Ouais, c'est vrai que sous cet angle ça parait directement moins fun que quand j'lai dis. Mais bon, on va pas chipoter : j'aime bien, j'adore même, ça me fait rire, et c'est tout. J'sais bien qu'il me taquine, que c'est pour rire et je m'exécute. Comme quoi, malgré ce qu'il dit, il peut être marrant lui aussi. Lui aussi..lui tout court même vu que moi et les blagues, ça fait dix. Enfin, les blagues vraiment drôles je veux dire. Bref. "Rohhh !" que je me contente de répondre. Il me parle ensuite de pulsions meurtrières ou je ne sais pas trop quoi. Hum. Je reste sceptique. "A vrai dire, j'y ai jamais pensé. C'est vrai que ça peut-être dangereux maintenant que tu le dis..Mais j'suis grande, j'ferais gaffe." Je hoche la tête plusieurs fois d'affilée pour lui montrer que tout roule. Et oui, j'ai bien pris sa question au sérieux. C'est vrai quoi, pour des gens complètement fous, et j'entends par là vraiment fous, et pas une petite folie comme la mienne, ça peut devenir grave. Enfin, cette perspective sort aussitôt de ma tête. Vaut mieux pas trop y penser. Il est d'accord avec ce que j'ai dis sur le désir, et bla et bla et bla. C'est vrai, c'était intéressant ce que j'ai dis. J'suis contente qu'il partage mon avis. Même si le contraire ne m'aurait pas plus déranger que ça, en fait. Cependant, je ne comprends pas totalement pourquoi il me dit qu'il ne pourra pas garder l'argent qui est à la clé. Je fais une moue soucieuse. "Ah..Et pourquoi ça ? Tu vas reverser cette somme à une association ? Tu vas la donner à un proche ?" Ben ouais, parce que c'est bizarre j'trouve. Moi, ce que je gagne, je le garde pour moi. N'y voyez pas là une égoïste, mais plutôt une Zola mature, qui essaye de penser à son avenir. Après tout, on ne peut pas tous être Mère Théresa. Et dans la vie, faut savoir penser à soi. "Le coincé ? Noon, j'suis sur que t'es pas comme ça ! Attends, je reviens." Ca n'a peut-être aucun rapport avec ce qu'il veut dire mais tant pis, de toute façon j'ai soif. Je me dirige vers le bar, attrape deux verres et les rempli d'alcool. Ne me demandez pas de quoi il s'agit, j'ai pris au hasard. Une fois cela fait, je lui tends son verre et bois le mien. "Ca fait du bien de boire !" C'est assez fort, mais ça remet les idées en place. "Marié à l'heure qu'il est ? Vraiment ? Pourquoi tu dis que tout ne s'est pas passé comme prévu ?" que je demande, d'un air naïf. C'est peut-être trop indiscret comme question. Mais tant pis, je me lance et si jamais il trouve que ça l'est, il n'aura qu'à me le dire. Je ne lui ferais pas un caca tout mou pour autant. Chacun à le droit à un minimum d'intimité, je le conçois, oui, oui. Il me parle ensuite de sa nièce. Apparemment, sa soeur habille sa fille comme une fille...c'est bien ce à quoi je m'attendais. Mais si elle aime ça, c'est son choix après tout. "Mouais, chacun ses goûts après tout. C'est juste que c'est pas bien d'obliger les enfants à faire ce qu'ils n'aiment pas, j'trouve. Ma mère voulait me foutre une robe rose alors que la seule chose que j'aimais, c'était de me rouler dans la boue. Pas trop pratique, tu vois." Vient ensuite le sujet sur mes études, l'informatique. J'sais pas vraiment ce que je veux faire précisément, à vrai dire j'y ai pas trop réfléchi. C'est une passion, c'est pour ça que j'ai choisis cette filière. Maintenant, choisir un métier est beaucoup plus dur. "Hum..j'sais pas trop. Peut-être dans la conception des jeux vidéos, créer les décors, les imaginer, et tout ça.." Je finis à peine ma phrase qu'une musique retenti. Je regarde Sully, l'air perplexe. Qui a bien pu lancer une chanson si Sully et moi n'avons pas bougés de là ? Un fantôme ? Un monstre ? Son histoire de pulsion meurtrière revient au galop dans mon esprit. "Y'a quelqu'un ? Ohoh !" que je cris à travers la pièce. Sully souris. Je réfléchis deux secondes avant de me rendre compte que c'était la fameuse musique de Cupidon et qu'il fallait qu'on s'embrasse. Je rigole. "Je le savais, c'était pour rire, hein." Mouais, pas très convainquant. Quoiqu'il en soit, je m'approche de lui, attrape son visage avec les deux mains, et lui fais un baiser sur les lèvres. J'mets pas la langue, on est pas assez proches pour ça. Ca va, j'déconne !

A vrai dire, Sully voyait difficilement l'intérêt qu'il pouvait y avoir à regarder des gens se faire assassiner les uns après les autres, tout le long d'un film. Car, ne nous mentons pas, c'était quand même exclusivement sur ça que reposait le scénario de la plupart des films d'horreur. Dans la majorité de ces derniers, il n'était après tout pas question d'une trame solide et d'un scénario très exploité, avec des personnages développés et une morale finale. Non, il n'y avait globalement que des meurtres, souvent improbables d'ailleurs, et c'était très probablement cette absence de profondeur qui avait toujours légèrement rebuté Sully. Il était globalement ouvert à tous genres de films, mais disons qu'il préférait quand même quand le scénario volait un peu plus haut. Même si, bien évidemment, il pouvait comprendre que sa partenaire apprécie particulièrement de voir des gens se faire massacrer. Pourquoi pas, après tout. Il la titilla alors gentiment là-dessus et sourit de façon amusée à la répartie de la jeune femme. Quant au fait qu'elle soit visiblement tout aussi amatrice de jeux vidéos consistant grosso modo à pulvériser des monstres - autant dire un programme des plus sympathiques, là encore - il est vrai que ça pourrait tout à fait lui donner des envies de meurtres, si on additionnait ça au fait qu'elle soit déjà fan de films gores. Bon, d'accord, Sully ne disait pas ça très sérieusement, même si d'après lui, il ne faudrait quand même pas en abuser. « Je dis surtout ça pour moi, hein, sait-on jamais que les effets de cette overdose de Morbide se ressentent dans les prochains jours. La sécurité des autres, tu sais, c'est déjà moins mon problème ... » Bien évidemment, gardant le même esprit, il n'était pas sérieux. Autant parce qu'il ne croyait pas sérieusement qu'elle puisse vouloir s'en prendre à quelqu'un tout d'un coup que parce qu'il n'était pas du genre à se croire plus important que quiconque. Ils en virent ensuite à parler de voyages, de la France, et du fait qu'il ne puisse probablement jamais avoir de quoi se rendre à Nice pour lui rendre visite. Car même s'il venait à atteindre la finale de l'émission, ou à gagner celle-ci, il ne pourrait pas garder l'argent pour lui. Naturellement, sa camarade ne manqua pas de s'interroger sur ce point. « A un proche, oui » se contenta-t-il alors de souffler, pensant qu'elle pourrait s'en contenter, car bien que ce soit une réponse brève, ça restait une réponse. Sully laissa ensuite entendre qu'il s'estimait coincé, car c'était un peu ce qu'il était, dans la mesure où il s'amusait peu et se prenait très au sérieux. « C'est comme ça que je me vois et comme ça que l'on m'a déjà qualifié, alors ... » Alors il avait tendance à en être assez sûr. Sa camarade s'éloigna alors et s'approcha du bar, où elle servit deux verres d'alcool. Sully la remercia silencieusement lorsqu'elle lui en tendit un, pourtant pas certain que boire en plein milieu de l'après-midi soit très conseillé. « Hm, oui, sans doute » souffla-t-il alors, peut être un peu déstabilisé. Quant au reste, et bien, il n'était pas sûr d'avoir bien fait de parler du fait qu'il aurait pu être marié à l'heure d'aujourd'hui. Car oui, ça n'était pas le cas, et la raison n'était pas des plus réjouissantes. « Parce qu'au final, je suis resté seul avec ma bague. » Ce fut naturellement un charmant jour, et il était ravi de se le remémorer. Après tout, il avait juste vécu cinq ans avec une femme qui l'avait plaqué au pire moment possible, hm. S'il ne développait pas, c'était naturellement parce que c'était dur d'en parler, que ça le ramenait au plus gros échec de sa vie, lui à qui l'on avait appris l'importance de l'amour et combien le bonheur y était lié. Toujours est-il que Sully ne s'attendit ensuite pas tellement à devoir parler des tenues de sa nièce, que sa mère habillait naturellement de robes et jupes, comme les fillettes de huit ans s'habillaient certainement toutes. A entendre Zola, c'était un comble de ne pas laisser plus de liberté à cette enfant. Et bien, c'était plutôt à la sœur de Sully qu'il faudrait dire ça. « Oh, tu sais, ma nièce a déjà son petit caractère, alors je pense qu'elle le ferait savoir si elle n'aimait pas les tenues qu'on lui achetait. Mais je comprends ton point de vue, tout comme je comprends que tu ais pu être traumatisée par ta propre expérience avec les robes. » Il lui adressa un clin d’œil taquin, ne voulant pas qu'elle pense qu'il se moquait sérieusement d'elle, car ça n'était pas le cas, et pas son genre surtout. Quant aux études de la jeune femme, il semblerait qu'elle se destine à l'information. Un secteur d'avenir et qui embauche, effectivement, mais encore faudrait-il savoir ce qu'elle visait précisément. Elle n'était bien sûre pas forcée de le savoir, mais Sully était curieux, alors il tenta de se renseigner. « C'est du game design, c'est ça ? Ça doit être intéressant. Même si je suppose que tu risques de concevoir des jeux aussi lugubres que ceux auxquels tu joues. C'est un cercle vicieux, en fait. » Oui, bon, il ferait peut être bien de remballer ses discours un brin moralisateurs. Mais voilà qu'une musique se mit subitement à retentir. Une musique dont la fonction était bien connue. Il était donc question de s'embrasser. Genre maintenant, tout de suite. Autant dire que Sully, qui n'était pas du genre à embrasser une femme de cette manière et pour cette raison, était un peu déstabilisé. Il parvint pourtant à se détendre lorsque Zola se mit à crier et fit preuve d'un peu de mauvaise foi. Il ne releva cependant pas, continuant de sourire, jusqu'à ce qu'elle s'approche et scelle leurs lèvres. L'échange fut relativement bref, et il ne se posa pas la question de savoir s'il fut agréable ou non. Il se contenta alors de se détacher, doucement, puis marqua un temps de silence. Et alors qu'il aurait pu partager sa gêne, il ne trouva à sortir qu'un simple « Qui est-ce qui chante ça ? » Non, la réponse ne l'intéressait pas vraiment. Car oui, c'était surtout un prétexte pour éviter d'avoir à dire qu'il n'avait pas embrassé une femme depuis ... un moment.

On parle de pulsions meurtrières puis il m'avance qu'il me dit ça surtout en pensant à sa sécurité à lui. Ben oui, au cas où l'envie me prendrait d'attraper un couteau dans la cuisine et de le lui planter en plein ventre. J'sais qu'il n'est pas sérieux, et je rigole. "T'imagines ? Si jamais je deviens folle et que je te casse la lampe de la chambre sur la tête ? Ouais, t'as raison de me prévenir...t'as raison." Je rentre dans son délire comme il est rentré dans le mien. Comme quoi, il avait raison sur un point tout à l'heure : nous et les blagues, ça fait dix. Mais c'est pas grave, on s'amuse bien en tout cas. On en vient à parler de l'argent qu'il y a à gagner à la fin du jeu. Curieuse, je lui ai demandé pourquoi il disait qu'il n'en verrait pas la couleur et j'ai ma réponse. Enfin, une très courte réponse. Apparemment, il ne veut pas entrer dans les détails. Ou sinon, effectivement, il ne sait pas y faire. Ce n'est quand même pas à moi de lui poser toutes les questions en profondeur ? Non, il veut surement éviter le sujet.. Fortiche la Zola. "Ah, d'accord." que je lance, un peu perplexe et déçue de ne pas avoir la réponse à ma question. Mais bon, c'est son choix et après tout, on est pas encore de vrais amis pour se raconter des choses comme ça. D'ailleurs, il ne me donne pas plus de détails sur cette fameuse histoire de bague et de déjà marié à cette heure-ci. Il me dit qu'il est resté seul avec sa bague, et je ne peux m'empêcher d'être triste pour lui. C'est vraiment pas cool de faire ça. Je fais une moue embêtée, et je ne sais pas vraiment quoi dire, pour une fois. "C'est bête. Enfin..moi je suis plutôt contente car si tu étais marié à l'heure d'aujourd'hui, tu ne serais pas dans le jeu et je ne t'aurais pas comme partenaire ! Faut toujours voir le bon côté des choses." même si, ici, il n'y en a pas tellement. Mais ce n'est pas dans mon état d'esprit d'enfoncer encore plus la personne en lui disant que je suis désolée pour elle et tout le tralala. Faire une blague, c'est toujours mieux. Pas forcément une vraie blague, mais un petit truc, histoire de rafraîchir l'atmosphère, d'oublier que c'est triste, pour penser à l'avenir. Alors oui, c'est peut-être un peu maladroit, mais c'est comme ça que je fonctionne la plupart du temps. Finalement, on en vient au sujet de sa nièce. Sully me dit qu'elle a un caractère bien trempé et je ne peux qu'être ravie. Au moins, elle ne se laissera pas marcher sur les pieds. Je me contente de lui sourire. Il aborde ensuite mes études et ce que j'aimerais faire plus tard. "Oui, c'est ça. Mais nooon, t'inquiètes pas, ça ne sera pas que ça ! Bon, après c'est certain que je ne ferais pas de jeu vidéos avec des princesses et des petits nuages. J'aime vivre dans le monde des bisounours mais faut pas pousser !" En fait, je suis assez contradictoire : j'aime que les gens soient cool entre eux, mais d'un autre côté, le monde des princesses et des petites fleurs, c'est pas mon truc. J'suis bizarre. Enfin..j'sais pas. "J'ai compris que tu travaillais dans les films mais tu ne m'as pas dit que ce tu faisais exactement ?", que je lui demande, tout simplement. On a parlé de films, de sa passion, mais pas de son vrai métier, alors je suis curieuse de savoir comment est-ce qu'il occupe toutes ses journées. C'est là que la musique retenti. Je fais n'importe quoi, comme à mon habitude, on s'embrasse furtivement et plus rien. Il reste sans rien dire, et j'avoue que pour le coup, même moi je ne sais pas quoi dire. Allez savoir pourquoi. J'ai déjà embrassé plusieurs mecs, ça me fait rien, mais c'est vrai que dans ces conditions, c'est un peu particulier. Mais je regrette pas. Il est intelligent, cultivé, drôle, et pas désagréable à regarder, je dirais même beau, alors pourquoi s'en priver ? Il fini par dire quelques mots et me demander qui chante cette chanson. Je rigole. "C'était aussi nul que ça pour que tu ne penses qu'au chanteur de cette chanson ?" Je le taquine, bien évidemment. Même si, pour être franche, c'est aussi un moyen pour moi de savoir ce qu'il a pensé de ce baiser, aussi bref soit-il.

Encore heureux que le simple fait d'être amatrice de films d'horreur relativement sanglants et de jeux vidéos où le principe était de pulvériser des monstres ne suffisait pas à faire d'une jeune femme - a priori sainte d'esprit - une tueuse sanguinaire. En effet, il était quand même relativement peu probable que cet ensemble, bien qu'un peu limite aux yeux de Sully, puisse développer chez elle la moindre pulsion meurtrière. A moins d'avoir des prédispositions à la violence dès le départ ou de ne rien faire d'autre de sa vie que de s'abrutir devant ce genre de choses, mais Sully avait tendance à penser que sa partenaire restait raisonnable à ce niveau. Ainsi donc, non, il n'était pas sérieux lorsqu'il laissait entendre qu'il craignait surtout pour sa propre sécurité. Heureusement, sa partenaire était toujours aussi disposée à rentrer dans son jeu. « Je vais quand même être forcé de te menotter au lit. Mais simplement pour ne prendre aucun risque, hein, ne va pas croire que ... que j'ai les idées mal placées. » Pour le coup, et vu qu'il se justifiait, on pourrait le croire, mais il savait qu'on pouvait se méprendre de beaucoup de choses, alors il préférait s'expliquer dès maintenant, histoire que personne ne soit ensuite tenté de sortir ses propos de leur contexte ou de penser qu'il avait l'âme d'un petit pervers. Pas de risque à ce sujet. Quant à l'argent qu'il pourrait hypothétiquement remporter s'il atteignait la finale de l'émission, oui, il est vrai qu'il en ferait don à un proche. En parler le déstabilisait sans doute un peu, parce qu'il ne voulait pas passer pour un type plus généreux qu'il ne l'était, vu qu'il se contentait d'honorer ses principes et de rester loyal envers les siens. Alors il resta évasif, espérant que Zola ne s'en formaliserait pas, car il n'avait véritablement pas très envie de s'étendre sur le sujet. Hélas, il s'embringua ensuite dans un récit plus délicat encore, expliquant à sa partenaire que s'il n'était pas marié aujourd'hui, c'était uniquement parce que la femme qu'il avait demandé en mariage l'avait laissé tomber. Et cette déception sentimentale avait beau remonter désormais, il n'empêche que ça restait difficile de se la remémorer. Pour autant, la réponse qu'il obtint le fit sourire, car il aimerait être capable lui aussi de relativiser et de plaisanter de choses assez pénibles, pour les vivre plus facilement. « C'est vrai que c'est une façon plutôt optimiste de voir les choses. J'en serais presque content d'avoir été largué. » Presque seulement, car il ne pouvait quand même pas prétendre qu'il s'en réjouirait, même sur un ton léger. Il appréciait en tout cas que Zola ne le prenne pas en pitié, car ça n'était pas ce qu'il cherchait. Il lui fallait avancer et oublier cette femme après tout. Maintenant, l'idée était de parler de la mode pour enfants, plus précisément des robes qu'on achetait généralement aux petites filles. Car Zola estimait qu'on ne devait pas les forcer à en porter et les laisser affirmer leurs goûts, une chose sur laquelle Sully n'avait pas tellement d'opinion, pensant simplement que sa nièce avait suffisamment de caractère pour faire savoir à sa mère que la façon dont elle l'habillait ne lui convenait pas. Lui, ça ne le concernait pas tellement. Ensuite, il fut question des études de sa partenaire, qui se destinait à l'information, et plus précisément à l'élaboration des jeux vidéos. Intéressante perspective que celle-ci, à condition bien sûr qu'elle ne passe pas son temps à concevoir des jeux gores et violents. Car oui, Sully était traumatisé de la savoir amatrice de ce genre de choses. Tout de même, c'était très spécial. « Ce sont deux extrêmes, alors l'idéal serait de trouver un juste milieu. Quelque chose de ni trop violent, ni trop édulcoré. Je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire, mais ça n'est pas moi qui me destine à la conception de jeux vidéos, hein. » Il lâcha un petit rire et garda dans un coin de sa tête qu'il avait une pacifiste comme partenaire. Il aimait l'idée, lui qui était aussi pour la paix universelle. Un concept peut être naïf, mais auquel il tenait beaucoup. « Et bien, je crée des films. J'en rédige un synopsis, un séquencier, puis un scénario. Je m'entoure ensuite d'illustrateurs pour établir le story-board, et d'amis techniciens, puis je fais passer un casting aux acteurs, sachant qu'il s'agit le plus souvent d'étudiants en Actorat. Ensuite les décors sont repérés, les séquences du films y sont tournées, puis elles sont dérushées et montées. Et le film est abouti. » C'était effectivement à peu de choses près comme ça que les choses se passaient. Bon, il y avait quelques étapes intermédiaires, mais le plus gros était là. C'était un travail plus physique qu'on pouvait le penser, mais particulièrement épanouissant. C'était ce qu'il aimait le plus, alors pouvoir en vivre - quoi que modestement - était un luxe qu'il chérissait. Mais voilà que bientôt, la musique annonçant qu'un baiser devait avoir lieu retentit. Et Sully avait beau vouloir jouer le jeu, il est vrai qu'il était un peu gêné. Embrasser une femme qu'il ne connaissait pas hier encore, ça le perturbait légèrement. Mais le baiser eut bien lieu, car personne n'était censé prendre en compte le fait qu'il n'ait pas échangé de baiser depuis quelques temps. Mais quand il eut la possibilité de détendre l’atmosphère, voilà qu'il trouva le moyen de demander le nom de l'interprète de la chanson. Oui, c'est la seule chose qu'il trouva le moyen de sortir à ce moment-là. Alors la répartie de Zola l'embarrassa d'autant plus. « Non, je ... je suis simplement un peu déstabilisé. Je n'ai pas l'habitude d'embrasser une femme que je connais encore très peu. J'ai perdu l'habitude d'embrasser qui que ce soit, à vrai dire. » Il soupira alors et se pinça la lèvre. Il y avait encore un détail sur lequel il avait envie de la rassurer. « C'était loin d'être nul » qu'il formula alors, dans l'esquisse d'un sourire. S'il n'avait pas su quoi en penser une minute plus tôt, maintenant il était forcé de l'admettre.

Sa réflexion me fait rire. Beaucoup rire même. Et surtout le besoin qu'il a eu de se justifier sur ça. C'est vrai, il a raison d'ajouter ce détail car n'oublions pas que nous passons à la télé et que tous les propos peuvent être sortis de leur contexte ou bien déformés. Tout est fait pour faire un maximum d'audience, et tous les moyens sont bons. Parfois, j'ai encore du mal à me dire qu'il y a des caméras un peu partout qui nous surveillent constamment. Dans chaque pièce, chaque recoin, ou presque, on est filmés. Ca peut faire peur, au début. Savoir que si tu te décrotte le nez sous une caméra, cette séquence passera sans doute dans le bêtisier en fin d'émission. Et puis savoir également que tu ne peux pas avoir de secret. Enfin, ce n'est pas non plus ça qui va m'empêcher de vivre naturellement. Je suis certaine qu'avec le temps, tout cela s'estompera. "Mais oui, mais oui...C'est ce que tu dis mais au fond j'suis sure que c'est pas pour éviter un coup de poing...!" Je ris à nouveau. Bien entendu, je déconne, j'suis pas sérieuse. Ce genre de trucs, ça n'a pas l'air d'être son genre..enfin, on sait jamais. Bref, vaut mieux ne pas penser à ça, surtout qu'on se connait depuis quelques heures seulement. On en vient ensuite sur sa déception amoureuse. Il a l'air de bien prendre ce que je lui ai dis, c'est cool. Les gens trop torturés, ça peut être soûlant à la fin. Tu les réconforte une fois, deux fois, trois fois, mais au bout d'un moment, y'en a marre. Surtout si la personne tourne en boucle. Mais Sully n'est pas comme ça, et heureusement. Je crois bien que je n'aurais pas supporté. Enfin, si, mais seulement les deux premières semaines. Après, j'aurais eu envie de le secouer et de lui dire qu'il y a beaucoup plus grave dans la vie. Parce que ouais, une rupture, ça fait mal, mais c'est qu'une douleur passagère. Enfin, c'est ce que je pense. J'attrape alors la bouteille et je nous ressers deux verres. Je lui tends et bois directement le mien, cul sec. J'suis pas alcoolo, promis. "Ahaha ! J'essayerais de voir ça alors..Et puis quand le jeu sera conçu, je t'en enverrai un exemplaire avec un petit mot disant "Merci pour ton conseil Sully" !" Oui, j'espère réellement garder contact avec tout le monde, et en particulier lui. Si j'ai la chance de rester plusieurs semaines ici, ainsi que lui d'ailleurs, je suis certaine qu'on sera de vrais amis. Et quitter le jeu en se disant qu'on ne reverra personne, ça serait beaucoup trop triste. Sully m'explique alors en quoi consiste son métier. Je l'écoute attentivement, même si j'avoue qu'il y a quelques termes qui m'échappent. "C'est un long processus, dis-donc ! Et toi aussi tu m'enverras tes films quand ils seront finis, hein ?" Des films gratos, c'est toujours bon à prendre ! Et puis il à l'air tellement passionné parce qu'il fait, que je ne doute pas que ces films soient géniaux. Et puis il y a la musique. Cette fameuse musique. Ma réflexion le mis, d'apparence, encore un peu plus mal à l'aise. "Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas mon genre non plus. Et puis, je comprends. Même si ça ne fait pas si longtemps que ça pour ma part.." J'sais pas pourquoi je lui dis ça, c'est sans doute inutile. "Tu me rassures alors. Mais j'le savais, on me le dit tout le temps, que j'embrasse bien...! Je rigole, parce que je déconne, bien évidemment. Ne croyez pas que c'est mon genre de me lancer des fleurs de cette manière !!

Et bien oui, peut être qu'en fait, Sully courait un grand danger. Car peut être que la théorie selon laquelle sa partenaire aurait développé des pulsions meurtrières à cause de son penchant pour les films gores et les jeux vidéos pas moins violents n'était pas aussi farfelue qu'il l'avait pensé au départ. Hm. Non, bien sûr, il n'était toujours pas sérieux. Il était quand même trop peu probable qu'il en soit ainsi pour qu'il prenne réellement peur, même s'il est vrai qu'il se passerait bien de se prendre une lampe de chevet sur la tête. Ainsi donc, dans une tentative d'humour plus que douteuse, le jeune homme se laissa aller à un commentaire qui, il le sut presque immédiatement, aurait de fortes chances d'être mal interprété. Car oui, dire à une jeune femme qu'il serait forcé de la menotter à un lit pourrait tout à fait être sorti de son contexte et utilisé dans on ne sait quel cadre. Alors, prévoyant, le jeune homme ne mit pas longtemps à fournir une petite précision, estimant quand même préférable de ne pas laisser penser à qui que ce soit qu'il était véritablement du genre à menotter une jeune femme à un lit. Peut être que si leur relation avait été différente et qu'ils ne se trouvaient pas dans une émission télévisée, c'aurait été différent, mais le fait est que sa partenaire, non, il ne se voyait pas tellement la traiter comme ça, surtout vu comment ça pourrait être interprété. A noter que la répartie de cette dernière fut toute trouvée, et ne manqua pas de le faire sourire. Oh, il s'en était douté, qu'elle réagirait de cette manière. « Oh non, laisse-moi te dire que tu me connais bien mal. Je pense que si j'étais ce genre de types, j'aurais déjà tenté quelque chose, or il me semble que j'ai été très sage la nuit dernière. » Il préférait quand même ne pas trop rentrer dans son jeu pour cette fois, car il craignait vraiment que les images soient sorties de leur contexte et que ça lui retombe dessus ultérieurement. De toute façon, elle devait bien savoir à qui elle avait à faire, parce qu'effectivement, s'il avait été beaucoup moins respectueux, il aurait pu tenter certaines choses. Mais ça n'était vraiment pas son genre, et de ça elle ne devait absolument pas en douter. Le jeune homme en vint ensuite à évoquer la déception amoureuse qui lui restait encore un peu en travers de la gorge aujourd'hui, mais qu'il essayait de dépasser, étant bien conscient qu'on ne pouvait pas vivre éternellement dans le passé et que, de toute manière, la femme qui l'avait quitté ne reviendrait pas. Ainsi donc, il ne s'offusqua aucunement du petit commentaire de sa partenaire, qui le fit à vrai dire plus rire qu'autre chose. Bien sûr, il n'en viendrait jamais à sérieusement se réjouir de cette rupture, mais il n'allait pas passer deux ans de plus à se morfondre, hm. Quant à cette conception de jeu-vidéo, oui, il serait bien de trouver un équilibre entre un univers morbide et un univers nian-nian. Mais ça, ça n'était pas son boulot, ce serait plutôt celui de Zola, d'ici quelques temps. Du moins, il le lui souhaitait. « Très bonne idée, l'exemplaire dédicacé. Vu que je n'y jouerai pas, je pourrai le revendre sur Ebay et en obtenir un très bon prix, ce qui épongera quelques unes de mes dettes. » Bon, d'accord, il ne lui ferait jamais un tel affront. Il n'était effectivement pas bien sérieux, comme en témoignait d'ailleurs son sourire, car même s'il ne risquait effectivement pas de se mettre aux jeux-vidéos, il garderait quand même précieusement celui que Zola aurait créé et dédicacé. Pas question de le vendre, évidemment. Sully expliqua ensuite à sa partenaire ce en quoi consistait son métier. Il n'y alla pas de mains mortes sur les détails, parce que ça ne lui coûtait rien d'être précis. « Oui, un film ne se fait pas en deux jours. Rien que la Préproduction prend un certain temps. Quant au tournage, il suffit que beaucoup de prises soient mauvaises ou que le temps s'en mêle pour qu'il s'éternise. Mais pas de soucis, je t'en enverrai, même si je doute qu'ils puissent t'intéresser, car ce sont peut être des films que les jeunes de maintenant jugeraient "ennuyeux". » De toute manière, il veillerait à lui envoyer ceux qui seraient les plus susceptibles de lui plaire, même s'il ne la forcerait jamais à visionner un seul de ses films. Il ne fallait pas que ce soit une obligation non plus. Par la suite, la fameuse musique retentit, celle qui initiait logiquement des baisers. Justement, un baiser eut lieu entre Zola et Sully, mais il est vrai que le jeune homme ne fut pas qu'un peu mal à l'aise d'avoir du embrasser une jeune femme qu'il connaissait à peine, aussi jolie et sympathique soit-elle. Alors oui, il tenta de faire diversion, mais fut bien vite repéré. En même temps, s'intéresser à la chanteuse de cette chanson, c'avait un coté louche, hm. « Je me doute que beaucoup d'hommes, à ma place, auraient été plus enthousiastes à l'idée d'embrasser une jeune et jolie demoiselle, mais ça m'a vraiment perturbé. Je suis désolé. » Il préférait s'excuser, oui, parce qu'il avait pu lui laisser penser que c'avait été déplaisant alors que non. D'ailleurs, il préféra l'en informer, parce qu'au fond ce baiser lui avait plu. Elle se disait rassurée, et la suite amusa le jeune homme. « Oh bah ça va, tu as l'habitude alors. Mais ça m'embête un peu d'apprendre ça, parce que moi je n'ai dit ça que pour être gentil ... C'était pas terrible, en fait » Non, bien sûr, il la faisait marcher. Il ne se serait pas permis de mentir, ce n'était pas son genre. Quand il appréciait quelque chose, il le disait. Là, ce n'était que pour la taquiner.

Hum..oui, en effet, il a été bien sage la nuit dernière. Je le sais puisqu'en fait, c'est ça le concept des "partenaires", ou "binômes" : il n'y a qu'un lit pour deux. J'le savais pas avant de venir ici, et j'ai d'ailleurs été étonnée en l'apprenant hier soir même. Mais c'est comme ça, alors autant se soumettre aux règles. Et puis, c'est pas comme si ça me dérange de dormir avec Sully. Il ronfle pas, il reste droit, ne parle pas en dormant, rien de toutes ces petites choses qui peuvent être gênantes pour dormir. Enfin, pour le moment, il ne fait pas ça en tout cas. Et j'espère que cela ne va pas arriver. Vous vous imaginez ? Je dors, et d'un coup, j'entends Sully qui parle, à côté de moi, en racontant qu'il veut me tuer. La peur que j'aurais...! Non, non, pour le moment c'est parfait, j'espère bien que ça ne va pas se dégrader. Bon, finalement, ça sera peut-être moi..le problème. Oui, parce que je ne suis pas comme lui, et dormir toute droite, c'est pas mon fort. Je préfère largement faire l'étoile, me tourner sans arrêt ou même lancer des coups, croyant que je dois combattre des monstres. D'où l'idée des menottes..Finalement, c'est peut-être pas mal.. Sauf que je me vois pas dormir avec ce truc. Non, non, je deviendrais insomniaque, c'est juste pas possible. "Très sage, oui. Je m'attendais à entendre des ronflements, des pets, ou des trucs comme ça, mais non, rien. Tu as été sage comme un nuage." Oui, je sais, c'est pas ça l'expression. Mais on ne parle pas le latin, nos langues sont vivantes alors pourquoi ne pas les déformer un peu quand ça nous plait ? Parce que je trouve que ça a plus de..charme, voyez-vous. "Quoiqu'il en soit, pour les menottes, tu oublies !" Histoire qu'il ne se mette pas ça en tête... C'est non, point barre ! Même si je sais bien qu'il dit ça pour me faire rire. Oui, avec Sully , on rigole et on aime se taquiner -j'parle un peu comme si je le connaissais depuis des lustres mais bon...-. Lui qui m'a prévenue il y a quelques instants comme quoi il est inintéressant ou je ne sais plus trop quoi..C'est vraiment faux. Au contraire, je suis ravie d'avoir un partenaire comme lui. C'est même le meilleur ! Même si ce qu'il vient de me dire risque de me mettre en colère...Rohh. "Non mais dis-donc, t'abuses pas un peu là ?! C'est comme ça que tu remercies les gens qui te font des cadeaux toi ? J'te jure.. Sully, que va-t-on faire de toi...? A force, je vais finir par avoir envie de te jeter dans la mer..Merde, c'est une fausse mer qu'on a ici, mais bon, tu vois l'idée." Je croise les bras, bougeant ma tête de droite à gauche. Puis je souris, parce que oui, je rigole, comme lui le faisait si bien. Le second degré, c'est notre truc il faut croire. Et je n'hésite donc pas non plus à faire de même quand il me parle de m'envoyer ses futurs films. "De toute façon ne t'inquiètes pas : ils me plairont certainement pas, j'suis sure que tes films sont nuls donc moi aussi je les vendrais sur Ebay. Comme ça, j'irais m'acheter une nouvelle console !" Je lui fais un clin d’œil suivi d'un sourire. Bien sur que non, je suis certaine que c'est un très bon réalisateur. Et que ces films ne sont pas ennuyeux. Il a l'air d'être passionné parce qu'il fait et en général, quand quelqu'un fait quelque chose parce qu'il aime ça et pas juste parce qu'il veut s'acheter à bouffer pour le mois, le résultat est mille fois mieux. Et puis, rien que le fait que ça soit Sully qui l'ai fait me donnera envie de le regarder et de l'apprécier. C'est pas tous les jours qu'on connait quelqu'un qui fait des films. C'est la classe, et une fois à l'extérieur -ce que j'espère le plus tard possible d'ailleurs-, je m'en vanterais auprès des potes. La classe, héhé. Puis est arrivé le baiser, et tout ce qui s'en suit. La question sur la chanteuse, ma plaisanterie,.. Et là, il s'excuse. "Tu n'as a t'excuser de rien Sully, ça va pas ou quoi !" Je ne comprends même pas pourquoi il le fait. Raaahh, je suis bien obligée d'employer de ce fameux mot qui me fait mal aux oreilles mais tant pis : il est chou. Mon dieu, je regrette déjà d'avoir dis ça..Et demandez pas pourquoi, c'est..physique. Heu...si l'expression marche bel et bien avec un mot, bien entendu. Bref. "Quoi ? Pas terrible ? Tu me vexes là Sully, vraiment. Je vais bouder si tu continues.. Et cette nuit, tu risquerais de le regretter.." Je fais une moue déçue pendant quelques instants mais c'est trop dur, je n'arrive pas à contenir mon sourire. Tant pis, de toute façon il sait très bien que je ne suis pas sérieuse en disant ça. Je ne suis pratiquement jamais sérieuse de toute manière.

Ce qui était merveilleux dans toute cette histoire, c'est qu'il semblait évident que ni Sully, ni Zola ne courait en vérité le moindre danger. Lui, il ne risquait évidemment pas de se prendre une lampe en pleine tronche, et en pleine nuit. Et elle, elle ne risquait assurément pas d'avoir à faire à un partenaire aux mains baladeuses ou sans le moindre sens moral. Alors disons que ce partenariat démarrait sur d'excellentes bases. Pour autant, rien ne les empêchait de plaisanter quelques peu, que ce soit au sujet des menottes - que Sully n'avait évidemment pas prévu d'utiliser - ou du fait qu'il aurait pu agir bien différemment la nuit dernière s'il avait été moins respectueux. Et justement, il ne manqua pas de s'amuser de la répartie de sa partenaire qui, à l'entendre, s'était tout bonnement imaginée le pire. Encore heureux qu'il se doute qu'elle exagérait largement, parce qu'il aurait pu la trouver un peu misanthrope sur les bords. « Ah oui, quand même. Du coup, ça ne te déstabilise pas trop de savoir que ton partenaire frôle la perfection, qu'il s'en rapproche même dangereusement ? » Là encore, évidemment, ça n'avait rien de sérieux. Car pour se trouver parfait, il faudrait déjà que Sully oublie qu'il se trouvait mille défauts, et ça, ça n'était assurément pas gagné. Donc non, il n'avait assurément pas la prétention de se croire parfait. Bien loin de là. « Oh, tu es certaine de ne pas vouloir qu'on essaie, juste pour une nuit ? Maintenant que tu sais que je ne risque pas d'en profiter, ce serait bête de priver tes poignets d'une telle expérience. » Là non plus, il ne fallait absolument pas croire qu'il parlait sérieusement. Il va de soi qu'il n'était pas question de se dégoter une paire de menottes et d'attacher Zola au lit pendant toute une nuit. Même s'il est vrai qu'il ne risquerait pas d'en profiter pour la jouer gros lourd - parce que ça n'était pas plus son genre qu'il y a cinq minutes, en fait - il n'oserait quand même pas la placer dans une telle situation. Ne serait-ce que par respect. Quant au jeu vidéo à succès que créerait très probablement Zola d'ici quelques années, il est vrai qu'il ferait très plaisir au jeune homme d'en obtenir un exemplaire dédicacé. Mais pas pour y jouer, hein, plutôt pour espérer le revendre et en tirer un prix des plus intéressant. Et bien quoi ? Il l'avait bien dit, après tout, que ça n'était pas pour lui, ce genre de choses. Même s'il est certain qu'il n'oserait jamais lui faire un tel affront. La jeune femme, en tout cas, ne manqua pas l'occasion pour rentrer dans son jeu, et il est vrai qu'il n'en attendait pas moins d'elle. « Ne te formalise pas, voyons. J'ai au moins l'honnêteté de le dire dès maintenant, comme ça je ne risque pas de devoir trouver une excuse foireuse si tu passes un jour par chez moi et que tu me demandes où est passé ton jeu. » C'aurait donc pu être pire, et il fallait qu'elle en ait bien conscience. « Et dans ce cas, je suppose que je dois remercier la Production de n'avoir misé que sur une fausse plage, hm. Ça me sauve la mise, semble-t-il. » Vu qu'apparemment, dans le cas contraire, sa partenaire aurait pu ne pas hésiter à tenter de le noyer. Là, ce serait sans doute un peu plus difficile, bien qu'il se doute de toute manière qu'elle ne soit pas sérieuse. C'était même plutôt rassurant de se le dire. Mais voilà que maintenant, et probablement pour rester dans le même esprit, Zola disait qu'elle risquait effectivement de ne pas aimer les films que pourrait lui envoyer son partenaire et que, pire encore, elle état certaine qu'ils seraient nuls et qu'elle pourrait ainsi les vendre et s'acheter une console avec l'argent obtenu. « Je suis sûr que tu ne me prendras même pas la peine d'en visionner un seul. De toute manière, ne t'embête pas à essayer de les vendre, ils seront probablement tellement nuls que personne n'en voudra. » Quoi qu'il espère qu'elle ne parte pas sérieusement du principe que les films qu'il réalisait étaient "nuls", car même s'il n'avait pas la prétention d'être brillant, ça pourrait lui faire un peu de peine. Mais commençant à connaitre Zola, il se doutait que là encore, elle ne disait pas ça très sérieusement. Quant au baiser, il est vrai qu'il n'avait pas manqué de l'embarrasser. Pas parce qu'embrasser une demoiselle était pour lui une torture, mais parce qu'il n'avait plus fait ça depuis un bon moment. Et il jugeait ici préférable de s'excuser d'avoir pu donner l'impression que ça n'avait pas été plaisant, alors qu'au contraire, ça l’avait été. Sa partenaire lui affirma alors qu'il n'avait pas à s'en excuser, et un fin sourire gagna ses lèvres. L'essentiel était qu'elle ne lui en veuille pas, qu'elle ne parte pas du principe qu'il avait gâché le moment en s'embarrassant de la situation. Car oui, comme il le lui avait dit, le baiser avait été loin d'être nul. Enfin ça, c'est ce qu'il avait dit, officiellement, avant de la taquiner gentiment en laissant entendre, cette fois-ci, que ça n'avait pas été terrible. Et la réaction de Zola - qui pourtant avait du comprendre qu'il disait ça en plaisantant - ne se fit évidemment pas attendre. « Oh, tout de suite des menaces ! Et qu'est-ce que tu risques de faire cette nuit ? M'embrasser de force pour me donner une bonne leçon ? Après cet avant goût décevant, ce serait une vraie torture. » Et maintenant, il restait à espérer qu'elle ne perdrait pas de vue la plaisanterie et qu'elle ne serait pas démangée de lui en mettre une. Ce serait malheureux, quand même.

Il n'est pas si modeste que ça le Sully, en fait. Lui qui se dénigrait au début de notre conversation, il a changé du tout au tout. Il dit frôler la perfection..j'te jure. Bon, bon, je sais que c'est pour rire, c'est pour ça que je dis rien et que je trouve ça plutôt marrant même. Parce que j'ai jamais aimé les personnes qui pensent qu'elles sont supérieures aux autres, qui ne pensent qu'à leur apparence, et tout le tralala. Et j'aime bien Sully, justement parce qu'il n'est pas comme ça. J'ai de la chance, quand même, d'être tombée sur lui comme partenaire. J'aurais très bien pu tomber sur un type exécrable, superficiel et méchant avec moi. Ca aurait été horrible, l'enfer. Bon, d'un côté, pour le moment, je n'ai vu aucun candidat correspondre à cette description, mais quand même. J'suis tombée sur le bon. "Si, carrément...J'suis contente, hein, mais.. j'ai peur te pas arriver à sa hauteur, tu vois." Je souris puis attrape à nouveau la bouteille pour boire une gorgée. J'sais toujours pas ce que c'est, mais c'est bon, en tout cas. Et puis on revient sur cette histoire de menottes. Il veut que j'essaye, juste pour une nuit. "Dans tes rêves Sully ! Attends, dormir les poignets attachés, ça doit être l'enfer. Si c'est pour faire des choses, j'dis pas, mais pour dormir, hors de question..!" Pas besoin de faire de dessein, hein ? Quoiqu'il en soit, j'espère qu'il va comprendre que je suis pas sérieuse. Sinon, c'est moi qui vais finir par passer pour le gros lourd..et ce n'est pas mon genre. Du moins, quand la personne n'est pas consentante ! Il en vient ensuite au sujet du jeu vidéo qu'il finira par vendre. Heureusement qu'il n'est pas sérieux, sinon j'aurais bel et bien boudé pour de vrai. Attends, un cadeau, ça ne se revend jamais. Quand j'étais enfant, et même encore aujourd'hui d'ailleurs, y'avait des choses qu'on m'offrait et que j'aimais pas. Mais ma mère m'a toujours appris à faire bonne figure et à sourire malgré tout. Ca a été difficile, mais maintenant, je suis rodée. Et lors des cérémonies où l'on reçoit des cadeaux, Zola l'hypocrite pointe le bout de son nez, même si ce n'est pas, oh ça non, son genre. "J'aurais préféré l'excuse foireuse, tu vois..méchant va." que je lance, boudeuse mais toujours le sourire aux lèvres. Et puis, mine de rien, il vient de me dire que ce n'est pas impossible que je passe par chez lui un jour. Ca me fait plaisir, qu'il pense vouloir garder contact avec moi. Bon, ça changera peut-être s'il découvre que je suis extrêmement chiante comme fille et qu'il ne supporte plus que je bouge partout, mais c'est toujours mieux que rien. "Oh ça oui, remercie-les bien ! Sans ça, tu aurais fini noyé ! Quoique, je peux toujours te couler si jamais tu te retrouves à la plage en même temps que moi..ahhaha !" J'aime l'idée, héhé. Se retrouver la tête sous l'eau quelques instants, ça remet bien les idées en place..! "Ah ça non, aussitôt reçu, aussitôt mis sur Ebay. J'vais quand même pas prendre la peine de les regarder, et puis quoi encore..!" Je lui souris, avec un clin d’œil en prime. Pour qu'il ne croit pas que je suis sérieuse. Puisque je ne doute pas une seule seconde que ces films peuvent être nuls. Mais je continues quand même à le taquiner gentiment. "Ah mince, j'avais pas pensé à ça..c'est bête. Faut que je réfléchisse à un plan B alors." Peut-être que je les passerais à mes grands-parents alors... ou bien que je trouverais un site bien pourri où tes tarés seront capables d'acheter ses films..ouais, bonne idée ! J'déconne, j'déconne. Ses films, je les mettrais en premier sur mon étagère, et je les regarderais à la minute où je les recevrais. Bon, sauf si je suis en plein combat...là, ça se discute pas...Mais juste après, c'est certain ! On en vient après sur l'histoire du baiser. Il me donne même quelques idées pour me venger..génial, je n'y avais pas pensé ! "Une vraie torture ? De pire en pire Sully, tu aggraves ton cas là, c'est pas bon...pas bon du tout." J'dis ça pour lui moi.. "Mais ouais, j'crois que je vais faire ça : t'embrasser de force pour te prouver que c'est pas vrai. Ou sinon, te verser un seau d'eau sur la tête en guise de réveil. Tu vois tous les partenaires qui apportent le petit déjeuner au lit à l'autre ? Et bien toi, tu auras le droit à de l'eau bien fraîche sur ton petit visage !" J'ai de sacrées bonnes idées moi dis-donc... Dommage que ça soit pour rigoler, ça aurait été marrant que je le fasse pour de vrai. Pauvre Sully..Non, finalement, j'en serais bien incapable !

Frôler la perfection n'était pas tellement une chose que Sully associerait à sa personne. Car non, il n'avait aucunement la prétention de se croire quasi-parfait, et avait même plutôt tendance à se trouver facilement des défauts et à s'en blâmer sans mal. Alors oui, bien évidemment, il n'était une fois de plus question que d'humour, de rien de bien sérieux en tout cas, ce qui expliquait donc qu'il se permette ce genre de propos, qui n'avaient à ses yeux pas le moindre fond véridique. Il chercha simplement à s'amuser du fait que sa partenaire se soit visiblement attendue au pire au sujet de la première nuit qu'ils avaient passé dans le même lit. La réponse de la petite blonde le fit alors doucement sourire, et il ne fut pas certain de pouvoir rester plaisantin plus longtemps quand il l'entendit dire qu'elle craignait du coup de ne pas être à la hauteur. Pour autant, il garda un ton léger, vu qu'il était de toute manière certain qu'il ne pensait rien de ce qu'il disait depuis déjà quelques instants. « Je comprends. Il faut dire qu'il est assez inégalable, dans son genre. » Là encore, il ne fallait pas le prendre sérieusement, car il est certain que s'il y avait bien quelqu'un qui n'irait jamais penser qu'il était inégalable, c'était bien Sully. Non, il n'avait véritablement pas assez d'égo pour ça, hm. En tous les cas, le jeune homme ne manqua pas de plaisanter à nouveau au sujet des menottes, laissant entendre que maintenant que Zola savait qu'elle ne risquait pas d'avoir droit aux mains baladeuses de Sully, elle pourrait bien rester toute une nuit attachée au lit, juste pour tester une expérience inédite. Sauf que non, visiblement, ça ne lui disait toujours rien. A noter que la façon dont elle exprima son refus ne put que l'amuser. « Oh, un peu plus et je pourrais prendre ça pour une proposition, attention » souffla-t-il alors, bien évidemment en plaisantant. Car non seulement il ne prenait pas ça au sérieux, mais en plus, il n'était pas du genre à sauter sur ce genre d'occasions. Quant à la suite, il fut question du jeu-vidéo que Zola pourrait concevoir et dont elle ferait cadeau d'un exemplaire dédicacé à Sully qui, peu adepte de ce genre de choses, n'aurait évidemment d'autre choix que de le vendre sur ebay. Et puis, comme il le disait si bien, il valait mieux qu'il le dise dès maintenant, histoire d'éviter des complications à l'avenir. Mais il semblerait que Zola, elle, aurait préféré attendre pour avoir droit à une telle confession. Comme par hasard. « Tu dis ça aujourd'hui, mais tu m'aurais reproché de ne pas t'avoir avoué l'abominable vérité plus tôt si j'avais attendu, alors bon. » Loin de lui l'intention de laisser entendre que les femmes n'étaient jamais contentes, mais il fallait bien avouer qu'elles n'étaient pas toujours des plus simples à suivre. Bien sûr, là encore, rien de bien sérieux. Tout comme cette histoire de noyade. « Vraiment ? Et bien, je crois que je vais éviter la fausse-plage pour quelques temps, alors. » Même si bon, il espérait bien qu'elle n'essaierait jamais de l'y couler, si tant est qu'elle puisse d'ailleurs. Il était quand même un peu plus grand qu'elle, non ? Hm. Zola ne manqua en tout cas pas de se venger en laissant entendre qu'elle vendrait quant à elle les films de Sully, et sans même en visionner un seul. « C'est vrai, mieux vaut ne prendre aucun risque, des fois qu'en fait ils ne soient pas si nuls que ça. Ce serait dommage de renoncer à les vendre, hein. » Quant au fait qu'elle ne risque pas de trouver preneur, c'était somme toute un peu exagéré, car Sully préférait penser que ses films étaient quand même d'une certaine qualité. Pour autant, il est vrai qu'il tendait à penser que ça pouvait ne pas correspondre aux goûts de tout le monde. Zola disait alors devoir réfléchir à un plan B, et il se contenta d'en sourire. Quant au baiser de tout à l'heure, bien sûr qu'il avait été plaisant. Sully l'avait d'ailleurs avoué, avant de changer de version, mais uniquement pour taquiner sa partenaire. Et du coup, il alla encore plus loin lorsque celle-ci le menaça avec humour. Donc oui, sans doute aggravait-il son cas. « J'en ai bien conscience, mais que veux-tu, l'honnêteté a toujours fait partie de mes principes. » Bien qu'il ne soit évidemment pas honnête depuis qu'il était revenu sur ses propos. Par contre, il n'aimait pas tellement entendre sa partenaire parler de seau d'eau. Non, pas vraiment. « Oh, si tu faisais ça, tu passerais pour une partenaire indigne. Parce que moi j'irai raconter à qui voudra bien l'entendre que je n'ai rien fait pour mériter ça, et tu passeras pour la méchante de l'histoire. C'est ce que tu veux ? » Encore heureux qu'elle n'ait pas sérieusement prévu de lui faire ce coup-là de bon matin, parce qu'il pourrait ne pas tellement apprécier, d’aussi bonne composition soit-il.