Je ne trouve rien à lui dire. Pas qu'à elle. C'est tout le temps comme ça, je n'ai rien à dire. Je ne vois pas de quoi je pourrais parler. Alors à défaut de mieux, je lui donne mon prénom. Elle ne le savait pas encore, je crois. À moins qu'elle ne l'ait retenu en quelques heures de temps. Dans le doute, je lui dis quand même. Elle réplique que c'est joli, comme prénom. Ah. Il paraît. Je ne sais pas, je n'ai jamais porté tellement d'attention à mon prénom. C'est juste un prénom alors je m'en fiche un peu. Elle me dit le sien aussi. Thelma. D'accord. Je vais essayer de le retenir mais c'est pas sûr que j'y arrive. « C'est joli aussi Thelma. » que je lui réponds. Non ? Je pense que si. C'est pas moche, en tout cas. Le moche, ça ne me dérange pas, de toute façon. Le silence non plus, d'ailleurs. Puisqu'il se fait à nouveau une place tandis qu'on monte les marches. C'est vrai que moi, j'aime bien le silence. Je le trouve rassurant, je crois. Agréable, paisible. Pas besoin de parler, parfois. Les mots, c'est un peu surfait, dans le fond. Et comme je ne trouve jamais rien à dire, c'est plus simple dans le silence. Quoique, si Thelma veut parler, elle peut, je l'écouterai. Je suis plus douée pour écouter que pour prendre la parole. Mais non. Elle ne dit rien. Je ne dis rien non plus. On se contente de grimper, encore et encore et encore. Jusqu'à atteindre le sommet de cette immense tour, légèrement essoufflée pour ma part. Je prends quelques secondes pour remplir mes poumons d'air. Thelma, elle, elle est déjà partie au loin, je la vois qui regarde tout et n'importe quoi, tout ce que son regard peut capter. Je la regarde faire jusqu'à entendre sa voix. Elle dit que c'est joli. Je laisse mon regard s'égarer sur la vue que nous donne cette nouvelle hauteur, tout en me rendant à côté d'elle, en m'asseyant à mon tour. « C'est vrai que c'est joli. » j'affirme en acquiesçant. Je prends encore un peu de temps pour examiner tout ce qui s'offre à moi. On voit tout. C'est dingue. C'est comme si on pouvait tout dominer d'ici. « On devrait prendre une photo. » que je propose ensuite sans y réfléchir. Oui, enfin, moi, j'ai pas leur bidule pour prendre les photos avec moi. Sûrement que elle non plus, en fait. Tant pis, au pire, on ne fera pas de photos. C'est pas indispensable, après tout. Je me demande quand même à quoi ça sert, cette tour. J'ai raison quand je pense que c'est là juste pour faire joli.