Aujourd'hui, Mado s'était levée avec une folle idée en tête. La concernant, ça n'était pas une chose inhabituelle, vu que ça avait tendance à lui arriver tous les jours, et pas qu'une fois. Mado était simplement une jeune femme à l'imagination parfois trop débordante, et ayant besoin de faire trois-mille choses en une journée. Et en ce jour, elle s'était mise en tête d'apprendre à nager à l'un de ses camarades. Pour autant, elle n'était pas tellement certaine que ce soit chose possible, dans la mesure où la totalité de ses camarades devait très probablement avoir appris à nager des années auparavant. Mais, qu'on se le dise, elle ne désespérait pas de tomber sur une âme charitable, sur quelqu'un qui accepterait de jouer le jeu, simplement pour qu'elle ait l'impression d'être indispensable. Ainsi donc, elle se rendit à la piscine, et ne tarda justement pas à y trouver Myles, encore sur le bord. Non, elle n'allait pas le pousser dans l'eau, bien que ce ne soit probablement pas l'envie qui lui manque. Elle se devait de mettre toutes les chances de son coté, alors autant se tenir à carreaux. « Salut, Myles » énonça-t-elle alors, pour commencer et pour être certaine d'attirer son attention. « Je voulais encore te remercier d'avoir fait preuve de patience à la patinoire. Je me doute que ça n'a pas été facile pour toi de te coltiner un boulet comme moi, alors je t'en suis franchement reconnaissante. Aussi, je me suis dit que puisque tu m'avais gentiment appris à patiner, je pouvais bien te rendre la pareille » reprit-elle, en un fin sourire. Le suspense était insoutenable, oui, c'était fait exprès. Elle voulait qu'il soit pendu à ses règles, qu'il la supplie de reprendre et ... okay, elle allait simplement continuer, hein. « Tu l'auras compris, je vais t'apprendre à nager. Alors oui, je sais, il est très probable que tu ne m'aies pas attendu pour apprendre, alors je te propose un truc : tu fais semblant d'être nul, et en échange, tu obtiendras ma reconnaissance éternelle. » C'était plutôt un deal sympathique, non ? Parce que bon, la reconnaissance de Mado, éternelle qui plus est, ça n'était assurément pas rien. Il ferait franchement bien d'y réfléchir sérieusement, parce que là, c'était une occasion en or, hein. « J'ai besoin de me faire sentir utile, Myles. S'il te plait, laisse-moi t'apprendre à nager. » Oh, il pouvait bien faire ça pour elle, non ? Parce que bon, elle se gardait bien de le lui dire, mais en cas de refus, il était fort probable qu'elle cherche à tester un autre de ses talents : le sauvetage. Elle le noierait et tâcherait de le réanimer, oui. Un programme un peu moins plaisant, sans doute, mais qui reviendrait presque au même pour elle, finalement.

La piscine. Je crois que je vais y passer toute ma semaine. La température n’a pas l’intention de chuter, alors ouais, je pense que je vais élire domicile à la piscine. Peut être même que je dormirais sur l’ilot au milieu, tant c’est juste insupportable la chaleur. On n’est pas habitué en Irlande à de telles températures par un mois de mars. C’est n’importe quoi. On va ressortir de ce jeu complètement déréglé. Bref, je suis donc assis sur le rebord de la piscine, les pieds trainant dans l’eau, lorsqu’une brune fait son apparition. Mado. Elle commence par me remercier de l’avoir aidé à la patinoire l’autre jour. « Ça va, t’étais pas trop mal comme élève. » Plutôt obéissante. Bon alors certes, je crois que pour le niveau olympique, il va falloir attendre encore un peu finalement… Mais sinon ça allait. Elle apprend vite la petite. Voilà qu’elle parle de me rendre la pareille. Hm comment ça ? Je ne tarde pas à le savoir. En m’apprenant à nager. Haha ce qu’elle est drôle. Elle veut que je fasse semblant d’être nul, juste pour qu’elle puisse se sentir utile ? Limite si elle ne me supplie pas. Elle est sérieuse ? « Tu veux que je fasse semblant de couler ? Et quoi, tu m’apprendras à flotter, tu mettras tes petites mains partout sur mon corps pour m’aider ? » Que je demande dans un sourire. Dis comme ça, ça sonne limite pervers. Oh peut être que c’est fait exprès oui. Après tout, cette idée est tentante… Ou pas, n’importe quoi. « Je suis désolé, mais cette fois je ne peux rien pour toi. Surtout que j’aurais beau essayé d’être nul, ce n’est pas dans mes capacités, je n’y arriverais pas. Je suis trop doué. » Et oui. « Mais si ce que tu cherches, c’est te rendre utile, tu sais moi je connais d’autres moyens pour ça. Je peux te soumettre des idées. » Oh oui ça doit se trouver. Et tiens d’ailleurs quelques unes me viennent en tête. Alors pas besoin de feindre une quelconque utilité. Elle le serait vraiment utile.

Mado n'était pas chiante du tout, n'est-ce pas ? C'est vrai quoi, elle n'était absolument pas du genre à se pointer à l'improviste à la piscine pour enquiquiner un Myles qui, assurément, avait d'autres choses à faire que de subir l'un de ses nombreux délires, hein. Bien sûr que non. Hm. Disons qu'elle s'ennuyait facilement et qu'en ce jour, elle avait particulièrement besoin de se sentir utile. Oui voilà, c'était exactement ça. Elle voulait qu'on l'occupe, qu'on lui donne l'impression qu'elle servait vraiment à quelque chose. Ainsi donc, elle avait une idée pour le moins tordue en tête. Et ce pauvre Myles tombait donc bien mal, mais ça, il ne le savait pas encore. Heureusement d'ailleurs, sinon il aurait très probablement pris la fuite. Car dans un premier temps, rien ne laissa penser que Mado pouvait avoir l'intention de lui faire une sordide proposition. Elle se contenta en effet de le remercier pour la patience dont il avait fait preuve à son égard la semaine passée. Car oui, rappelons-le, Myles lui avait gentiment appris à patiner, alors que bon, il n'était jamais franchement facile de se farcir quelqu'un d'aussi pénible que la jeune femme. Mais lui, il ne semblait pas trouver bon de s'en plaindre, et franchement, ça lui fit plaisir. « Je t'avais dit que je serai docile. Et en plus, t'as vu, j'ai assuré. » Non, ne lui parlez pas de ses trente-six chutes, elle ne verrait pas de quoi vous voudriez parler. Mado avait envie de croire qu'elle avait été balaise, voilà tout. Même si bon, elle n'en perdait jamais bien longtemps de vue la réalité, hm. « Non, Myles, ne dis rien » souffla-t-elle alors, histoire qu'il ne soit surtout pas tenté de la contredire et de brises ses illusions. Ce serait trop dur, vous comprenez. Surtout qu'elle était venue le trouver dans un but honorable : lui apprendre à nager. Alors oui, il savait probablement déjà nager, mais ça n'était assurément qu'un insignifiant détail. Vraiment, ça ne comptait pas. « Tu as tout compris. J'en profiterai effectivement pour te tripoter, parce que bon, c'est tout à fait mon genre tu le sais. » Oui, évidemment que c'était tout Mado de saisir la moindre situation pour foutre ses mains un peu n'importe où. Généralement, elle essayait simplement de se contrôler, mais sinon, oui, elle était très tactile, comme nana. En tous les cas, Myles refusait, et ça n'allait clairement pas pouvoir le faire, hm. « Alors quoi, tu refuses ? Alors que je fais ça pour toi ? Tu deviens désagréable, Myles, et ça n'est pas cool du tout. Surtout que bon, je peux bien te l'avouer, en réalité je suis super douée en patinage, mais j'ai fait semblant d'être nulle rien que pour tu te sentes utile. Donc voilà, chacun son tour. » Okay, c'était une énormité, un mensonge improbable. Mais elle faisait comme elle pouvait pour essayer de le faire céder. C'est qu'elle y tenait à son cours de natation, oui, clairement. Sauf que là, il laissait entendre qu'il pourrait trouver d'autres moyens pour qu'elle se sente utile. Pour le coup, il l'avait rendue curieuse. « D'autres moyens, dis-tu ? Et lesquels ? » Attendez voir, est-ce qu'elle était censée craindre le pire, là ? « Je précise, juste comme ça, que si je ne suis pas disposée à coucher pour réussir, je le suis encore moins pour faire réussir les autres. » Ouais, voilà, elle tenait à ce qu'il n'y ait aucun malentendu. Non pas qu'elle se croit irrésistible, mais ça n'était pas non plus comme si elle avait à faire à Mickey, hein. Bon.

« Je t'avais dit que je serai docile. Et en plus, t'as vu, j'ai assuré. » Assuré, assuré, c’est un bien grand mot. Disons qu’elle a surtout fait preuve de persévérance au vu de ses nombreuses chutes. D’autres, résignés, auraient déjà abandonné depuis longtemps, mais non pas elle. A chaque fois elle se relevait, et c’est reparti pour un tour. Jusqu’à la mort. Elle m’intima de ne rien dire, comme pour ne pas briser ses douces illusions. « C’est dommage, j’allais pourtant dire à quel point tu avais géré. » Ou pas. « Tu n’as pas eu trop mal partout le lendemain ? » Elle a dû se prendre quelques bleus et souffrir de courbatures. Bref, la Mado veut donc jouer les maîtres nageurs, et m’apprendre les rudiments de la nage. Comme si à 32 piges, je ne savais pas encore nager. Ça serait inquiétant. Son boulot lui manque un peu trop je crois. A moins que ça ne soit seulement dans le but de profiter de mon corps. Ça ne m’étonnerait même pas venant d’elle. « Tu as tout compris. J'en profiterai effectivement pour te tripoter, parce que bon, c'est tout à fait mon genre tu le sais. » Oh oui j’ai vu clair dans son petit jeu. J’hoche la tête. « Je sais bien que tu es une petite coquine. Tu nous endors avec tes airs de Sainte Nitouche, mais en fait, je sais que t’es la pire d’entre nous » Carrément. On est pas les plus pervers, c’est elle. Donc non, je ne vais pas jouer à faire semblant d’être nul en natation pour ses beaux yeux. Ce qui fait que j’en deviens désagréable ? Dites donc. Et quoi ? Une pro du patinage ? Ah de mieux en mieux. « Ah oui ? Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi dévoué dans le rôle alors…Avec toutes ces chutes. » Quel jeu d’actrice. Ou comment lui rappeler ses magnifiques chutes, héhé. Mais en tout cas ce n’est pas la peine d’insister, je ne serais pas sa marionnette, non non. Ceci dit il y a toujours d’autres moyens pour se rendre utile. Encore heureux. « Je précise, juste comme ça, que si je ne suis pas disposée à coucher pour réussir, je le suis encore moins pour faire réussir les autres. » Décidément encore une fois elle brise toutes mes belles illusions ! Elle a le chic pour. « C’est bien dommage, parce que pour le coup tu te serais rendue bien utile, je m’ennuie ferme » Et donc une partie de jambes en l’air, oui ça m’aurait occupé. Halala. « Mais tu sais qu’il y a d’autres raisons pour coucher, autre que réussir ? Quoi que tu dois le savoir maintenant… » J’ai ouïe dire qu’elle s’était rendue dans la pièce secrète avec Fitz la veille au soir. Allez savoir ce qu’il s’est passé là dedans. Est-ce que ça a été le jour de chance du tatoué ? Je ne sais pas. Mais bref, on s’égare du sujet initial. « Bref, pour te rendre utile tu pourrais, je ne sais pas, me masser les pieds ? » Non ? « Aller me chercher une bière bien fraîche aussi, ça pourrait être pas mal. Tu vois, y a plein de façons de te rendre utile » Pas ce qu’elle avait en tête ?

Bien sûr que Mado avait assuré, la semaine passée, à la patinoire. Une vraie championne ... des gamelles. Parce que oui, inévitablement, elle s'était ramassée une bonne dizaine de fois, chose plutôt prévisible au vu du niveau désastreux duquel elle était partie. Elle avait beau avoir fait beaucoup d'efforts, et malgré tout quelques progrès, il était hélas fort possible qu'elle soit encore relativement nulle à ce jour. Mais ça n'était ni de sa faute, vu que Mado avait vraiment fait son maximum, ni de celle de son professeur, Myles, qui lui avait consacré beaucoup de temps et de patience et qui avait eu énormément de mérite de la supporter. Surtout que là, tandis qu'elle s'était dit qu'il était préférable qu'il s'abstienne de la corriger et de briser ses illusions, il laissa entendre qu'il aurait été à même de confirmer qu'elle avait géré. Il était drôle, le Myles. Mais c'était franchement gentil de sa part de la ménager, ainsi elle lui adressa un franc sourire. A sa question, par contre, elle ne put que ricaner quelques peu. Il est vrai qu'il était légitime de la lui poser, étant donné qu'elle avait effectivement du déguster, le jour suivant. « Un peu, si. J'ai connu quelques douleurs articulaires les deux jours suivants. Ça n'a pas été simple pour moi de me remettre de tout ça, mais clairement, ça en valait la peine. » Parce qu'au fond, si elle n'avait peut être pas fait de merveilleux progrès, elle avait quand même passé un bon moment, avec Myles, qui avait été sympa et compréhensif. Et patient, surtout, répétons-le ! Quant au fait d'apprendre à nager à Myles, elle n'était franchement pas contente qu'il ne joue même pas le jeu. Le bougre, il pourrait faire un effort, laisser sa fierté de coté et jouer au nul. Surtout que là, il insinuait que Mado aimait tripoter les jeunes hommes, comme ça, librement. Maintenant qu'il le disait, effectivement, elle était percée à jour là. Bon par contre, parler de Sainte Nitouche, hm hm. « Quoi, j'ai l'air si coincée que ça ? » l'interrogea-t-elle, en arquant un sourcil. Parce qu'elle avait beau avoir conscience de l'image qu'elle renvoyait, là, c'était troublant. « J'ai tout d'une cascadeuse de talent, je sais, on me le dit souvent. » Comme si elle avait pu feindre son pitoyable niveau, et surtout, toutes ces chutes. Elle aurait peut être préféré, mais non, assurément pas. Quant à savoir ce à quoi pensait Myles, elle se méfiait, comme toujours. Ainsi, elle précisa, l'air de rien, qu'elle n'était toujours pas décidée à coucher. Sait-on jamais. « Arrête, tu vas me faire culpabiliser » souffla-t-elle, faussement confuse. Et là, il semblait faire une douteuse insinuation. Mouais, elle semblait voir où il voulait en venir. « Oui, je crois qu'on peut décider de faire l'amour lorsqu'on se désire. C'est bien pour ça que je n'ai pas envisagé cette éventualité. Ça ne nous concerne pas. » Parce que bon, aussi beau puisse-t-il être, elle n'était pas attirée par lui. Elle ne remettait pas ses charmes en question, simplement, il n'était pas tellement son style. Et si elle avait vu juste dans ce qu'il avait insinué - mais qu'elle n'avait pas relevé - il le savait sans doute déjà. Soit. « Est-ce que j'ai une tête à masser des pieds ? Et est-ce que j'ai l'air de vouloir jouer les servantes ? » Qu'on se le dise, elle n'avait pas franchement envie d'être utile de cette façon-ci. « Non, Myles, je ne trouve pas ces idées franchement convaincantes. Donc, soit tu trouves mieux, soit tu me laisses t'apprendre à nager. Sache en tout cas que je donne toujours un bonbon à un élève méritant. Réfléchis-y bien. » Oui, le coup du bonbon, c'était pour le convaincre. Parce qu'en soit, non, elle ne donnait jamais de bonbons pour récompenser qui que ce soit. Pas trop son genre, hm.

« Un peu, si. J'ai connu quelques douleurs articulaires les deux jours suivants. Ça n'a pas été simple pour moi de me remettre de tout ça, mais clairement, ça en valait la peine. » Et bien tant mieux. Si j’ai pu me montrer un temps soit peu utile…C’est vrai que c’est plutôt agréable d’avoir l’impression de servir ne serait ce qu’un minimum a quelque chose. Peut être pour ça que la Mado veut m’apprendre à nager. Sauf que petit problème, je sais déjà nager. Donc ça serait tout bonnement ridicule voyez vous. Et pour le coup complètement inutile. J’évoque ensuite sa réelle personnalité. Celle qu’elle nous cache. Parce qu’elle est bien loin d’être aussi sage qu’elle ne veut le laisser paraître, oui oui. « Quoi, j'ai l'air si coincée que ça ? » Hm comment dire ? « Bah un peu quand même. » Je ne vais pas lui mentir pour lui faire plaisir. Après ce n’est que mon opinion. Puis surtout ça dépend comparé à qui…A côté de Mickey par exemple, c’est une petite dévergondée. « J'ai tout d'une cascadeuse de talent, je sais, on me le dit souvent. » Dites donc à l’écouter elle est dotée de tous les talents cette petite. « Et que me caches tu d’autres comme talents ? » Une excellente patineuse, une excellente cascadeuse, une excellente comédienne, sans parler d’excellente nageuse…Ah vraiment je ne me sens que peu de chose à côté. Bon, et sinon Mado ne voulait pas coucher avec moi. Encore. Un refus de plus. Je ne suis plus à ça près avec elle. Il va bientôt falloir que je me fasse une raison. « Arrête, tu vas me faire culpabiliser » Oh vraiment ? Il faut que je continue alors. « Oui, je crois qu'on peut décider de faire l'amour lorsqu'on se désire. C'est bien pour ça que je n'ai pas envisagé cette éventualité. Ça ne nous concerne pas. » Et voilà, elle brise toutes mes belles illusions. Elle ne me désire pas. Mon monde s’écroule. En attendant je remarque bien qu’elle n’a pas relevé mon allusion…Ce qui ne m’étonne franchement pas. Pas mes oignons. Même si j’ai même petite idée sur ce qu’il s’est passé, et bien ça restera à l’état de suppositions. « Tu brises mon petit cœur, et tu ne t’en rends même pas compte. » C’est terrible. Je lui propose ensuite quelques idées pour se rendre utile. Qui ne semblent pas l’emballer, étrange. « Est-ce que j'ai une tête à masser des pieds ? Et est-ce que j'ai l'air de vouloir jouer les servantes ? » Il faut une tête spécifique pour masser des pieds ? « Non, Myles, je ne trouve pas ces idées franchement convaincantes. Donc, soit tu trouves mieux, soit tu me laisses t'apprendre à nager. Sache en tout cas que je donne toujours un bonbon à un élève méritant. Réfléchis-y bien. » Je prends un air faussement intéressé. « Un bonbon ? C’est vrai que c’est une proposition alléchante… » Ah oui là d’un coup, je vais y penser beaucoup plus sérieusement. « Mais un bonbon à quoi ? C’est important que je sache, si il faut que je me ridiculise tu comprends, que ça ne soit pas pour une vulgaire fraise tagada. »

Effectivement, les quelques chutes que Mado avait subi la semaine passée avaient laissé quelques traces, du moins durant les quelques jours qui suivirent cette improbable expérience à la patinoire. Elle avait eu mal à quelques articulations, notamment au niveau des jambes, mais heureusement, ça resta raisonnable et ça ne dura surtout pas longtemps. De toute manière, elle estimait que ça avait valu la peine de faire des efforts, que Myles avait été un charmant professeur et que même si elle n'avait clairement pas atteint un niveau olympique - quoi que cette aspiration avait toujours été surréaliste - elle avait tout de même fait quelques progrès, ce qui n'était alors pas négligeable du tout. De toute façon, elle avait l'habitude de subir les conséquences de sa persévérance, et se blessait bien souvent. Sans doute était-elle un peu trop téméraire, et malheureusement pas indestructible. Ce serait trop beau, hein. Quant au reste, il était franchement fâcheux que Myles refuse de se prêter au jeu et de se faire passer pour quelqu'un de nul en natation. Voyez vous, Mado avait vraiment envie de lui apprendre à nager, même pour de faux. Surtout qu'il se permettait d'insinuer qu'elle pourrait en profiter pour placer ses mains n'importe où, comme si elle était du genre à tripoter à tout va. Il la connaissait bien mal, parce que non, il ne venait pas de révéler sa véritable nature. A noter qu'il avait laissé entendre qu'elle avait de airs de Sainte Nitouche, et elle ne sut pas tellement comment le prendre. En gros, il disait qu'elle était coincée, hm. « Disons que je n'ai jamais tellement été fan de contacts physiques » avoua-t-elle alors, à demi-mot. Pour autant, elle apprenait à se laisser dompter, doucement mais surement. Surtout ces temps-ci. Mais clairement, il ne fallait pas être n'importe qui pour elle pour espérer qu'elle se laisse approcher. En somme, il n'y avait qu'une personne qui pouvait espérer obtenir quelque chose d'elle à ce niveau. « Oh, des talents, j'en ai énormément. T'as de quoi noter, là ? Non parce que la liste est vachement longue, hein. » Bah oui, c'est bien connu, Mado avait quatre-cent mille talents, divers et variés. Oui, elle était un peu extraordinaire dans son genre, on le lui disait souvent. Soit. Mado n'allait évidemment pas coucher avec Myles pour qu'il fasse semblant d'être une bouse en natation. Non, elle n'en arriverait pas là, même si ça devait lui coûter de passer son après-midi à tenter de le convaincre. Quant au fait de faire l'amour, oui, elle savait que c'était aussi parfois une question de désir. Mais ça, il le savait, non ? Sa petite insinuation, elle l'avait compris, mais elle ne l'avait pas relevée. Elle se voyait mal parler de ce genre de choses avec Myles, quand même. Surtout vu qu'il avait l'air un peu pervers sur les bords, hm hm. Donc non, dommage pour lui, elle ne le désirait pas, et c'était bien la seule condition pour laquelle elle aurait pu se laisser tenter. Pas de désir, pas de sexe. Et encore, "désir" étant un mot relatif et n'impliquant pas uniquement que ça chatouille au sud, hein. C'était plus compliqué, plus intense que ça. Bref, Mado était vieux jeu, mais elle le vivait bien. Oui, oui. « Oh si, j'en ai conscience, et j'en suis désolée. Je t'aurais bien proposé d'être l'exception qui confirme la règle, mais ... non, y'a vraiment pas moyen, en fait. » C'était donc un non catégorique et définitif. Mais elle ne se faisait pas de soucis pour Myles, il trouverait une autre jeune femme avec qui s'amuser. Tenez, pourquoi pas Everleigh ? Oh, elle ne soumettrait pas l'idée, on pourrait penser qu'elle cherchait à s'en débarrasser à tout prix. Quand même pas. Bref. Myles soumit quelques idées censées permettre à Mado d'être utile malgré tout, sauf que bon, ça ne lui convenait pas trop. Lui masser les pieds ou lui apporter à boire, non vraiment, il pouvait trouver mieux. A moins, bien sûr, qu'il reconsidère le fait qu'elle lui apprenne à nager. Oui, Mado était bornée. Mais ça n'était pas nouveau. Elle alla même jusqu'à laisser entendre qu'elle lui offrirait un bonbon. Oui, bon, c'était pour le convaincre quoi. Et justement, il semblait subitement intéressé. Comme par hasard, hm. « Bah justement, c'est ça le truc : c'est toi qui choisis ton bonbon. Que tu sois plus arlequin que réglisse ou que ton péché mignon soit le caramel ou la guimauve, qu'importe, j'aurais forcément ce que tu veux. En fait, j'ai un stock de bonbons, bien caché, pour les garçons pleins de bonne volonté. C'est pour ça que je te conseille de jouer le jeu. Un bonbon, quand même, c'est une récompense qui vaut la peine qu'on fasse des efforts. » Oui surtout que ça n'était pas comme s'il y en avait sans doute plein le cellier, des bonbons ... Ouais, bon, chut.

« Disons que je n'ai jamais tellement été fan de contacts physiques » Oui c’est ce que j’ai cru comprendre depuis le temps. Difficile de passer à côté. Surtout quand en plus on a la salle de vidéo surveillance pour espionner les candidats à loisir. Donc j’ai capté quelques conversations par ci par là, ainsi vu quelques comportements qui ne trompent pas. « Je suppose que tu as tes raisons » Qu’elle ne me dira pas, évidemment. Ou alors elle est tout simplement froide. Et comme Mickey elle n’aime pas ça, c’est tout. « Oh, des talents, j'en ai énormément. T'as de quoi noter, là ? Non parce que la liste est vachement longue, hein. » Ah bah bien sur, ça me parait évident. « Non mais t’inquiètes, j’ai très bonne mémoire. » Qu’elle m’éblouisse alors avec ses nombreux talents. En attendant, elle ne veut pas coucher avec moi, et pire, me fait comprendre que ça n’arrivera jamais. J’en suis tout bouleversé. Moi qui espérais tant. Elle pourrait faire un effort quand même. « Oh si, j'en ai conscience, et j'en suis désolée. Je t'aurais bien proposé d'être l'exception qui confirme la règle, mais ... non, y'a vraiment pas moyen, en fait. » C’est qu’elle insiste en plus. Ça va j’ai saisi, pas besoin d’en rajouter une couche. Quelle vilaine. Elle aime bien enfoncer le couteau dans la plaie. Heureusement que j’ai subi déjà pire revers dans ma vie. Sinon je crois que j’aurais eu du mal à m’en remettre. « Je n’ai plus qu’à noyer mon chagrin dans cette piscine je crois » D’ailleurs, n’est ce pas ce qu’elle me demande ? De faire semblant de ne pas savoir nager. Donc ça voudrait dire que je coule là ou je n’ai pas pied. Voilà qu’elle tente de m’amadouer avec des bonbons. C’est qu’elle ne fait pas les choses à moitié, elle met les petits plats dans les grands. Elle désire vraiment que je sois son cobaye. Parce qu’évidemment c’est une offre plus qu’alléchante. Tous les bonbons que je veux ? Toutes marques, tous genres ? Dites donc là…Je me demande quel fou pourrait bien refuser. « Très bien, tu as achevé de me convaincre. Quel pouvoir de persuasion. » Ou alors ça ne peut être rien avoir avec les bonbons, et elle a juste de la chance que je me fasse royalement chier. Très probable même. « Et qu’est ce qu’il faut que je fasse ? Pas besoin de prévoir les brassards, j’ai pied, ça ira » Je n’irais pas jusqu’à la, non plus, faut pas rêver.

Ainsi donc, Mado était une fille coincée, ou en tout cas, une fille donnant l'impression d'être coincée. Soit, ça n'était pas comme si elle n'était pas au courant, après tout. Quoi que l'entendre de la bouche de Myles, qui avait tout de même laissé entendre qu'elle avait même des airs de "Sainte Nitouche" c'était peut être assez perturbant tout de même. Non pas que son opinion sur sa personne l'empêcherait de trouver le sommeil cette nuit, mais vu tous les efforts qu'elle faisait depuis le début du jeu pour s'ouvrir aux autres et se décoincer justement, il est vrai qu'elle était un peu déstabilisée à cet instant. En tout cas, oui, Mado avait toujours eu un peu de mal avec les contacts physiques. C'était comme ça depuis des années. Et effectivement, elle avait ses raisons. Ce n'était pas pour elle un plaisir d'avoir toujours eu du mal à être approchée et d'avoir eu tant de difficultés à s'être laissée dompter récemment. Ainsi, elle hocha doucement la tête, approuvant les dires de son camarade, à qui elle ne trouva cependant pas nécessaire de répondre officiellement. Il avait de toute façon compris qu'elle ne se confierait pas à lui. Soit, autant passer à autre chose. Quant aux talents de Mado, et bien oui, ils étaient nombreux. Mais genre, très nombreux. Tellement nombreux qu'elle ne pourrait certainement pas les lui énoncer d'une traite à cet instant. En fait, l'idéal serait qu'il ait de quoi noter, parce que ça risquait franchement d'être long, et pour tout retenir, ce ne serait certainement pas évident. Sauf qu'il disait avoir une très bonne mémoire. Ah oui ? Quel chanceux. « T'es sûr de ça ? Non parce que, soyons clairs, tu seras interrogé dans quelques jours et j'attendrai de toi que tu me les énumères, sans en oublier un seul. T'es vraiment sûr de pouvoir les apprendre par cœur ? Parce que sinon, mieux vaut encore que je ne prenne même pas la peine de faire l'inventaire de mes si nombreux talents, hein. » Comment ça, Mado essayait de gagner du temps ? Mais pas du tout, voyons. Non, elle n'essayait assurément pas de retarder l'annonce de ses pitoyables talents, qu'on pouvait très certainement compter sur les doigts d'une seule main, au maximum. Ce n'était pas ça du tout, non, vraiment pas. Elle faisait tout ça pour lui, vous savez. Bon, par contre, elle était peut être un peu dure avec ce pauvre Myles, à lui répéter tant de fois qu'elle ne coucherait pas avec lui. Mais comprenez bien qu'elle voulait dissiper tout malentendu et s'assurer que les choses étaient claires, même limpides. Ce n'était pas de l'acharnement. Non, pas du tout. « Alors quoi, j'ai été si dure que ça ? Parce que j'étais à deux doigts de te dire que même Mickey avait plus de chances que toi de me mettre dans son lit, mais tu vois, je me suis retenue. » En fait, maintenant qu'elle savait qu'il pourrait être tenté de se noyer sous le coup du désespoir, elle n'était pas contre l'idée de se débarrasser d'un adversaire ... Mais non, évidemment, elle le sauverait ! C'était d'ailleurs ce qu'elle avait prévu de faire depuis le début, ou presque. Disons qu'elle voulait qu'il feigne d'être une quiche en natation pour avoir l'honneur de lui apprendre à nager. Pas mal comme plan, hein. Oui, certainement. Sauf qu'il ne fut pas facile de le convaincre, le Myles. Elle dut en arriver à une sordide histoire de bonbons. Rendez-vous compte à quoi elle en était réduite, quand même. N'empêche que ça semblait marcher. « Oh, super. J'étais sûre d'avoir trouvé ton péché mignon. C'est bon à savoir pour la suite. » Bah oui, sait-on jamais qu'elle ait à nouveau besoin le convaincre dans les prochains jours, elle savait qu'il était branché bonbons. A moins qu'il fasse ça pour être conciliant. Mouais. Toujours est-il qu'il acceptait d'être nul en natation le temps d'une petite leçon. « Dommage, t'aurais été chou avec des brassards. Mais je comprends que tu préfères éviter d’égratigner davantage ta dignité. » Oui parce qu'il s'était quand même mangé un beau râteau, et elle n'était heureusement pas suffisamment cruelle pour l’accabler. « Je te propose de te cramponner au bord, en prenant un air assez affolé. Je veux que l'on puisse lire une sorte de désespoir dans ton regard, Myles. Comme si tu avais perdu foi en l'idée d’apprendre un jour à nager ... jusqu'à ce qu'une fabuleuse brune te redonne confiance en toi et te prenne sous son aile. » Le tout, sur une musique digne de la bande originale d'un grand film hollywoodien. Disons qu'après avoir visé les JO, ils allaient peut être viser les Oscars. Ouais, ça aussi ce serait pas mal. Il fallait être ambitieux, hein.