emmeline
Ce changement de partenaire avait quelque peu marqué Emilien. Sûrement parce qu’il s’était rendu compte que son aventure aux côtés d’Emmeline avait pris fin depuis dimanche. Certes, il pourrait se consoler à l’idée qu’elle était, malgré tout, restée au nid. En soi, ce n’était pas une fin. Et sûrement se serait-il revenu au dehors. Mais se dire qu’elle n’était plus sa partenaire lui avait quand même un petit quelque chose. Comme un petit vide, un manque. Certes, il avait Mado à présent, mais avec elle, c’était différent. Ce n’était pas comme avec Emmeline. Pas du tout même. Ce n’était pas la même complicité, ils n’étaient d’ailleurs pas aussi complices et fusionnels qu’Emmeline et Emilien, c’était certain. Sûrement le seront-ils jamais. Ce serait fort possible. Alors, voilà. Emilien continuait le jeu sans Emmeline. Sans sa petite Emmeline. Sa grande amie. Il ne lui avait, d’ailleurs, plus vraiment parlé depuis… dimanche. Depuis quelques jours. Sûrement était-ce par choix de la jeune femme, ou par pur hasard. Il préférait opter pour la seconde hypothèse. Il venait d’ailleurs d’apercevoir son ancienne partenaire assise, seule, sur la terrasse. Sûrement l’occasion à saisir pour passer un peu de temps avec elle. Certainement oui. Emilien hésita malgré tout quelques secondes. Devait-il la rejoindre ou pas ? Ou était-il préférable qu’il la laisse tranquille ? Un frêle soupir s’échappa furtivement entre ses dents, puis il osa enfin s’avancer. Son verre de limonade à la main, qu’il avait été chercher dans la cuisine. Il finit par s’asseoir à ses côtés, sur l’une des chaises libres. Silence. Il lui adressa un timide sourire. « Comment vas-tu ? » lui demanda-t-il très brièvement. Cela, c’était plus pour entamer la conversation. Elle allait certainement bien, oui. Tout du moins, en apparence, elle avait l’air d’aller bien. Emilien tourna vaguement la tête, regardant de droite à gauche le panorama qui s’offrait à lui. Puis il reposa de nouveau son attention sur Emmeline. « Si tu es restée, c’est pour Mickey, n’est-ce pas ? ». Il fit tourner son verre entre ses mains, avant d’en boire une gorgée. Il ne savait pas vraiment pourquoi venait-il de lui poser cela. Sûrement par curiosité. Oui, voilà. Il se doutait bien que c’était essentiellement pour Mickey si elle restait.

Il aurait très bien pu lui parler du temps qu’il faisait à l’extérieur. A l’extérieur du chalet. Il avait l’air de fait beau, certainement quelques uns devaient en profiter pour s’adonner à un bain de soleil. Mais le suisse avait préféré entamé sa conversation en lui demandant comment elle allait. Après son élimination, elle devait se sentir mieux. Un poids en moins. Du stress en moins. De l’adrénaline en moins. Elle n’avait plus à se demander combien de temps il pouvait lui rester au sein de ce nid. Une semaine, deux, ou peut-être trois. Son aventure avait donc pris fin, alors que celle d’Emilien continuait. Avec Ezra. C’était sûrement le meilleur des scénarios qui avait pu être écrit. Elle lui répondit alors. Elle allait bien. Tant mieux. « Je vais bien aussi… » souffla-t-il. Il allait bien, oui. Il n’allait pas lui mentir et s’inventer quelques soucis fictifs. Ce n’était pas son genre. Pour le moment, tout allait bien pour lui. Il s’entendait plutôt bien avec sa nouvelle partenaire, Mado, passait une partie de ses journées en compagnie d’Ezra, et était en forme. Alors tous les vecteurs allaient dans le sens de la béatitude. Emilien demanda alors si elle était restée pour Mickey. Il n’avait sûrement pas à lui demander une chose pareille. Mais il était curieux. Curieux de savoir. Même si la réponse de la jeune femme ne le surprenait pas. C’était donc pour lui qu’elle était restée. Sans surprise. Elle lui avait d’ailleurs évoqué la fin de son prime. Où Mickey l’avait menacé de partir avec elle. Hum. Emilien resta quelque peu songeur sur cette anecdote. Elle continua alors de lui expliquer qu’elle était finalement contente de rester. Non seulement pour Mickey, mais aussi pour pouvoir continuer de partager quelques moments avec les personnes qu’elle appréciait. Emilien hocha alors timidement la tête. Faisait-il parti de ces dites personnes ? Peut-être… ou non. Il ne savait pas vraiment. Il lui avait promis d’être là pour elle à l’extérieur, évoquant alors de la revoir, mais qu’en était-il de la jeune femme. Elle ne pouvait pas gommer tous ces moments passés avec son ancien partenaire. Ce n’était pas possible, cela. « Vous avez l’air de vous appréciez… » lâcha-t-il alors, reposant son regard sur la jeune femme. « Tu l’aimes bien ?... J’suis désolé, c’est si indiscret de te demander des choses pareilles. » reprit-il alors, chassant ses mots du revers de la main.

Leur conversation commençait de la façon la plus banale que l’on pouvait s’imaginer. Banalité, futilité. Après tout, il était important de savoir comment ses proches allaient. Ils diront qu’ils vont toujours bien. C’est ainsi, mais au fond, ça nous rassure tous un peu. Je vais bien. Ces quelques mots et on se sentait rassurait, on allait un peu mieux nous aussi. Après tout, elle aurait très bien pu ne pas aller bien. Avoir une légère déprime, ou une douce peine à cause de son élimination lors du dernier prime. Mais elle avait l’air d’aller bien, très bien. Tant mieux. Leur conversation aurait très bien s’arrêter là, si Emilien n’avait pas eu la curiosité de lui demander les raisons de son non-départ. Il y avait bien une raison à cela, au fait qu’elle soit restée. Il émit donc l’hypothèse que ce soit pour Mickey. Après tout, ils avaient l’air proche. Si proche. Enfin, tant mieux s’ils… s’entendaient bien, s’ils s’appréciaient, s’ils s’aimaient bien. Emmeline ne fit alors que confirmer le fond de ses pensées. Il n’était pas si idiot que cela Emilien, alors. Elle évoqua aussi le fait qu’elle pouvait continuer de profiter de la présence des personnes auxquelles elle était proche. Il ne put d’ailleurs pas s’empêcher d’émettre quelques commentaires au sujet de sa relation avec Mickey. Après tout, ils avaient l’air de s’apprécier oui. De bien s’aimer, aussi. Il lui demanda alors si elle l’aimait bien. Il était certain que la réponse serait positive. Mais… cette question n’était pas un peu trop avide de curiosité ? Rapidement, Emilien se rétracta. Jugeant ses propos indiscrets. Elle ne voulait peut-être pas parler de cela. Avec lui tout simplement. Ou avec n’importe qui. Il ne savait pas vraiment. Enfin soit. Tout cela ne le regardait pas. Il aurait mieux fait de garder tout cela pour lui, ou bien de tourner sept fois (ou même plus) sa langue dans sa bouche avant de parler. Ca lui apprendra à vouloir lancer une conversation, tiens. Emmeline lui répondit alors. Non pas directement. Elle lui expliqua alors que si elle avait à répondre à cette question, elle préférerait lui adresser sa réponse, plutôt qu’à une tierce personne. Ah ? Et quelle est donc cette réponse ? Il resta silencieux. Elle ne préférait pas y répondre. Ca lui apprendra à se montrer trop curieux tiens. Emilien se contenta d’un hochement d’accord. Il devrait donc se contenter de cette réponse. Son regard s’échoua sur le contenu de son verre. Observant avec une certaine fascination les petites bulles naissantes de sa boisson gazeuse. Il releva doucement la tête lorsque son ancienne partenaire reprit la parole. Elle était contente qu’il soit toujours en jeu. Vraiment ? Un mince rictus étira les lèvres du suisse. « J’vais essayer d’aller le plus loin possible, juste pour faire honneur à notre ancien binôme. » souffla-t-il, légèrement amusé. Il ne savait pas vraiment jusqu’où son aventure s’arrêtera. Il ne savait pas. Il n’avait pas les dés, ni les clés en main de ce jeu. Il n’était qu’un pion parmi d’autres pions. Un crédule pion. Il ne savait pas s’il méritait vraiment de continuer son aventure au sein de ce jeu. Peut-être qu’Emmeline le méritait plus que lui. Il ne savait pas vraiment. Ce n’était pas lui qui décidait, mais le public. Le public en avait décidé autrement. Ainsi soit-il. Emmeline lui lança une remarque au sujet de Mado. Sa nouvelle partenaire. Il est vrai qu’il appréciait Mado. Et pourtant, ça n’avait pas été aussi simple que cela entre les deux jeunes gens. Il eut fallu plusieurs semaines pour qu’ils réussissent tout simplement à se comprendre. De longues semaines laborieuses. « J’apprécie Mado, oui. Alors, je suppose que tu peux commencer à me taper ? souffla-t-il rieur, avant de reprendre. Mais… ce ne sera pas pareil, ce ne sera pas comme avec toi. Ce sera différent. ». Tout simplement par les deux jeunes femmes sont différentes, n’ont pas la même personnalité. Alors forcément, Emilien ne pourra pas les apprécier de la même façon.

Emmeline avait choisi de changer de sujet de conversation. D’accord. C’était son choix. Après tout, Emilien avait décidé d’aborder un sujet indiscret, trop indiscret, un sujet qui ne le regardait pas, c’était certain. Ce n’était pas plus mal comme cela. Qu’ils changent de sujet. La jeune femme avait donc mentionné le fait qu’Emilien ait été sauvé lors du dernier prime par le public. Elle était contente pour lui, contente qu’il continue cette aventure. Emilien n’allait pas mentir en lui disant qu’il n’était pas heureux de continuer ce jeu, surtout en compagnie de l’homme qu’il aimait : Ezra. Il lui dit alors qu’il essaierait de continuer le plus loin qu’il le pouvait, pour honorer leur ancien « couple ». Certes, peut-être devrait-il penser à lui aussi. Emmeline lui fit donc cette même remarque. Il allait le faire pour lui. Aller le plus loin possible pour lui. Pour ses proches aussi. Il voulait que ses frères soient fiers de lui, qu’ils soient fiers de leur candide petit frère. Emilien se pinça légèrement les lèvres. « J’aimerais bien oui, mais de toute façon… ce n’est pas moi qui le décide. ». Un frêle soupir s’échappa de la bouche du suisse. En effet, ce n’était pas lui qui le décidait. Il était, une nouvelle fois, nominé cette semaine par les autres candidats. Une nouvelle fois, son destin était entre les mains de ce public. Le public sera-t-il favorable à sa poursuite dans ce jeu ? Il ne savait pas. Comment pouvait-il le savoir. Il n’était pas devin. Emmeline vint alors à mentionner sa nouvelle partenaire. Mado. Elle semblait d’ailleurs montrer une petite pointe de jalousie dans ses propos. Chose qui fit sourire le jeune suisse. Il était certain qu’Emilien n’aura pas cette même complicité qu’il avait pu avoir avec Emmeline, avec sa nouvelle partenaire. Tout simplement parce que les deux jeunes femmes ne ressemblaient pas, elles n’étaient pas pareilles, avec une personnalité différente. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du suisse. Ah ? Mado n’avait pas le droit à de câlin ? « Tu ne le sauras même pas quand je lui en ferai ! » rétorqua-t-il alors. Un petit rire s’échappa entre ses lèvres. Il ne savait pas vraiment si Mado était le genre jeune femme qui aimait ces petits gestes affectueux. En plus d’avoir l’interdiction de faire des câlins à Mado, il avait l’interdiction de l’oublier. Evidemment, il n’allait pas l’oublier. C’était mal le connaitre de croire cela. Et s’il l’oubliait, il était prévenu… elle le hantera jusqu’à la fin de ces jours. « Ca vaut pour toi aussi. Tu n’as pas le droit de m’oublier, hein. » souffla-t-il. Oui. Elle n’avait pas le droit de l’oublier, d’oublier leur complicité, ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont. Elle n’avait pas le droit.

Souhaitait-il continuer ce jeu encore ? Il ne savait pas vraiment. Peut-être en avait-il envie. Mais il trouverait cela un peu prétentieux de dire qu’il irait le plus loin possible. Tout simplement parce qu’il ne savait pas jusqu’où son aventure s’arrêterait. Peut-être dimanche. Peut-être la semaine suivante… il ne savait pas. Oui. Au fond, peut-être souhaitait-il aller le plus loin possible. Sûrement parce qu’il avait pris le goût du jeu, de ce jeu. Qui ne l’aurait pas ? Evidemment, ce n’était pas lui qui décidait de cela. Cette semaine encore, il avait été nominé par ses camarades. C’était le jeu. Parce que ce jeu n’avait pas que des jolies facettes. Il y avait des nominés, des éliminés. Une nouvelle semaine encore, il se trouvait sur la sellette, mettant en danger par la même occasion sa nouvelle partenaire, Mado. Emmeline ajouta alors que le fait de ne pas savoir quand son aventure se terminera était une raison de plus pour profiter au maximum. Emilien fronça délicatement les sourcils. « Hum… sûrement, oui… » souffla-t-il, un peu perplexe. Sûrement, devait-il profiter au maximum de ses derniers jours au sein de ce jeu, au sein de ce chalet. Car dans quelques semaines, le rideau se baissera. « C’est un peu… comment dire… angoissant de savoir que ce sont tout un tas d’anonymes qui décident de notre sort. ». Par là, il sous-entendait bien évidemment le public. C’était eux qui le décidaient par le biais de ces votes. Et une nouvelle semaine encore, il se retrouvait face à Ezra. Le public sera-t-il toujours favorable pour qu’ils continuent cette aventure ensemble, encore une fois ? Il ne savait pas. Au fond, il l’espérait. Emmeline mentionna alors sa nouvelle partenaire, Mado. Elle semblait un brin jalouse de cette nouvelle relation naissante, enfin ce fut la production qui l’avait décidé ainsi. Alors comme cela, il n’avait pas le droit de lui faire des câlins ? Même pas un seul ? Ce n’était pas grave, elle ne le saurait même pas de toute façon, n’est-ce pas ? Il ne comptait tout de même pas lui conter chacun de ses faits et gestes avec sa nouvelle partenaire de jeu. Un petit sourire amusé se dessina alors sur les lèvres du suisse. « Voyons, tu n’oseras même pas me frapper. Tu risquerais de nombreux soucis d’ailleurs… » souffla-t-il alors taquin. Evidemment, Emmeline n’oserait jamais se montrer violente à l’égard de son ancien partenaire, n’est-ce pas ? Elle lui interdisait d’ailleurs de l’oublier. Comme si cela faisait parti de ses attentions… Evidemment, ce n’était pas le cas. Jamais, il ne pourrait l’oublier. Cela valait aussi pour elle. Elle n’avait pas le droit de l’oublier. Il lui en interdisait… Enfin, cela, il semblerait que ce soit trop tard. Il fronça les sourcils. Elle l’avait oublié ? Elle avait même oublié son prénom… Oh. Elle le faisait marcher, ce n’était pas possible autrement. Les paroles qui suivirent le rassurèrent un peu plus. Elle ne l’oublierait pas. Un petit soupir de soulagement s’échappa entre ses dents. Tant mieux. « Ah, je préférais entendre ça, vois-tu ! » souffla-t-il alors.