Le moins que l'on puisse dire, tout de même, c'est que ce ne fut pas une mince affaire de se dégoter une partenaire. Parce que bon, qu'on se le dise, toute cette histoire autour de la nomination de deux candidates l'avait clairement tourmenté, lui qui avait trouvé délicat, tout de même, que l'une d'elle soit priée de quitter l'aventure le soir même de son entrée au sein de celle-ci, et que la seconde, pas tellement plus chanceuse du coup, doive s’accommoder d'un partenaire tel que lui, ni tellement sociable, ni tellement intéressant, et probablement loin d'être un produit de référence en la matière. Pour le coup, la petite blonde avec qui il n'avait jusqu'ici pas tellement conversé n'était pas nécessairement mieux lotie que la jeune femme qui n'était désormais plus des leurs. Mais ça, elle ne le savait peut être pas encore. Mais ça viendrait, rapidement sans doute, il ne se faisait pas de soucis pour ça. Toujours est-il qu'il avait tout de même bien envie de rattraper le temps perdu, histoire de ne pas se laisser handicaper par le retard occasionné à l'issue du prime qu'il avait passé tout seul dans son coin, alors qu'il aurait pu, dans des conditions plus normales, faire comme tout le monde et converser avec sa partenaire. Sauf que rien ne fut aussi simple - c'aurait probablement été moins drôle - et qu'il ne savait globalement rien de la jeune femme avec qui il avait pourtant dormi la nuit passée. Ainsi donc, il se mit en tête de suivre sa partenaire, tout bêtement, et entreprit donc de l'imiter lorsqu'elle prit la direction des studios. Loin de lui l'envie de passer pour un dérangé, il avait simplement l'intention d'entretenir une véritable conversation avec elle. Sauf que, bien entendu, il fallut qu'elle entre dans ce qui lui semblait être le décor d'un club de strip-tease, ce qui ne serait peut être pas le lieu le plus accommodant pour une conversation tout à fait innocente. Non pas qu'il ait l'esprit mal placé, mais tout de même, on avait vu plus sobre dans le genre. Toujours est-il qu'il l'y suivit malgré tout, qu'il pénétra à l'intérieur des lieux, qu'il descendit à sa suite l'escalier qui ne tarda pas à le conduire dans une salle où se trouvait logiquement sa partenaire. Bon, il allait peut être arrêter cette douteuse filature et annoncer sa présence, hein. « Hm, bonjour » qu'il annonça alors, tel un assez bon début. « Je suis Sully, tu sais, le type dont tu as écopé samedi soir, avec qui tu as dormi, mais avec qui tu n'as pas encore tellement discuté. Toutes les bonnes choses ont une fin, comme on dit. » Oui parce qu'il estimait être quelqu'un de très chiant, de très inintéressant surtout, de quoi faire regretter à cette demoiselle d'avoir été sauvée par le public. « Ce n'est pas un lieu très commun pour faire connaissance, mais moi je n'ai fait que te suivre, hein. » Et bien sûr, il fut indispensable qu'il le précise, histoire qu'elle s'imagine qu'en plus de parler pour ne rien dire, son partenaire était un vicieux. Autant compliquer encore un peu plus les choses, c'est clair.

Je commence à peine à découvrir la maison, les studios, bref, cet endroit gigantesque dans lequel on est tous enfermés. Oui, c'est moi qui ai décidé de venir ici mais quand même, quand on y pense, ça fait bizarre : on est en quelques sortes des souris de laboratoire. Bon, faut pas croire non plus que je m'en plaigne, au contraire, c'est tellement cool d'être ici. Malgré les nanas trop bien faites qui ont l'air de péter plus haut que leur cul ou même les monsieurs muscles. Arrête Zola, arrête. C'est seulement un premier sentiment, c'est peut-être pas vrai tout ça. En fait, je fais tout ce que je n'aime pas qu'on fasse : juger au premier abord. Mais j'y peux rien, c'est comme ça. Toute façon, les choses sont toujours plus faciles à dire qu'à faire, c'est bien connu...Bref, il est environ quatre heures et demi -de l'après-midi, hein, ne croyez pas que vous avez à faire à une insomniaque, quoique, je le suis un peu quand j'ai un ordi entre les mains..ouais, stop les reproches, j'y peux rien moi si la souris se colle à ma main et que je peux plus partir après...-. Putain, mon cerveau est encore en pleine ébullition, j'sais plus à quoi penser. Je pense trop. Et que de la merde en plus, ça va pas. Oh. C'est vraiment des tarés eux ! Un club de strip-tease, non mais ils veulent vraiment que toutes les nanas se mettent à poil pour faire de l'audience ou quoi ? De vrais pervers...! Je regarde autour de moi pendant quelques secondes, étonnée d'être là. Ben ouais, c'est ça : quand je pense trop, je me retrouve dans des endroits sans même m'en rendre compte..c'est grave docteur ? Je rigole toute seule, avant qu'une voix m'interpelle. "Putain, tu m'as fait peur mec !", que je dis, avant même qu'il n'ai pu enchaîner sa deuxième phrase. Sully. Mon partenaire. "Ouais, ouais, j'sais qui t'es. Parait que j'ai une bonne mémoire. Moi c'est Zola, ouais ouais, comme l’écrivain Emile Zola ! La classe, hein ?! J'déconne, j'déconne. T'es français au fait ? Pourquoi c'est pas une bonne chose ? Faut quand même qu'on apprenne à se connaitre. J'dormirais pas avec un inconnu une seconde fois, pas trop mon genre tu vois !" Tu parles trop Zola. Laisse-le respirer peut-être, non ?! Une blague. Ouais, une blague. Pour le détendre un peu. Parce qu'il est mignon, mais il n'a pas l'air à l'aise. Surtout que, comme il dit, ce n'est pas un lieu très commun pour faire connaissance. "T'es un psychopathe en fait, c'est ça ? Me tue pas, par pitié. Y'a des caméras en plus, tu te ferais chopper direct." Tentative numéro une : ratée. J'bouge un peu partout, pour continuer de découvrir le lieu. "Désolée, les blagues avec moi, ça marche une fois sur dix !" Je rigole. J'espère qu'il ne va pas prendre fuite. Quoique, tant pis pour lui si jamais c'est le cas.

Bon, d'accord, il aurait sans doute été préférable que Sully s'abstienne de suivre sa partenaire jusqu'à ce pseudo-club de strip-tease, parce qu'en soit le fait qu'un homme suive furtivement une femme pouvait être mal interprété et véritablement porter à confusion. Il ne faudrait tout de même pas que l'on aille s'imaginer qu'il avait de vilaines idées en tête, ou qu'il était simplement un voyeur doublé d'un maniaque, qui passerait toute son après-midi à la suivre dans chaque endroit où elle se rendrait, avec l'espoir qu'elle finisse par lui offrir un spectacle plus intéressant. Non, Sully n'était pas franchement du genre à adopter ce genre d'attitudes, et il se passerait bien d'une réputation erronée, surtout celle-ci. Pour autant, il n'avait pu faire autrement que de suivre la jolie petite blonde, parce qu'il avait véritablement l'intention de rattraper le temps qu'ils avaient perdu hier soir et ainsi débuter une conversation qui leur permettrait de se connaitre davantage. Il n'espérait évidemment pas tout connaitre de cette jeune femme au bout de cinq minutes - ça n'était pas le but, d'ailleurs - mais il est vrai qu'il apprécierait d'en savoir tout de même un peu plus sur celle avec qui il avait dormi. Ainsi donc, cette perspective le déculpabilisait quelques peu, mais ça ne dura pas, car à peine eut-il pris la parole qu'il put constater qu'il avait foutu la trouille à sa partenaire. Et ça, clairement, ça n'avait pas du tout été dans ses intentions. « Excuse-moi, j'aurais du m'annoncer bien plus tôt. » Et cela leur aurait peut être permis de débuter une conversation autre part que dans cet endroit assez farfelu. Toujours est-il qu'il put bien vite constater qu'il n'avait pas écopé de la partenaire la moins bavarde, ce qui le fit même sourire. « Je vois que tu es bien plus loquasse que moi. » Au point que le contraste en était assez saisissant. « Je ne suis pas français, non, je suis de Philadelphie. Dois-je donc comprendre que tu viens de France, toi ? Ça expliquerait certaines choses. » Comme le prénom qu'elle portait, vu qu'elle l'avait elle-même associé à un écrivain français, ou le fait qu'elle ait supposé que Sully vienne de France avant d'avoir envisagé quoi que ce soit d'autre. « J'ai toujours l'impression d'ennuyer les autres, et je redoute le moment où tu constateras que ton partenaire est d'une inconsistance totale. » Pour autant, il hocha la tête à ses propos suivants, pensant lui aussi qu'il leur fallait faire connaissance, pour ne pas rester des inconnus. C'était pour ça qu'il l'avait suivie, après tout. Mais voilà que la jeune femme sembla se laisser aller à un peu d'humour, auquel il fut étonnamment plutôt réceptif. « Psychopathe, c'est même mon deuxième prénom. Alors, crois-moi, ce ne sont pas quelques caméras qui vont m'arrêter ... » Alors là, en fait, il essayait simplement d'entrer dans son jeu. Sauf que bon, on avait vu plus inquiétant, dans le genre. Du coup, lorsqu'elle laissa entendre qu'elle n'était pas tellement pote avec l'humour, il joignit son rire au sien. « Et bien, comme tu vois, je ne suis pas tellement plus doué. Je suppose qu'on peut dire qu'on s'est découvert un premier point en commun. » Et mine de rien, ça n'était pas rien, pour eux qui voulaient apprendre à se connaitre. « Puis-je te demander ce que tu fais ici ? Enfin, pas dans ce club de strip-tease, bien sûr, je parlais du jeu en général. » C'était une question comme une autre, visant à la cerner. Il ne pouvait qu'être curieux.

Un mec poli. C'est la seule chose qui me vient, là, à l'esprit en le voyant. Ouais, poli, plutôt respectueux. Il s'excuse de m'avoir fait peur, mais y'avait pas besoin, j'lui en veux pas du tout. Je hausse les épaules, pour lui montrer que ça m'est égal et je marche vers le fond de la pièce, ou plutôt sans savoir où aller. C'est pas le genre d'endroit dont je raffole, je n'y ai même jamais mis les pieds, mais y'a une première fois pour tout, pas vrai ? Il continue de me parler, et contrairement à ce qu'il doit penser de lui même, je le trouve bavard. Bon, peut-être pas bavard, bavard, mais il parle, c'est déjà ça. J'en connais d'autres qui n'auraient pas sorti un mot, mis à part peut-être leur prénom. Mais ça me dérange pas non plus, faut pas croire. J'aime tout le monde, de toute façon. "Wahou..cool. C'est la classe j'trouve. Bon, ça me fait un peu penser au fromage mais c'est cool ! Oui, moi je suis française, je viens de Nice très exactement, tu connais ? C'est sur la Côte d'Azur. On dit souvent qu'il fait assez beau (bon, c'est relatif parce que c'est pas comme si on avait de la chance avec le beau temps en France) mais en été ça va, c'est mieux qu'à Paris, la capitale. Tu connais surement ? J'te prends pas pour un débile, hein, mais parfois la géographie, c'est chaud. Pas tout le monde s'y connait." Je lui souris, je souris tout le temps de toute manière. C'est..c'est mieux je trouve. On a plus envie d'aller vers quelqu'un quand cette personne sourit. J'sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. Il en vient à me parler de lui. Il se dénigre totalement. Enfin, beaucoup, assez oui. J'comprends pas pourquoi il dit ça. Mais faut pas qu'il pense que ça va me faire fuir. C'est mon binôme, et malgré tous les défauts qu'il pourra avoir (bon, y'a des limites c'est clair), je me positionnerai en tant qu'alliée avec lui. Alliée pour affronter les autres, combattre les monstres, passer au level supérieur,..Du calme. "T'es ouf. Pourquoi tu penses ça ? J'suis sure que c'est pas vrai ! Et même si c'était vrai, t'inquiètes, je te supporterais, t'es mon binôme après tout !" Petit clin d'oeil. Ca peut être mal vu vu qu'on est dans un club de strip-tease mais promis, c'est "amical". Pour éviter qu'il se sous-estime. Il réagit même à mon humour décalé. "Nooon, au secouuuurs !" que je crie, en faisant semblant de courir le plus vite possible pour lui échapper. On rigole tous les deux. Il est marrant. Et il a raison, ça nous fait un premier point commun, c'est déjà ça. Je hoche la tête. "T'as bien fait de préciser, j'aurais très bien pu te dire ce que je fais ici, dans ce club." Je rigole. Quelle cruche alors ! Je m'installe sur l'un des canapés. "J'suis venue pour m'éclater. Vivre l'aventure à fond. Découvrir des tas de secrets, rire, répondre à des énigmes, vivre une aventure hors du commun, apprendre à aller encore plus vers les autres, à vivre en communauté aussi. Malgré que j'sois assez sociable, je ne sors pas énormément, je reste souvent devant mon ordi, chez moi. En fait, j'suis venue un peu pour tout, sauf pour trouver l'amour. J'trouve ça un peu débile comme concept." Oups. Je me reprends. "Enfin, c'est pas ce que je voulais dire. Si toi t'es là pour ça, je respecte totalement, c'est juste mon avis, hein. Énième sourire.

Décidément, cette filature avait été une très mauvaise idée. Déjà, ça avait du le faire passer pour une sorte de maniaque un peu dérangé, et à choisir d'avoir une réputation, il est vrai qu'il se passerait relativement bien de celle-ci. Aussi, à la façon dont avait réagi sa partenaire, il avait du lui faire sacrément peur en déboulant dans son dos et sans prévenir. A bien y réfléchir, le mieux aurait en fait été de l'accoster quelques instants plus tôt, avant d'avoir à la suivre bêtement et d'atterrir dans un endroit aussi déstabilisant. Sauf qu'il n'y avait même pas pensé, sur le coup. Heureusement, il ne semblait pas avoir à faire de quelqu'un de particulièrement rancunier, et ça c'était plutôt un bon point. Toujours est-il que sa partenaire chercha bientôt à savoir s'il n'était pas français, et le fait est qu'il ne l'était pas, non. Lui, il était un américain pur-souche, venant de Pennsylvanie et ne parlant qu'une langue, la sienne. La France, il aurait voulu y voyager, mais ses petits moyens l'en avaient toujours empêché. La question de la jeune femme lui permit en tout cas d'en déduire qu'elle était française, elle. Sinon, pourquoi s'être posée cette question-ci en priorité ? Et justement, elle le lui confirma, commentant cependant dans un premier temps la ville d'où venait Sully, ce à quoi il ricana légèrement. « Effectivement, Philadelphia est le nom d'un fromage, mais c'est aussi le nom d'un magnifique film, tu sais. Quoi que, tu l'as peut être vu. » Ce dont il ne pouvait pas être sûr, étant donné qu'il ne savait pas si elle était branchée Cinéma. Pour autant, il estimait que ça n'était pas la peine d'être cinéphile pour avoir vu ce film-ci. C'était un long métrage populaire et dont les acteurs étaient loin d'être inconnus, après tout. Même la B.O était célèbre. Par la suite, sa partenaire n'y alla pas de main morte sur les détails concernant son lieu de vie à elle, le Sud de la France visiblement. « Oui, je connais Paris, bien que je n'y sois jamais allé. Et je crois visualiser la Côte d'Azur, quoi que grossièrement, car je suis loin d'avoir la carte française parfaitement en mémoire. Mais je pense malgré tout que si je devais un jour venir en France, le temps n'influencerait pas mon itinéraire et Paris en ferait plus certainement partie que Nice. Je crois qu'il n'y a pas un étranger qui ne rêve pas de voir Paris, qu'il y vente, qu'il y pleuve ou qu'il y neige. » Lui, par exemple, aimerait bien pouvoir y poser sa caméra un jour. On devait y filmer des choses magnifiques, tant on entendait dire que cette ville avait du charme. Il devait y avoir tant de choses à y visiter. De quoi lui faire regretter de n'être même pas ici pour s'enrichir. Quant à cette lubie de penser qu'il peut ennuyer et importuner, il est vrai que ça devenait récurant. Mais il était comme ça, à toujours penser qu'il faisait perdre leur temps aux autres. Sa partenaire, en tout cas, le fit doucement sourire. « C'est gentil, et tolérant de ta part. Pour autant, si tu me trouvais casse-pieds, tu pourrais me le dire, je ne me vexerai pas. Entre nous, on doit aussi rester honnêtes. » A noter que son clin d’œil le fit rire, et qu'il estimait avoir un bon feeling avec cette jeune femme. Elle était enjouée et sympathique, ça commençait donc bien. Mais voilà qu'elle se mit à s'agiter et à crier lorsqu'il entra dans son jeu et laissa entendre qu'il avait effectivement tout d'un psychopathe. Eh bien, s'il avait su ! « Ça te prend souvent ? » qu'il souffla, en riant, un peu surpris peut être. Puis il lui demanda ce qu'elle faisait ici, au sein de ce jeu, plaçant une plaisanterie qui l'amusa un peu plus, avant de lui répondre avec sincérité. Il comprenait ses motivations, hocha la tête à l'écoute de celles-ci, puis mouva négativement la tête. « Non, je ne suis absolument pas là pour ça. Je pense que pour le trouver, il ne faut même pas le chercher. Et comme toi, ce concept me laisse perplexe. De toute façon, je pense que peu d'entre nous peuvent se payer le luxe de n'être ici que pour se caser. » Il voulait bien évidemment dire qu'il était toujours plus commun de faire ce genre d'émissions pour l'argent ou le besoin d'expérience que simplement pour rencontrer son âme sœur. Mais ceux à qui il ne manquait que ça auraient tort de se priver, c'est clair.

Bingo, c'était bien le nom d'un fromage. Mais aussi d'un film...Hum...c'était pas avec le mec qui joue dans Zoro ça ? J'm'y connais pas trop en film, même si j'reste souvent chez moi. Et même si ça paraissait évident quand Sully m'a sorti cette référence, j'ai pas honte de lui dire que je connais pas. "Ah ouais ? Connais pas. T'es vachement calé dans les films, non ? Moi, j'y connais pratiquement rien. Mon truc, c'est plus les jeux vidéos, tu vois. J'devrais m'y mettre pourtant, c'est vachement bien les films. Surtout les films d'horreur, ou bien les films d'action. Mais pas les vieilles comédies d'amour qui pue l'hypocrisie. J'ai horreur de ça. C'est tellement pathétique je trouve..Parfois, avec des potes on se met devant juste pour déconne et se foutre de leur gueule..C'est pas bien, j'sais, mais ça détend et on passe de bons moments comme ça, au lieu d'être chacun chez soi à combattre des monstres." Tu parles trop Zola, beaucoup trop. J'm'en rends compte, j'en ai conscience. Mais tant pis : je hausse les épaules. Et puis je repense aux moments dont je viens de parler. Ouais, qu'est-ce qu'on pouvait se marrer comme des crétins, j'te jure..De vrais gamins. Mais j'aime ça : rigoler, bouffer, ne pas se prendre la tête. On en vient ensuite à parler de la France. "Ouais, c'est vrai ça : à chaque fois j'entends les étrangers dire qu'ils veulent visiter Paris. Mais j'comprends pas trop. C'est cool, hein, mais y'a rien d'extraordinaire. Une ville qui a l'air méga cool, c'est Tokyo je trouve. C'est original, c'est..différent. Mais si jamais tu viens en France, tu fais un tour par Nice pour venir me voir, y'a pas moyen ! Je t'accueillerais dans mon petit studio ! On s'amusera bien, j'en suis sure !" On vient à peine d'entrer dans le jeu que je parle déjà de l'après jeu..c'est grave. Peut-être que c'est parce que mon chez moi me manque trop. Ou bien parce que j'ai envie de garder contact avec toutes les personnes présentes ici. Ben ouais, ça serait bête de faire connaissance avec les autres pour qu'au final, dans quelques semaines, tout le monde reparte chez soi et qu'on garde plus contact. Ouais, ça serait complètement idiot. J'fais ma folle, comme d'habitude. Il me demande si ça me prend souvent. Je ris aux éclats. "Ouais, assez souvent ! J'suis dingue. Enfin, parfois. Ca dépend. J'peux être folle, crier, sauter partout mais d'autres fois, j'suis plus calme. Faut bien que mon petit corps se repose. J'suis pas lunatique non plus, hein, mais j'ai mes moments. Ca vient, ça part, ça revient, ça repart, bref, tu vois ce que je veux dire pas vrai ? Mais un conseil : fais gaffe la nuit : parfois je me crois encore entrain de combattre des monstres et je donne des coups. J'espère qu'ici ça se calmera. Ca serait bête qu'un matin tu te retrouves avec un oeil au beurre noir !" Je rigole encore mais sérieusement, j'espère que ça n'arrivera pas. Le pauvre. Au final, il se dira que c'est lui qui a écopée d'une partenaire pourrie. Quoique, au moins, il pourra peut-être se considérer un peu mieux. Il ajoute qu'il n'est pas là, lui non plus, pour trouver l'amour. Ouf, je n'ai pas fait de gaffe. "Ca nous fait un deuxième point commun je pense, non ?! Et puis, je suis d'accord. De toute façon pour ma part je me trouve trop jeune pour déjà me caser, me fiancer, me marier, avoir des enfants, un chien, trop chats et deux poissons rouge. J'ai que vingt-ans, c'est beaucoup trop jeune. T'as quel âge toi ?" que je lui demande.

C'était bien de savoir que Philadelphia était le nom d'un fromage, mais c'était assurément mieux de savoir que c'était aussi et surtout le nom d'un film. Du moins, aux yeux de Sully. Car le jeune homme n'était peut être pas tellement objectif, en soit. Lui et les films, c'était une histoire d'amour qui durait depuis déjà un bout de temps et qui n'était sans doute pas près de s'arrêter, alors oui, plus inconsciemment qu'on pourrait être amené à le croire, il lui arrivait bien souvent d'essayer de "vendre" les films qu'il avait vu et qu'il avait aimé. Même s'il respectait naturellement les goûts de chacun et puisse véritablement admettre que tout le monde ne puisse pas avoir envie de se la jouer cinéphile. Ce n'était pas l'un des critères qui garantissaient qu'une vie soit réussie, après tout. « Quel dommage, c'est un si beau film. Calé, oui, je crois que c'est une façon de voir les choses. Disons que j'ai enrichi ma culture cinématographie en visionnant énormément de films, de tous genres, de toutes époques ... J'ai personnellement un peu de mal avec les films d'épouvante, dont le scénario est souvent tiré par les cheveux et où tout n'est souvent prétexte qu'à liquider des personnages, qu'on exploite alors peu. Mais chacun ses goûts, hein. Les comédies romantiques peuvent parfois être réussies, mais c'est vrai que la plupart sont assez superficielles. » Il pensait par exemple à toutes ces récentes comédies, avec des acteurs qu'on voyait déjà partout, et qui n'étaient guère servis par un synopsis parfois improbable. « Alors comme ça, tu combats des monstres au quotidien ? Buffy, sors de ce corps. » Oui, car il avait aussi certaines références télévisuelles. Comme tout le monde, il avait suivi quelques séries. Des trucs un peu tordus parfois, c'est vrai. Quant à la France, il est vrai que c'était un pays qui le tentait bien. On entendait beaucoup dire que les paysages y étaient magnifiques, mais surtout, que la Capitale y était fascinante. Pourtant, Zola semblait dire que ça n'était pas plus intéressant qu'ailleurs. « Tu es française, alors tu manques peut être d'objectivité. Tokyo, ça manquerait sans doute un peu d'âme pour moi. Mais d'accord, si un jour j'ai les moyens de passer par la France, je passerai par chez toi. Mais n'y compte pas trop, hein, c'est pas demain la veille que je risque de m'enrichir. » Ah non, vraiment pas. De toute façon, ça n'était pas non plus son but dans la vie. Il vivait d'une façon modeste et ça lui convenait. Il n'était pas celui qui avait le plus besoin d'argent dans son entourage, et c'était une chose qu'il gardait bien en tête. A noter qu'il fut à peine déstabiliser par le fait que Zola parle de l'après-jeu. Peut être s'habituait-il déjà à cette conversation un peu farfelue. Car cette jeune femme ne manquait pas d'énergie, et contrastait même avec le sérieux de Sully. Mais c'était plutôt bien, au fond, qu'ils ne soient pas si semblables que ça. « Hm, oui, je vois ce que tu veux dire. Ça ne va pas être triste, dis donc. Et merci de me prévenir, je dormirai donc avec mon exemplaire du casque des Philadelphia Eagles ... Ah mais non, c'est vrai, il ne rentrait pas dans ma valise. A moi les bleus, donc. » Oh, au pire, il devrait pouvoir survivre à quelques coups pas bien méchants, hein. Elle ne devait pas avoir beaucoup de force, vu son petit gabarie. Du moins, il préférait partir du principe qu'il ne risquerait pas grand chose à dormir continuellement avec elle, hm. En tout cas, s'il y a bien une chose pour laquelle ne semblait pas être venue Zola, c'est pour trouver l'amour. Et Sully, lui, n'attendait pas après ça non plus. Ce serait naïf, sans doute. « Oui, je crois qu'on peut dire ça. Et effectivement, vingt-ans c'est encore très jeune pour penser à tout ça. Pour ma part, j'en ai vingt-huit, alors c'est déjà un peu plus d'actualité. D'autant plus que ma sœur est mariée et mère, et que mon frère est casé lui aussi ... » Mais si une certaine jeune femme n'avait pas décidé de sortir de sa vie précipitamment, peut être serait-il moins seul aujourd'hui. « Je suppose que tu es étudiante, non ? » qu'il finit par demander. Elle avait l'âge de l'être, en tout cas.

Il est totalement surprenant. Il est calme, et très cultivé. Il m'en met plein les yeux avec ses connaissances. Moi, je connais pas tout ça. En fait, à part les jeux vidéos, je connais rien. J'vais pas beaucoup au cinéma, ni nulle part ailleurs, c'est peut-être pour ça. Ouais, surement. "Justement, c'est ça que j'adore ! Les gens sont complètements dingues dans ces films, et ils font toujours une connerie : alors, hop, t'es mort. C'est trop cool j'trouve." J'me laisse pas démonter. J'dis ce que je pense, ce que j'aime. C'est comme ça qu'on fait connaissance. Et on est pas du tout obligé d'avoir les mêmes goûts. C'est mon binôme, oui, mais c'est pas pour autant qu'on doit penser la même chose. C'est ça qui est top d'ailleurs : échanger avec les autres sur nos différents points de vue. Fais gaffe Zola, tu commencerais presque à dire des choses intéressantes.. "Ouais, enfin, pas en vrai. Mais dans mes jeux. Y'a plein de monstres et moi je dois les affronter, tous les tuer pour que le bien règne et que les méchants aillent en enfer. C'est très instructif." J'suis presque fière de moi en racontant tout ça. J'sais pas si il connait, ni même s'il a déjà joué mais je pense pas ; car si moi mon truc ce sont les jeux vidéos, le sien, ce sont les films. On en vient à parler des villes du monde. "C'est certain, j'manque complètement d'objectivité. Comme on dit, on désire toujours ce qu'on a pas. C'est bête comme concept, mais c'est comme ça malheureusement. Tu vois, j'pense qu'on devrait se contenter de ce qu'on a et seulement désirer ce qui est à notre portée. Ca nous éviterait beaucoup de déceptions. Mais on y peut rien. Et puis, j'suis la première à pas le faire alors.." Qu'est-ce que je suis entrain de nous faire là ? Comme si ce que je disais pouvait avoir un réel sens et ne pas être de la connerie pure.."Peut-être que tu gagneras le jeu et que tu remporteras une grosse somme d'argent. Tu pourrais voyager comme ça." Ouais, c'est tout à fait possible. Tout le monde est un potentiel gagnant après tout. Et ce n'est pas parce qu'on est là que depuis un jour à peine qu'on doit s'empêcher de penser à ça. "Ah ça non. En général, avec moi, on ne s’ennuie jamais. Enfin, mis à part si je suis devant un ordinateur : là, j'te calcule plus du tout. Mais pendant le jeu, je vais essayer de faire des efforts pour pas rester dans mon coin et être tout le temps dans ma phase "Zola la folle". Tu pourrais en avoir vite marre de moi si jamais j'arrêtais mes blagues pas drôles. Mince, c'est bête. Comme tu dis, à toi les bleus alors !" Je ris encore une fois. Sérieusement, je pense pas pouvoir lui faire vraiment mal, mais on sait jamais. Un coup mal placé et hop, c'est l’hôpital assuré ! Il me parle ensuite de sa famille, et puis de ce grand sujet qu'est l'amour. Ah, c'est beaaauu...Tuez-moi. "Ah ouais, c'est vrai qu'il faut commencer à y penser. Mais, c'est la vision d'une famille qui te dis rien, ou c'est parce que tu préfères te concentrer sur tes films, peut-être ? Ah, tu as une nièce alors ? Pitié, ne me dis-pas que sa mère l'oblige à porter des robes. Parce que c'est pas bon, tu sais. Même si ce sont des filles, elles ont elles aussi le droit de se rouler dans la boue !!" Bon, techniquement j'ai aucune leçon à donner, j'suis personne pour cette petite ; mais j'ai été à sa place y'a pas si longtemps et je sais ce que c'est. "J'étudie l'informatique, c'est un peu ma passion tu vois. Mais j'ai hâte de bosser : les cours, être studieux, etc, j'aime pas tellement. J'préfère directement entrer dans le vif du sujet, c'est plus fun."

C'était décidément plus fort que lui. Il ne pouvait pas s'empêcher de parler de films, tant c'était ce qu'il estimait connaitre le mieux, tant il avait toujours quelque chose à dire sur le sujet. Pourtant, Sully avait bien conscience que ce qui était sa passion n'était pas nécessairement celle des autres, ainsi donc, il redoutait perpétuellement le moment où quelqu'un le prierait de changer de sujet, de varier un peu. Voyez comme il avait été capable d'associer du fromage à un grand classique du Cinéma. Parfois, il s'étonnait lui même de faire ce genre d’associations, hm. Toujours est-il qu'il est vrai que le jeune homme avait un peu de mal avec les films d'épouvante. A ses yeux, les scénarios n'étaient jamais très bien ficelés, tout y était exploité très superficiellement, et ça n'était bon que pour ceux qui voulaient cultiver un instinct meurtrier en assistant à la décapitation de toute une série de personnes. Autant il aimait les films noirs d'Hitchcock, autant les films d'horreur en plusieurs volumes, très peu pour lui. « Trop cool de les voir mourir les uns après les autres, tu veux dire ? Ah, je n'avais pas vu les choses sous cet angle, mais maintenant que tu le dis ... » Bien sûr, il la taquinait gentiment. Ce n'était décidément pas le genre de films qui étaient fait pour lui, mais il pouvait tout à fait concevoir que Zola les adore. Quant à cette histoire de monstres, évidemment, il fut sans doute assez rassurant d'apprendre qu'elle n'en tuait pas pour de vrai, seulement au sein de jeux vidéos. C'était bien assez. « La lutte du bien contre le mal se retrouve décidément partout. Par contre, tu n'as pas peur de développer des pulsions meurtrières, entre ton intérêt pour les films d'horreur et ta passion pour ce genre de jeux vidéos ? » Bien évidemment, il n'était pas sérieux, car ça n'était pas quelques heures passées à tuer des zombies qui donnaient généralement envie de tuer pour de vrai. C'était plus complexe que ça, et encore heureux. Quant à Paris, il était certain qu'étant française, Zola manquait quelques peu d'objectivité. « Tu sais, j'en manquerais probablement tout autant si je parlais d'une ville américaine à un européen. En tout cas, tu as raison dans ce que tu dis. On est rarement satisfaits de ce qu'on a, et on aspire souvent à ce qu'ont les autres. » Par exemple, la mère de Sully avait les cheveux bouclés, et détestait ça, tandis que sa fille, ayant les cheveux raides, aurait voulu des boucles. « J'en doute fort, et de toute façon, je ne pourrais pas garder cet argent pour moi, et encore moins faire des folies. » Non, si par surprise il atteignait la finale, il ne pourrait décemment pas garder l'argent qu'il aurait gagné. Ce serait aller contre son optique de base. « Oh, je vois, c'est tout un programme. Dans ce cas, j''espère que "Zola la folle" s'entendra bien avec "Sully le coincé". Mais j'ai toujours pensé que les contraires s'attiraient. » Sans qu'il y ait méprise dans la formulation de cette phrase, bien sûr. Et oui, peut être se sentirait-il déjà dépaysé si elle arrêtait ses "blagues pas drôles", comme elle disait. Sully avait très probablement besoin d'une partenaire qui le secoue un peu, et Zola avec sans nul doute ce potentiel. Quant au casque des Philadelphia Eagles, il est vrai qu'il avait du rester à la maison. Espérons donc que Zola ne soit pas un danger public quand elle dormait, hm. Sully dévoila ensuite son âge, et le fait qu'il soit le seul célibataire de sa fratrie. Mais rappelons qu'il ne l'avait pas choisi. « Ah non, je n'ai rien contre l'idée de fonder une famille. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais même marié à l'heure qu'il est. Mais ça ne s'est pas passé comme prévu, alors me voilà seul. J'ai toujours su faire la part des choses, entre ma vie personnelle et ma passion. » Ainsi donc, il pourrait un jour fonder une famille sans que son travail l'en empêche ou lui prenne trop de temps. Ce n'était pas non plus le travail le plus prenant du monde, et il était en quelques sortes son propre patron. « Oui, une nièce. Hum ... et bien si, je suppose que ma sœur l'habille comme une fillette. Je pense qu'elle a tout le temps de se trouver un style et de décider qu'elle préfère la jouer garçon manqué. Elle n'a que huit ans, c'est peut être un peu tôt. » Donc les salopettes attendront encore quelques années. « Je note en tout cas que tu as une vision très féministe de la chose. » Un peu plus et elle inciterait des filles de huit ans à défiler en pleine rue, pancarte à la main, pour s'indigner de la mode pour enfants. Sully s'intéressa alors au fait que Zola puisse être étudiante, et accueillit sa réponse avec intérêt. « C'est un secteur d'avenir, tu n'auras probablement aucune difficulté à trouver un emploi. Mais l'informatique, c'est très large. Tu vises plutôt le web-design, l'ingénierie ... ? » Ou autre chose, peut être. Ou peut être qu'elle n'était pas encore spécialisée. N'ayant pas fait d'études, il ne savait pas tellement comment les choses se faisaient.