a l'air bien moins à l'aise lorsqu'elle pose ses pieds sur la glace. « Je ne dirais pas souvent, mais je me débrouille quand même bien. Je ne trouve pas que c’est difficile. Comme je disais à Diana, tout est une question d’équilibre. » Oui je suis d'accord avec elle. Elle s'élance, je reste au milieu et l'observe. « Oui exactement, c'est un peu comme la danse en fait, je trouve, sur des patins, il suffit de se laisser aller... » C'est toujours de cette manière que j'ai appréhendé la glace. Parce que j'ai toujours aimer patiner, ça m'arrivait souvent avant. Elle revient vers moi. « Tu sais, Cameron... Il n’est pas autant un connard que tu le crois... » Pourquoi vient-elle soudainement de me parler de Cameron, lorsqu'il est question de lui en général, je vois rouge. C'est plus fort que moi je n'arrive pas à me sortir cette image de ma tête, lui et Harlow. Ca me donne des frissons. « Je veux dire, je sais que tu ne le portes pas dans ton coeur, comme tout le monde. Mais avec moi, il est plutôt gentil... » Je baisse les yeux, et soupire. Bon, je ne vais pas pouvoir rester muette encore longtemps. Et il faut bien me rendre à l'évidence. « Oui je sais... J'ai vu. C'est vrai que j'ai longtemps cru qu'il abusait de toi mais il faut reconnaître qu'il est plutôt ... attentionné. » Un peu trop à mon goût et je ne sais pas jusqu'où je suis autorisé à aller sur ce sujet. Mais une question me hante depuis un moment. « Mais qu'est-ce que tu lui trouves au juste ? Enfin en dehors du fait qu'il est plutôt beau gosse. Qu'est ce qui t'attire ? Il est super vieux.... » Je me mords la lèvres sans quitter son regard. En fait ce n'est pas tant la différence d'âge qui m'embête, mais je ne comprends pas ce qu'elle peut trouver à un type plus vieux que nous. Nous, son père et moi. C'est assez abstrait dans ma tête.

Nos échanges semblent plus naturels. Enfin, je me sens de plus en plus à l’aise à ses côtés, ce qui j’imagine est une bonne chose. Y’a le truc des gants qui me déstabilise pour absolument rien, seulement parce qu’aussitôt que quelqu’un est gentil avec moi, j’ai l’impression de ne pas être à ma place, ce qui est vraiment idiot lorsque j’y réfléchis. Et ce n’est que des gants, faut que j’arrête. J’embarque finalement sur la glace et retrouve mon aisance dès le premier coup de patin. « Oui exactement, c'est un peu comme la danse en fait, je trouve, sur des patins, il suffit de se laisser aller... » J’hoche la tête puisque moi aussi je fais le rapprochement avec la danse. « Oui c’est ça ! » Je m’approche à nouveau d’elle après m’être dégourdie les jambes. Je lui lance ma pensé sur Cameron et je regrette un peu de l’avoir fait. J’ai peur d’avoir gâché le moment. Je sais très bien qu’Everleigh ne l’apprécie pas, et dans un certain sens, pas totalement mais légèrement, je peux la comprendre. Ou plutôt essayer de la comprendre. Mais d’un autre côté, Cameron est différent avec moi, il agit pas de la même façon je crois. Et si jusqu’ici je n’avais pas vu l’importance de le défendre, je commence à trouver qu’on le traite injustement. « Oui je sais... J'ai vu. C'est vrai que j'ai longtemps cru qu'il abusait de toi mais il faut reconnaître qu'il est plutôt ... attentionné. » Je ne vois pas trop comment il pourrait abuser de moi. Je suis consentante, je sais ce que je fais avec lui. Enfin, je crois que je sais ce que je fais avec lui. Parce qu’en ce moment, j’ai cette impression que notre relation change, et je ne suis pas certaine d’apprécier. « Oui... Très attentionné dernièrement... » Je soupire, puisque toute cette situation est loin de me rendre super à l’aise. Je m’arrête finalement de bouger, restant en face d’Everleigh alors qu’elle me pose une question qui me semble légitime. Je ne me la suis jamais posé, aussi étrange que cela peut paraître. « Mais qu'est-ce que tu lui trouves au juste ? Enfin en dehors du fait qu'il est plutôt beau gosse. Qu'est ce qui t'attire ? Il est super vieux.... » J’hausse les épaules, parce que c’est encore plus difficile de répondre à cette question que je ne l’aurait cru. Et je pourrais avoir envie de l’envoyer promener, de lui dire des insultes, mais je ne vois pas pourquoi je le ferais. C’est vrai qu’il est vieux, plus que mes propres parents. Mais c’était comme si je ne voulais pas voir la différence d’âge, alors que c’est plutôt impossible à ignorer. « Honnêtement... Au début ce n’était que physique. Il n’avait rien de très particulier. On était sur la même longueur d’onde. » On avait eu envie de baiser, on l’avait fait, fin de l’histoire. Mais disons que depuis la semaine dernière, les choses semblent avoir évoluées. « Mais maintenant... Je sais pas. Lundi matin je me suis réveillée à ses côtés... Et je me sentais bien. Dans le genre, vraiment bien. Ça m’arrive rarement ce genre de truc. Je suis plutôt moi-même, lorsque je suis avec lui... » J’imagine que c’est pas assez. Je ne donne pas des raisons suffisantes pour elle. Et c’est extrêmement étrange de parler de ça avec elle. J’aurais peut-être du me la fermer. Ce n’est pas le meilleur sujet de conversation. Pourtant je continue. « Mais je crois que j’ai peur... Avec sa façon d’agir... Il me fait un peu peur. » Je m’énerve à y penser. Ça m’angoisse, ce qui au fond, n’est que très normal. Je la regarde, attendant surement qu’elle me fasse la morale.

J'ai immédiatement fait le rapprochement entre le patin à glace et la danse, c'est dû à la légèreté, la facilité de mouvement sûrement. J'en sais rien, je fais la remarque à Harlow qui semble visiblement d'accord avec moi. Et il n'y a qu'à la voir patiner pour se rendre compte qu'elle fait ça avec une telle aisance que s'en est presque déroutant. Cette petite est née gracieuse. Elle reste immobile, je n'ai pas beaucoup bougé moi mais ce n'est pas très grave, je préfère autant parler avec elle que faire du patin dans mon coin. Elle me parle de Cameron, ce sujet rentre un peu comme un cheveux sur la soupe dans la conversation. Je sais qu'on a tendance à être un peu novice en matière de conversation et je me dis qu'elle doit sans doute éprouver un besoin d'en parler si elle le fait. Elle le défend, je la comprends. Je crois qu'elle l'apprécie, qu'il ne s'agit pas seulement que du sexe pure et dur. Je ne sais pas si ça me rassure ou si ça a tendance à me faire peur. Mais je garde cette crainte pour moi. Je la sens un peu septique lorsque je lui dis qu'il est attentionné, comme si cette façon d'être la dérangeait, et du coup j'ai envie de le lui demander. « Est-ce que ça te pose problème ?»C'est Harlow, c'est vrai qu'elle a du mal avec les marques d'affections, gentillesse, j'en ai eu la preuve avec mes gants que je lui ai proposé. Je lui pose une question qui me brûle les lèvres depuis un certain temps, depuis le début ou presque, j'ai longtemps cru à un complexe d'Oedipe tardif mais c'est bien au delà de ça. Qu'il puisse me plaire à moi ça pourrait se comprendre, on est de la même génération, on a un vécu commun mais avec Harlow c'est différent alors je me renseigne, elle pourrait m'envoyer sur les roses sauf qu'elle me répond avec toute l'honnêteté, qu'elle dispose. « Honnêtement... Au début ce n’était que physique. Il n’avait rien de très particulier. On était sur la même longueur d’onde. » C'est vraiment ce que je pensais et j'ai longtemps pensé que ça s'arrêtait là. Mais en général lorsqu'on parle d'un début, il a évidemment une suite qui ne tarde pas à arriver. « Mais maintenant... Je sais pas. Lundi matin je me suis réveillée à ses côtés... Et je me sentais bien. Dans le genre, vraiment bien. Ça m’arrive rarement ce genre de truc. Je suis plutôt moi-même, lorsque je suis avec lui... » Outch, là par contre c'est loin d'être rassurant parce que ce rapprochement. Mon dieu, j'espère que je me trompe. « Mais je crois que j’ai peur... Avec sa façon d’agir... Il me fait un peu peur. » La encore, je ne sais pas si je suis censé m'inquiéter ou alors être soulagé. Elle a peur, ça peut être une bonne chose, comme une mauvaise chose en fait, ça dépend de quel côté on se penche. « Qu'est-ce qui te fait peur ? » Je suis super calme et détendue. Je pense qu'elle allait s'attendre à ce que je m'énerve mais non. Je n'ai pas envie de lui faire la leçon. « Tu devrais peut être lui en parler. Mais d'un côté si tu te sens bien avec lui... » Je soupire parce que j'ai un peu de mal à me dire que je suis entrain de lui parler de ça, de Cameron, de toute façon. « On ne vit qu'une fois. » Je m'approche et replace une mèche de ses cheveux correctement, dans un geste tendre et maternel. Je lui souris. C'est bizarre de parler de ce ses sentiments quand il s'agit d'un homme. Vraiment bizarre mais ça va.

Je me demande un peu ce qui m’a traversé l’esprit lorsque j’ai décidé de parler de Cameron avec Everleigh. Mais d’un autre côté, je ne vois pas à qui d’autre je pourrais en parler. Ce n’est pas comme si j’avais des amis à la tonne ici. Enfin, ce n’est que le reflet de ma réalité en quelque sorte. Mais ce n’est pas le sujet, puisqu’on parle de Cameron et de sa façon d’être attentionné avec moi. Et avec évidence, je ne semble pas du tout satisfaite de cette attention. C’est tellement plus compliqué que ça. Pourquoi est-ce que tout est compliqué dans la vie ? J’aimerais bien le savoir. Et Everleigh semble intriguée face à ma réponse. « Est-ce que ça te pose problème ?» Je soupire, puisqu’il est évident que ça me pose problème. N’importe quelle fille serait totalement charmée d’une telle attitude et autant d’attention. Mais je n’y peux rien si je suis différente. « Oui... En quelque sorte, ça pose un problème... Je crois que je préférais lorsqu’il ne me voyait que comme une fille bonne à baiser, point. Comme ça, ça serait moins difficile de le repousser. » Je me mord la lèvre, puisque je me rend compte que je suis extrêmement crue et qu’elle n’est pas une simple copine à qui je peux confier mes états d’âme. Elle est ma... Enfin, c’est Everleigh. Et elle ne doit surement pas aimer ce que je viens de lui dire. Mais je suis cruellement franche. C’est exactement ce que je pense de la situation. Je baisse les yeux légèrement honteuse bien que je ne vais pas m’excuser pour mes paroles un peu trop franche. De toute façon, on parle de ce qui m’attire chez Cameron et plus je m’écoute parler, plus je me rend compte à quel point je suis attachée à lui. À quel point le fait que je désir le repousser est en contradiction avec tout ce que je viens de dire. Le souvenir de lundi matin, dans ses bras, à peine réveiller vient me hanter, et me montre en plein visage à quel point il réussit à me faire sentir bien, comme je le décris à Everleigh. Et y’a le côté de ça, parce que c’est bien beau, mais je ne suis pas à l’aise avec cette façon différente d’être avec lui. Si sur le moment, je me sens bien, là maintenant, je suis envahie d’une peur intenable . « Tout ça. Toute cette relation me fait peur. Comme n’importe quelle relation en fait. J’ai brisé le lien que j’avais à Emilien seulement parce qu’il est trop gentil. Tu trouves ça normal ? » Non, y’a absolument rien de normal dans tout ça. Et ça me tue, parce que j’ai vraiment l’impression d’avoir perdu Emilien alors qu’il me faisait sentir si bien lui aussi. « Il est évident que ce n’est qu’une question de temps avant que je ne fasse la même chose avec Cameron. Et tout le monde sera content j’imagine. » Elle la première, ça c’est sur. Et mon père aussi. Puisque je pourrais mettre ma main dans le feu que mon père n’apprécie rien de tout ça. « Tu devrais peut être lui en parler. Mais d'un côté si tu te sens bien avec lui... » Si elle soupire, j’en fais de même de mon côté. Je lui en ai un peu parlé... Mais je n’arriverai surement pas à le lui dire de cette façon. Si j’ai à parler de tout ça, se sera pour lui dire de ne plus s’approcher de moi. Et je redoute un peu de ce que je suis moi-même capable de faire dans ce genre de situation. « On ne vit qu'une fois. » Oui, alors autant faire le plus de conneries possible, c’est ça ? Je la regarde, la laissant me replacer une mèche de cheveux, ce qui m’attendrie plus que je ne le voudrais. Parce que je me rend compte que j’aime aussi passé du temps avec elle. De plus en plus. Et ça aussi ça me fait peur. Pourtant, voilà que je m’avance avec stabilité sur mes patins, passant mes bras délicatement autour d’elle m’approchant pour venir déposer ma tête contre son épaule. C’est une nouvelle impulsion, mais une impulsion tendre. Je veux qu’elle me prenne dans ses bras. Et je veux savoir qu’elle est la pour moi. C’est complètement fou. Je ne me comprend plus.

Honnêtement même si Cameron n'est pas mon sujet de conversation favoris, je dois bien admettre que je suis plutôt touchée que Harlow décide de parler de leur relation avec moi parce que c'est le signe qu'elle me fait suffisamment confiance pour m'en parler. Je ne la connais pas vraiment mais je sais que ce n'est pas le genre de personne à se livrer à une parfaite inconnue, je ne suis plus vraiment une inconnue, et je commence à croire qu'elle me laisse peu à peu me faire une place dans sa vie. Je suis toujours tenté de me demander pour combien de temps parce que j'ai toujours cette sensation que ça ne va pas durer, qu'une chose va déraper, et qu'elle se mettre à me hurler dessus à nouveau. En attendant, je l'écoute attentivement, j'essaye de faire de mon mieux pour lui prodiguer des conseils, et puis c'est une bonne façon d'essayer de la comprendre aussi. On en est arrivé au fait que l'attention que Cameron lui porte peut lui poser problèmes. « Oui... En quelque sorte, ça pose un problème... Je crois que je préférais lorsqu’il ne me voyait que comme une fille bonne à baiser, point. Comme ça, ça serait moins difficile de le repousser. » Hum, bon ça c'était dit. J'ai un peu de mal avec ça encore, même si finalement, ça m'est moins horrible que les premières fois parce que c'est toujours une expérience relativement traumatisante. Encore que je préfère l'entendre que le voir, même si l'évocation a toujours tendance à me remémorer les images justement. Elle a l'air un peu honteuse après donc je fais comme si de rien était. Ouais c'est pas si grave ça. « Tes inquiétudes, elles sont partagées ? Tu penses que pour lui c'est pareil ? » J'ai bien vu sa façon de se comporter au prime dernier, la façon qu'il avait de la regarder, cette façon dont il la touchait, et puis il l'a quand même embrassé en plein prime, je n'ai pas pu le louper. J'en viens à lui demander ce qui l'attire chez lui, et elle me dit qu'elle se sent bien à ses côtés, et c'est particulièrement complexe puisque ça tranche avec le fait qu'elle doive le repousser comme elle le dit. Je l'interroge plus particulièrement sur ses inquiétudes. « Tout ça. Toute cette relation me fait peur. Comme n’importe quelle relation en fait. J’ai brisé le lien que j’avais à Emilien seulement parce qu’il est trop gentil. Tu trouves ça normal ? » Mon coeur manque un battement, parce que ce qu'elle me décrit, je m'y attendais, je me sens mal soudainement. Elle a un problème relationnel, ça ne m'étonne pas. « Je ne suis pas psy Harlow, mais je suis persuadée que tout ça, c'est de ma faute. Je crois que j'ai pourri ta vision des relations. T'as peur que ces personnes t'abandonnent à leur tour si tu t'attaches ? » Parce que ce n'est pas le cas, ils ne sont pas tous aussi lâche que j'ai pu l'être et ce schéma, cette configuration ne va pas se reproduire encore et encore. « Il est évident que ce n’est qu’une question de temps avant que je ne fasse la même chose avec Cameron. Et tout le monde sera content j’imagine. » Oui, je pense que dans l'instant, je serais contente parce que dans ma tête, Cameron n'est pas un homme pour elle sauf qu'en réalité, je ne veux que son bonheur. « Penses un peu à toi avant de penser aux autres, parce que tout ce importe c'est que tu sois heureuse. Peu importe la personne avec qui tu peux l'être. » Cameron, ou n'importe quel autre idiot qu'elle aura choisi parce que ça n'est pas important, le regard des autres, ce qu'ils pensent de sa relation, c'est pas vraiment important. Mais ce qu'elle ressent, ça c'est important. Et c'est dans ce sens là que je lui disais qu'on ne vit qu'une fois. Elle ne répond rien qu'un soupire, en échos au mien. Je dégage une mèche de cheveux de devant son visage et ensuite elle s'approche de moi. Elle m'enlace et dépose sa tête sur mon épaule. Je reste immobiles plusieurs seconde puisqu'il me faut un peu de temps pour réaliser ce qu'elle est entrain de faire. Et puis finalement je passe mes bras autour d'elle et la sert contre moi. J'ai un peu de mal à décrire ce que je ressens, parce que c'est différent encore de cette fameuse soirée dans les toilettes, parce que là elle a choisi. J'inspire profondément et comme dans la salle de projection, je caresse délicatement le haut de son crâne. « N'aie pas peur, je suis là Harlow, quoi qu'il arrivera, je serais là... » Je murmure, alors que je dépose un petit baiser contre son front. Tant qu'elle me le permettra, je serais là pour elle en tout cas. Parce que je suis sa mère et que je l'aime, quoi qu'elle en pense.

« Tes inquiétudes, elles sont partagées ? Tu penses que pour lui c'est pareil ? » Qu’il aurait préféré que je ne reste qu’une fille bonne à baiser et c’est tout. J’ai encore de la difficulté à croire que nous sommes bien entrain d’avoir ce genre de conversation elle et moi et que surtout, je sois aussi calme. Parce que malgré la peur, je ne suis pas non plus hystérique, ce qui est une bonne chose aussi. Je pense à Cameron, et à ce qu’on a pu se dire lundi matin. Et ça me fait bizarre de repenser à ce moment, que je considère tout de même important par rapport à tout ce qui se passe entre nous depuis le début. « Je ne sais pas... Il ne comprend pas plus que moi ce qui se passe en ce moment. Mais il veut, il aimerait, que j’arrête de me prendre la tête avec tout ça... De simplement profiter des moments qu’on a ensemble. » C’est tellement plus facile à dire qu’à faire ce genre de remarque là. Ne pas me prendre la tête. Sauf que je n’y arrive pas. Et j’en viens à lui parler que toutes les relations me font peur en général. Je ne suis pas à l’aise avec beaucoup de personne. Avec trop peu de personne en fait. « Je ne suis pas psy Harlow, mais je suis persuadée que tout ça, c'est de ma faute. Je crois que j'ai pourri ta vision des relations. T'as peur que ces personnes t'abandonnent à leur tour si tu t'attaches ? » Je baisse le regard, fixant mes patins avec intensité. Ça fait mal de l’entendre me dire ça. Parce qu’elle a raison, et si y’a une chose que je suis certaine, c’est que cette femme qui est devant moi, m’a enlevé, sans le savoir, toute l’estime de moi même et ma confiance en les autre lorsqu’elle m’a abandonné. C’est dur, mais c’est la vérité. Et oui, ma psy m’en a parlé, mais c’est différent venant de la bouche d’Everleigh. Au moins elle en est consciente... Au moins. « J’imagine... » Je lève finalement à nouveau les yeux vers elle et je me sens triste soudainement. Et puis je me dis qu’au moins, tout le monde sera content que je repousse Cameron, puisque personne ne semble voir notre relation d’un bon oeil. « Penses un peu à toi avant de penser aux autres, parce que tout ce importe c'est que tu sois heureuse. Peu importe la personne avec qui tu peux l'être. » Elle m’étonne dans ses réponses. Mais pas de façon négative. Non. Je crois que finalement, j’avais vraiment besoin de parler de tout ça à quelqu’un. Mais encore plus, je crois que j’avais vraiment besoin d’en parler à elle. Le geste que je pose par la suite peut bien le prouver. J’avais ce nouveau besoin, cette envie qu’elle me prenne dans ses bras. Je sentais que de jours en jours, notre relation se développait, et finalement, je crois que c’est une bonne chose. Je lui ouvre la porte un peu grand à chaque rencontre, et j’espère que je ne le regretterai pas. Ma tête contre son épaule, je ferme les yeux quelques secondes pour encore une fois, profiter du moment. « N'aie pas peur, je suis là Harlow, quoi qu'il arrivera, je serais là... » Elle embrasse mon front et je sens mon coeur se serrer légèrement. Cette phrase qui est sensé me rassurer, me fait peur, mais pour de nouvelles raisons. « Vraiment ? » Je la questionne, puisque ça m’intrigue, en quelque sorte. Ou plutôt, je n’aime pas qu’elle me dise ça alors qu’à chaque moment, j’ai le sentiment qu’elle va m’abandonner à nouveau. Qu’elle va en avoir marre de moi, et qu’elle va décider de revenir sur sa décision. Et de ne plus vouloir de moi dans sa vie à nouveau. Alors, oui pour ça aussi j’ai peur.

« Je ne sais pas... Il ne comprend pas plus que moi ce qui se passe en ce moment. Mais il veut, il aimerait, que j’arrête de me prendre la tête avec tout ça... De simplement profiter des moments qu’on a ensemble. » C'est sûr que ce serait plus simple, pour elle déjà, parce que cette situation est compliquée pour elle mais c'est facile à dire, plus facile à dire qu'à mettre en application je pense. « Ça me coûte de le dire, mais il n'a pas forcément tord, même si ce n'est pas aussi simple pour toi. » Non rien n'est simple surtout que je sais que tout ceci est de ma faute, tout ça c'est le résultat de son abandon. J'en étais pas consciente à cette époque, quand j'ai fuis. Je n'aurais jamais pu imaginer que ça se répercuterait sur elle. Que cette décision allait lui pourrir la vie comme ça. Je pensais au contraire que ce serait plus facile pour elle. Mais je n'avais que seize ans et j'étais loin de me rendre compte de tout ça. Et ça me fait super mal de l'avouer à voix haute, de lui dire comme ça, mais peut être que ça pourra l'aider. Sauf que je vois bien qu'elle est mal à l'aise avec tout ça, c'était tellement prévisible. Je m'en veux un peu de lui avoir dit tout ça du coup. « J’imagine... » J'ai un nouveau pincement au coeur. Je pourrais lui dire que c'est faux qu'ils ne vont pas tous partir, que certains resteront mais pas tous et c'est pas si grave. Qu'elle manque des occasions d'être heureuse mais je ne vais pas en rajouter parce que ce serait un peu trop. Elle est déjà suffisamment triste comme ça. Elle parle de Cameron et du fait qu'on serait tous content qu'elle le repousse, et elle doit m'inclure dans le lot j'imagine. Mais je lui donne mon point de vue. Et finalement elle s'approche de moi et dépose sa tête sur mon épaule. Je la sers contre moi, cet échange est relativement revigorant. Il est tendre et je sens mon coeur cogner plus fort contre ma poitrine, j'attendais cet instant depuis longtemps, j'espère juste qu'il n'y aura pas de revirement de situation, ma carapace a tendance a se fissurer je lui ouvre mon coeur, je lui dis ce que j'ai sur le coeur justement, que je serais toujours là, que je ne l'abandonnerais pas. « Vraiment ? » C'est normal qu'elle doute, c'est normal qu'elle se pose des questions. « Vraiment... Je resterais là si tu le souhaites. Je ne partirais pas... » Il faut dire que je ne pourrais pas me résoudre à la quitter à nouveau, ce serait trop dure. Surtout si elle me laisse une place dans sa vie.