Bon alors, attendez, ça devenait compliqué là. Mado s'était laissée perturber par l'adorable regard de son camarade, si bien qu'elle en perdait un peu ses moyens et qu'elle n'était plus trop sûre de l'attitude qu'elle était censée adopter. Douter de sa propre stratégie, ça la foutait sans doute un peu mal, mais bon, ça n'était plus du tout évident de s'y retrouver, à force. Tant de rebondissements, tant de revirements de situation, ça avait tendance à paumer un tantinet, c'est clair. Ce qu'il fallait retenir en priorité, c'était tout de même qu'elle préfère le garder près d'elle, dans ce jacuzzi. Mais attention, que personne ne se méprenne sur ses intentions, Mado faisait simplement ça pour Fitz, hein, évidemment. Comprenez bien qu'elle voulait à tout prix lui éviter de ternir son image, hein. Elle aurait bien avancé qu'il n'était après tout pas n'importe qui, mais vu qu'au prime ça n'avait pas tellement eu l'effet escompté, disons qu'elle allait peut être éviter, d'accord ? Oui, ce ne serait pas plus mal, effectivement. Aussi, elle pensait là à la sécurité de Fitz, ainsi qu'à sa crédibilité. Imaginez qu'en ayant voulu s'enfuir à tout prix, il ait malencontreusement glissé, hein. C'aurait été terrible, ça aussi. Douloureux et particulièrement humiliant, sans doute. Autant dire que c'était vraiment dans son intérêt de rester dans ce jacuzzi, ce qui était éventuellement susceptible d'arranger Mado, oui, bon. Sauf que Fitz parla d'Emmeline. Hein ? Que venait-elle faire là ? Oh, elle n'aimait pas ça, surtout qu'il restait très évasif. Dites donc, Sydney aurait-elle oublié de leur montrer quelque chose ? Non parce qu'Emmeline, c'était quand même la nana qui avait embrassé Emilien, et cet épisode n'avait déjà pas beaucoup plu à Mado - vu qu'Emilien était avec son frère - donc bon. « Une longue histoire, vraiment ? Et tu ne pourrais pas la rendre un peu plus brève, par hasard ? » demanda-t-elle alors, l'air de rien. Quoi, elle avait l'air jalouse, là ? Grand dieu, elle ne l'était pas. Déjà parce que ça n'était pas du tout son genre -hm hm- mais aussi parce que ... et bien ... elle ne l'était pas, c'est tout, flûte. « Enfin, je dis ça, c'est juste pour parler hein. » Bah oui, il serait franchement dommage qu'il aille penser qu'elle s'imaginait maintenant des trucs. Pas du tout. Comme si c'était son genre, ça aussi. Alala. En tous les cas, notons que Mado ne se fit pas tellement prier pour se rapprocher davantage, pour se blottir contre Fitz en somme. Le baiser sur la mâchoire, ce ne fut qu'un supplément, hein, évidemment. Il disait donc se méfier des femmes. Ah oui ? Marrant, quand on sait que Mado, elle, se méfiait des hommes. Comme quoi, hein. « La méfiance est plutôt une bonne chose, à mes yeux. A condition de ne pas s'en servir comme excuse à tout va » répliqua-t-elle alors, en un fin sourire. Peut être s'égarait-elle légèrement. Car peut être parlait-elle par expérience. Après tout, Mado était l'exemple parfait de la femme (trop) méfiante qui s'est braquée maintes et maintes fois et s'est ainsi interdit de vivre ce qu'elle aurait pu vivre. Frissonnant légèrement lorsqu'elle sentit les doigts de son camarade caresser son bras, Mado ne manqua pas de s'offusquer de ses prochaines paroles. Il parlait ni plus ni moins d'une tentative de meurtre là, non ? Quelle horreur. « Alors tu oserais jouer avec ma vie, vraiment ? Et si je n'y réchappais pas, hein ? Tu serais bien embêté. Car qui supporterait ta mauvaise humeur sur les primes ? Qui te ferait des câlins sur les lits ? Et, plus important encore, qui te ferait la tête pour un rien, hein ? » Oui, elle essayait de le faire culpabiliser d'avoir pensé ne serait-ce qu'une seconde qu'il serait intéressant d'entreprendre de la noyer. Comment avait-il osé ? Elle se sentait trahie. Oui oui, rien que ça. « Sans moi, tu serais incroyablement malheureux, tu sais. » Et ça, elle le savait mieux que lui, hein, ça va de soi. Autant dire qu'elle préféra la partie où il l'enlaça de ses deux bras. Bah oui, clairement. Elle se laissa alors faire. C'était agréable, qu'on se le dise. « Ah bah, tu vois quand tu veux » souffla-t-elle, en un fin rire, avant de se coller un peu plus à lui. Juste pour bien se réchauffer, hein. Ah merde, il est vrai que techniquement, elle n'avait pas froid. Hm hm. « Mais j'ai peur que ça ne suffise pas à me réchauffer » reprit-elle, peut être désireuse de le provoquer un tantinet. Sans doute parce qu'elle n'osait pas tellement initier les choses avec lui. Sinon elle n'aurait pas besoin de glisser tant de sous-entendus, hm. Elle apprenait, rappelez-vous.

Un jour, Mado se remettrait de ce délicieux regard, mais disons que dans l'immédiat, il lui fallait retrouver toutes ses capacités cérébrales. Un rien pouvait décidément la troubler, même si personne n'en doutait probablement plus. Toujours est-il qu'il ne fut pas nécessairement malin d'évoquer Emmeline, et ce pour deux raisons. La première, parce qu'elle n'avait a priori rien à faire ici et donc que Mado avait tendance à se méfier un tantinet du fait qu'elle sorte de nulle part, qu'elle s’immisce au beau milieu de leur conversation, comme ça, sans avoir été invitée au préalable - oui bon, vous avez compris l'idée. La seconde, parce que lorsque Mado ne comprenait pas quelque chose, ça tournait inévitablement à l'obsession. Oh elle pourrait faire tous les efforts du monde pour se contenter de sourire et ne pas rebondir à la remarque de son camarade, il était à peu près certain qu'elle ne tiendrait pas cinq minutes avant de le noyer de questions. Ainsi, à quoi bon perdre inutilement du temps par la suite, alors qu'elle pouvait justement le questionner dès maintenant, hm ? Mado n'hésita alors pas à lui réclamer la version courte d'une histoire qu'il disait bien longue, préférant pour autant laisser entendre que ça n'était vraiment que pour parler, ou disons, que par pure curiosité. Il ne faudrait tout de même pas qu'il pense, disons, qu'elle était jalouse. Elle, jalouse ? Olala, mais ça n'était justement pas du tout son genre, vous savez bien. Ainsi, elle ne s'imaginait rien du tout là, hein. Elle n'angoissait pas non plus à l'idée d'avoir peut être droit à un récit peu plaisant. Tellement pas, hein, pff. Son camarade consentit en tout cas à lui expliquer ce qu'il en était, et il va de soi qu'elle n'en perdit pas un mot. D'accord, elle comprenait mieux. Mais elle ne savait pas tellement quoi en penser. De la fin, surtout. Vous savez, la partie "je serais à sa merci", tout ça ... Une blague, une blague ... Ouais, admettons. N'empêche que c'était quand même une drôle d'histoire, non ? Et pas drôle dans le sens où elle comptait en rire, vous comprenez. Non ? Bah l'essentiel, c'était après tout qu'elle se comprenne elle-même, hein. « Oh. Elle est géniale, ton histoire » souffla-t-elle alors, sans plus d'enthousiasme. Ben quoi ? Non, elle ne faisait pas la tête. Tellement pas son genre, ça non plus. Elle n'était simplement peut être pas très fan à l'idée que ... non, elle ne faisait pas la tête, un point c'est tout. Voilà. Zut. Quant au fait d'être méfiant, effectivement, elle trouvait que ça n'était pas une mauvaise chose. Mais il est vrai qu'elle était bien placée pour savoir qu'on pouvait parfois se cacher derrière ce genre d'excuses. Visiblement, ça n'était pas le genre de Fitz. Ah bah tant mieux pour lui alors. « Pour le moment » répéta-t-elle, en un fier sourire. Pourquoi ? Peut être pour, vous savez, avoir un peu raison quand même. Elle aimait ça, avoir raison. Ou disons qu'elle n'aimait pas avoir tort à 100%. Donc oui, ce "pour le moment" allait un peu dans son sens, quand même. Elle aimait le croire, en tout cas. Bon par contre, l'heure était grave, puisque visiblement, Fitz songeait à immerger Mado, et ce, simplement pour la réchauffer. Alors déjà, rappelons qu'elle n'avait pas froid, et en plus, il était formellement hors de question qu'elle risque sa vie de cette manière. Ainsi, elle ne put que lui rappeler ô combien elle lui était indispensable. Saurait-il se débarrasser de quelqu'un d'aussi extraordinaire que Mado ? Elle se plaisait à en douter. « Effectivement, ce serait con. Surtout que tu ferais deux orphelins. » Oh, il comprendrait qui était le deuxième, non ? Bien sûr que si. « Et puis bon, autant le dire, je suis très probablement la femme de ta vie. Et je crois que tu es très probablement l'homme de la mienne, du coup. Oui, je sais, c'est magnifique. Non Fitz, ne dis rien. Je sais que tu es ému, mais prends sur toi, s'il te plait. Pense à ton image. » Oh oui, son image. Il ne faudrait décidément pas l'écorcher. Il aurait l'air de quoi, s'il se laissait aller à quelques larmes d'émotion, hein ? Oh, Mado serait ravie de lui faire un gros câlin, mais bon, quand même quoi. Est-ce qu'elle rigolait lorsqu'elle disait craindre que son étreinte ne suffise pas à la réchauffer ? Ah oui, il est vrai qu'elle était toujours pleine d'humour, cette Mado. Un vrai clown, c'est bien simple. « Quoi ? Mais ... si, regarde » énonça-t-elle alors, en commençant à s'agiter légèrement, à trembler comme une feuille, en claquant artificiellement des dents. Si ça n'était pas une véritable chair de poule, ça y ressemblait, non ? Non ? « Bon d'accord, il est possible que j'ai plus l'air d'une épileptique qu'autre chose là, mais la volonté y est » reprit-elle, en ricanant légèrement. Et puis elle eut droit à un baiser sur la joue, ce qui était mieux. Mieux, mais peut être pas encore suffisant. Oh, elle avait envie d'être chiante jusqu'au bout, c'est fou hein ? « Vois un peu tout ce que je dois faire pour rester subtile, quand même » reprit-elle, dans une moue boudante. Parce qu'elle pourrait très bien dire « embrasse-moi, grand fou », mais ce serait peut être trop direct, non ? Bah si, hein. « Bah c'est pas grave, je vais me congeler sur place, hein ! » reprit-elle, en exagérant à peine. Elle se décala même légèrement. Oui, alors qu'elle n'avait pas du tout froid. Cette Mado, il fallait vraiment avoir la foi pour la supporter, hm.

A cet instant précis, Mado ne savait franchement pas quoi penser de cette histoire avec Emmeline. Pourquoi avait-il cru bon de lui en parler ? Avait-il jugé que ça allait dans le sens de leur échange ? Peut être. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il avait surtout voulu faire son petit fourbe histoire de voir ce qu'elle en penserait, ce qu'elle en dirait même. Et pour le coup, il est vrai que ça l'avait fait réfléchir. Si ça l'avait inquiété ? Non, quand même pas. Après tout, il n'avait pas laissé entendre qu'il s'était passé quoi que ce soit. Pour autant, il est vrai qu'elle avait pu s'imaginer quelques petites choses. Et peut être était-ce ce qu'avait justement voulu Fitz. Est-ce qu'elle devait prendre ça comme une sorte de test ? Sans doute pas, vu qu'elle n'avait a priori rien à lui prouver et qu'il savait déjà parfaitement bien à quel point elle pouvait être jalouse. Vraiment, elle avait tendance à penser qu'il avait simplement voulu s'amuser un peu avec cette partie de la personnalité de la jeune femme, et si elle en avait le courage, nul doute qu'elle n'hésiterait pas à lui en vouloir pour ça, et peut être même à bouger quelques peu. Il avait de la chance qu'elle ne veuille pas s'étendre là dessus et qu'elle préfère franchement partir du principe qu'aucune inquiétude n'avait lieu d'être à ce sujet. Quant au reste, il est vrai que Mado exprima par la suite une certaine fierté, se fichant pas mal qu'on ne puisse pas comprendre ce qui lui prenait, tout à coup. Disons simplement qu'elle s'amusait d'un rien, et se satisfaisait de peu de choses. Ce n'était pas habituel chez elle, mais ça pouvait arriver, oui. Son camarade ne releva pas et ça n'était assurément pas plus mal, vu qu'il n'y avait assurément pas grand chose à en dire. Toujours est-il que Mado avait franchement froid, là. Bon d'accord, pas du tout. Elle n'y aurait d'ailleurs même pas pensé s'il n'avait pas posé la question. Du coup, il est vrai qu'elle s'était mise en tête de faire croire qu'elle était frigorifiée, et jusque là, ça lui avait même plutôt réussi, vu qu'elle avait eu droit à une étreinte (et qu'un baiser sur la joue arriverait sans tarder). Pour le moment, en tout cas, elle délirait quelques peu sur le fait qu'elle puisse être la femme de la vie de Fitz, et qu'il puisse donc être l'homme de la sienne. C'était un peu la séquence émotions, sur fond de violons, et tout le tralala. Oui, ça sortait surtout de nulle part, mais ça l'amusait. Elle avait simplement peur que Firz se laisse aller, qu'il ne contrôle pas ses émotions et qu'il craque, tout simplement. Après tout, c'était une belle histoire, touchante et d'une sincérité rare. Et puis, elle sentait chez lui un potentiel de grand sensible. Oui, oui. Ou disons qu'elle avait envie de dire des conneries, surtout. Hm. « Tu penses que tu vas tenir le coup ? Parce que tu sais, si tu as peur que ça te travaille toute la nuit, je peux t'occuper, hein, juste histoire que tu penses à autre chose. » Et là, c'est le drame. Que les choses soient claires, non, elle ne venait pas de lui faire une proposition indécente. Enfin si, dans un sens. Mais rien que pour de faux. Rappelons que ça n'était pas elle, la nana qui squattait les lits des beaux jeunes-hommes, hein. « Ça n'a rien de méchant, je te le promets » reprit-elle ensuite, dans l'esquisse d'un sourire qui se voulait un tantinet angélique. Non, elle ne se moquait ni de lui, ni de son image. C'était simplement son nouveau délire qui voulait qu'elle ne lésine pas sur les âneries. Quant à la prestation de Mado, celle où elle tenta d'imiter quelqu'un de frigorifié, elle était ce qu'elle était. A savoir nulle à chier, oui, c'est vrai. Elle n'était pas actrice dans l'âme et ça n'était d'ailleurs pas la première fois qu'elle le prouvait. Pour autant, Fitz n'avait pas nécessairement besoin d'en rajouter, hein. « Tant de compassion, c'est trop, vraiment. » Elle avait beau savoir qu'elle ne valait pas un clou lorsqu'il s'agissait de jouer ce genre de scènes, quand même, elle aurait aimé un peu de soutien. Tant pis. Fitz laissa alors entendre qu'elle pourrait être moins subtile, voire carrément faire elle-même ce qu'elle attendait peut être de lui. Et effectivement, ça ne semblait pas être une mauvaise idée, enfin, à condition qu'elle ose, bien entendu. « Tu crois que ce serait raisonnable ? Tu ne sais pas ce que je peux avoir en tête, après tout » souffla-t-elle, faussement mystérieuse. Bon allez, qu'il essaie de deviner, c'était facile. Non, elle irait plutôt droit au but, vu que ça semblait préférable. Ainsi, elle se rapprocha à nouveau, le fixa un court instant tout en approchant son visage du sien, lentement, jusqu'à venir effleurer ses lèvres à l'aide des siennes. Elle resta ainsi quelques instants, à se contenter de sentir son souffle, les yeux clos, comme pour s'en imprégner. Et puis elle l'embrassa, délicatement, assez sensuellement, sans trop savoir s'il la laisserait faire, mais allant malgré tout jusqu'à caresser sa joue, d'un geste de la main sans doute un peu timide. L'embrasser, elle en avait envie depuis la semaine dernière, depuis la chambre. Regoûter à ses lèvres, oui, ce fut une sorte d'idée fixe ces derniers jours. Sauf qu'elle craignait de mal faire, évidemment. Comme ici, comme maintenant. Du coup, si Fitz trouvait ça malvenu, que ça n'était pas à son goût et qu'il jugeait bon de le lui faire remarquer, elle se noierait probablement d'elle-même. Oui, bonne idée.

Que tout le monde se rassure, Mado n'allait pas soudainement quitter le jacuzzi, partir à la recherche d'Emmeline, lui tomber dessus avec hargne puis la tirer par les cheveux jusqu'à ce qu'elle avoue avoir fait des trucs pas très propres avec Fitz. Bien sûr que non. Déjà parce que Mado comprenait petit à petit que tout ça ne résultait probablement que du désir de Fitz de tester sa réaction, comme s'il cherchait à s'en amuser - ça se paierait un jour - mais aussi parce qu'elle n'irait quand même pas jusqu'à violenter la première femme qui aurait potentiellement une liaison avec Fitz. Autant le dire, ça le ferait chier, vraiment chier, mais elle ne pourrait pas faire grand chose contre ça, sans doute. Et puis, Emmeline était une gentille fille - bien chiante dans son genre, mais le genre de chiante qui n'en était que plus attachante - alors il serait dommage d'en arriver là, tout de même. Et puis bon, vraiment, elle préférait penser que rien de tout ça ne voulait dire grand chose, qu'il ne s'était rien passé et que Fitz n'avait pas payé Sydney pour qu'elle taise cette histoire. Oui, elle avait franchement envie de ne plus y penser. De toute façon, si Fitz aimait les rousses, ça se saurait non ? Bon, voilà. Quant à la suite, et bien, il est vrai que Mado avait peut être été un peu trop loin en laissant entendre que Fitz et elle étaient tout bonnement faits l'un pour l'autre, parce que maintenant, elle craignait fort qu'il se laisse emporter par un trop plein d'émotions et que son image en prenne un coup. Ce serait dommage, même s'il serait assurément adorable avec de jolies petites larmes au fond des yeux. Plus adorable encore que lorsqu'il lui avait adressé son charmant regard, oui. En tous les cas, Mado ne pourrait pas le laisser se triturer l'esprit avec tout ça cette nuit. Ainsi, elle lui proposa de l'occuper, histoire qu'il n'y pense plus. Sa générosité était sans égal, oui, elle en avait pleinement conscience. Pour autant, il ne fallait pas nécessairement croire qu'elle lui proposait sérieusement de se changer les idées en s'envoyant en l'air toute la nuit. Quand même pas. Sauf que Fitz, lui, ne se priva évidemment pas de rebondir sur ses propos. Quel petit coquin, hm. « Alors, tu serais intéressé ? Parce que oui, évidemment, je nous imaginais le faire toute la nuit. Qu'importe l'épuisement, ça ne nous arrêtera pas. On a tellement de choses à expérimenter, les possibilités sont multiples. Et puis, on pourra même inviter quelqu'un à nous rejoindre, parce qu'à deux, j'ai peur qu'on tourne un peu en rond au bout de quelques heures. » Son ton se voulait sérieux et posé, alors que bon, elle n'allait évidemment pas laisser de tels sous-entendus en place, sait-on jamais que les images soient diffusées et qu'on la prenne pour ce qu'elle n'était pas, hein. « Tu l'auras compris, nous passerons la nuit à nous essayer, non pas au Kamasutra, bien que je sache que tu aurais été très fan de l'idée, mais au Monopoly. » Mais ce serait tout aussi distrayant, sans nul doute. Surtout que Mado était franchement balaise à ce genre de jeux. Elle était stratège et organisée, si bien qu'il était rare qu'elle se fasse plumée. Non pas que l'idée de passer une nuit plus "intime" avec Fitz ne soit pas tentante, mais son petit doigt avait tendance à lui dire que ce serait déjà bien moins possible. C'est fou, hein ? En tout cas, il était certain que Mado n'était pas qu'un peu chiante ce soir, et qu'elle était surtout du genre difficile à contenter. Un câlin, c'était bien. Un baiser sur la joue, c'était mieux. Mais rien de tout ça n'était encore suffisant pour combler ses attentes. Oh, elle avait bien une petite idée en tête, mais elle avait comme qui dirait un tout petit peu peur de se lancer. Fitz lui conseilla pour autant de le faire, de s'y risquer, mais ne pensait-il pas qu'elle pourrait avoir un plan bien plus dangereux que prévu ? Il disait vouloir prendre le risque, et un sourire fendit les lèvres de la française. Heureusement qu'elle n'avait pas prévu de lui sauter dessus, ou disons, d'aller trop loin. Parce que oui, évidemment, elle avait tout de même en tête d'instaurer un baiser, mais ce serait peu de choses compte tenu de tout ce qu'elle aurait pu faire si elle avait été mal intentionnée, non ? Ainsi, la jeune femme approcha son visage du sien, se contentant dans un premier temps d'effleurer les lèvres de son camarade, pour finalement l'embrasser, donnant alors lieu à un échange pour le moins délicieux. Elle ne s'en cachait pas, embrasser Fitz était on ne peut plus agréable. Et plus l'échange durait, leurs langues se rencontrant, leurs souffles se mêlant et leurs peaux s'effleurant, plus elle eut tendance à regretter de se frustrer à ce point. Parce que oui, c'était un coup à en vouloir toujours un peu plus, alors qu'elle n'était pas de celles qui se permettaient de penser de cette manière, habituellement. C'était cette étreinte, ce baiser, qui lui faisaient doucement perdre la tête. Mais, pas de panique, elle allait se reprendre. Pour autant, il est vrai que le moment où leurs lèvres furent séparées lui laissa un léger goût d'inachevé. L'occasion pour Fitz de reprendre la parole et pour Mado de sourire avec malice. « Non » souffla-t-elle alors, avant qu'il ne récupère ses lèvres et qu'elle s'abandonne entièrement à cet échange. Sa main se perdit cette fois-ci dans les cheveux du jeune homme, tandis que la seconde, celle qui était restée sage jusqu'ici se décida à caresser son buste, bientôt son torse, simplement pour se sentir plus proche de lui. Ses lèvres, elles, mouvèrent jusqu'à sa mâchoire, puis son cou, qu'elle parsema de quelques baisers hésitants. « Bon, et bien, me voilà réchauffée » lui murmura-t-elle ensuite, en riant légèrement, puis en se redressant quelques peu pour retrouver son regard. « Un peu plus et je te demandais de m'en faire un vrai, de gosse » reprit-elle, en une moue équivoque. Elle faisait là uniquement référence à la soirée d'hier, hein, évidemment. Mado était peut être encore un peu chamboulée, mais elle n'en avait pas pour autant perdu l'esprit. Encore heureux.

Bien sûr que Mado était l'âme sœur de Fitz. Qui ne l'avait pas remarqué ? Elle, en tout cas, elle en avait bien conscience, et c'était le principal, vu qu'elle pu ainsi l'apprendre au jeune homme qui, naturellement, ne manqua pas de la croire sur parole. Ils étaient faits l'un pour l'autre, oui, c'était comme ça et pas autrement. C'était un peu comme s'ils s'étaient attendus toute leur vie, en fait. L'on pouvait même supposer que si Mado avait connu si peu d'hommes, c'était parce qu'elle avait toujours senti, au plus profond d'elle même, que le bon était quelque part et qu'elle finirait par le rencontrer par le plus beau des hasards. Elle n'avait même pas eu besoin de le chercher, vu que de toute manière, ça n'était pas à Paris qu'elle l'aurait trouvé. De toute façon, l'on disait bien que l'on trouvait généralement les choses sans se donner la peine de les chercher, et pour le coup, c'était incroyablement véridique. Par contre, tant de belles révélations risquaient fort de mettre à mal la résistance émotionnelle de son cher et tendre. Non pas qu'elle ne trouverait pas charmant qu'il craque et se laisse aller, mais elle se doutait qu'il ne voudrait pas passer pour un petit sentimental aux yeux de tous. Il suffirait qu'Elizabeth II soit devant son poste de télévision à ce moment-là - mais est-ce qu'elle en avait un, au moins ? - et ce serait fichu pour lui. Honte internationale, oui, clairement. Donc elle préférait très franchement lui éviter ça, parce que Fitz était un amour et qu'il ne méritait pas de connaitre ce genre d'humiliations. Ainsi, dans l'hypothèse où la nuit serait dure et perturbante pour lui, elle s'était promise de lui tenir compagnie, mais surtout, de l'occuper afin qu'il n'y pense plus. Faire l'amour pendant des heures ? Oui, elle y avait pensé. Mais, comment dire, ce serait difficilement faisable, cette nuit, dans une chambre où dormaient plusieurs personnes. Surtout que bon, ce qui les liait était quelque chose d’incroyablement passionné, alors la discrétion n'aurait pas sa place dans un tel échange. Du coup, elle était forcée de miser sur autre chose. Sur quoi ? Et bien, sur un bon vieux Monopoly, évidemment. Alors ça, ça les occuperait toute la nuit, c'est certain. Avouez qu'il serait passionnant de passer des heures à tenter de s'enrichir fictivement et à monter des stratégies pour remporter la partie. Okay, c'était peut être déjà ce qu'on attendait d'eux au sein de Fake Lover, mais tout de même, Mado trouvait l'idée excellente. Il est vrai qu'elle avait fait exprès de placer quelques sous-entendus, l'air de rien, histoire de lui laisser tout de même quelques espoirs. Mais elle ne pouvait pas lui promettre ce qu'elle ne pourrait pas lui donner, c'est évident, alors il obtint la vérité, et c'était assurément bien mieux comme ça. Alors, qu'en pensait-il ? Visiblement, pas grand chose, mais au moins il n'était pas contre. Quant au fait de soumettre sa propre idée à Mado en privé, un jour prochain, ça ne put que faire doucement sourire la jeune femme. « Que de mystères ... » souffla-t-elle alors, intriguée. Oh, elle savait qu'il n'oserait rien lui dire, pas aujourd'hui en tout cas, mais elle savait très bien qu'au fond, ils s'étaient plus ou moins compris, tout le temps qu'avait duré cette mascarade, ce jeu de sous-entendus. Qui sait, peut être qu'un jour ... A noter que la suite fut particulièrement agréable, hm. Il y eut ce baiser, que Mado osa enfin initier, après avoir toutefois hésité, par simple appréhension, puis des caresses, un second baiser, encore des caresses ... Autant dire que le tout fut incroyablement plaisant, oui. D'ailleurs, Mado aurait pu savourer les lèvres de son camarade des heures durant, mais peut être n'aurait-ce pas été très raisonnable. En tous les cas, elle était bien, là, si proche de lui. Mado se risqua alors à laisser entendre qu'elle aurait pu aller jusqu'à lui demander de lui faire un gosse, là, maintenant. Naturellement, rien de bien sérieux sous cette requête, vu qu'elle faisait uniquement référence à la soirée de la veille, celle où elle avait du porter un faux-ventre et feindre une grossesse. Un grand moment ... de solitude. « Ah non ? D'accord, très bien, je le vis comme un odieux refus, comme la mort de tout un fantasme. Il ne faudra pas t'étonner si, le jour J, aucun utérus ne répond présent, hein. » Olala, ça partait loin cette affaire. Et le pire, c'est qu'au final, les trois quarts de leur échange aura porté sur un nid de sous-entendus douteux et équivoques. Ah, franchement ... Toujours est-il que Fitz reprit ensuite la parole pour informer Mado, disait-il, du fait que la musique impliquant un baiser ait résonné alors qu'il se trouvait avec Everleigh, un peu après la soirée. Oh. Mado ne savait pas tellement quoi penser de cette révélation, parce qu'inévitablement, elle en venait à se poser maintes questions. « Everleigh ... la piscine ... un baiser ... C'est drôle, ça n'est pas sans me rappeler quelque chose » souffla-t-elle, en un rire sans doute plus nerveux qu'amusé. Parce que oui, elle repensait à l'une des premières rubriques de Sydney, à ce qui à l'époque ne lui avait pas paru plus "alarmant" que ça, mais qu'elle avait évoqué lors du diner de la saint valentin, et qui avait créé un froid entre Fitz et elle ... Bref, ça faisait écho au passé, ce drôle de hasard. « J'apprécie de le savoir de ta bouche, en tout cas. Mais peut être essaies-tu simplement de me préparer psychologiquement aux images d'un rapprochement plus ... poussé » reprit-elle, calme et pensive. Car peut être que c'était ça, qu'au fond elle verrait certaines choses, des choses pas tellement agréables, dépassant de loin le stade du baiser, et qu'il préparait simplement le terrain. Que pouvait-elle en savoir, après tout ? « En tout cas, je ne peux qu'en conclure que vous vous voyez à nouveau. » A moins d'une rencontre tout à fait hasardeuse, évidemment. Parce qu'Everleigh lui avait dit qu'elle prenait ses distances avec Fitz, la semaine passée. Visiblement, ça n'était plus d'actualité. Non pas qu'elle le déplore, non, même s'il est vrai qu'égoïstement, elle avait été plus tranquille avec l'idée qu'ils passent moins de temps ensemble ... En fait, elle avait un peu de mal à tout suivre, mais bon, ça n'était de toute façon pas tellement la question. A noter qu'elle était toujours là, contre lui, et que même si elle restait sceptique, elle n'avait pas l'intention de repartir dans un délire jaloux et paranoïaque. Enfin, a priori.