Parfois j'ai encore beaucoup de mal à réaliser quand je me lève que je suis dans cette aventure. Je m'attends toujours à me réveiller dans mon appartement minable tous les matins. Enfin je ne vais pas me plaindre non plus, je n'aurais aucune raison de le faire. Je n'ai presque plus envie d'aller dormir, tant j'ai envie de découvrir tous les lieux présents ici. J'ai l'impression qu'il y a tellement de choses à faire et à voir, mais pas assez de temps pour tout faire. Mais l'aventure vienne à peine de débuter, je ne sais pas pourquoi je pense déjà à tout cela, c'est complètement inutile. Je dois pourtant avouer que j'ai beaucoup de mal à dormir ici, parmi toutes ces personnes qui me sont inconnues, loin de chez moi. Je pensais que j'en ressentirais un certain soulagement, mais il faut croire que j'avais tort. Je pense simplement que le changement me perturbe, et que tout finira par rentrer dans l'ordre rapidement. Je ne peux que l'espérer, en attendant de retrouver le sommeil j'aime écouter de la musique douce dans le canapé de la salle de détente, une tasse de thé à la main. Je suis donc assise sur ce canapé, la musique vient de se terminer et quelqu'un pénètre dans la salle à son tour. Visiblement la jeune femme ne semble pas m'avoir aperçu, je la regarde se diriger vers les ordinateurs et ... et bien en embrasser un. Après tout c'est son choix personnel. Elle m'aperçoit finalement pour me dire qu'elle ne savait pas qu'il y avait quelqu'un. Oui j'imaginais assez bien, qu'elle n'en avait eu aucune idée. « Oh tu sais je ne juge pas, tu fais ce que tu veux après tout. » Oui je n'aime pas que l'on me juge, et par conséquent j'évite de juger les autres trop rapidement. « Moi c'est Avalon, mais si tu trouves que c'est trop bizarre tu peux m'appeler Ava. » Quant à son prénom, il était certain que j'aurais bien du mal à m'en rappeler la prochaine, il y avait bien trop de jeunes filles blondes dans le nid.

Je ne m'attendais pas à ce que ma tranquillité soit troublée par une jeune femme si heureuse e voir un ordinateur qu'elle en vient même à l'embrasser. Je ne m'en formalise pas, après tout je sais qu'aujourd'hui bon nombre de personnes sont accros à ces choses là. De toute manière comme je lui ai dit, je ne la juge pas. Je suis très probablement le genre de personne capable d'embrasser sa voiture. Parce que ma voiture j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux, que c'est la seule chose de valeur que je ne me sois jamais payée dans ma vie. Alors bon elle peut bien embrasser l'ordinateur, si ça lui chante, je ne vais pas lui rire au nez. Et je ne pense pas non plus qu'elle soit folle. De toute manière la folie au final ça reste quelque chose de très abstrait. Je souris en hochant la tête à sa question. Elle a l'air très excitée de retrouver son ordinateur en tout cas, je ne sais pas si je devrais partir pour la laisser vivre ces intenses retrouvailles seule. Mais visiblement tout ne semble pas aller comme prévu, et je peux voir que son excitation est retombée lorsqu'elle se tourne pour me parler. Et me demander mon âge. « J'ai trente-trois ans et toi ? » Ouais trente-trois ans je suis drôlement vieille dis-donc. Bien que je ne le pense pas vraiment. Le temps passe, qu'est-ce que je peux y faire. « Tu penses pouvoir survivre sans ton ordinateur ici ? J'ai bien l'impression que tu vas nous faire une syncope un jour. » Je souris. J'aurais aimé être drôle, être de ces personnes qui font rire les autres, qui ont ce don naturel. Sauf que ce n'est pas le cas, je ne le suis pas, ce n'est que passablement amusant, mais j'espère qu'elle n'en dira rien.

Trente-trois ans c'est vrai que je commence à me faire vieille, surtout que j'en aurai bientôt trente-quatre. Pour autant je ne me sens pas spécialement vieille, même pas ici alors que la plupart des personnes ont environ dix ans de moins que moi. Et puis je ne suis pas encore si vieille que cela, j'ai toute la vie devant moi, sauf si je meurs brutalement avant bien sûr. Quant à Zola, la jeune blonde, elle a vingt ans. « Je suis drôlement plus vieille que toi. » je dis en souriant. Je m'en moque, treize ans d'écart c'est vrai que c'est beaucoup mais ce n'est pas comme si ça avait une réelle importance à mes yeux. Au contraire cela n'en a aucune. Puis je me permets de plaisanter sur le fait qu'elle semble très attachée à son ordinateur. Ce n'est pas particulièrement amusant je le sais, je ne l'ai jamais été, amusante, de toute manière.Puis elle me répond, dans un flot continu de parler. C'est qu'elle parle beaucoup cette petite blonde. Ça me fait sourire plus qu'autre chose. Je n'ai jamais été très bavarde, j'ai toujours apprécié les personnes qui savaient faire la conversation à ma place. « Cela ne devrait pas être si compliqué que ça, je suis certaine que tu t'en sortiras très bien. Et peut-être même qu'en sortant tu passeras moins de temps sur ton ordinateur. » Ouais non je me suis pas improvisée psy, je dis juste ce que je pense. Personnellement je ne passe pas mon temps scotchée à un écran, mais plutôt le nez dans le cambouis. Chacun son truc après tout. Elle continue alors de parler, aussi longtemps que la fois précédente. C'est qu'elle en a des choses à dire, plus que moi en tout cas. « Non comme tu le dis il est relativement tôt, même si je n'irai pas jusqu'à dire que c'est encore l'après-midi, mais pour le moment je n'ai pas prévu d'aller me coucher. » Oui je suis simplement ici pour me détendre, dans l'espoir qu'une fois au lit le sommeil viendra plus facilement. « Ça me dérange pas que tu parles autant. Si t'as des choses à dire, vaut mieux les dire plutôt que de les garder pour toi. » Oui c'est ce que je pense, elle a simplement plus de choses à dire que les autres c'est tout.

Il est vrai que je suis quand même relativement plus vieille qu'elle, j'ai quand même plus de dix ans de plus qu'elle. Honnêtement je m'en moque, je ne me sens pas spécialement vieille et pas encore aigrie, fort heureusement. Puis la conversation dévie sur ce qui semblerait être sa passion pour les ordinateurs. Je suis sûre qu'elle va finir par pouvoir vivre sans y être scotchée toute la journée. De toute manière ici elle n'a pas tellement le choix, pas d'internet. Je pense que ça ne pourra que lui faire le plus grand bien, elle aura au moins progressé dans un domaine en sortant d'ici, et ce n'est pas négligeant. Je souris lorsqu'elle me dit qu'elle a déjà oublié ce qu'était un ordinateur, elle me fait rire. « Tu vois c'est un bon début, bientôt tu auras oublié le mot en lui-même. » Oui je sais l'humour c'est pas trop mon truc, pourtant j'aurais aimé que ça le soit, mais tant pis, on ne peut pas tout avoir. Quant à sa manie de parler un peu trop, elle ne me dérange pas. Il en faut bien pour tous les goûts. Et puis si elle a des choses à dire et bien qu'elle parle, je ne vais pas l'en empêcher. Visiblement elle semble ravie que ça ne m'embête pas et que je n'ai pas encore l'intention d'aller me coucher. Elle a encore une tonne de choses à dire, et vient s'asseoir à côté de moi, ce qui ne me surprend pas vraiment. « Oui j'imagine que si on reste assez longtemps, on finira par connaître tout le monde. Mais dis-moi tu te couches à quelle heure toi d'habitude ? » Bon je ne parle pas autant qu'elle, j'espère que ça ne l'embête pas, disons que je n'ai jamais été très bavarde. Disons que contrairement à elle, je préfère garder les choses pour moi-même, contrairement à ce que je viens de lui dire. Mais je plutôt réservée, je ne parle pas beaucoup, c'est comme ça. « Au moins tu ne dois jamais regretter de ne pas avoir dit les choses. Je me dis que ça doit être utile et que ça doit t'éviter d'avoir de regrets parfois. » Parfois j'en viens à regretter personnellement de ne pas avoir dit les choses, mais j'imagine qu'elle n'a pas ce genre de problèmes là. Puis elle s'intéresse un peu à moi, certaines questions ne me surprennent pas vraiment. C'est vrai qu'à trente ans passés, on s'attend à ce que je sois déjà mariée avec des enfants, je le sais bien. « Je ne suis pas mariée, et je n'ai pas d'enfants. Et je suis garagiste, ma passion à moi c'est l'automobile. Et la mécanique. » Ouais voilà quand je dois parler de moi, c'est à peu près tout ce que j'ai à dire. Je suis pas très intéressante comme personne. « A ton tour, parle-moi un peu de toi. » Oh j'imagine qu'elle doit avoir bien plus de choses à dire que moi sur ce sujet.

Pour le moment il est vrai que nous n'avons pas eu l'opportunité d'apprendre à connaître tout le monde, mais ce n'est que le début de l'aventure et nous sommes encore beaucoup, alors j'imagine que c'est tout à fait normal. Même si je doute que comme elle le dise nous puissions devenir une petite famille. « Je ne sais pas, nous sommes beaucoup, il y aura forcément des gens qui auront du mal à s'entendre. » Je ne voulais pas paraître rabat-joie, mais avec trente caractères différents, il était certain que tout le monde ne pouvait pas être amis. Remarquez dans une famille tout le monde ne s'entend pas bien non plus, mais bon. « Ah oui donc tu te couches généralement à l'heure à quelle je me lève pour aller travailler. » Je souris. Je m'en moque elle fait ce qu'elle veut, mais il est vrai que quand je travaille je me lève généralement aux alentours de six heures, alors qu'elle ne s'est même pas encore couchée. Chacun son truc, moi aussi j'aimerais bien pouvoir me permettre de me coucher aussi tard. Peut-être pas parler autant qu'elle, mais enfin bon ça ne me dérange pas qu'elle le fasse. Je n'aime pas trop parler c'est vrai, mais que les autres le fassent ça ne me dérange pas vraiment. Et puis au moins elle ne regrette pas de ne pas avoir dit les choses. « Dans la mesure où tu reviens pour t'excuser, ce n'est pas vraiment une mauvaise chose. Au moins tu sais reconnaître tes erreurs. » Oui je le vois de cette manière. Si elle vient s'excuser après avoir dit quelque chose de blessant, et qu'elle s'en rend compte, c'est déjà bien, elle en a au moins conscience. « Oui parfois ça m'arrive de regretter de ne pas avoir dire certaines choses. Mais au fond je sais que si je revenais en arrière, je serais bien incapable de les dire. » Oui je regrettais, mais je n'étais pas capable de dire ces choses-là. C'est comme quand je dois parler de moi, je ne suis pas très bavarde, parce que je ne trouve pas ma vie particulièrement intéressante. La sienne doit l'être plus que la mienne, en tout cas comme je m'y attendais elle a beaucoup de choses à dire. « J'habite à Kilkenny en Irlande. Je suis jamais allée en France, c'est comment ? » Ouais je suis curieuse, j'ai jamais voulu dépenser mon argent pour voyager. « Je te comprends j'ai jamais été comme ma mère l'aurait voulu, elle tenait à tout prix à me faire changer, mais à partir d'un certain âge ils n'ont plus leur mot à dire. » Oui j'estime qu'à partir d'un certain âge on est en droit de prendre nos propres décisions.