Beaucoup de choses avait changé pour Fitz depuis son arrivée dans ce nid et s'il était facile d'en deviner certaines, d'autres se révélaient plus compliquées à saisir. L'écossais n'avait jamais été un grand fan de cinéma et ce parce qu'il avait grandi dans la grande demeure de ses parents qui était au beau milieu de nul part. Gamin, il sortait donc peu, tout du moins pas dans une ville avec un cinéma digne de ce nom. Il n'avait réellement découvert cela qu'une fois l'adolescence arrivée, quand il avait réussi à se faire offrir cette magnifique petite moto et qu'il paraît en vadrouille ici et là. Sauf qu'à cette période, Fitz avait des occupations bien différentes du cinéma et les seules fois où il s'y était rendu étaient pour des rendez-vous, sous la demande de ses petites-amies de l'époque. Autrement dit, il était en plus allé voir des films qui ne lui avait pas franchement donné envie de réitérer l'expérience, traumatisé par les comédies romantiques. La seule incartade qu'il s'autorisait était pour les James Bond, encore plus depuis qu'on sait, maintenant, que Bond est écossais. Non vraiment, c’était un détail mais Fitz, lui, aimait bien ce détail. Les choses avaient cependant changés depuis son arrivée dans le nid car avec cette salle de projection, le tatoué avait pu refaire un peu sa culture cinématographique grâce à l'aide de plusieurs candidats. Du coup, quand il n'avait rien de plus à faire, il se rendait dans cette salle obscure, espérant passer une bonne soirée. Ce soir-là, en entrant, il découvrit alors Mickey et sur le coup, Fitz n'était pas très sûr d'être le bienvenu. Les images du prime n'avaient pas eu de l'effet que sur Mado alors... il appréhendait un peu la rencontre avec Mickey. D'autant plus quand on sait ce que l'écrivain lui avait dit, quelques semaines auparavant, sur le fait qu'il l'enviait, au fond. Pourtant, c'est Mickey qui lança la conversation et ses paroles firent sourire Fitz. - Je l'ai vu celui là je crois, à la télé quand j'étais gosse. Ouais, c'est très niais, je pense que tu vas mourir choqué devant ça Mickey. Il lui fit alors une petite boutade sur le commentaire et de la jaquette et Fitz rit légèrement, alors qu'il attrapait quelques sucreries. - Le chien aussi aurait du te mettre la puce à l'oreille ! Tu veux un truc ? Lui demanda-t-il alors. Quant au chien, quand ils sont dans le premier rôle, on pouvait s'attendre au pire, en effet.

Non, Beethoven n’était certainement pas un film d‘auteur. Il était même facile à croire que le jour de l’écriture de ce scénario – parce que clairement, ça n’avait pas du prendre plus d’un jour – le scénariste était en vacances ou alors, il avait la gueule de bois et c’est son gamin de douze ans qui avait repris le flambeau. Fitz l’avait vu, qui ne l’avait pas vu de toute façon, mais c’était il y a longtemps, à la télé, en après-midi, lors d’une des nombreuses et incalculables rediffusions de ce chef d’œuvre des temps modernes. Pour autant, ce qui l’avait marqué, ce n’était pas franchement la qualité du long-métrage, c’était même un peu tout le contraire vu que, passé 6 ans et demi, les gags se trouvaient être beaucoup moins hilarants, hein. Ce n’était cependant pas étonnant que Mickey n’ait jamais vu ce film. S’il lui avait dit être fan, Fitz ne l’aurait pas cru, c’est sur mais quand même, la jaquette était assez flagrante, pensait-il vraiment avoir affaire avec un documentaire sur la vie du compositeur ? Hum. – Ca pourrait ne pas être exactement la dernière parce que tu sais, ce film, y’a des tas de suites. Je crois qu’ils sont allés jusqu’au cinq, au moins, c’est dire le succès de cette… chose. Dit-il alors que le chien s’affiche à l’écran, tout dégoulinant de bave. Ah non, vraiment, il donne envie ce clébard là ! Fitz préférant encore largement les king charles de son grand père… A petite dose néanmoins. Puis il part se servir en friandises et plus précisément en barres chocolatées, ayant une petite fringale. Il en propose même à Mickey mais ce dernier refuse. Tant pis, ou tant mieux pour ses dents… L’écossais revient ensuite à côté de Mickey, il ne voudrait pas manquer ce magnifique film et là… ce qui devait arriver arrive. LA question. Fitz n’est pas idiot et Mickey a beau lui dire qu’Emmeline n’est pas pour lui ce qui peut se rapprocher d’une prétendante, leur relation prête à confusion. Alors quand les images de sa rencontre avec la rousse sont passées au prime, il savait que Mado n’apprécierait pas mais il était à milles lieux de croire que Mickey, aussi, le prendrait comme ça. Hum. En tout cas, lui au moins ne l’évite pas. Pas comme Mado l’avait fait en début de semaine. Deuxième mise au point ? Ca en a tout l’air. – Non. Je veux dire, elle est charmante, très jolie et elle me fait rire avec ses petits airs mais non, elle ne me plait pas de la manière dont tu penses qu’elle pourrait me plaire. Oulah, c’est compliqué ça… – Je suis avec Mado, c’est officiel, tout ça même si officiel, ça me fait bizarre comme mot. Oui parce que Fitz, ‘officiel’, dans son boulot ça veut dire communiqué de presse, ce genre de trucs alors c’est un peu étrange. – C’est un jeu entre nous, enfin… c’était parce que bon, c’est terminé maintenant. Ca engendre trop de conséquences et en effet, c’est peut-être déplacé à présent alors mieux vaut prévenir que guérir. La preuve.

Voir Mickey devant un tel film était une image assez déroutante. Non pas qu'il était forcément impossible que l'écrivain soit fan de ce genre de cinéma mais... en fait si, c'était impossible. Et d'ailleurs, personne ne pouvait être fan de ce genre de trucs, non ? C'était un peu le genre de films qu'on regardait comme ça, du coin de l'oeil, lors d'un après-midi pluvieux durant lequel on a rien de mieux à faire. Fitz l'avait vu dans ce genre de situation car en général, il n'était pas devant la télé, gosse. Il était plutôt dehors, avec son père ou ses sœurs ou en cours d'équitation, de piano, de littérature, d'histoire... Oui, il avait toujours eu un emploi du temps très complet, Fitz mais pour autant, il n'en était pas traumatisé. Il s'en était d'ailleurs assez bien sorti comparé à d'autres gamins de famille royale et pour ça, il était reconnaissant envers ses parents. Tout comme le fait qu'ils ne lui aient jamais donné la possibilité de voir les Beethonven suivants, les suites encore plus pathétiques que le premier film. Mickey semblait en tout cas outré d'apprendre une telle chose et l'écossais n'en était pas vraiment étonné. - Je pense que ça n'intéresse personne, ça fait juste rire les gamins mais passé un certain âge, ça perd pas mal de sens... Même tout son sens et aucun adulte ne devrait regarder ça. - C'est d'ailleurs étonnant qu'ils aient mis ça ici... Qui allait avoir envie de regarder ça, sérieusement ? A part par erreur, comme en ce moment donc... Mickey semble ensuite confus, insistant sur le fait qu'il ne traitait pas Fitz d'idiot, ce que l'écossais n'avait pas pris comme ça. - Hum, non, t'inquiètes pas. La preuve que regarder ce genre de film ne rend pas complètement idiot donc. La suite est cependant moins drôle, faisant écho à cette histoire d'images, encore. La question de Mickey étant assez clair, Fitz se fait très clair, lui aussi. Parce que les quiproquos, ce n'est pas son genre surtout quand il y en a déjà assez. Comme maintenant. Avant Everleigh, maintenant Emmeline, hum. - A cause de vous ? Le fait que ce soit terminé ? Peut-être oui mais c'est comme ça, c'est tout. Oui, rien de plus à ajouter. Sauf que ce n'est pas ce que veut Mickey qui pose à nouveau une question sur ce sujet. - Honnêtement, non, parce que pour moi, c'est innocent même si, comme je l'ai dit à Mado, Emmeline a peut-être été trop loin, cette fois. Pour autant, je comprends qu'il vaille mieux arrêter oui. Ouais ça vaut mieux, même si Mickey sent bien que dans un sens, il n'a peut-être pas à demander tout ça... - Je comprends que tu te poses ces questions, enfin... J'imaginais que toi ou Mado me connaissiez mieux que ça pour savoir que la situation ne risquait pas de déraper. C'est tout. Et c'est un peu frustrant au fond...

Mickey face aux travers les plus pathétiques de notre société, et surtout de notre culture, c’était absolument délicieux à voir. Comment avait-il pu sortir un dvd de ce genre, avec sa jaquette, son chien immense, ses couleurs bariolées et penser réellement qu’il allait avoir à faire à un film tout ce qu’il y a de plus culturel ? Impossible. Mais impossible n’est pas Mickey qui parfois semble complètement déconnecté de la réalité et de notre société, aussi horrible puisse-t-elle être parfois. Mickey, l’écrivain hors de son temps, qui s’offusquait d’un peu tout et rien avait eu droit à son lot de stupidité ici et Fitz ne doutait pas qu’il aspire à présent à un peu de calme. L’écossais sourit à la remarque de Mickey sur ce prétendu complot mais ne répondit pas, n’ayant pas grand-chose à dire sur ce sujet. Il ne savait pas vraiment si Mickey était sérieux ou pas dans ce genre de moment et s’il le soupçonnait de l’être, il préférait laisser planer le doute, appréciant ce type de conversation avec lui. Par contre, il y avait d’autres genres de conversations que Fitz n’appréciait pas et parmi elles, il y avait celle du moment, celle qui concernait Emmeline. Il en avait parlé avec la rousse, puis Mado, ensuite Everleigh en avait fait des allusions et maintenant, c’est au tour de Mickey. Non sérieusement, c’était fatiguant à la longue mais ce n’était aucunement la faute de l’écrivain alors Fitz tenta de rester calme et posé. Everleigh hier, Emmeline aujourd’hui, non vraiment, c’était très très drôle. Fitz était au bord du fou rire. Hum. Il fut cependant honnête avec Mickey, lui répondant avec franchise. Mentir n’était de toute façon pas sa tasse de thé et ça n’aurait fait qu’envenimer la situation. Mickey restait silencieux, de son côté, gêné, ça se voyait. Il ne reprit la parole que sur la fin et le tatoué fut amusé qu’il dise lui faire confiance. Tout le monde disait ça de tout le monde et pourtant, les crises ne cessaient pas pour autant. – Sauf que tu sais, Myles a la tête ailleurs, pour ne parler que de sa tête… Oui bon, c’est de mauvais gout, et alors. – Je connais pas vraiment la nature de la relation entre Emmeline et Myles, même si je crois avoir compris, un jour, qu’il l’avait déçue, en quelque sorte. Cependant, je ne crois pas vraiment qu’elle soit le genre à se rapprocher de quelqu’un, de toi en l’occurrence, s’il y a une autre personne également. Elle n’était pas dans mes bras, la seule fois où elle l’a été, c’est parce qu’elle pleurait et ça n’avait rien de romantique. Je sais pas… Tu lui as dit ça ? Je sais que c’est pas facile mais les non-dits, ça fout la merde. Tu veux un exemple ou tu pourrais t’en passer ? Bien évidemment qu’il parle de sa relation avec Everleigh et franchement, il n’a pas envie de revenir là-dessus.

Le film, aussi mauvais soit-il, finit par ne plus être le sujet de conversation des deux candidats assez rapidement car ils avaient sur le feu, ou tout du moins, Mickey avait sur le feu quelques petites choses qu’il devait mettre au point. Fitz aurait très sérieusement pu s’en passer mais à ce stade, pourquoi ne pas en rajouter une couche, il commençait à être habitué alors tant que la semaine n’était pas encore terminée, il était encore temps. Emmeline, c’était un peu LE sujet de la semaine, celui du prime aussi, en quelque sorte et Fitz ne se serait très honnêtement pas imaginé lorsqu’ils étaient ensemble, lorsque le crime avait été perpétré qu’il en arriverait là, à devoir se justifier, encore et encore. Mais c’était devenu un sport national pour lui dans ce jeu, presque un automatisme même. Mickey se sentait cependant vraiment gêné de mettre ça sur le tapis et en un sens, Fitz fut presque rassuré de constater cela. Non pas parce qu’il souhaitait que l’anglais le soit, gêné, mais parce que cela voulait dire que peut-être, il se rendait compte que c’était idiot… Oui c’était idiot et Fitz n’avait alors plus qu’une envie, sortir car la vie à l’extérieur, à ce niveau, était plus agréable à supporter. L’écrivain en vint alors à parler de Myles, ce qui surprit Fitz au départ et puis, plus vraiment au final. Il savait vaguement que la rousse et le baraqué s’entendaient bien mais il n’avait jamais vraiment été creusé de ce côté-là vu que bon, il s’en foutait un peu pour être franc. Mickey, cependant, ne semblait pas aussi détaché face à cette relation et bien évidemment, Fitz le comprenait. – C’est gentil ça… Dit Fitz, un sourire aux lèvres alors que Mickey lui avouait avoir plus confiance en lui qu’en Myles. Qu’on soit d’accord, Fitz appréciait Myles, à une certaine mesure mais il était également conscient de qui il était, sans pour autant le juger. Pourquoi n’avait-il rien tenté avec Emmeline allait certainement rester un grand mystère même si au fond, quand on se fatigue avec sa partenaire aussi souvent, ça ne doit pas laisser beaucoup d’énergie pour les autres. Mickey se confia ensuite et Fitz l’écouta, avec intérêt, avant de lui répondre enfin. – Ce n’est pas être possessif que de ne pas vouloir tout ça, enfin moi je le vois pas comme ça. C’est normal, si tu l’apprécies de réagir ainsi. Le contraire serait plus inquiétant je trouve. Certains veulent une sorte d’exclusivité, comme moi, c’est clair, voir sa copine allait à droite et à gauche, ça ne fait jamais plaisir et d’autres préfèrent la liberté, comme Myles et Everleigh tiens. Si tant est que ce soit vraiment ce qu’ils veulent au final mais tout ça pour dire que c’est un comportement normal à mes yeux. Te torture pas avec ça. On pourrait dire, par exemple, que Mado serait à la limite du ‘trop’ mais bon, autant garder ça sous la forme de pensée, c’est plus sûr. Mickey le remercia pour cette fois où elle était mal et rien que ça traduisait parfaitement les sentiments que l’écrivain pouvait avoir à son égard. Fitz ne dit rien, haussant les épaules et souriant, avant de croquer dans une barre de chocolat et de changer de sujet. – Alors… T’es prêt à révéler ton secret ? Et oui, parce qu’il ne reste plus qu’un prime avant la finale et donc, les cagnottes vont être gelées ce qui veut dire que les secrets non révélés vont l’être. Une chose est sûre, Fitz n’attend que ça.