AVALON

La tour de verre. J’ai envie d’y retourner. Mais cette fois en apportant une pièce, pour pouvoir profiter de la vue au télescope. La semaine dernière, j’ai grimpé toutes les marches, pour au final je me rende compte qu’avec une pièce, ça serait mieux. Bon j’ai quand même pu profiter de la magnifique vue, cela n’enlève rien, mais je veux tester le télescope, c’est comme ça. Du coup forcément, m’y revoilà cette après midi. Par contre, il va falloir que je me retape toutes ces marches…Malheur. Au moins cette fois je sais à quoi m’attendre. Je sais qu’il faut souffrir d’abord durant de longues minutes avant d’obtenir le St Graal. Mais ça vaut le coup. Puis bon, ça me fait mon sport de la journée avec, donc c’est utile aussi. Durant l’ascension, je m’arrête de temps en temps quand même pour reprendre mon souffle. Impossible de faire ça d’une traitre. Cette fois, je ne crois personne sur le chemin dans les escaliers. Peut être aurais je du demander à quelqu’un de m’accompagner, c’est vrai que c’est quand même mieux accompagné. Bon tant pis, trop tard. Mais surprise, une fois en haut, qui vois-je ? Une candidate brune de dos accoudée à la rambarde ! Bien. « Salut… la compagnie ! » En mode enjouée. Mais essoufflée aussi. Elle se retourne, et je constate qu’il s’agit d’Avalon. J’espère qu’on ne va pas devoir avoir encore à faire les présentations. Après une semaine, c’est chiant. Parce que bon, même si on ne s’est jamais vraiment parlé, moi j’ai retenu le sien. Faut dire que j’ai bonne mémoire. Pas le cas de tout le monde malheureusement. « Gosh, j’ai bien… cru que j’allais mourir. » dis je en appuyant ma main sur moi, pour contrer une pointe de côté oblige. « On croirait qu’au 21ème siècle, ils puissent être capable de mettre un ascenseur, mais non. » Genre c’est juste en manque de moyens. Ils l’ont fait exprès. « Mais en tout cas ça vaut toujours autant le coup. » dis je en regardant la vue. Je suis toujours wouaah.

Après m'être promenée pendant de très longues minutes dans le jardin botanique, je décide de prendre la direction de la tour de verre. Je n'ai pas encore eu le temps d'y faire un tour, ou ça ne m'a pas traversé l'esprit, je n'en sais rien. Je veux simplement profiter de la vue, et ne rien faire d'autre. Pour monter tout en haut il faut cependant monter toutes les marches une à une. C'est plus long que ce que je n'avais pu le penser. J'arrive presque haletante en haut de cette tour. Mais ça en valait la peine. Je profite de la vue, pendant un temps qui me semble assez court, mais ça pourrait être tout aussi bien dix minutes que quarante. Je ne sais plus trop, je sors de ma rêverie quand j'entends des pas s'approcher de moi. Je n'ai pas le temps de me retourner, qu'elle me salue déjà. « Salut. » je lui réponds en me retournant. Je scrute ses traits quelques secondes. Elle est asiatique, d'accord, alors j'imagine que ça doit être Sun-Hi même si je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler. Je n'ai pourtant pas remarqué deux asiatiques dans le jeu, alors pour une fois je ne pense pas me tromper. Je ne devrais pas avoir beaucoup de mal à la reconnaître. Elle a l'air essoufflée, elle l'est visiblement. Je lui souris quand elle me dit qu'elle a cru mourir, et qu'ils auraient éventuellement pu mettre un ascenseur. « Qui sait ils se sont peut-être dits qu'avec tout ce qu'on mange, il serait bon de nous faire faire un peu de sport. » Bon il serait peut-être temps que j'arrête de dire des âneries. Je ne suis pas vraiment drôle je le sais bien, et ce n'est pas comme ça que je vais réussir à l'être. Et là elle me dit que la vue vaut le coup, encore le coup même. «Je suis d'accord. Mais puisque tue s déjà venue tu as déjà dû grimper toutes ces marches. Je sais pas si j'aurai le courage de le refaire. » Oui elle avait au moins eu le courage de remonter. Je crois que si je dois revenir, ce ne sera pas avant longtemps, monter toutes ces marches ça m'a suffisamment fatigué. « Dis, t'as une pièce pour le télescope toi ? » Je me suis rendue compte de ça une fois en haut, et franchement je n'ai pas eu l'envie de revenir en chercher une.

Je reprends peu à peu mon souffle. Mince, j’ai l’impression d’avoir fait l’ascension du mont Everest. Ouais bon, à mon avis si je devais réellement grimper ce fameux mont, ces quelques escaliers en comparaison seraient surement de la gnognotte. M’enfin c’est pour vous dire que c’est fatiguant quand même. « Qui sait ils se sont peut-être dits qu'avec tout ce qu'on mange, il serait bon de nous faire faire un peu de sport. » C’est une hypothèse. « C’est vrai qu’on mange beaucoup. » Je concède. Un peu trop même. Il faudrait peut être que je pense à mettre le pied dans la salle de fitness, si je veux pouvoir continuer à me rendre à la plage en maillot de bain sans complexer. « Mais ce n’est pas de notre faute aussi, ils n’ont qu’à pas nous mettre autant de nourriture gratuite à disposition ! » Bah ouais. Un supermarché rien que pour nous. Ou on trouve tout. Evidemment qu’on ne va pas se gêner pour en profiter. « Ou peut être qu’ils se sont dit que ça serait drôle de nous voir souffrir. » C’est aussi une possibilité. Parce que bon, cet ascenseur quand même, ça ne doit pas être bien dur d’en construire un. Bon peut être que si, je n’ai aucune idée. Mais ça ne serait surement pas marrant pour eux. Je m’extasie alors face à la vue. En même temps il y a de quoi. «Je suis d'accord. Mais puisque tu es déjà venue tu as déjà dû grimper toutes ces marches. Je sais pas si j'aurai le courage de le refaire. » C’est parce que je suis une folle ça. « C’est parce que je veux avoir des fesses bien fermes tu vois. » dis je en plaisantant. Non mais c’est vrai que ça muscle le fessier mine de rien. « Tu verras, toi aussi tu reviendras tôt ou tard, j’en suis sure. » Elle me demande alors si j’ai une pièce pour le télescope. Héhé, oui. Je sors fièrement de ma poche la pièce. « Tadaaaaaam ! J’ai pensé à… » Oh non. Je mets ma main sur mon oreille. Je suis habituée aux acouphènes, mais là le sifflement dans mon oreille devient beaucoup plus intense. « …tout cette fois » Je sais ce que ce sifflement veut dire, mais je ne suis pas d’accord. Non non non non. Pourquoi ? Pas maintenant s’il vous plait. « Tiens, tu n’as qu’à regarder la vue…Je…Je vais m’asseoir moi » dis je en lui tendant la pièce. Je m’exécute donc, et m’assoie, contre le mur central. Vous croyez qu’elle a remarqué quelque chose ? Peut être qu'elle va penser que je suis juste fatiguée. Mouais. Je lui souris genre tout va bien, mais hm ce n'est pas le cas.

C'est haut ici mine de rien, on ne se rend pas bien compte. C'est surtout haut parce que l'on doit monter toutes ces marches. C'est très fatigant, et quand on est arrivé en haut on a simplement envie d'y rester assez longtemps pour voir nos efforts récompensés. Et puis la vue vaut le coup, on n'a pas envie de repartir de si tôt. C'est très agréable d'être ici, et ça vaut le coup de monter toutes ces marches pour avoir droit à une vue comme celle-là. Je ne suis pas seule bien longtemps puisque Sun-Hi vient me rejoindre. Enfin je crois que c'est elle, il ne me semble pas qu'il y ait une autre asiatique dans le jeu. Je peux me tromper, quand il s'agit de reconnaître les autres, j'ai plus souvent tort que raison, mais pour une fois je pense ne pas me tromper. Elle a l'air essoufflée, et je la comprends, il y a vraiment beaucoup de marches. Et elle a raison ils auraient pu faire l'effort d'installer un ascenseur. Ils devaient avoir leurs raisons après tout. «Ça c'est certain, il y a beaucoup trop de nourriture. » je lui réponds. On a de quoi se nourrir pendant au moins un mois je suis sûre. En tout cas je ne pense pas que ces escaliers sont là simplement parce que la production espérait nous voir souffrir. Quand même. «Oh non je ne pense pas qu'il soit sadique à ce point. » Ou bien je suis trop naïve, mais je ne l'ai jamais vraiment été. En tout cas elle raison la vue vaut vraiment le coup, mais je ne crois pas que j'y reviendrai, ou en tout cas pas avant longtemps, pas comme elle. Elle a bien du courage. «Tu sais je pense qu'il y a d'autres moyens pour se muscler les fesse. » Je lui souris, je sais bien qu'elle n'est pas sérieuse. Ou alors elle les veut vraiment ses fesses fermes, et puis bon elle n'est déjà pas très épaisse alors je ne pense pas que ça lui serve beaucoup. «Le plus tard sera le mieux. » je réponds quand elle me dit que je reviendrai sûrement. Oui sans doute, la vue est magnifique, mais il y a beaucoup trop de marches pour arriver jusqu'ici. Beaucoup trop. J'ai remarqué le télescope, mais je n'ai pas de pièce sur moi et je ne peux donc pas m'en servir, peut-être a-t-elle été plus prévoyante que moi. Elle en a une qu'elle me tend. Mais je vois bien qu'elle n'est pas bien. Elle s'assoit contre le mur et pendant quelques secondes je la regarde sans rien dire. Je devrais peut-être me bouger moi, parce que je ne pense pas que ce soit simplement dû à l'effort qu'elle vient de faire. «Et ça va ? Tu as besoin d'aide ? » J'oublie le télescope et je me rapproche d'elle pour la voir de plus près. Je ne comprends pas trop ce qui est en train de lui arriver. J'espère qu'elle va bien, que ce n'est rien de bien grave, mais je ne vais pas la laisser seule.

Il y a beaucoup de nourriture. C’est une bonne et mauvaise chose à la fois. Bonne, parce que c’est juste super de pouvoir se faire ce qu’on veut… Cuisine de bons petits plats. D’avoir plein de gâteaux, de bonbons, de chocolat à disposition…Moi qui suis une grande gourmande, je suis gatée. Mais en contrepartie c’est mauvais pour la ligne. Ne va pas falloir lésiner sur l’exercice physique si je ne veux pas me retrouver avec dix kilos en plus en sortant de cette aventure. « Pour quelqu’un de gourmande comme moi, c’est le mal ! » dis je en souriant. Puis j’évoque les intentions malveillantes de la production. «Oh non je ne pense pas qu'il soit sadique à ce point.» Quelle naïve. « Oh détrompe toi, ils le sont. Cela doit être amusant pour le public de nous voir galérer. » Il ne faut pas sous estimer le sadisme de la production. Prêt à tout tant que ça leur rapporte de l’audience. Je parle ensuite de muscler mes fesses, oui je raconte souvent n’importe quoi. Comme si mon but premier en venant ici c’est de muscler mon popotin. D’autant qu’il est déjà très bien comme il est. «Tu sais je pense qu'il y a d'autres moyens pour se muscler les fesses. » Oh bah c’est sur. « C’est certain, mais il faut bien trouver des points positifs à cette torture » Toujours positiver. Telle est ma devise. En tout cas j’essaie. Puis tout à coup, des signes alarmants me viennent. Le sifflement dans mes oreilles est le signe annonciateur de pire. Moi qui espérais que ma maladie me laisserait tranquille plusieurs semaines…Raté. Pourquoi faut-il que j’ai une crise, ici en plus ? Au sommet de cette tour ? Comment je vais redescendre maintenant ? Une certitude, ça ne sera pas avant plusieurs heures. A moins que ça ne soit une fausse alerte, mais j’en doute. Je m’assois, parce que c’est la chose à faire. Les vertiges ne vont pas tarder à arriver, alors c’est mieux. Evidemment Avalon se rend compte de mon changement d’attitude. Il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. « Oui, ça va, ne t’en fais pas… » Faudrait peut être que j’arrête de mentir non ? « C’est juste que…Je suis malade, et je vais bientôt avoir une crise je le sens mais…Ne t’inquiètes pas, j’ai l’habitude, ça me passera. Il faut juste que je reste là… » Et prier pour que ça soit une de mes crises « sympathiques », et pas les autres…

Depuis la semaine dernière je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a beaucoup trop de nourriture pour nous tous. Ce n'est pas bien, elle va se périmer avant que l'on ne puisse tout manger, et je n'aime pas le gaspillage. Je ne comprends pas comment on peut jeter autant d'argent par les fenêtres. Ils doivent en avoir tellement qu'ils doivent s'en moquer. C'est la seule chose qui me dérange dans l'idée d'avoir un supermarché pour nous, pour Sun-Hi le problème est visiblement qu'elle est trop gourmande. Je n'ai pas ce problème, je mange très peu. «Oh je suis sûre que tu n'as pas besoin de faire beaucoup de sport pour garder la ligne. » Oui elle m'a l'air d'être comme moi, de ces filles qui sont naturellement minces et qui ne grossissent pas beaucoup. Par exemple je sais que si j'avais l'appétit pour et que je mangeais un pot entier de pâte à tartiner, je ne prendrai pas un gramme. Quant à la production, je ne la pense pas aussi sadique qu'elle. Je n'en sais rien, ça c'est certain. Je hausse les épaules, je ne sais pas si elle a raison, peut-être, je crois que je préfère ne pas le savoir. De toute manière nous n'avons pas tellement le temps de trop parler, elle n'a pas l'air de se sentir tellement bien. Je ne comprends pas trop ce qui est en train de lui arriver. Peut-être subit-elle le contrecoup de l'effort qu'elle vient de faire, mais enfin ce ne sont que des marches. Je lui demande si elle va bien, si elle veut de l'aide. Elle est malade et ... Et elle va avoir une crise. Oh très bien, simplement je ne sais pas comment gérer ce genre de situations. Je m'accroupis face à elle pour être à sa hauteur. «Malade ... Mais quelle genre de maladie ? » Et quelle genre de crise aussi, je veux savoir à quoi m'attendre. Ça ne s'annonce pas bien. «Et tes crises ... elles sont comment ? Je peux vraiment rien faire pour toi ? » Je ne vais pas la regarder, sans rien faire non plus. J'espère juste que ce n'est pas trop grave.

La demoiselle déclare que je dois surement pas avoir besoin de beaucoup de sport pour garder la ligne. « Disons que je ne suis pas à plaindre, c’est vrai. Mais bon, je ne peux pas faire n’importe quoi non plus. » Certes, je ne suis pas de celles qui prennent du poids facilement, m’enfin je peux en prendre quand même. Si je passe mon temps à me gaver, sans faire le moindre exercice physique, vous pouvez être sur que ça va se voir au bout d’un moment. Puis c’est alors, que ma santé vient me rattraper. J’aurais dû m’en douter. Cela faisait des semaines qu’elle m’avait laissé plus ou moins tranquille, alors cela aurait été trop beau pour être vrai… On ne peut pas lui faire confiance, je lui avais pourtant demandé de partir en vacances le temps que je fasse l’emission. Mais non il avait fallu qu’elle rentre plus tôt. Elle ne sait pas se détendre trop longtemps. «Malade ... Mais quelle genre de maladie ? » me demande la jeune femme en s’accroupissant face à moi. « Une maladie qui affecte l’oreille interne, la maladie de Ménière, tu connais ? » Généralement les gens ne savent pas ce que c’est. Faut dire que ce n’est pas très connu. Quant on voit des spots à la télé, c’est toujours pour le dépistage de cancers et ce genre de choses. «Et tes crises ... elles sont comment ? Je peux vraiment rien faire pour toi ? » Je tourne la tête de gauche à droite, en mode négation. « Cela dépend des fois, mais généralement c’est maux de têtes, vertiges, parfois nausées, bourdonnement dans mes oreilles, parfois au point que je n’entende plus rien… Cela peut durer quelques minutes comme à plusieurs heures. Mais ne t’inquiètes pas, ça va me passer, faut juste que j’attende… » C’est très aléatoire. Tout ce que je sais, c’est qu’à chaque crise, ça endommage un peu plus mon oreille interne. Voilà, ça y est, je commence à voir la terre qui tourne. Et ce p’tain de sifllement dans mes oreilles, qui se transforme en bourdonnement, et m’agace de plus en plus. « Tu…tu peux juste me tenir compagnie ? » C’est la seule chose qu’elle peut faire. Et cela me toucherait.

Bon elle est malade ... très bien. Et elle va avoir une crise ... encore mieux. Je ne sais pas trop comment gérer la situation, je n'ai jamais été dans une telle position. J'espère simplement que sa maladie n'est pas trop grave, et qu'elle ne va pas se mettre à convulser devant moi. Auquel cas je serai paniquée. Je ne sais pas tellement comment me comporter face à ce qu'elle vient de me dire, je voudrais avoir l'air détendue. Je voudrais pouvoir l'aider aussi, si je peux faire quelque chose. Puis elle me parle de sa maladie. La maladie de Ménière. Jamais entendu parler. Il faut dire que je ne m'y connais pas tellement en maladies, ce n'est pas trop mon truc. C'est une maladie qui affecte l'oreille interne, elle me dit. Ah ... Bon je ne suis pas plus avancée que cela en fait. « Et ... A part des crises, elle provoque d'autres choses cette maladie ? » Je suis maladroite dans la façon de lui poser mes questions, je m'en rends compte. Je voulais simplement en savoir plus sur sa maladie, savoir quelles étaient les répercussions pour elle. J'espère qu'elle saura me comprendre. J'espère surtout que ses crises ne sont pas graves. Parce que pour moi dès que j'entends le mot 'crise' je ne peux pas m'empêcher de dire que c'est plus ou moins grave. Alors je m'accroupis face à elle, je lui demande ce qu'il va se passer pour elle. Vertiges, bourdonnements et parfois elle n'entend plus rien. Bien. « Tu ne vas pas t'évanouir alors ? Par contre je te préviens je ne parle pas le langage des signes. » J'essaie simplement de faire de l'humour. Ce n'est pas nécessairement drôle, je le sais. En tout cas il est vrai que si elle n'entend plus rien, je ne vais plus pouvoir lui parler. Enfin j'imagine qu'elle n'en aura pas forcément envie. « Et là ça te fait quoi ? » Je veux juste savoir ce qu'elle a pour le moment, peut-être simplement des maux de tête. J'en sais rien moi je suis pas dans son corps. Apparemment je ne peux rien faire pour elle, juste lui tenir compagnie. «Oui bien sûr. » je lui souris et je m'assois en tailleur. «Alors dis-moi, hum ... Sun-Hi c'est bien ça ? Tu peux parler ou tu veux que je parle ? Parce que je te préviens je suis pas douée pour faire la conversation. Ou je peux simplement me taire et rester là aussi. » Peut-être qu'elle se sent tellement mal pendant ses crises, qu'elle n'a pas envie de parler, pas la force. Je me renseigne, mais je ferais peut-être tout aussi bien de me taire.

« Et ... A part des crises, elle provoque d'autres choses cette maladie ? » Des emmerdes. « Perte progressive de l’ouïe. Je n’entends déjà plus de l’oreille gauche. » Ou alors, c’est juste des bourdonnements. Elle s’inquiète alors de savoir si je vais m’évanouir. Pourquoi, elle risque de paniquer si c’est le cas ? Elle m’informe alors qu’elle ne parle pas le langage des signes. En même temps, qui le parle ? A moins de souffrir soit même de surdité ou d’avoir quelqu’un dans son entourage qui en est atteint. « Naaan t’inquiètes, je ne vais pas m’évanouir…Normalement. » Que je rajoute. « Non je plaisante, c’est bon, ça devrait aller de ce côté-là » J’ai bien perdu connaissance une fois, mais c’est parce que je m’étais cogné la tête contre mon bureau. Mais comme la je suis assise, pas de risque que je me blesse. « Je parle le langage des signes, mais bon, ça risque d’être tendu pour t’apprendre en 5 minutes. » dis je en plaisantant. « De toute façon je sais lire sur les lèvres, rien ne m’échappe. » J’ai tout apprit. Faut bien me préparer à l’inévitable. Au moins ais je la chance de savoir ce qu’il va me tomber dessus. Ce n’est pas comme si du jour au lendemain, je me retrouvais sourde, sans avoir eu le temps de m’y faire ou quoi. Bien que j’ai beau le savoir, ce n’est pas pour autant que je me sois encore faite à l’idée. Même si en apparence j’ai l’air de le prendre assez bien. « Je commence à voir la Terre qui tourne là… » Ou alors c’est la tour en verre qui bouge, mais j’ai des doutes. C’est plus probable que ça vienne de moi. « Et…hm… » J’esquisse une légère grimace. Ce que c’est inssuportable ces acouphènes. Parfois je crois que je préfèrerais juste le silence complet. « Et oui c’est Sun-Hi » Elle s’assoie juste en face de moi. « Tu…Qu’est ce que tu disais ? » Ma capacité de concentration est limitée. « Je...Je crois que je vais juste fermer les yeux quelques instants. » dis je en reposant ma tête contre le mur, et du coup en fermant les yeux.