+ nadan
Parfois, il y avait des moments, comme ça, où elle s'ennuyait. Et elle avait beau chercher ce qu'elle pourrait faire pour se distraire, rien ne lui venait à l'esprit, comme si son cerveau s'était momentanément mis en pause. Déconcertant, n'est-ce pas. Surtout venant d'elle, qui était une jeune femme remplie d'imagination qui ne tardait jamais à trouver une énième connerie à réaliser dans les dix minutes qui suivaient. Oh, que voulez-vous, elle ne pouvait pas être parfaite non plus, il y avait forcément des moments où elle n'était pas à son maximum. À vrai dire, elle était souvent à son minimum... Non, le mieux était de ne surtout pas imaginer ce qu'elle faisait lorsqu'elle était à fond hein, c'était mieux pour la santé mentale de tous. Soit. Tout ça pour dire que, s'ennuyant, elle décida de se rendre jusqu'à la salle de vidéo-surveillance. Pourquoi ? Eh bien, parce que quand elle ne trouvait rien à faire, elle allait scruter les écrans afin de trouver une occupation. Oui, c'était fourbe. C'était comme ça qu'elle se débrouillait pour s'incruster dans un petit groupe, lorsqu'elle était seule et désespérée. Elle faisait avec ce qu'elle avait à disposition, hein, tout simplement. Bref. Là encore, elle était au bord du désespoir, c'est pour cela qu'accompagnée d'une tasse de thé bien chaude, elle se rendit jusqu'à la pièce, s'installa confortablement et commença à porter une attention particulière aux écrans et aux faits et gestes des autres candidats, ne trouvant rien de bien spécial à revendiquer. Toutefois, tellement absorbée par les images qui défilaient, elle sursauta doucement en entendant la porte s'ouvrir dans son dos. Elle tourna la tête et remarqua Nadan. Et là, un sourire s'incrusta sur son visage tandis qu'elle s'apprêtait à déblatérer une énième connerie. « Alors loin de moi l'idée de me vanter, mais j'étais sûre que tu allais venir ici ! Je l'ai vu dans ton regard, c'était presque marqué sur ton front et puis... à ta façon de marcher ? C'était sûr et certain que tu prévoyais de venir ici. Prévisible, franchement. » Bien sûr. Oui, bien sûr.

L'important était de se tenir occupé. Pour ne pas user les rouages de son cerveau à force de réfléchir, le milliardaire devait se trouver une occupation. Mais il se sentait pas de déranger quelqu'un pour discuter, il n'avait pas non plus envie de mettre le nez dehors ou encore de commencer un énième bouquin. Il en avait trop lu ici. Et il n'y avait pas forcément le style qu'il aimait savourer en général. A vrai dire, il avait une envie viscérale de se retourner le cerveau avec des tonnes et des tonnes de paperasse. C'est ce qu'il aurait fait d'habitude, à l'extérieur. Par pur réflexe, il aurait saisi un dossier, un contrat ou quoique ce soit pour s'occuper. Mais là, ici, entre les murs du nid d'amour, qu'il y avait-il de bien satisfaisant pour lui? Il commençait à saturer d'être ici, à ne rien faire.

Et comme d'habitude, le temps de trouver enfin de quoi lui occuper les mains, Nadan déambulait dans le grand chalet, à attendre que la grâce vienne lui souffler une idée. Lorsqu'il passa devant la salle de vidéo surveillance, il se sentit titillé de venir y jeter un coup d'oeil. Cette pièce, il l'aimait bien. Pouvoir regarder les autres, les surveiller, voir ce qu'ils pouvaient bien cacher... c'était un mauvais péché mignon, certes, mais de temps en temps, il ne faisait pas de mal. Surtout s'ils ne savaient pas.

Emmeline était déjà là, son éternel engouement pour la discussion.

« Hum. Je serais curieux de savoir ce qui m'a trahi, très chère. » demanda l'anglais, accompagné d'un sourire mi-amusé, mi-amical.

Emmeline appréciait ce côté espionne qui découlait de sa présence dans cette pièce. C'était amusant, de pouvoir observer les autres sans qu'ils n'en aient la moindre idée. Oui, elle aimait bien. Et puis, quand elle s'ennuyait, c'était vraiment divertissant. Voir toutes ces petites bouilles sur les écrans, c'était suffisant pour elle. Comme quoi elle n'était pas bien difficile, comme nana. Oui, c'était là une qualité. Et donc, quand Nadan débarqua dans la pièce, elle s'empressa de sortir une énième énormité, comme quoi elle avait été persuadée qu'il viendrait ici. Bien sûr. En vrai, elle n'en avait absolument rien su, elle n'avait fait que soulever un « et si » dans son esprit, rien de plus. Elle n'avait eu aucune certitude sur le sujet. Il lui demanda d'ailleurs ce qui l'avait trahi. Hm, eh bien... « Oh mais c'est ton attitude, tu sais. C'était prévisible, c'est tout. Je suis très douée pour décrypter les envies des gens, tu vois. Ou alors, je vois l'avenir... » Oh mais bien sûr, oui, ça lui arrivait tous les jours, même, de savoir ce que le futur lui réservait. N'importe quoi. Elle afficha toutefois cet air mutin qui ne la quittait que peu souvent avant de reprendre la parole. « Allez, dis-moi tout, qui es-tu venu espionner ? » Qu'il ne lui fasse pas croire qu'il n'était pas venu dans cette pièce pour cela hein, parce qu'elle savait que quiconque venant ici souhaitait espionner les moindres faits et gestes des autres. C'était un peu le but de cette pièce, quand même. Alors à moins qu'il ne soit venu par ici pour... faire la poussière hein... Non, c'était pour espionner, elle en mettrait sa main à couper.