Non, Mado ne s'était pas perdue. Car oui, elle s'était a priori intentionnellement rendue dans cette bibliothèque. Surprenant, hein ? Elle le concevait. Car il est vrai qu'elle n'était pas tellement la candidate qui passait le plus de temps en ces lieux, non pas parce qu'elle était incapable de retrouver la bibliothèque - son sens de l'orientation était pourri, certes, mais pas à ce point - mais parce qu'elle ne ressentait tout simplement que rarement le besoin de se rendre dans un tel lieu. Disons que ça n'était pas tellement son endroit de prédilection. Les livres et elle, qu'on se le dise, ils n'avaient jamais été de grands copains. Comme tout le monde, elle s'était tapé du Rabelais et du Maupassant au lycée, mais peu d'autres choses par la suite. Tout simplement parce qu'elle n'était pas une littéraire de nature, que les bouquins l'emmerdaient bien souvent et qu'elle tâchait de cultiver son esprit autrement. Et qu'importe que cela soit disposé à faire hurler d'horreur un certain Mickey, elle n'en avait pas grand chose à faire et elle assumait même de n'être pas fan de littérature. Bien sûr, il lui arrivait tout de même de temps à autres d'ouvrir un bouquin, de lire un peu, mais elle se laissait souvent décourager en cours de route et en arrivait toujours à la même conclusion: rien de mieux que le sport pour s'occuper et se faire du bien. Pour autant, en ce jour, elle était bien là. Mais toujours pas tellement dans l'optique d'y bouquiner, hm. Disons qu'elle s'emmerdait plus qu'autre chose et qu'en bonne chieuse qu'elle était, Mado n'était pas disposée à se contenter de compter les carreaux du sol de la cuisine. Il lui fallait un peu d'action. Et cette bibliothèque lui serait plutôt utile. Ainsi donc, Mado s'était mise en tête d'attraper un bouquin, mais pas n'importe quel bouquin. Elle n'avait aucun titre en tête, simplement un emplacement bien précis. Car ce qu'elle voulait, c'était le bouquin qui se trouvait le plus haut perché, évidemment. Sinon ce ne serait pas drôle, et sinon elle ne serait pas chiante. Ainsi donc, la jeune femme renoua avec le danger, avec l'un des fauteuils de la bibliothèque surtout, qu'elle tira en dessous d'une étagère et sur lequel elle grimpa. Cela lui rappelait Peyton, inévitablement. Car une fois, en faisant cela, elle s'était lamentablement cassée la tronche, et il l'avait aidée. C'est fou comme il lui manquait. Et c'est fou comme elle était peu concentrée, du coup. Si peu concentrée que chaque seconde qui s'écoulait la rapprochait assurément davantage d'une mort certaine. Surtout que bon, l'arrivée d'un candidat tomba bien mal. Mason, en plus. C'était bien sa vaine, ça. « Oh, Mason, tu tombes bien » s'exclama-t-elle pourtant, le bras tendu vers un livre qu'elle n'était sans doute pas prête de saisir. « Mon décès me semble imminent, alors j'aurais besoin de quelqu'un pour recueillir mes derniers mots. Tu sais, les conneries qu'on est tenté de dire avant d'y passer, ce genre de choses ... D'ailleurs, si t'as une idée, je suis preneuse. » Parce qu'elle se voyait mal sortir « Tu diras à Léo, mon nouvel élève, qu'il ne doit surtout pas oublier qu'il n'est pas Jésus et donc que ça n'est pas demain la veille qu'il marchera sur l'eau. » Ca ferait un peu fille-désespérée-n'ayant-pas-de-vie-personnelle. Okay, c'était ce qu'elle était. Mais ça, tout le monde n'avait pas nécessairement besoin de le savoir.

Je déteste la bibliothèque, je déteste vraiment cette pièce. Si je devais faire un classement des pièces que j’aime le moins, elle arriverait en première c’est sûr et certain. Je comprends pas pourquoi on a besoin d’avoir une pièce avec autant de livres quand même, c’est quoi l’utilité hein ? On va pas me faire croire que quelqu’un les lit tous, ils en auraient mis une dizaine pas plus, et personne se serait plaint. Enfin, tout le monde, tout le monde, une personne aurait toujours trouvé le moyen de se plaindre, on va pas se mentir. Moi en tout cas j’évite d’y aller le plus possible, ça me donne mal à la tête rien que de voir tous ces livres. Si je pouvais moi je les brûlerais les livres. Enfin à défaut d’avoir pu les brûler, j’avais déchiré les pages de beaucoup d’entre eux. Personne était venu se plaindre pour le moment, j’imaginais alors que personne lisait. Après moi ce que j’en dis. La seule raison pour laquelle je m’y rends parfois c’est quand j’ai besoin d’être seul. Je sais que c’est la pièce dans laquelle j’ai le moins de chance de tomber sur quelqu’un, alors quand j’ai envie de voir personne je viens m’enfermer ici jusqu’à ce que j’aille mieux. Aujourd’hui si j’ai besoin d’y aller, c’est parce que Peyton me manque. J’ai encore beaucoup de mal à me faire à l’idée qu’il est plus dans le chalet. Tous les soirs quand je vais me coucher, je me dis qu’il va être là, que si je fais un cauchemar je pourrais toujours le réveiller. Pourtant c’est pas le cas. Je me suis habitué à sa présence, et quelque part, pas dormir tout seul ça me rassurait. Enfin bon tout le monde s’en fiche que je doive dormir tout seul hein, peut-être que je devrais aller demander à Emmeline avec qui elle dort maintenant je sais pas. Si je dors tout seul, ça veut forcément dire qu’Emmeline aussi, faudrait que je pense à lui demander un de ces jours. Enfin pas pour le moment. J’entre dans la bibliothèque et je vois Mado en équilibre pour essayer d’attraper un livre. Faut pas qu’elle se donne tant de mal pour un bouquin, qu’elle se fasse pas mal à cause d’un truc aussi peu important que ça quand même. « Oh, Mason, tu tombes bien » Je vois ça, si ça continuait c’était plutôt elle qui allait finir par tomber m’enfin bon. « Mon décès me semble imminent, alors j'aurais besoin de quelqu'un pour recueillir mes derniers mots. Tu sais, les conneries qu'on est tenté de dire avant d'y passer, ce genre de choses ... D'ailleurs, si t'as une idée, je suis preneuse. » Ah, parce qu’elle pense qu’elle va mourir en essayant d’attraper ce livre ? Possible … Mais si j’étais elle je serais déjà descendu en tout cas. « Vraiment, tu veux me confier cette tâche ? Parce que quelque part tu sais très bien que je dirai pas la vérité. Je raconterai sûrement à tout le monde que t’as donné la garde de ton enfant à Mickey et que tu m’aimais beaucoup. » Oui je dirais sûrement ça à tout le monde si j’étais la dernière personne à qui elle parlait avant de mourir. « Sinon, tu veux pas que je te l’attrape ton livre ? Je sais pas, je dois faire au moins dix centimètres de plus que toi, mais c’est toi qui vois ... » Sûrement plus que dix mais enfin bon, elle fait comme elle veut, si elle veut finir par mourir hein.

En fait, Mado n'avait aucune envie de lire. Non, vraiment, ça n'était pas du tout d'actualité. Pourtant, elle se donnait présentement beaucoup de mal pour atteindre un livre un peu trop haut perché, et que donc elle n'allait certainement pas prendre la peine de feuilleter par la suite. Sans doute se contenterait-elle de le laisser trainer dans un coin, ne serait-ce que pour faire enrager Mickey, et qu'elle se sauverait, ni vu ni connu. En fait, elle ne savait pas tellement pourquoi elle avait tant besoin de se mettre en danger. Parce que monter sur un fauteuil, ça n'était jamais une bonne idée. La preuve, la fois où elle s'y était risquée, elle avait lamentablement perdu l'équilibre et avait terminé par terre, non sans pertes et fracas. Elle n'avait d'ailleurs pas tellement envie de recommencer. Pour autant, l'appel du danger était bien trop fort pour qu'elle puisse y résister, Mado étant téméraire de nature et absolument disposée à prendre tous les risques pour simplement avoir quelques montées d'adrénaline. Ici, c'était également pour ne plus s'ennuyer, pour pouvoir se dire, au moment où elle se coucherait, que sa journée n'avait pas été aussi ennuyante que celle d'hier l'avait été ou que celle de demain le serait également. Donc oui, elle risquait de très mal finir, de perdre l'équilibre, de se faire mal en atterrissant et de le regretter amèrement par la suite, mais sur le moment, elle ne voyait qu'une chose : ce foutu livre qu'elle finirait sans doute par atteindre à force de faire preuve de persévérance. Elle n'abandonnerait pas, c'est certain. Oh non, certainement pas. Qu'importe que le fauteuil commence à trembler dangereusement ou que Mason soit désormais dans le coin. Vraiment, rien n'altérerait sa détermination. Mado avait de toute manière besoin de quelqu'un pour retranscrire ses derniers mots, partant du principe qu'elle ne survivrait peut être pas à cette (ultime ?) prise de danger. C'était un risque évident. Bon, pas sûr que Mason ait été son premier choix, mais du choix, justement, elle n'en avait pas tellement. « Ah bah là c'est clair, je n'ai plus du tout confiance ! Tu es très vilain, Mason. Mais de toute manière, personne ne te croirait. Moi, t'aimer beaucoup ? Mais quelle blague. » Bon d'accord, elle le taquinait. Elle n'avait rien contre lui, et même si ça n'avait pas toujours été l'amour fou entre ces deux-là, ça allait mieux maintenant. Quant à Mickey, et bien, elle n'aurait rien contre lui refiler Aaron. C'est clair. « Je n'ai besoin de personne pour attraper ce livre, tu sais. Je sais me débrouiller toute seule, alors je vais y arriver. Et puis, empoté comme tu es, tu te tuerais simplement en posant un pied sur le fauteuil, alors hein. » Donc à choisir, elle préférait encore risquer sa vie, voilà. Surtout qu'elle y était presque. Encore cinq, non dix, non quinze centimètres, et c'était bon. Voilà.

J’ai envie d’être seul un peu, d’aller dans une pièce où je suis sûr que personne rentrera au hasard. Ou tout du moins une pièce dans laquelle j’ai le moins de chance qu’on me dérange. J’ai pas envie de voir du monde. Je vais mieux que la semaine dernière mais le départ de Peyton m’a tout de même mis un coup au moral je dois l’avouer. J’essaie de pas trop le montrer, mais des fois j’aime bien être tout seul. Je crois que finalement le départ de Peyton m’a affecté bien plus que je l’aurais cru. Bien entendu à part Myles, il était ici la personne dont je me sentais le plus proche, et vers qui je me tournais lorsque j’allais pas bien. Maintenant il était plus dans le chalet et je savais pas comment faire face à cette nouvelle. J’avais déjà eu beaucoup de mal à encaisser le départ de Carmen, il fallait maintenant que je gère celui de Peyton. Et ça me faisait bizarre quand même, je savais que j’allais finir par m’y habituer à un moment donné mais là je faisais simplement avec. Je crois qu’aussi je le vis aussi mal c’est parce que j’avais l’habitude dormir avec lui, je savais que si je le voyais pas de la journée, de toute manière il dormirait toujours avec moi et ça me rassurait. Mais là je me sens un peu seul, surtout que je dors tout seul maintenant. Avant aussi chez moi, mais là c’est pas pareil, dans le jeu j’ai toujours dormi avec Peyton. Et puis tout le monde a quelqu’un avec qui dormir aussi. Dans d’autres circonstances je crois que je l’aurais mal pris mais enfin Ezra a son amoureux, ou je sais pas trop comment l’appeler, alors je peux pas exiger qu’il dorme avec moi, surtout qu’on est pas très proche lui et moi. Alors je fais avec, ou tout du moins j’essaie. Mais des fois j’ai besoin d’être seul, comme tout de suite. Et la bibliothèque c’est toujours le meilleur endroit pour ça. Sauf que Mado s’y trouve déjà malheureusement. Enfin ça va, j’ai plus trop de problèmes avec elle. En équilibre sur le fauteuil pour attraper un malheureux livre, elle risque quand même fort de tomber. Mais bon elle est consciente qu’elle a des chances de mourir, au moins c’est bien elle s’en rend compte. Mais si j’étais elle ce serait certainement pas à moi que je confierais mes derniers mots. « Ah bah là c'est clair, je n'ai plus du tout confiance ! Tu es très vilain, Mason. Mais de toute manière, personne ne te croirait. Moi, t'aimer beaucoup ? Mais quelle blague. » Tout de suite, je suis pas vilain moi ! Ça se saurait sinon quand même hein. Elle exagère un peu quand même. « Arrête, je sais que tu m’adores. » Oui ça sert à rien de le nier, je le sais très bien. Oui enfin je blague bien entendu, j’espère qu’elle le sait au moins. En tout cas si elle a besoin d’aide hein, qu’elle oublie pas que je suis là et que je suis quand même légèrement voire beaucoup plus grand qu’elle. « Je n'ai besoin de personne pour attraper ce livre, tu sais. Je sais me débrouiller toute seule, alors je vais y arriver. Et puis, empoté comme tu es, tu te tuerais simplement en posant un pied sur le fauteuil, alors hein. » Elle fait la difficile en plus, moi je vois très bien qu’elle y arrivera pas. Si ça marche pas là, elle va pas grandir de dix centimètres tout d’un coup, faut pas qu’elle rêve. « N’importe quoi. Enfin c’est comme tu veux, mais si tu veux mon avis t’as pas une chance de l’attraper ce livre. Tu ferais mieux d’en prendre un autre. Mais si jamais tu décides d’y passer la nuit, j’irai annoncer à Bob la triste nouvelle. » Oui et quelle triste nouvelle, il pouvait enfin dormir sans Mado, elle devait faire que bouger.

Bien sûr que Mado risquait de tomber et de mourir sur le coup. Bon okay, de tomber oui, de mourir déjà moins. Quoi que, ça n'était tout de même à exclure, parce qu'avec la chance qu'elle avait, c'était finalement plausible comme tournure des choses. Il en faudrait effectivement peu pour que la jeune femme prenne un coup sur la tête, fasse une hémorragie crânienne, tombe dans le comas puis décède après une lutte acharnée contre le trépas. Après ça, elle aurait naturellement droit à des obsèques nationaux, à un discours de François Hollande notamment, enfin bon, tout ce qui contribuerait à perpétuer la légende qu'elle était à elle seule, vous comprenez. Autant dire qu'il lui en fallait peu, mais vraiment peu, pour partir en plein délire. Et c'était peut être justement ça qui risquait d'avoir sa peau. A ne pas se concentrer et à faire le pitre sur un fauteuil simplement pour se munir d'un livre qui était toujours beaucoup trop haut pour elle - et dieu sait pourtant qu'elle y mettait de la bonne volonté, là - elle risquait fort de se faire mal. Elle avait beau en avoir conscience, elle semblait pourtant loin d'être partante pour renoncer à ce qui semblait presque perdu d'avance. Renoncer, ça n'était pas un mot qu'elle avait tendance à connaitre. Elle ne renonçait jamais, non. Et certainement pas quand Mason était dans les parages. Par soucis d'orgueil et de fierté, elle ne pouvait décidément pas se résoudre à abandonner, à descendre de ce fauteuil les mains vides. Elle y était, elle y restait, c'est tout. En tous les cas, elle avait peut être parlé un peu vite lorsqu'elle avait naïvement laissé entendre qu'il pourrait se charger de recueillir ses derniers mots. Bah putain, elle n'avait maintenant plus du tout confiance en lui, vu qu'il disait ni plus ni moins qu'il mentirait sur ce qu'elle aurait dit avec de rendre l'âme. Ce serait de la diffamation. Surtout que bon, pouvait-on faire moins crédible que le fait qu'elle aime beaucoup Mason ? Bon okay, elle n'avait rien contre lui, mais de là à le prétendre, tout de même, n'abusons pas. Lui, il disait qu'elle l'adorait. Ah ouais rien que ça. Bah dites donc, il s'emmerdait pas, lui. « Ah oui ? Alors pourquoi est-ce que je ne suis même pas au courant, hm ? » fit-elle, immédiatement, rentrant plus ou moins dans son jeu car sachant évidemment qu'il n'était pas sérieux. Encore heureux. « Cesse donc de rêver tout haut, Mason » reprit-elle, en haussant doucement les épaules. Elle tendait toujours le bras vers ce bouquin, flirtait un peu plus avec la mort à chaque minute qui s'écoulait. Son camarade laissa entendre qu'il pourrait attraper le livre pour elle, mais c'était exclu. Depuis quand avait-elle besoin d'un homme pour faire quoi que ce soit, hein ? « Merci de m'encourager ! » grogna-t-elle, lorsqu'il amoindrit ses espoirs en laissant entendre qu'elle aurait globalement autant de chances de saisir le livre que de se taper Bradley Cooper. Non mais, pff, quoi. « Oui mais, vois-tu, c'est CE livre que je veux. » Et vu qu'elle était chiante, et déterminée de surcroît, elle n'était pas prête de changer d'avis. « Oh, tu ferais ça ? C'est adorable. Mais le connaissant, il s'empressera de jouer les curieux et se foutra dans mes pattes, alors non merci. » Mais ça restait une gentille intention, n'est-ce pas ? Oui, bien sûr. Mado, en tout cas, était toujours déterminée à attraper le livre. A noter qu'elle ne pouvait faire autrement que de faire de grands gestes, et qu'inévitablement, beaucoup d'autres bouquins se cassaient la gueule. « Si tu veux m'aider, tu peux ramasser les livres que je fais tomber, hm ? Mais fais gaffe à ne pas t'en prendre un sur la tronche, quand même. » Ce serait dommage, et elle ne voulait pas d'ennuis avec Myles, donc bon.

Pour que j’aille dans la bibliothèque il faut quand même vraiment que je sois triste. Je suis sûr que j’ai des boutons qui apparaissent sur le visage à chaque fois que j’y vais. Je supporte vraiment pas cette pièce et d’ailleurs avant le jeu, j’avais même jamais mis les pieds dans une bibliothèque. Faut pas exagérer non plus. Mais enfin bon je peux pas trop le cacher, le départ de Peyton m’attriste bien plus que ce que je n’aurais pu penser. Je comprends pas pourquoi on l’a renvoyé chez lui, il était très bien ici avec moi d’abord. Il va beaucoup moins s’amuser en plus sans moi c’est certain. Mais ça personne y a pensé évidemment. Et puis j’arrive pas à ne plus y penser, chaque soir quand je vois son nom au dessus du lit je sais qu’il viendra pas et ça me rappelle qu’il est parti. Alors j’ai besoin de penser à autre chose, de me changer les idées. Je sais bien que la bibliothèque est pas le lieu idéal pour ça, mais là au moins je peux avoir la paix. Enfin la plupart du temps. Pour l’heure il semblerait que Mado ait déjà trouvé refuge dans la bibliothèque. Je sais pas si elle tient à se casser une jambe ou à se briser la nuque mais elle semble bien parti pour en tout cas. En même temps moi je vois bien que ce livre elle l’attrapera jamais, elle est bien trop petite pour ça. Enfin bon si c’est à moi qu’elle souhaite confier ses dernières volontés, soit. Mais je pense qu’elle sait très bien que je dirai que ce dont j’ai envie. Enfin non disons que je dirai ce qu’elle m’avait dit mais que je rajouterai deux ou trois trucs, quand même il faut pas exagérer. « Ah oui ? Alors pourquoi est-ce que je ne suis même pas au courant, hm ? » Ah ? Bon comme ça elle m’adore pas ? Si ça avait été quelqu’un d’autre j’aurais pu être déçu quand même. « Parce que t’as subi un lavage de cerveau. Tu te souviens pas ? Avant tu m’adorais. Tu m’adorais tellement que tu faisais tout mais vraiment tout ce que je disais. » Oui elle s’en souvient pas alors ? Bah c’est bien dommage hein. « Cesse donc de rêver tout haut, Mason » J’espère qu’elle plaisante au moins quand même, comme si j’avais envie qu’elle m’adore. Enfin j’aime bien que les gens m’aiment bien, c’est vrai que j’aime bien être le centre d’attention. « Comme si je pouvais rêver de ça. » Moi ce que je veux c’est avoir des pouvoirs magiques, gagner une médaille aux JO mais certainement pas que Mado m’adore, elle fait ce qu’elle veut hein. Et puis bon elle veut même pas que je l’aide à attraper son fichu bouquin, c’était comme elle voulait, mais elle allait pas y arriver c’était certain. Mais bon vu qu’elle semblait pas vouloir abandonner, j’irai volontiers prévenir Bob qu’il risquait de pas revoir Mado pour un bon bout de temps. « Merci de m'encourager ! » En même temps je vais pas l’encourage, je vois bien que c’est pas possible. « De rien. » Bah quoi, elle me dit merci je suis poli c’est tout. « Oui mais, vois-tu, c'est CE livre que je veux. » Elle est chiante hein, elle peut pas en prendre un autre non ? Elle veut celui-là absolument et pourquoi d’abord hein ? « Pourquoi ? » Elle avait au moins une raison à ça quand même. « Oh, tu ferais ça ? C'est adorable. Mais le connaissant, il s'empressera de jouer les curieux et se foutra dans mes pattes, alors non merci. » Bah oui justement c’est ça l’intérêt hein, sinon c’est pas marrant. « Raison de plus. On viendra ici se moquer de toi et on te jettera du maïs. » Non c’est pas vrai, je suis pas méchant moi, je dis ça pour rigoler, j’espère qu’elle le sait en tout cas. « Si tu veux m'aider, tu peux ramasser les livres que je fais tomber, hm ? Mais fais gaffe à ne pas t'en prendre un sur la tronche, quand même. » Merci, c’est gentil quand même, mais je tiens pas à me faire assommer par un livre, et puis c’est pénible quand même cette situation. Je commence alors à ramasser quelques livres. « Bon ça me fatigue là. Si je pars maintenant on va venir m’accuser de t’avoir suicidée. Alors si t’es pas descendue à trois, je te fais descendre moi-même. 1 …. 2 …. » J’imagine que je dois trop lui faire peur, mais j’en ai marre là. J’ai envie de partir, mais si je pars quelqu’un va me fâcher parce que je l’ai laissé là en équilibre. Alors bon elle est pas bien épaisse si je veux j’arriverai à la soulever et à l’empêcher de se tuer.

Qu'on se le dise, Mado ne descendrait de ce fauteuil qu'une fois son livre en mains. Un comble qu'elle soit aussi déterminée à l'atteindre quand on pense qu'elle se foutait éperdument du livre en lui-même, en fait. C'est vrai, elle s'était simplement lancée un défi à elle-même, celui de s'emparer de ce fameux bouquin, qui était alors très haut perché, tandis qu'il était tout à fait probable qu'elle s'en désintéresse profondément une fois redescendue de là, hm. Mado était comme ça, du genre à faire toute une histoire pour un livre, à risquer son intégrité physique pour s'en emparer à tout prix, pour au final ne pas prendre la peine de le lire. Elle était décidément bien chiante, dans son genre. Mais pour le coup, elle n'estimait pas ennuyer qui que ce soit. A part peut être Mason, et encore, pas tellement. De toute manière, il n'avait pas à être ici. Ou disons en tout cas qu'elle ne l'avait pas prié de la rejoindre à la bibliothèque et donc que si cela l'emmerdait de voir Mado tendre le bras en vain, elle le retenait encore moins. Oui, exactement. Au moins, la française était maintenant sûre d'une chose : si elle venait à chuter puis à décéder en atterrissant par terre, elle ne lui adresserait pas ses derniers mots, puisqu’apparemment, il prévoyait d'avoir recours à de la diffamation. Et ça, c'était hors de question. Au pire, elle décéderait en silence, et puis voilà. En tous les cas, non, Mado n'adorait pas Mason. N'importe quoi. Elle voulait bien reconnaitre que leurs rapports s'étaient améliorés, mais cela avait ses limites et rester réalistes ne serait pas un mal, hm. Alors si vraiment Mado adorait Mason, disons qu'elle était bien la dernière à en être au courant. Un lavage de cerveau ? Oula, il partait loin, le Mason. « Oh, vraiment ? On était genre inséparables, toi et moi ? Ce devait être merveilleux, alors. » Ou pas tant que ça, hein. Parce que Mason avait beau ne pas être un méchant garçon, il fallait quand même le supporter, et la concernant, à petites doses c'était amplement suffisant, hm. Il rêvait, en fait, elle était là l'explication. Sauf qu'il s'en défendit. Quel esprit de contradiction. On dirait elle, hm. Ainsi, Mado se contenta de hausser les épaules. Qu'il rêve tout haut ou pas, très franchement, ça ne changerait rien à sa vie, hm. En tous cas, Mason ne l'encourageait pas du tout là, en laissant entendre que Mado n'attraperait jamais le livre qu'elle visait. Non mais oh, ne pouvait-il pas plus tôt lui envoyer de bonnes ondes ? Visiblement pas. Pff. Pourquoi voulait-elle absolument CE livre ? Oh et bien, la raison lui semblait toute simple, mais puisque Mason n'était a priori pas dans sa tête, disons qu'elle allait essayer de la lui expliquer, et ce, très explicitement. « PARCE QUE. » Voilà. Très explicite, donc, effectivement. On ne faisait assurément pas mieux dans le genre. Nul doute que ça lui suffirait, hein. De toute façon, elle n'avait pas à lui rendre de comptes, et ainsi, peut être comprendrait-il que c'était ce livre là et pas un autre, un point c'est tout. Quant à Bob, non vraiment, elle ne tenait pas à ce qu'il soit alerté. S'il déboulait pour l'embêter, ça aurait le don de rapidement la saouler. Et ça ne l'aiderait aucunement, surtout. A noter que Mason mériterait une jolie tarte, là, hm. Bon, peut être blaguait-il, mais tout de même ! « Oh, vous auriez tort de faire ça, crois-moi. Car je n'oublie jamais un affront et ma rancune est tenace. Quant à ma vengeance, elle, elle est bien connue pour être redoutable. » Tout pour le dissuader d'en arriver là un jour, oui. Mais c'était autant valable pour ça que pour n'importe quel autre sale coup, hein, évidemment. Le voilà prévenu. Mason ne se fit en tout cas pas prier pour ramasser les livres qu'elle faisait tomber au fur et à mesure et sans tellement le vouloir. Bien. Quoi que non, pas bien, parce qu'il se plaignait déjà. Ah ben ça alors, c'était une petite nature. « Quoi, déjà ? Il t'en faut bien peu ! C'est à croire que te laisses un peu vivre, toi, hein. » Parce que bon, si après avoir ramassé trois livres il était fatigué, c'est que c'était critique, quand même. « Attends ... pardon ? Tu comptes sérieusement me faire descendre de là, toi ? J'en ris déjà. Il est hors de question que j'abandonne ce livre, Mason. Je le veux, je l'aurai. » Donc non, elle ne descendrait pas d'elle-même. Oh il pouvait bien compter, ça n'y changerait rien. Et s'il approchait, elle crirait au viol. Oui, voilà.

J’aurais préféré que la bibliothèque soit déserte pour que je puisse rester tout seul. C’est pas que j’ai pas spécialement envie de passer du temps avec Mado, même si c’est clairement pas ma personne préférée dans le chalet, mais c’est juste que j’ai envie d’être seul. La seule pièce où je pensais pouvoir être tranquille, Mado me la pique. Pour quoi faire en plus ? Pour risquer sa vie en équilibre sur un fauteuil. Et bien bravo, elle pourrait aller dans le salon pour faire ça hein, je suis sûr qu’en plus elle en a même pas besoin de ce livre. Et puis bon qu’elle compte pas sur moi pour dire ses derniers mots. C’est pas que j’en ai pas envie, c’est que je suis pas capable de m’en empêcher. Je dirais sans doute plus ou moins la vérité, en rajoutant un peu ce que je voulais. Comme que Mado m’adorait. Ça me rapportait rien de dire ça, mais je trouvais ça marrant même si au fond je tenais pas plus que ça qu’elle m’adore ou pas. Je préfère qu’on me déteste pas mais ça s’arrête là. « Oh, vraiment ? On était genre inséparables, toi et moi ? Ce devait être merveilleux, alors. » Bah oui c’est quand même bizarre qu’elle s’en souvienne pas ça alors … Surtout qu’elle adorait faire absolument tout ce que je voulais. Oui voilà c’était exactement comme ça que ça se passait avant qu’elle subisse ce lavage de cerveau. Bon j’avais peut-être regardé un peu trop de films aussi. « Oui t’étais très heureuse effectivement. » Oui bah évidemment ça rend tout le monde très heureux de m’adorer, même que c’est scientifiquement prouvé par moi-même, donc c’est quand même très sûr ce que je dis. Quant à son livre je comprends pas pourquoi elle s’acharne dessus, y’en a des milliers d’autres ici. Et puis en plus, vu qu’il est trop haut pour elle, elle sait au moins quel livre c’est ? Je la comprends pas trop sur le coup je dois avouer. « PARCE QUE. » Ohlala elle est pas obligée d’hausser le ton pour une simple question sans importance. Elle est bizarre quand même, est-ce que je crie moi ? Non il me semble pas. « Pas la peine de crier hein. Et puis je te ferais remarquer que ‘parce que’ c’est pas une réponse. » Non vraiment pas parce que moi je suis pas plus avancé, je sais toujours pas pourquoi elle le veut tant ce livre en particulier, surtout qu’elle veut même pas que je l’aide alors. Si elle a l’intention de passer des heures à risquer de se casser les deux jambes, moi c’est pas mon problème mais j’irai quand même prévenir Bob pour qu’on revienne lui jeter du maïs. Enfin je plaisante bien entendu, mais je sais pas pourquoi je sens qu’elle va pas comprendre, et qu’elle va croire que je suis sérieux encore une fois. « Oh, vous auriez tort de faire ça, crois-moi. Car je n'oublie jamais un affront et ma rancune est tenace. Quant à ma vengeance, elle, elle est bien connue pour être redoutable. » Qu’est-ce que je disais … Mais enfin si ça lui fait plaisir de croire que je le pense vraiment hein. « Je pense qu’on tiendra le coup. » Oui on arrivera à survivre à la vengeance de Mado, enfin de toute façon c’est pas trop grave c’est pas dans mes intentions de revenir avec Bob lui lancer du maïs non plus. Je vais pas perdre mon temps pour ça non, faut pas rêver. Et puis bon je veux bien ramasser les livres qu’elle fait tomber, mais ça m’agace rapidement, j’ai envie de faire autre chose mais je peux pas la laisser comme ça, si elle tombe et se fait mal c’est encore moi qu’on va accuser. Alors … La seule manière c’est de la faire descendre moi-même. « Quoi, déjà ? Il t'en faut bien peu ! C'est à croire que te laisses un peu vivre, toi, hein. » Et oh elle va se calmer un peu quand même. « J’y peux rien si c’est pas marrant moi. » Oui c’est pas marrant de ramasser des livres, je vais pas y passer la nuit non plus. Alors bon je compte jusqu’à trois, elle va voir ce qu’elle va voir. « Attends ... pardon ? Tu comptes sérieusement me faire descendre de là, toi ? J'en ris déjà. Il est hors de question que j'abandonne ce livre, Mason. Je le veux, je l'aurai. » Elle va voir un peu moi si je vais pas la faire descendre, elle fera moins la maligne. « Mais arrête avec ce livre à la fin, je comprends pas pourquoi tu t’acharnes. » Non vraiment je comprends pas. Alors je me mets sur le fauteuil , derrière elle, je passe mes bras autour de sa taille. Bon je la soulève pas encore parce que je sais pas si j’en suis capable, et puis elle va sûrement se débattre mais c’est juste pour lui montrer que je plaisante pas. « Bon allez ça suffit maintenant, descends. »

Mado aurait pu opter pour un livre à sa portée, mais évidemment, il avait fallu qu'elle vise celui qui était au plus haut sur l'étagère, hein. Sinon ça n'aurait pas été drôle, sans doute. Oui, voilà. Et puis, globalement, elle était chiante la Mado. Et il n'y avait pas de raison que ce soit le cas les autres jours et pas aujourd'hui, n'est-ce pas ? Pas de discrimination, après tout, ce serait injuste. Donc oui, elle s'était mise en tête d'atteindre le livre, de le descendre, de le garder en main trois secondes puis de le poser un peu n'importe où. Ensuite ? Oh et bien, supposons qu'ensuite elle aurait vite fait de foutre le camps d'ici, hein, tout simplement. Le but n'étant évidemment pas de lire, mais ça tout le monde l'avait bien compris. Car, très franchement, elle n'en avait rien foutre du livre en lui-même, hein. Elle n'en connaissait même pas le titre. Elle savait juste que la couverture était bleue, c'est tout. Et c'était bien assez, à ses yeux. En tous les cas, elle n'aurait jamais imaginé que Mason débarque au moment le plus critique, celui où elle devait à tout prix tâcher de se concentrer. Avec lui, ce serait chose plus difficile, bizarrement. A croire qu'il avait fait exprès de se pointer alors qu'il aurait été particulièrement idéal qu'elle reste seule, hein. Surtout que là, franchement, il la gonflait déjà. Il rêvait tout éveillé, ce garçon. Comme s'ils avaient pu être inséparables par le passé, hein. Surtout que bon, il était bien mignon avec ses histoires de lavages de cerveau, mais c'était quand même un peu farfelu, disons. Pas très réaliste, oui, voilà. « Je suppose qu'il me reste à te croire sur parole. » Vu qu'elle n'avait aucun souvenir de tout ça. Mais il n'y avait pas de raison qu'il raconte des conneries, après tout. Il était fiable, ce petit, elle le sentait. Une valeur sûre, oui, c'était évident. Surtout que bon, c'était tellement son genre d'être heureuse, déjà, hein. Mado respirait la joie de vivre, ça tout le monde avait déjà pu le remarquer ! Pas dépressive pour un coup. Pas même pessimiste. Ah non, vraiment, épanouie et radieuse à tout moment, c'était tout à fait elle. Hm. Quant à savoir pourquoi elle voulait ce livre et pas un autre, merci de noter qu'elle avait fait un effort considérable pour lui offrir une réponse précise et limpide. Son "parce que" l'était, oui, elle en était certaine. Et elle ne criait pas voyons, elle se contentait de lui expliquer les choses. Comme si c'était son genre de crier. Pas elle non plus ça, hein. Et comment ça, ça n'était pas une réponse ? Mais il était chiant, lui, décidément. « Ah ben ça c'est vraiment con parce que, vois-tu, c'est la seule que t'auras. » Il s'en contenterait gentiment donc, pas vrai ? Gentil garçon. De toute manière, elle se voyait mal lui expliquer qu'elle voulait ce livre simplement parce qu'elle avait envie d'être chiante, hein. Il la jugerait, c'est certain. Et elle préférait éviter. Par contre, qu'il fasse gaffe, parce que son histoire de maïs, elle ne lui plaisait pas du tout. Bob et Mason n'avaient pas intérêt à se frotter au sadisme de Mado, parce que ce serait un coup à en bouffer le carrelage. « Alors ça, mon chou, c'est toi qui le dis. Si ceux à pouvoir en témoigner sont si peu nombreux à ce jour, ça n'est pas pour rien. » Oui, c'était peut être censé l'effrayer. Juste un peu, disons. Histoire qu'il renonce définitivement à cette improbable histoire de mais. Autant lui lancer directement du pop corn, au pire, ce serait plus mangeable. Bref. « Ah mais attends, qui a dit que c'était censé être marrant ? Ramasser des livres, c'est clair que ça n'est pas l'éclate. Tout simplement parce que ça n'est pas fait pour. » Elle ne lui avait pas demandé de se fendre la poire non plus, après tout. Mais lui, il semblait décidément fatigué d'un rien. Un vrai assisté, décidément. « Y'a rien à comprendre, Mason ! » Bah ouais, elle voulait ce livre parce qu'elle le voulait, et elle estimait n'avoir aucun compte à lui rendre, d'ailleurs. Sauf que lui, il semblait déterminé à vouloir la faire descendre de là. Ainsi, elle le sentit s'incruster sur le fauteuil et l'enserrer de ses bras. Mais ... mais ... Harcèlement sexuel, messieurs dames ! « Non, non, non. Et si tu ne me lâches pas tout de suite, je dirai à ton frère que tu m'as pelotée. Alors je te conseille de me laisser tranquille avec mon bouquin ! » Parce qu'avec lui, elle avait décidément encore moins de chances d'arriver à quoi que ce soit. Un handicap à lui tout seul, ce Mason.

Bon on va pas y passer des heures avec son livre là, c’est quoi son problème au juste ? Elle en a réellement besoin ou quoi de ce livre pour risquer de se briser les os de cette manière ? C’est idiot de se mettre en danger pour un stupide livre, les livres ça sert à rien. Et au pire il y en avait des centaines dans cette bibliothèque, alors il fallait passer à autre chose. Surtout que bon moi elle savait quand même que ça allait être difficile que je raconte ses derniers mots sans les changer. C’est pas que j’aime bien mentir, c’est que là j’aurais une bonne opportunité, et que je pourrai pas m’en empêcher. C’est pas de ma faute, j’aime bien faire des blagues de temps en temps. Et moi je trouverais ça marrant de raconter qu’elle confie son fils à Mickey et de dire qu’elle m’aimait beaucoup. Parce que je sais bien que c’est pas la vérité. Moi j’ai rien contre elle en tout cas, ou plus grand-chose en tout cas. Et puis c’était plausible non cette histoire de lavage de cerveau, non ? Moi je suis sûr que oui, elle aurait tort de pas me croire. « Je suppose qu'il me reste à te croire sur parole. » Effectivement oui elle avait pas d’autres choix de toute manière. Je hoche la tête, même si je sais qu’elle croit pas une seule seconde ce qu’elle dit, c’est vraiment dommage. Et puis d’abord c’était quoi son problème avec ce livre là en particulier hein ? Elle peut pas aller en prendre un autre, pourquoi est-ce qu’elle veut celui-là absolument ? J’arrive vraiment pas du tout à la comprendre, non j’ai beau me faire des tonnes de scénarios dans ma tête, j’arrive pas à en faire un plausible. Et puis elle veut même pas me donner de réponse, alors quoi, même elle, elle sait pas ? « Ah ben ça c'est vraiment con parce que, vois-tu, c'est la seule que t'auras. » Je me contente de lui tirer la langue tant qu’elle me voit pas, perché sur son fauteuil. Tant pis si elle veut pas me donner de réponse, mais en tout cas je suis capable d’aller chercher Bon pour qu’on lui lance du maïs dessus le temps qu’elle parvienne à attraper ce fichu livre, oh oui ça me dérangerait pas. Peu importe sa soi-disant vengeance, si elle pense qu’elle me fait peur, et bien c’est raté. Maintenant j’ai plus peur d’elle, elle m’a déjà menacé de plein de choses et au final elle a jamais rien fait. « Alors ça, mon chou, c'est toi qui le dis. Si ceux à pouvoir en témoigner sont si peu nombreux à ce jour, ça n'est pas pour rien. » Ouais, ouais c’est ça, comme si j’allais la croire. « Moi je pense surtout que tu racontes n’importe quoi. » Et c’est pas peu de le dire effectivement. Et puis je vais pas passer mon temps à ramasser les livres qu’elle fait tomber. J’ai pas que ça à faire moi. Déjà de un c’est pas marrant et de deux j’aimerais mieux faire autre chose. Alors si elle pouvait bien descendre ce serait vraiment appréciable, oui. « Ah mais attends, qui a dit que c'était censé être marrant ? Ramasser des livres, c'est clair que ça n'est pas l'éclate. Tout simplement parce que ça n'est pas fait pour. » J’ai cru le remarquer ça oui, et puis je suis pas à son service de toute manière. « De toute manière je vais pas faire tout ce que tu veux alors. » Oui voilà, c’est pas parce qu’elle veut que je ramasse les livres que je vais le faire. « Y'a rien à comprendre, Mason ! » Oh mais elle m’agace. Je comprends pas, je comprends pas quand même. C’est bizarre qu’elle s’obstine de cette manière pour un simple livre. Alors vu qu’elle pensait pas que je pouvais moi-même la faire descendre et bien j’avais pris les choses en main, alors j’étais monté sur le fauteuil et j’avais passé mes bras autour de sa taille. « Non, non, non. Et si tu ne me lâches pas tout de suite, je dirai à ton frère que tu m'as pelotée. Alors je te conseille de me laisser tranquille avec mon bouquin ! » Hors de question. « Il te croira jamais, et puis je t’ai pas touché les seins ni les fesses alors ce serait un gros mensonge. » Un très gros mensonge même. C’était n’importe quoi cette histoire de pelotage. « Et puis je suis pas d’humeur aujourd’hui, alors je vais pas attendre des heures que t’attrapes ton livre parce que t’y arriveras jamais. Alors tant pis. » Oui tant pis. Doucement je commence à soulever Mado et je recule d’un pas, pour qu’elle soit plus en équilibre. Je continue de la tenir parce que je sais que sinon elle va recommencer. Bon elle va me détester, mais tant pis.