dimanche vingt six mai deux milles treize | Quelle soirée riche en rebondissements. En tout cas, il est clair que si tous les primes à l'avenir gardent se rythme, Hadatt va réellement finir par décrocher de l'avancée du jeu. C'était ce qui lui était arrivé de soir d'ailleurs. Il s'était retrouvé nominer pour il ne sait quelle raison, juste parce que... il a une gueule de traite? Mais merde. C'était pas juste ! Certes il a une tête de fouine, et ses réactions le rendent imprévisible mais il n'avait rien d'un comploteur. C'est à peine s'il sait faire lui même sa lessive...

Bref, il faut décompresser de cette soirée de merde/semi-merde. Semi-merde parce qu'au moins, il avait embrassé de nanas et un jeune homme très mignon. Roh, ç'en ai pas à faire perdre sa culotte à la ménagère de trente piges mais c'est toujours plus sexy que la vue de leur mari avachi devant la télévision, une bière à la main... Vendeur de rêve. C'est ce qu'il a toujours voulu être quand il serait plus grand.

La journée était bien entamée mais Hadatt savait très bien comment s'occuper pour le reste de l'après-midi : végéter. Il allait créer, inventer, s'évader. Par le meilleur moyen qu'il connaisse. Après être passé sur la plage pour récupérer sa veste qu'il avait paumé là, il s'était dirigé vers le jardin/jungle. Impossible de vraiment savoir, ce truc était tellement plein de... feuilles et d'herbe. En parlant d'herbe, il sortit une petite boite de sa poche, qu'il ouvrit avec précaution, comme s'il effectuait un rituel ou une prière. Se saisissant de son zippo et d'un étrange cône gris quoique légèrement verdâtre qu'il porta à ses lèvres, il alluma sans peine la flamme pour enflammer le tarpé qu'il s'était consciencieusement roulé avant le prime. Prévoyant le Hadatt.

Une première taffe profonde. Une seconde sans relâcher le souffle. Et on atteeeend. On attend qu'il veuille bien neiger, ou venter, ou pleuvoir, ou faire beau, ou qu'il y ai un arc en ciel, ou même une licorne mais ça c'est avec d'autres drogues qu'on arrive à ce résultat. Enfin, c'est pas une drogue, c'est naturel donc ça fait pas de mal. Les Champignons, ça se cuisine même avec de la sauce alors comme quoi, c'est pas addictif. T'a le droit de kiffer des truffes ou des champignons de Paris sans devenir accro, hein. Ba les autres champis, c'est pareil. Et pourquoi on parle de ça? Ah oui, la licorne.

Derrière lui, Hadatt entend des bruits de pas ettoufés par l'herbe du jardin. Il relâcha alors doucement sa respiration, se laissant envahir par la profonde plénitude que lui offrait son câlice. Un rire bref mais empli de fumé lui echappa.

« Ce que tu viens de dire est à la fois foutrement sexy et putain de flippant, mec. » ne put s'empêcher de remarquer Hadatt. « Où tu étais passé quand il fallait me consoler? T'savais que j'étais nominé? »

C'était trop la merde pour lui, le pauvre. Il ne comprenait pas les raisons. Puis, peut être parce que y'en avait pas mais... c'était trop con que ce soit tombé sur lui. Lui si gentil, si cool, si peu chiant, il était tombé sur une bande de chieurs quoi. Il espérait que son cul aurait un peu plus de chance la semaine prochaine. Il ne voulait pas partir. Il se sentait bien ici. C'était peut etre pas sa place, mais c'était toujours mieux que son patelin déprimant. Et puis merde, personne n'était en mesure de juger où se trouvait sa putain de place.

« T'étais où au fait? Tomber dans le trou des chiottes? » demanda le professeur en fumant une taffe avant de passer le tarpé à Niklaus.