Elle n'était pas très loquace Emmeline mais au final, ce n'était pas ça le plus important. Il ne lui demandait pas de tenir une conversation, non, seulement de dire et faire ce qu'elle avait à faire pour se sentir mieux. Si elle voulait pleurer, elle pouvait, si elle voulait crier, parler, elle pouvait. Il le fallait, pour ne pas devenir fou, pour ne pas se recroqueviller sur soi-même et ça, Fitz le savait pertinemment. Certes, il n'en était pas arrivé à ce stade car alors que les relations se tendaient, il avait décidé de dire les choses, de les mettre à plat avant que tout s'empire mais peut-être la situation d'Emmeline n'était pas comparable. Certainement même. Quoiqu'au fond, Fitz avait deux prétendantes, Emilien également, en un sens. Et Emmeline était la rejetée. Fitz avait devant lui ce qui pouvait arriver s'il foirait tout et c'était définitivement pas ce qu'il voulait. Sans parler que voir la rousse dans cette situation ne lui plaisait pas vraiment, pas du tout même. Mais il ne pouvait pas non plus en vouloir à Emilien. Parfois la vie était cruelle et personne ne pouvait rien y faire. Petit à petit, Emmeline reprenait le dessus et elle semblait aller mieux, en quelque sorte. Et puis elle le remercia, pourtant il n'avait pas l'impression d'être gentil mais seulement comme il fallait. Il n'allait tout de même pas la laisser là, seule et triste, passant devant elle sans un mot. Ce n'était pas son genre, ce n'était pas comme ça qu'il avait été élevé et surtout, il n'était pas voir les gens comme ça, surtout quand il ne le méritait pas. Elle s'éloigna, essuya ses joues et voulut s'assurer de quelque chose. - Je n'ai pas l'habitude de dire des choses que je ne pense pas. Je le pensais oui, et je le pense toujours. T'es un fille drôle, jolie, qui a de l'esprit, une certaine sensibilité, donc oui, ce n'est pas normal. Mais rien n'est simple avec ce genre de chose. - Je peux te poser une question ? Peut-être ne devrait-il pas le faire mais... il ne comprends pas trop, Fitz. - Emilien, il est gay... en fait ? Bon, peut-être qu'il n'aurait pas du mais... c'est fait.

Elle allait finir par se dépatouiller de cette terrible situation. Ses joues allaient sécher, ses yeux ne seraient plus humides, elle retrouverait un visage plus serein, plus joyeux. Il ne fallait pas désespérer, ceci allait forcément arriver à un moment ou à un autre. Ses larmes ne pouvaient couler éternellement, quelque part, elle essayait de se rassurer ainsi. Elle allait finir par se calmer. Petit à petit. Il lui fallait déjà reprendre le contrôle de sa respiration, ce qu'elle tentait de faire du mieux qu'elle pouvait. Et ensuite, une fois que ça serait chose faite, elle ne doutait pas qu'elle pourrait arrêter ces quelques pleurs. Oui, elle pouvait le faire. Son optimisme revenait à la charge, voilà qui était bon signe. Cela dit... eh bien, elle doutait sur un point. Quand il avait affirmé que ce n'était pas normal que personne ne s'intéresse à elle... Avait-il seulement été sincère ? Parce qu'elle se posait des questions, en fait. Elle avait cette déconcertante impression qu'elle n'était plus aussi bien qu'elle avait pu l'être. Comme si... elle ne savait pas, ce n'était pas une chose aisée à expliquer. Elle s'appréciait pourtant. Autant sa personnalité que son physique, elle s'était toujours appréciée comme elle était. Mais là, elle s'interrogeait. Peut-être que personne ne s'intéressait à elle parce qu'elle n'en méritait pas tant, allez savoir. Il lui affirma pourtant avoir fait preuve de sincérité. Alors elle supposait n'avoir aucune raison de douter. Oui. Bon. Elle se contenta d'acquiescer, ne voyant pas de ce qu'elle pourrait dire, préférant se concentrer sur sa question concernant... le fait d'en poser une autre. Hm... devrait-elle avoir un peu peur, là ? Dans le doute, elle redouta légèrement la chose, là, quand même. Cela dit, elle esquissa un nouveau mouvement de la tête, un mouvement positif. Et il se lança. Si Emilien était gay ? Hm... « Je ne sais pas. » admit-elle, n'en ayant, en effet, pas la moindre idée. « Je ne lui ai jamais posé la question, je ne me suis jamais arrêtée sur son orientation sexuelle donc je ne pourrais pas te dire... » Peut-être était-ce là son erreur. C'est vrai, peut-être que si elle l'avait su... Certes, à ce moment-là, elle savait qu'il était avec Ezra mais... Oh, quel bordel. « Gay ou pas gay, de toute façon, je n'aurais jamais dû... l'embrasser. » Oui, ça avait été une grosse erreur, c'est tout. Et non, promis, elle n'allait pas se remettre à pleurer comme une gamine en pensant au fait d'avoir été ni plus ni moins rejetée. Tout allait bien. Oui. Voilà.

Petit à petit, Emmeline retrouvait le sourire et c'était plus qu'agréable. Fitz ne voulait pas la voir comme ça et surtout pas pour ce genre d'histoire. Parce que c'était idiot et qu'il valait mieux pour elle qu'elle passe à autre chose. Certes, c'était plus facile à dire qu'à faire, l'écossais en était totalement conscient mais si Emilien devait la délaisser pour Ezra, si tant est qu'il soit attachée à elle un minimum, il valait mieux qu'elle lâche tout avant de souffrir vraiment. Même si là, il semblait qu'il soit un peu trop tard déjà. Fitz faisait donc de son mieux pour la remettre d'aplomb même si ses mots ne devaient pas avoir grand intérêt. Il répondit à ses questions, honnêtement, même si au final, il avait été honnête la première fois. Certes le but du jeu n'est pas forcément ne trouver l'amour et cela n'arrive pas à tout le monde mais Emmeline aurait eu le droit, elle aussi, de 'rencontrer' quelqu'un, d'avoir une sorte de pilier. Puis il lui pose une question, un peu personnel certes mais ça l'avait un peu surpris. Gay ou pas, il s'en fiche, ce n'est pas le soucis et comme l'avait dit Myles lors de leur première rencontre, certains changent bien de bord, donc bon... Du coup, qu'Emilien soit gay ou pas, ça ne changeait pas grand chose. - C'est vrai que ce n'est pas très important au final, désolé pour la question, c'était déplacé. Mais concernant le reste, il n'était pas forcément d'accord. - Pourquoi ? T'en avais envie ou pas ? Ça n'est pas la fin de tout un baiser tu sais, et si Emilien le prend mal, et bien c'est dommage pour lui. Elle ne le harcelait pas non plus, il fallait faire la part des choses.

Comment faisait-elle pour ne pas savoir si Emilien était gay ? Oh, elle ne savait pas ce qui était le pire, du coup. Qu'elle ait embrassé son partenaire qui était déjà en couple ou bien son partenaire gay qui était déjà en couple. Là, elle aurait vraiment atteint le summum de la stupidité. Elle n'avait jamais pensé qu'il était intéressé par les hommes, à vrai dire. Il avait eu un petit quelque chose avec Harlow, pendant un temps et elle avait pensé qu'il devait être intéressé par la gamine et puis, finalement... Eh bien, il finissait en couple avec Ezra. Elle ne l'avait pas vu venir, ça. Enfin, elle supposait que c'était bien pour lui. Tant qu'il était heureux... Oui, voilà, tant qu'il l'était, ça lui convenait. Elle n'était pas de celles qui étaient possessives ou qui pensaient que quelqu'un pouvait être heureux avec elle et non pas avec quelqu'un d'autre. Elle n'était vraiment pas ainsi. Alors, bien sûr, cette histoire de baiser compliquait tout mais elle n'allait clairement pas essayer de se mettre entre eux pour obtenir ce qu'elle voulait. Pas comme si elle voulait quoi que ce soit, de toute façon. Non, elle... n'allait clairement pas se mettre entre eux, ça serait trop bizarre. Et la situation l'était assez comme ça. Soit. Fitz ne tarda pas à s'excuser de cette question alors Emmeline bougea la tête de gauche à droite, haussant les épaules. « Ce n'est pas grave, vraiment. » Elle pouvait presque comprendre la curiosité sur le sujet, en fait. Même elle ne savait pas où en était Emilien alors bon... En tout cas, ce qu'elle pensait savoir, c'était bien que ce baiser avait été une erreur. Elle aurait presque pu le sentir avant qu'il ne se produise. Ouais. Cela dit, les paroles de Fitz la rassurèrent légèrement. C'est vrai, après tout, ce n'était qu'un baiser. Elle en avait échangé d'autres dans ce jeu, principalement à cause de Cupidon certes, mais ce n'était qu'un stupide baiser, dans le fond. Elle parvenait presque à relativiser. Presque. Parce qu'elle avait toujours l'horrible sensation d'avoir fait une belle connerie. « C'est une erreur parce que ça a engendré cette situation, parce qu'il est avec Ezra, parce que ça a foutu le bordel entre nous... » Ouais, c'était le moins que l'on puisse dire, ça avait même créé un beau bordel. Certes, principalement à cause de son comportement et son incapacité à assumer les choses, c'est vrai. « Je suppose qu'on peut... avoir envie de certaines choses, mais ça ne veut pas dire que ces choses ne sont pas des erreurs pour autant, tu vois ? » Alors, ouais, ce baiser était arrivé et c'était une erreur. C'était comme les envies de meurtre. L'envie est là, elle est irrépressible, mais une fois en taule, tu te rends compte que c'était une belle connerie. Bah voilà, ça pouvait s'appliquer à tout, ça.