T’avais faim. Et t’avais aussi la flemme d’aller dans la cuisine pour te retrouver face à d’autres candidats plus insupportables les uns que les autres. Alors tu t’étais rendu au walmart, où tu pourrais manger en paix. Du moins, c’était l’idée que t’avais en tête quand tu t’étais rendu dans le supermarché. N’ayant pas besoin de passer en caisse, tu ne voyais pas l’inconvénient de te servir et de te nourrir sur place. Chose que tu fis sans problème. Tu te promenais à travers les rayons, ton paquet de chips dans les mains, dans tes pensées. Si bien que tu ne remarquas pas tout de suite cette fille dans le même rayon que toi. Une chinoise. Ou une asiatique, du moins. Ses yeux bridés ne pouvaient pas induire en erreur. A moins qu’elle se soit fait brider les yeux grâce à une opération. Mais il faudrait vraiment être fou à lier pour réduire son champ de vision juste pour ressembler à un bouffeur de riz. Bref, bref. Stoppons-nous là, fini les critiques pour la seconde qui suit. Tu la regardes de haut en bas, un sourcil arqué. Elle était légèrement sur ton chemin, là. Beaucoup, même. Il y avait d'autres rayons. Et même d'autres endroits où elle pourrait traîner. Parce que pour le moment, là, le Walmart était à toi. Toi, un homme chiant ? Si peu. « C’est pas que tu me déranges mais… tu me déranges. » Dans la finesse, comme toujours. Encore, elle avait une certaine chance, tu étais en train de manger, donc tu étais de meilleure humeur que quand tu n’avais rien dans le ventre. Oui, t’aurais pu être beaucoup plus agressif envers la fille au prénom qui t’échappait. Sûrement parce que tu n'avais jamais cherché à savoir comment elle se nommait. Qu'importe.« Cet endroit est à moi, tu vois » dis-tu le plus sérieusement du monde. Mais oui, bien sûr, tu avais raison. Comme d'habitude.

16h. L’heure du gouter. J’ai envie de chocolat. Pas de nutella non, une belle plaque de chocolat. Dans l’idéal, blanc à la noix de coco. Mes préférés. Seulement, je ne trouve pas ça dans les placards de la cuisine. Je pense alors au supermarché. Je n’y ai pas encore mis les pieds, mais il paraît qu’on trouve tout là bas. C’est l’occasion de m’y rendre. Avec un peu de chance, j’y trouverais ce que je cherche, et bien plus encore. Lorsque j’entre à l’intérieur, c’est quelque peu flippant. Tout un magasin, vide. On se croirait presque dans une ambiance de film ou série d’horreur. Les lieux ont été abandonnés, parce que le monde a été envahi de vampires ou de zombies. Peut être qu’un va surgir à tout moment au coin d’un rayon. Ouais bon ma vieille, tu regardes trop de films. J’attrape un charriot, et commence à le pousser. C’est quand même la classe de pouvoir attraper tout ce qu’on veut, sans avoir à payer à la sortie. Le pied. Je mets quelques trucs dans mon charriot, fruits, coca (je n’ai toujours pas trouvé le rayon chocolat), lorsque je tombe sur un type. Il me détaille sans gênes de la tête aux pieds. Au diable les bonnes manières. « C’est pas que tu me déranges mais… tu me déranges. » Mais c’est qu’il est poli. « Cet endroit est à moi, tu vois » Ah oui carrément. « Ah c’est toi Walmart ? On ne m’avait pas prévenu » En attendant, si il pense que je vais déguerpir juste pour lui faire plaisir, il peut rêver. « Et donc si je m’en vais avec tous ces articles sans payer, je vais avoir des problèmes ? »

Il y avait trop de monde dans un si petit espace. Enfin, petit… voilà quoi. Tu n’aimais pas les gens. Tu n’aimais rien, en fait. De temps à autres, on pourrait te prendre pour un vieux aigri, et ça ne t’étonnerait même pas. Toi, t’aimes bien être seul. Sauf que là, tu ne l’es pas. Y’a cette brune en face de toi, dans le rayon où tu étais. Ton rayon. « Ah c’est toi Walmart ? On ne m’avait pas prévenu. Et donc si je m’en vais avec tous ces articles sans payer, je vais avoir des problèmes ? » Elle n’était donc pas décidé à se casser. Hm. Ca ne t’arrangeait pas, ça. Tu plisses les yeux, ton visage est toujours aussi impassible. « Oui, c’est moi monsieur Walmart. » Tu hoches la tête, très sérieux. Et tu rajoutes finalement. « Si tu pars là maintenant tout de suite, tu n’auras aucun problème. Il faut seulement que tu déguerpisses avant que les agents de sécurité arrivent. » Qui ne tente rien n’a rien. Peut-être qu’elle était idiote. Peut-être qu’elle te croira. Peut-être qu’elle partira. Ça serait bien, ça.

Jusqu’à présent, tous les candidats m’ont paru d’abord sympathiques. Enfin hormis mon partenaire…Mais lui c’est un cas à part. Seulement évidemment, il faut bien de tout. Et en l’occurrence la personne que j’ai en face de moi ne m’a pas l’air très accueillante pour l’heure. A peine arrivée qu’il souhaite déjà que je me barre. Mon crime ? Faire mes courses en même temps qu’il ai décidé de bouffer ses chips. « Oui, c’est moi monsieur Walmart. » Et bien à présent je l’appellerais Walmart, voilà c’est décidé. Wally quand on sera un peu plus proche. « Si tu pars là maintenant tout de suite, tu n’auras aucun problème. Il faut seulement que tu déguerpisses avant que les agents de sécurité arrivent. » Bien sur, bien sur. « Tu sais quoi ? Je préfère tenter ma chance avec les agents de sécurité. » Donc je cours le risque de rester encore un peu. « Dis moi Wally » Oui après tout ça on vient de devenir intime. « T’accueilles tous les candidats comme ça, ou c’est juste réservé à ma personne ? » Que je demande curieuse. Peut être est ce ma tête qui ne lui revient pas. Ou a-t-il un problème avec les asiatiques. Peut être est il raciste en fait. J’opterais plutôt pour la solution c’est un con si j’avais personnellement à choisir. « Tant qu’on y est, tu ne sais pas où se trouve le rayon chocolat ? C’est de la plus haute importance. » Limite une question de vie ou de mort. Au moins a défaut d’être sympathique, peut être pourrait il s’avérer utile.

T’aimes pas qu’on te dérange quand tu désires être seul. Et tu désires être seul le plus clair de ton temps. Alors, comment dire, la jolie brune, elle était un peu de trop dans ton champ de vision, là, maintenant, tout de suite. T’étais quelqu’un de gronchon, et qu’on pouvait qualifier de méprisant quand tu t’y mettais. Et aujourd’hui était un jour sans. Enfin, plutôt une après-midi sans. Bref, t’étais pas de bonne humeur, et cette personne avait vraisemblablement pas l’intention de te laisser tranquille. Tous ces facteurs faisaient que tu n’avais aucune raison de sourire, en ce moment même. « Tu sais quoi ? Je préfère tenter ma chance avec les agents de sécurité. » Fais chier. Tu soupires un peu. Elle reparle. « Dis moi Wally. T’accueilles tous les candidats comme ça, ou c’est juste réservé à ma personne ? » Wally. Et bien pourquoi pas, tiens. Tu ne sais pas comment elle s’appelle, mais ça doit être un nom du genre ching chong bu, enfin des trucs comme ça. A moins qu’elle est un prénom occidental. Enfin, t’en avais rien à faire de l’origine de son prénom, ni quel était son prénom. Tu voulais juste manger tranquillement. « Ils sont vraiment baraqués, les agents de sécurité. Ils te mettront la misère, fais gaffe. » Bien sûr, bien sûr. « Non, c’est seulement réservé à ceux qui sont sur mon chemin quand je mange. » Bah oui, t’étais le grand dieu, et tous les autres devraient se terrer dans leur petit trou lorsque tu voulais être seul. Logique. « Tant qu’on y est, tu ne sais pas où se trouve le rayon chocolat ? C’est de la plus haute importance. » Et bah tiens. Bien sûr que tu allais lui montrer. Ou pas. Tu prends pourtant une voix plus accueillante. « Ah, tu veux les chocolats ? Attends, j’vais te montrer. » Le paquet de chips dans ta main se retrouve par terre et tu t’approches d’elle, pleins de bonnes intentions. Ni une, ni deux, tu la portes –sans aucun problème – en sac à patate, et tu te diriges vers la sortie, ne la laissant pas te déstabiliser pour que tu la lâches. « Tu vas tout droit, vraiment tout droit, jusqu’à ce que tu tombes sur un mur. Quand tu tombes sur ce mur, alors tu as éventuellement le droit de cogner ta tête dedans. » Tu étais un parfait GPS, qui disait le contraire ?

C’est fou ce qu’il a décidé d’être désagréable ce Wally. Je suis pourtant une fille sympa. Mais non, dès qu’il m’a aperçu, il a décidé que je le faisais chier. Drôle d’attitude. Si il n’aime pas la compagnie, qu’il ne vienne pas s’enfermer avec 30 énergumènes. Du coup là il est question d’agents de sécurité qui pourraient venir me botter les fesses. « Ils sont vraiment baraqués, les agents de sécurité. Ils te mettront la misère, fais gaffe. » Vraiment ? Ils n’oseraient pas. « Tu parles, un petit sourire charmeur de ma part, et ils seront doux comme des agneaux » Vous saurez que je suis très douée pour charmer des agents de sécurité qui n’existent pas. On ne fait pas plus douée que moi dans le domaine. « Non, c’est seulement réservé à ceux qui sont sur mon chemin quand je mange. » Oui donc c’est bien ça, j’avais raison, il est juste con. Un mal incurable malheureusement. Con un jour, con toujours. « Je vois, je vois. C’est parce que tu n’es pas doté de la capacité de faire deux choses à la fois. Je suis désolée pour toi. » Pauvre petit. Il ne peut pas manger, et gérer la présence d’une autre personne à la fois. En attendant, je lui demande le rayon des chocolats. Ce qui sous entend quand même que si il me le donne, je vais bouger et lui laisser le champ libre. Alors il peut bien faire ça. Et apparemment il va me le montrer. Bon, je lui ai juste demandé la direction, pas qu’il ne m’y accompagne. Du coup, je trouve ça louche pour un type qui voulait se débarrasser de moins cinq secondes plus tôt. Et j’eus raison de me méfier, il s’approcha de moi pour m’attraper, et me balancer sur son épaule, tel un sac à patate. « HEY ! Non mais ça va pas ? » De quel droit il me traite de cette manière ? Heureusement que je porte un jean et pas une robe ou une jupe, espèce de petit saligaud. « Reposes moi à terre, IMMEDIATEMENT. » dis je en tentant de me défaire de son emprise, mais le con me tient fermement. « DE SUITE ! Sinon je vais me fâcher. » Je parie qu’il a peur là. Non mais en plus ce n’est pas du tout confortable cette prise, et même un peu douloureux. Alors il a intérêt à me lâcher. Sinon...Sinon...Bon je ne sais pas encore, mais voilà quoi. Il est quand même sans gênes celui là. Il ne perd rien pour attendre.

« Tu parles, un petit sourire charmeur de ma part, et ils seront doux comme des agneaux » Tu lèves les yeux aux ciels. Un sourire charmeur, et puis quoi encore ? Elle rêvait un peu trop, la cocotte. Tu prends même pas la peine de répondre, donc. Pourquoi est-ce qu’elle ne se contentait pas de partir ? Non, elle restait, et en plus de ça, elle te cherchait en faisant de vielles remarques inutiles. « Je vois, je vois. C’est parce que tu n’es pas doté de la capacité de faire deux choses à la fois. Je suis désolée pour toi. » Ah bah bien sûr, pourquoi pas. C’était assez idiot et petit comme déduction, mais pourquoi pas. Si ça pouvait lui faire plaisir de penser ça. T’en avais strictement rien à foutre. Tu hausses les épaules et tu réponds de façon neutre « Non, c’est seulement que j’aime pas voir des sales têtes. » Oh moins, ça, c’était fait. Certes, tu n’étais pas très sympathique, mais elle l’avait cherché. Elle venait de dire que tu étais idiot, en gros. Bref. Elle t’énerve, cette petite. Pourquoi est-ce qu’elle ne partait pas ? Du coup, pour l’encourager à rebrousser chemin, tu la portes en sac à patate pour te diriger vers la sortie. « HEY ! Non mais ça va pas ? » Qu’elle baise d’un ton, elle te faisait mal aux oreilles. « Tais-toi un peu. Merci. » demander si gentiment, elle ne pourrait pas refuser, si ? Tu t’apprêtes à la reposer devant la porte quand elle dit quelque chose qui te résigne à le faire. « Reposes moi à terre, IMMEDIATEMENT. DE SUITE ! Sinon je vais me fâcher. » Puisqu’elle te le demande, tu ne le feras pas. Tu la tiens toujours fermement. Hors de question de lui faire plaisir et de lui obéir. Elle n’avait pas à te donner d’ordre, la nénette. Tu la gardes donc finalement sur tes épaules. « Tu vas te fâcher ? Oh là là, j’ai peur. Tu craches du feu, aussi ? Ne me dis pas que tu craches du feu, parce que là, je serai effrayé. » Tout ça sur un ton moqueur et arrogant, bien sûr. Parce que pour l’instant, tu avais le pouvoir. Pas elle. Elle aurait dû partir quand tu le lui avais dit. Il faut toujours écouter Sandro. Toujours.

« Non, c’est seulement que j’aime pas voir des sales têtes. » Non mais dites donc, c’est moi qu’il traite de sale tête ? Elle est très bien ma tête. « Vaut mieux que t’évites les miroirs alors. » Prends ça mon petit. Parce que bon, soyons honnêtes deux minutes, de nous deux, si quelqu’un doit avoir une sale tronche, c’est clairement lui, pas moi. Un vrai goujat. Encore plus lorsqu’il décide de me traiter comme un vulgaire sac à patate. Il sait comment faire une bonne première impression celui là dites donc. Non mais depuis quand on traite les femmes de cette manière ? Je comprends pourquoi ce sont les femmes qui m’intéressent, et clairement pas les hommes. Des brutes. En plus il me demande de la fermer. « Si tu veux que je me taise, tu n’as qu’à me reposer » Pas dis que je me taise même une fois à terre, mais chut. « Tu devrais avoir honte d’utiliser ta force physique contre une femme. » Oui, shame on him. On ne se bat pas à la loyale. Bon en attendant, monsieur s’est arrêté devant la porte, mais ne semble pas décidé à me lâcher. Bien sur. Il attend quoi ? Que tout le sang me monte à la tête ? J’ai vu sur son postérieur mais je m’en passerais bien. « Tu vas te fâcher ? Oh là là, j’ai peur. Tu craches du feu, aussi ? Ne me dis pas que tu craches du feu, parce que là, je serai effrayé. » Quel petit comique. Bon, réfléchissons…Qu’est ce que je pourrais bien faire… Il a l’avantage physique, c’est certain. Mais je peux peut être jouer sur autre chose…Et puis là ça me frappe, j’ai la réponse sous les yeux. Littéralement sous les yeux. « Très bien, tu l’auras voulu. » Je tends les bras, et tire sur son pantalon, qui finit par céder, et se baisser. Voilà qu’il se retrouve avec son pantalon au bas des genoux, ah il n’a pas l’air malin comme ça hein. Bon il a toujours son boxer, il faut pas abuser non plus. Pour l’instant en tout cas. « Tu devrais plus fréquenter la salle de sport, faut raffermir tout ça. » Bon en vrai il a surement de très belles fesses, mais c’est juste pour l’embêter. Bon et maintenant, il va me remettre les pieds sur le sol ? Puis pour quelqu’un qui veut soit disant pressé de se débarrasser de moi, c’est quelque peu contradictoire.

« Vaut mieux que t’évites les miroirs alors. » Oh mais en plus elle était débordante d’humour, celle-là. A sa réplique, tu lèves les yeux aux ciels. Tu pourrais limite te tirer une balle dans la tête pour ça. « Tu es drôle, dis-donc. Je vais me pisser dessus. » Ta voix monotone montre pourtant bien que non, tu ne l’as trouvais pas drôle. Il en fallait beaucoup pour que tu trouves une personne drôle, de toute manière. Puis finalement, tu la portes pour l’entraîner jusqu’à la porte du supermarché, afin de te débarrasser définitivement d’elle. Et puis elle te demande de la reposer, plus tu t’obstines à la garder dans tes bras. Il manquerait plus que tu lui fasses plaisir. En plus, sa voix t’est insupportable. Elle avait trouvé ses cordes vocales dans un Happy Meal ou quoi ? « Si tu veux que je me taise, tu n’as qu’à me reposer. Tu devrais avoir honte d’utiliser ta force physique contre une femme. » Tu n’es pas dupe, et t’es quasiment certain qu’elle ne la fermera pas si tu la redéposes. Quant à utiliser ta force contre les femmes, et bien, ça servait toujours. Genre comme dans ce cas-là, ou la fameuse femme te faisait chier. « J’ai pas honte. Assume plutôt le fait que les hommes aient plus de pouvoir » que tu répliques. Parole de macho, pardi. T’es plus fort, ce n’est pas de ta faute. Elle était faible. Et chiante. Très chiante. Tu voulais seulement manger tranquille, et tu te retrouves avec une asiatique dérangée sur le dos. « Très bien, tu l’auras voulu. » Et bien, quoi ? Sauf que là, tu sens quelque chose sur tes fesses, et ça ne te plaît pas trop. Elle venait de baisser ton pantalon. Vraiment. Et franchement, t’as bien envie de la jeter et de l’éclater contre le mur. En mode Hulk, vous voyez. « Tu devrais plus fréquenter la salle de sport, faut raffermir tout ça. » Tes fesses étaient très bien. Bien sûr, il fallait s’y attendre, tu t’énerves. « Tu vas… » Alors que t’as commencé à gueuler, une musique se fait entendre. C’était quoi, ça ? Et puis tu te souviens du premier prime. « Putain. » Génial, c’était génial. Tu la reposes – sans aucune délicatesse- par terre, tu remontes son pantalon, et tu l’attrapes par le bras pour l’embrasser. T’as pas envie de l’embrasser, cette peste. Mais il est hors de question que tu perdes un seul centime à cause d’une fille. Alors tu l’embrasses. Même pas deux secondes. Quelque chose de rapide, de mauvais. Parce qu’elle ne méritait pas les grands baisers du grand Sandro. Bref. Tu te recules aussitôt, ton regard méchant posé sur elle. « T’as le droit de partir, maintenant. » dis-tu froidement. Parce que sinon, tu lui ferais la misère. Vraiment.