Finalement, Emilien n’allait plus patiner seul, mais en compagnie de Mickey. Il était certain que ce dernier n’était pas le meilleur patineur du nid. Le suisse avait même dû lui en venir en aide indirectement en lui permettant de prendre appui sur son épaule. Cette posture était peu agréable pour les deux patineurs. A cela s’ajouta cette lente allure à laquelle ils avançaient. Beaucoup trop lente, pour le jeune garçon. Mickey l’avait remarqué, c’était certainement pour cela qu’il lui avait demandé s’il ne faisait pas d’office de boulet. Ce serait mentir de lui avouer le contraire. Il avait d’ailleurs laissé le choix à Emilien d’accélérer ou non. Enfin, il fallait qu’il ne se soucie pas lui. Evidemment, il était impossible de ne pas se soucier d’un novice. A moins d’être une âme vagabonde sans-cœur. Emilien n’était pas comme cela. Ainsi, l’anglais lui avait proposé de le tenir par la main. Ainsi il pourra allait à la vitesse qu’il souhaitait, et cela sans trop de difficulté. Il avait pensé un moment que cela gênerait Mickey. Sûrement parce qu’il avait pris connaissance de ces troubles, de ces… tocs. Alors, peut-être qu’être en contact avec Emilien le dérangerait certainement. Et Mickey n’aurait certainement pas été le seul à qui cela dérangerait de devoir tenir la main du suisse. Non pas que ce dernier soit un être ingrat ou répugnant. Peut-être parce qu’il était un peu différent. Différent des autres. Des autres hommes. Il ne savait pas vraiment si ça en dérangeait certains au sein du jeu, et à vrai dire, si ça les dérangeait, c’était leur problème à eux. Pas au suisse. Il n’avait rien à se reprocher, et il n’avait rien fait de mal. Tout cela pour en revenir aux propos tenus par Mickey. Il avait cru, pendant un instant, lire les pensées du suisse. Enfin c’était ce qu’Emilien avait cru comprendre. Il ne fallait pas qu’il pense… quelque chose. Quelque chose, mais quoi ? Mickey savait-il vraiment lire les pensées. Evidemment, non. Ca se saurait. Ainsi, il ne fallait pas qu’il pense que ce soit le contact physique avec lui, avec Emilien. Oh. Il n’avait pas pensé cela, enfin… juste un peu. Après tout, c’était une hypothèse comme une autre. Il n’avait pas de problème avec lui. Lui, Emilien. Encore heureux qu’il n’ait pas de problème avec lui. Pourquoi devrait-il en avoir un ? Il n’était pas du genre à avoir avec les autres. Emilien fronça doucement les sourcils, avant de presque s’arrêter sur la glace. Avant ? Avant il en aurait un. Il aurait un problème avec lui. Mais ça c’était avant. « Tu… Tu avais un problème avec moi ? » lui demanda-t-il. Il lui avait expliqué qu’il avait ouvert les yeux, l’esprit. Etait-ce du simple contact avec une tierce personne qui lui avait posé problème, ou avec Emilien ? Il aurait eu un problème avec lui ? Le fait qu’il était avec un autre garçon ? S’il avait eu un problème avec le suisse, autant qu’il lui dise et qu’il lui explique. Autant dire les choses, plutôt que les cacher. Emilien n’avait rien fait de mal pourtant, il le savait. Finalement, il lui saisit la main et patina de nouveau. Il accéléra alors, doucement. Tout doucement, et pas trop brutalement non plus. Il ne voulait pas que Mickey chute. Finalement, il l’avertit que si le romancier ne patinait pas, il n’hésiterait pas à le lâcher. Il ne pourrait pas lui dire qu’il ne l’avait pas prévenu lorsqu’il le lâcherait. Ce n’était pas parce qu’il venait de lui dire qu’il n’espérait pas le faire. Mickey s’exclama qu’il patinait. Qu’il patinait mal. Un fin sourire se dessina sur les lèvres du suisse, lançant un petit regard en coin en direction de son interlocuteur. Il était certain qu’il ne patinait pas si bien que cela. C’était d’ailleurs au tour de l’anglais à lui prodiguer un bref conseil. S’il était sur le point de tomber, Emilien devait alors lui lâcher la main pour ne pas tomber à son tour. « Tu sais, dans le pire des cas, je me relève sans trop de problème et je te laisse en galère sur la glace… » souffla-t-il, un brin rieur. Emilien n’était pas si fourbe que cela. Il le relèverait certainement, il était plein de bonne foi. Il lui lança un nouveau bref regard. Observant sa technique de patinage bien particulière. Il était certain qu’il n’y avait pas d’autres personnes qui patinaient aussi… drôlement que Mickey. « Regarde en face de toi, et non tes patins. Ce serait dommage que tu te prennes le mur au moment où je tournerai, tout cela parce que tu ne regardais pas devant toi ! ».

Est-ce que Mickey avait-il pu avoir un problème avec lui ? Maintenant qu’il en parlait, Emilien se posait la question. Il n’avait pour rien fait de mal à l’égard de Mickey. Jamais, il n’avait eu des mots de travers qu’il aurait pu mal interpréter ou mal le prendre. Alors, le suisse avait beau chercher où ce problème avait-il pu naître, il ne trouva aucune solution. Mais si l’anglais avait eu un problème avec lui qu’il le lui dise maintenant, plutôt que de le cacher sous des couches de jolis mots. S’il avait eu des soucis avec lui, des problèmes, Emilien aurait bien voulu le savoir. Le savoir plus tôt. Ainsi, Mickey n’avait pas de problème avec lui. Ou pas exactement. Entre ne pas avoir de problème et ne pas avoir exactement de problème avec quelqu’un, il y avait tout de même une certaine différence. Le suisse lui lança un bref regard un peu surpris. Il n’attendait finalement qu’une chose : qu’il parle. Qu’il s’explique. Emilien semblait perdu. Un peu perdu. Il ne voyait pas où, ni quand, ni comment, ni pourquoi, Mickey aurait pu avoir un problème avec lui. Il disait ne pas le juger. Encore heureux… enfin s’il venait à le juger, Emilien aimerait bien qu’il le fasse en face de lui, et pas dans son dos. Qu’il soit franc, qu’il soit honnête avec lui. Il lui expliqua alors que ses opinions avaient changé depuis qu’il était entré dans ce jeu. Mais de quoi parlait-il ? De quelles opinions ? Apparemment, ces opinions d’antan ne devaient pas être très politiquement correct, ou devraient en froisser plus d’un. « Ca m’intéresse de savoir, moi… » souffla-t-il. Oh mais oui. Qu’il aille droit au but. Emilien ne le prendra pas mal. Ou peut-être un petit peu, quoique… il ne savait pas vraiment de quoi il s’agissait. Mais cela devait le concerner un petit peu puisque ce n’était pas exactement avec lui. Et s’il ne lui parlait pas, il risquerait de s’imaginer mille et une choses. Alors autant éviter la naissance d’un malaise entre les deux jeunes gens. Et Mickey avait beau lui dire de ne pas y penser, il était trop tard à présent. Trop tard pour ne pas y penser. Pour arrêter d’y penser. Le suisse avait donc recommencé à patiner sur la glace. A une allure un peu moins mollassonne que la précédente. Mickey éprouvait d’ailleurs quelques soucis pour le suivre. Il était assez drôle de le voir patiner de la sorte. Il était certain que s’il chutait, Emilien ne manquera pas de lui lâcher la main… ou non, il ne manquerait plus que l’anglais ne le prévienne pas assez tôt. Oh ce n’était pas si grave que cela. Au pire, il se relèverait et le laisser se débrouiller tout seul. Un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres lorsque Mickey prit la parole. Il est vrai que même lui ne se voyait pas le faire. Il trouvait cela méchant, assez mesquin et vile de se part de se comporter de la part. Surtout qu’il n’était pas comme cela lui. Oh non. Il était trop adorable pour faire une chose pareille. Ainsi, il conseilla finalement Mickey de regarder en face de lui… au lieu de regarder ses patins. Ca lui éviterait de se prendre quelques obstacles en pleine figure. Il était certain qu’Emilien ne manquerait pas de l’avertir. D’ailleurs sa remarque ne manqua pas à faire réagir l’apprenti patineur. « Oh… je ferai tout pour éliminer l’un de mes adversaires… » souffla-t-il. Un demi-finaliste en moins, Emilien aurait sûrement un peu plus de chance de continuer dans l’aventure. Et il lui suffirait d’en éliminer trois autres pour parvenir à ses fins. Non. Emilien n’était pas si affreux que cela. Il se retourna très rapidement en direction de Mickey, voulant alors observer sa tête à l’écoute de ces douces paroles prônées par le suisse. « Voyons Mickey, je ne suis pas comme cela ! » reprit-il, presque stupéfait de voir que l’anglais y avait presque cru son histoire d’élimination. Il leva doucement les yeux en l’air, avant de regarder de nouveau en face de lui de patiner un peu plus vite. « Tu feras attention dans quelques mètres… on tournera à … hum… droite ? » Ou à gauche.

Emilien voulait savoir. Par curiosité ou tout simplement parce qu’il se sentait quelque peu concerné. Après tout, tout était parti de ce que Mickey avait pu dire. Il lui avait dit de ne pas penser que… que c’était tout simplement le contact avec lui qui le répugnait. Il ne savait toujours pas pourquoi il lui avait dit cela. Au début, il avait cru comprendre… mais il baignait de plus en plus dans cette mer d’incompréhension. Il lui avait parlé de ses opinions. Opinions qui avaient changé en entrant dans ce jeu. Mais quelles opinions ? Emilien voulait savoir. Peut-être était-il trop curieux. Oui, ça devait être cela… Mickey ne voulait même pas prendre la peine de lui parler. C’était derrière lui tout cela. Certes. Ca n’avait donc pas d’importance aux yeux de l’anglais. Emilien se contenta alors d’un hochement, montrant hypocritement sa compréhension. Il ne comprenait pas vraiment ce refus. Enfin. Il n’allait pas prendre Mickey et le secouer brutalement pour le faire parler. Il n’était pas comme cela. Un soupir s’échappa de la bouche du suisse, tant dit qu’il se remit à patiner à une vitesse bien plus soutenue. Mickey éprouvera certainement un peu de difficulté. Ou bien beaucoup. A l’échelle des degrés, je vous laisse faire votre choix : pas du tout, un peu, beaucoup. Ainsi s’il chutait, il le préviendrait pour ne pas emporter avec lui Emilien. Encore heureux, mais le suisse ne manqua pas de lui faire remarquer que dans le pire des cas, il saura se relever lui. Il n’était pas comme cela, qu’il se rassure. Enfin, il s’était sûrement bien douté qu’il… plaisantait. Bien que cette plaisanterie ne soit pas si drôle que cela. Il lui expliqua très brièvement qu’il était capable de tout pour éliminer ses adversaires. C’était une façon comme une autre de « rire » de ces demi-finales qui approchaient à grands pas. Emilien n’était pas sérieux en lui disant cela. Comme s’il était capable de toucher les autres pour leur faire du mal. Surtout que ce n’était pas lui qui décidait qui resterait en course ou non, mais le public. Public sans pitié. Encore plus cruel qu’Emilien. Beaucoup plus, même. Voyant la tête étonnée de l’anglais, il ne manqua de lui faire remarquer qu’il n’était pas sérieux. Vraiment ? Avait-il cru à cette histoire ? Mickey ne semblait pas aussi naïf que cela pourtant. Beaucoup moins naïf qu’Emilien, il est certain. Ce dernier l’avertit alors qu’ils allaient tourner dans… quelques mètres… à… droite. La précision n’était pas le maître mot, à cet instant même. Ou à gauche. Il ne savait pas vraiment, dans le pire des cas, il avisera. « Hum… oui, oui ! ». S’il avait dit droite, oui. Mickey lui demanda alors de l’avertir lorsqu’il commencerait à tourner. Emilien fronça légèrement les sourcils. L’avertir ? Il pouvait bien le constater par lui-même lorsqu’il tournerait, non ? A moins qu’il soit encore une fois entrain d’admirer ses patins. Emilien se retourna alors pour constater par lui-même. Non. Il ne regardait pas ses patins, mais le dos du patineur. «J’espère que tu ne me mates pas le postérieur, hein. » Il ne manquerait plus que cela. Que Mickey lui mate les fesses. « Hum… tu ne préférerais pas que je ralentisse ? » lui demanda-t-il alors. Mickey pourrait ainsi plus facilement voir les obstacles. Oui, car il avait bien conscience d’être un peu trop grand et de gêner la visibilité de l’anglais. A moins que ce soit lui qui soit trop petit, et non Emilien qui était trop grand. Là, ce n’était qu’une question de point de vue, voyez donc les choses comme bon vous semble. Sans attendre l’avis du patineur novice, Emilien ralentit l’allure et se positionna aux côtés de Mickey. « Oh, n’en profite pas pour faire du surplace ! » dit-il, pour ne pas qu’il ne s’arrête de patiner.