Je ne sais pas comment j'ai fait pour le perdre, d'habitude il ne me quitte jamais. Je tiens beaucoup à ce médaillon que m'a offert mon père. Je dois dire que je n'y tenais pas autant avant qu'il meure brutalement l'année dernière mais maintenant je le chéris. Si je ne le porte pas autour de mon cou, je l'ai toujours dans ma poche. Et voilà plus d'une dizaine de minutes que je suis à sa recherche, depuis que je me suis rendue compte qu'il n'était plus dans la poche de mon jean. Je suis pourtant certaine qu'il y était ce matin. Et ça commence à me faire paniquer, parce qu'il a pu tomber de ma poche et ici c'est tellement grand que je ne sais pas par où commencer à chercher. J'ai retourné le lit sans succès, et il n'est pas non plus dans la salle de bain. Je l'ai peut-être laissé dans le salon ce matin, je l'espère vraiment sinon je vais commencer par perdre tout espoir de le retrouver. Rapidement je prends la direction du salon. Très grand, blond, c'est Sully qui se trouve déjà là. Je m'approche de lui et je lui dis : « Dis-moi tu n'aurais pas trouvé un médaillon en argent avec ... Enfin je ne le trouve plus, je crois que je l'ai laissé ici ce matin. » Avec une photo de moi et une autre de mon père à l'intérieur. C'est niais, c'est terriblement niais je n'ai pas envie qu'il sache ce qu'il y a dedans. Quoi que s'il l'a trouvé il a eu tout le loisir de regarder ce qu'il y avait à l'intérieur. Toujours est-il que j'espère vraiment qu'il a mis la main dessus. Peut-être vient-il aussi simplement d'arriver, je n'en sais rien. Et peut-être qu'il s'en fiche aussi, mais moi j'ai vraiment besoin de retrouver ce médaillon. Il est très important pour moi.

D'ordinaire je l'ai toujours avec moi, je m'arrange pour ne jamais le perdre. Le soir je le pose sur ma table de nuit, et il ne me quitte plus le restant de la journée. Et j'ai bien du mal à comprendre où a pu passer ce médaillon. Je crois que ça va me pousser à le mettre à mon cou tout le temps. Je ne devrais pas le laisser dans ma poche, c'est pour ça que je l'ai perdu aujourd'hui. Et je suis paniquée, déjà parce que je déteste perdre mes affaires, mais encore plus quand ce sont des objets auxquels je tiens comme ce médaillon. J'y tiens plus qu'à ma voiture, ou enfin presque. C'est l'un des rares cadeaux que m'a fait mon père, on ne s'en faisait pas beaucoup. Je n'y avais jamais réellement porté beaucoup d'attention quand il était encore vivant, mais depuis qu'il est mort il a une autre signification pour moi. Je ne peux pas me dire que je l'ai simplement perdu et faire une croix dessus, il est devenu trop important pour moi. Je commence à paniquer lorsque je ne le trouve ni dans la chambre ni dans la salle de bain. Je ne vois pas un million d'endroits où il pourrait être. Il me semble l'avoir vu pour la dernière fois à midi dans le salon. Depuis il faut dire que je ne m'en suis pas tellement préoccupé. Je reviens dans le salon, je suis persuadée qu'il est là. En réalité j'ai très envie qu'il soit là pour ne pas avoir à fouiller tous les recoins du nid, ce qui me prendrait des semaines. En entrant, je tombe sur Sully, ou enfin j'espère que c'est bien lui, et je lui demande s'il n'a pas vu mon médaillon. Et non, il ne l'a pas vu. Je grimace. Il vient simplement d'arriver, ah, bon tout n'est pas perdu alors. Si je suis sûre ? Oh ça je n'en sais rien non. « Non je ne sais pas où je l'ai perdu, c'est bien ça le problème. Mais je l'ai vu ici pour la dernière fois. » J'ai l'impression d'être en train de faire un caprice, mais j'ai vraiment besoin de le retrouver. Je me dirige vers l'un des deux canapés, et je commence à retourner les coussins, je cherche partout où je peux. « Dis, est-ce que tu pourrais regarder dans l'autre canapé s'il te plaît ? » Je ne l'oblige à rien, simplement si nous nous y mettions à deux, et bien ce serait plus efficace. Enfin plus efficace pour moi, parce qu'au final lui n'a rien à y gagner, mais j'espère que ça ne le dérange pas. « Je suis désolée de t'embêter avec ça, mais il est très important pour moi. Et j'ai pas envie de me dire que je le retrouverai plus jamais. » Oui j'espère que je ne l'embête pas, après je ne lui demanderai plus rien.

Je ne peux pas me permettre de le perdre, il ne m'offrira pas de deuxième médaillon. Il n'en aura jamais la possibilité parce qu'il n'est plus de ce monde aujourd'hui. C'est sans doute ce qui me chagrine le plus quand je pense que je l'ai peut-être perdu. Et je n'arrive pas à me faire à cette éventualité, je vais bien finir par le retrouver quelque part. Il ne peut pas être perdu à tout jamais, non ce n'est pas possible. De toute manière s'il le faut je passerai ma semaine à le chercher, mais je ne repartirai pas de ce jeu sans. C'est sans doute stupide d'être aussi attachée à un simple collier. C'est purement symbolique, je devrais plutôt me rattacher aux souvenirs que je garde de mon père plutôt qu'à ce médaillon, mais je n'arrive pas à me défaire de l'importance que j'y accorde. Je ne sais même pas où j'ai pu le perdre, dans le salon je crois. Je n'en suis même pas certaine. Je l'ai simplement vu ici pour la dernière fois, dans ma poche certes. J'imagine et j'espère qu'il a dû tomber ici. Sully en tout cas ne l'a pas vu. Pour le moment, il doit bien être quelque part. Il me dit qu'on va bien finir par le trouver, et je le remercie d'un sourire. Il ne me pose pas trop de questions pour le moment, je lui en suis reconnaissante. Je suis trop inquiète pour lui expliquer quoi que ce soit. Je lui demande s'il peut chercher sur un canapé pendant que je fouille l'autre. J'espère ne pas l'embêter, je ne le voudrais pas. Et si c'est le cas il peut m'envoyer balader je ne lui en voudrais pas. « Merci beaucoup, c'est gentil parce que je m'en voudrais terriblement si jamais je l'avais perdu. » Et ce n'est même pas envisageable pour moi. Je ne peux pas l'avoir égaré. Il n'est en tout cas pas sur ce canapé, ni dans celui que Sully vient de fouiller. Hum ... Ça s'annonce plus compliqué que prévu. « Oui j'imagine qu'il y a encore d'autres endroits ... » La vérité c'est que je commence à perdre espoir, parce que s'il n'est pas caché dans l'un des canapés, il n'est vraisemblablement pas dans le salon, ni dans la chambre, la cuisine ou la salle de bain. Et ça ne s'annonce pas bien. Puis il me propose de soulever les canapés pour regarder en dessous. « Tu pourrais faire ça tu crois ? Ce n'est pas trop lourd ? » Beaucoup trop lourd pour moi en tout cas. Mais enfin il ne s'agit pas non plus de le déplacer, simplement le soulever de quelques centimètres pour que je puisse regarder quelques instants. Enfin puisqu'il propose, je ne me vois pas refuser, je m'en voudrais ne pas avoir regardé partout. Je m'accroupis alors devant le canapé et j'attends qu'il le soulève légèrement pour jeter un coup d’œil. Je vois quelque chose briller, je m'en saisis. « Ouf il est là. » je dis véritablement soulagée lorsque je constate qu'il s'agit bien de mon médaillon. Je le porte aussitôt à mon cœur, et quand je vois que Sully a vu ce geste, je me mets à rougir. Je ne fais pas ça d'ordinaire. Je me relève, et je lui souris. « Merci. Tu pourrais me l'attacher s'il te plaît, je veux être certaine de ne plus le perdre pour la journée. » Comme ça au moins je suis certaine de ne plus embêter personne avec mes histoires de médaillon.

J'ai peur que Sully me trouve ridicule avec cette histoire de médaillon, j'ai un peu peur de l'embêter aussi je dois l'avouer. Ce médaillon il a une vraie valeur sentimentale, mais c'est purement symbolique. Je ne devrais peut-être pas y être autant attachée. Je me dis qu'avec le temps je vais finir par y prêter moins d'importance, j'ai perdu mon père il y a simplement un, c'est encore douloureux, j'ai encore le cœur à vif. Alors pour le moment il est inconcevable que je le perde, ce serait difficile. Je ne crois pourtant pas que Sully se moque de moi, il a l'air compréhensif. Et je lui en suis reconnaissante. Il ne pose pas non plus trop de questions, je ne suis pas en mesure de lui répondre pour le moment. D'ailleurs je ne suis pas certaine de pouvoir en parler longuement. Je ne parle pas beaucoup de moi, c'est comme ça. Il me dit qu'on va le retrouver. Je lui souris, je suis contente qu'il soit là pour m'aider. Toute seule je finis vite par céder à la panique, je ne sais plus où j'ai déjà regardé. Mais je commence à perdre peu à peu espoir quand je me rends compte qu'il n'est dans aucun des deux canapés. J'avais vraiment espéré qu'il avait pu glisser dans l'un des deux, ou peut-être même sous un coussin. Et quand je me rends compte de toute la surface qu'il y a encore à fouiller, je suis découragée. Je ne vais pas lâcher l'affaire pour autant, ça me prendra peut-être des semaines mais je m'en moque, je ne sortirai pas d'ici sans avoir mis la main sur ce médaillon. Sully me propose de soulever les canapés pour que je puisse regarder en dessous. Je ne sais pas, ils ont l'air lourds et je ne voudrais pas qu'il se blesse par ma faute. Mais je me dis qu'il est musclé, il me dit d'ailleurs que ce n'est pas un canapé qui va l'impressionner. Je joins mon rire au sien pendant quelques secondes. « Ne t'en fais pas je ne pense pas avoir besoin d'un quart d'heure pour regarder sous un canapé. » Je lui souris avant de me mettre par terre pour regarder sous ce canapé, je ne vais pas le faire travailler pour rien. Un objet brillant attire mon attention, et je l'attrape. C'est mon médaillon, je suis soulagée. Je le porte à mon cœur quelques secondes avant de me mettre à rougir. Il ne fait aucun commentaire heureusement. Je lui demande de me l'attacher autour de cou, je ne voudrais pas le perdre une nouvelle fois. « Merci. Je l'espère en tout cas. Et si je le perds sous la machine à laver je peux compter sur toi pour venir la soulever aussi ? » Je suis plus détendue maintenant que je l'ai retrouvé. Je lui souris, et je porte la main sur le médaillon une fois qu'il est attaché, pour m'assurer qu'il est bien là. Il me demande si c'est un cadeau. Je lui dois bien une explication maintenant j'imagine. « Oui c'est un cadeau de mon père. Il est ... mort l'année dernière. » Je baisse les yeux, je ne sais plus trop quoi lui dire maintenant. J'aimerais bien changer de sujet, mais je ne sais pas tellement quoi dire.

Je suis contente d'avoir finalement mis la main sur ce médaillon, même si je ne l'aurais certainement pas retrouvé sans l'aide de Sully. Parce que je n'aurais pas eu l'idée certainement, et que je n'aurais pas pu déplacer le canapé par moi-même. Je lui en étais très reconnaissante, je pense qu'il avait pu comprendre que ce médaillon avait beaucoup d'importance à mes yeux. Beaucoup plus que ce qu'il ne devrait en avoir réellement. C'était un cadeau, un simple cadeau auquel je n'ai jamais réellement tenu avant que mon père ne meure. C'était stupide, mais j'étais contente de le tenir dans mes mains maintenant, j'étais contente de toujours avoir ce souvenir de lui. Même si j'en avais plein d'autre, je tenais à celui-ci tout particulièrement. Je me demandais simplement comment il avait fait pour atterrir sous ce canapé. Enfin ce n'était pas tellement important, je l'avais retrouvé maintenant on s'en moquait bien. Pour ne plus le perdre j'avais demandé à Sully de me l'attacher autour du cou, au moins j'étais certaine de ne plus le perdre. J'étais plus détendue désormais, maintenant que je savais que le médaillon n'était pas perdu à jamais. J'avais retrouvé le sourire, et je me permettais même de plaisanter. Enfin légèrement, je ne suis pas particulièrement drôle. « Oh le bateau pirate aussi ? Tu es drôlement plus musclé que ce qu'il n'y paraît alors. » je dis en touchant son bras droit. On voyait tout de même qu'il était musclé, bien sûr, qu'il ne se détrompe pas. Simplement pour soulever le bateau pirate, il fallait bien mesurer trois mètres et peser trois-cent kilos de muscles. Au moins. Pour ce que j'en sais moi. Puis il me parle de ce médaillon, de son origine. Je ne suis pas certaine d'avoir envie d'en parler. Je n'en ai pas tellement envie, mais puisqu'il s'est montré si compréhensif et que sans lui je n'aurai jamais retrouvé le médaillon, je peux faire un effort. C'est juste une phrase, une simple phrase, après le sujet sera clos. « C'est pas grave, tu ne pouvais pas savoir. » Oui il n'avait aucun moyen de le savoir, je ne lui en voulais pas. De toute manière je ne pouvais pas refuser d'en parler éternellement. « Non je n'ai pas très envie d'en parler, c'est encore trop récent. » Oui un an c'était trop récent pour moi, c'était encore trop douloureux. Sully lui n'y était vraiment pour rien. Il me propose de regarder un film. « D'accord, mais que si c'est un des tiens alors. Je refuse catégoriquement de voir un film d'un moins bon réalisateur que toi. » Je lui souris, le sujet est clos maintenant, ce n'est pas grave.