J'ai envoyé Johnny dans les toilettes. Sans le moindre scrupules. Enfin maintenant j'en ai un peu, pas parce qu'il est dans les chiottes. Non en fait ça je m'en fous. Il aime bien être seul alors c'est pas trop un problème. Ça devrait même l'arranger. Ce qui m'inquiète c'est surtout que les autres ne peuvent pas trop le blairer. Alors j'ai pas trop envie d'être responsable de sa mort. J'ai un coeur voyez vous. Je n'ai pas envie qu'il meurt de faim, de soif, ou avalé par la cuvette tueuse de candidats de télé réalité. En tout cas ça me perturbe à un point que je ne dors pas. Putain mais c'est grave quand même. J'suis sûre qu'il aurait moins de considération, non même que c'est certain. Malgré ce que Odessa a dit, je le sais moi quand même. C'est normal, je pratique plus le spécimen qu'elle. En tout cas j'ai décidé d'être gentille. J'ai trouvé un panier pique-nique. Je l'ai remplie de bouffe, des trucs de secours, qui n'ont pas besoin de se garder au frais, des chips, des oreos, des conneries du genre. Des paquets de clopes aussi. Beaucoup. De l'alcool aussi. Et des boissons non alcoolisés. Il est aux chiottes alors bon il pourra gerber si besoin mais quand même. J'ai pris du déo aussi. Je me demande comment il va se laver d'ailleurs. Avec les lavabos sans doute. Oui évidemment pas dans la cuvette des chiottes. Du coup je prend ce qu'il faut. J'sais pas trop s'il avait le droit de prendre des fringues alors j'en prends des propres tout ça. Autant dire que je suis chargée comme un boeuf. Même que je prends des couvertures, un oreiller et une sorte de tapis pour le sol pour que ce soit moins crade et moins dur. Je fais plusieurs voyages parce que je ne suis pas non plus un sur-homme. Déjà j'suis une nana alors bon ça limite. Bon, j'ai tout je crois. Je cogne à la porte. Normal. Sauf que je n'attends pas qu'il m'ouvre. « Johnny, c'est moi. Oh c'est sympa chez toi ! » je me marre toute seule. « Et merde. T'es pas entrain de te laver, dommage, j'aurais pu t'aider je peux d'ailleurs. » Oh oui, je peux. Je suis doué pour ça. Il n'y a pas de douche en plus, ce sera moins pratique et tout. Je lui tends le panier. « Premier secours. Je veillerez à t'apporter tes repas. On va dire qu'on prolonge d'une semaine, ça me fait plaisir t'inquiète pas. Oh et viens m'aider, j'ai piqué un matelas dans le hangar, je ne sais pas ce qu'il foutait là. » J'suis trop bonne comme meuf, trop bonne. Je sors parce que lui ne peut pas et je lui file le tout. Bon allez hop, c'est bon. On a tout. Heureusement qu'ils sont grands ces chiottes. Bah bon voilà, je peux me casser maintenant. Quoi que non. Je le regarde un moment, je regarde mon bordel. Je me regarde à travers le miroir. Et là, ça me frappe. Il est cinq heures du mat, j'ai pas dormi par contre je suis allée lui faire des courses et tout. « Oh putain, t'avais raison, j'suis amoureuse de toi...» Bah oui c'est obligé. Pourquoi j'aurais agis comme ça sinon ? Merde. C'est grave ? Non non c'est rien. C'est enfin si non. Non mais n'importe quoi. Je hausse les épaules. « Bon et sinon on le fout où ton matelas ? J'vais pas rester debout toute la journée. » Toute la journée, oui oui. Enfin non, j'vais pas rester là toute la journée. J'veux juste qu'il le pense. Enfin non, mais si. Allez, au moins deux bonnes secondes.

Tu te retrouvais là, coincé dans ces toilettes à cause d’elle. Monroe. Et ça te faisait drôlement chier. Bien que tu n’aies pas de problèmes avec le fait de rester seul, tu ne supportais pas le fait de rester enfermer trop longtemps dans un seul endroit. Tu détestais ça, même. Ça te rappelait l’Afghanistan. Bref, autant dire que t’avais bien envie de l’égorger, la Marilyn. Une semaine, c’était vraiment long. Mais tu survivrais. Peut-être. En tout cas, tu restais en colère. Tu avais dû dormir en tout et pour tout seulement deux heures dans la nuit, ayant un sommeil beaucoup trop agité pour te reposer comme il se doit. Alors t’étais là, assis par terre, adossé contre une des portes des chiottes, à jouer avec ton briquet. T’avais clairement rien de mieux à faire, là, enfermé dans les toilettes. Il allait falloir que tu t’occupes pendant une semaine. 7 jours entiers. Sans parler que tu étais quelqu’un qui ne dormait presque jamais, alors tu ne pouvais même pas faire passer le temps en dormant. Tu allais définitivement t’ennuyer. A cause d’une petite peste qui voulait faire la maline. Clairement, t’avais pas apprécié. Même si, sans mentir, à sa place, tu aurais fait exactement la même chose. Ca toque à la porte des toilettes. Puis la porte s’ouvre. Monroe. Tiens, justement, t’étais en train de penser à la manière dont tu allais l’assassiner. «Johnny, c'est moi. Oh c'est sympa chez toi ! » Hilarant. Vraiment. Très drôle. Tu te contentes de lui lancer un regard noir. Un de ces vrais regards noir. Tu ne prends même pas la peine de te lever ou quoi que ce soit. T’es toujours assis par terre. « Et merde. T'es pas entrain de te laver, dommage, j'aurais pu t'aider je peux d'ailleurs. » Tu lèves les yeux aux ciels, cette fois-ci. C’est fou comme toutes tes émotions passent par les yeux, chez toi. Tu ne fais même pas exprès, c’est naturel. Tout passe par tes yeux. Bref. « Je m’en passerai volontiers. » déclares-tu assez sèchement. Tu n’allais pas être gentil avec elle vu ce qu’elle avait fait. M’enfin, même si elle n’avait pas fait ça, tu ne serais pas gentil. Mais qu’importe, là c’était pire. Elle te tend ensuite un panier, et tes sourcils se froncent. Tu attrapes le dis panier et regarde à l’intérieur tandis qu’elle t’adresse à nouveau la parole. C’est impossible pour elle de ne pas parler, de toute manière. « Premier secours. Je veillerez à t'apporter tes repas. On va dire qu'on prolonge d'une semaine, ça me fait plaisir t'inquiète pas. Oh et viens m'aider, j'ai piqué un matelas dans le hangar, je ne sais pas ce qu'il foutait là. » Comme si t’allait t’inquiéter si ça lui faisait plaisir ou non. Ce qu’elle était gentille, la Monroe. Ou pas. Après tout, c’était de sa faute si t’étais ici, il fallait bien qu’elle se rattrape. Même si ça ne changeait rien à tes yeux. Tu te sers dans le panier pour prendre un paquet de cigarette, et t’en profites pour t’en allumer une. « Quelle gentillesse. » répliques-tu, naturellement ironique et moqueur. Tu ne l’aides pas, tu ne te lèves même pas lorsqu’elle va chercher le dit matelas. De toute manière, tu ne t’en servirais sûrement pas. Mais elle le ramène quand même, ce matelas. Et tu te retrouves obligé de te lever, la clope au bec, pour pas que cette merde aille n’importe où. Bref, ça ne te frappe même pas à l’esprit de te demander ce qu’elle fou là en plein milieu de la nuit. En fait, tu sais même pas l’heure qu’il est, t’as pas ta montre ni rien, mais tu sais que ce n’est pas la journée. « Oh putain, t'avais raison, j'suis amoureuse de toi...» Bah tiens. Etonnant. Tu hausses les épaules tout en tirant le matelas vers le fond des chiottes. « Ça te passera. Ça passe toujours. » dis-tu tout simplement. Ouais, dans trois jours elle aura oublié jusqu’à ton prénom. Enfin, même si tu savais bien qu’elle blaguait. Du moins, tu le supposais. Même t’étais pas vraiment apte à rire, comme mec. Donc bon. « Bon et sinon on le fout où ton matelas ? J'vais pas rester debout toute la journée. » T’as déjà commencé à tirer le matelas de toute manière, et tu le cales au fond. « J’ai pas besoin de toi. J’vais pas te laisser te réjouir de ce que tu as fait. » T’enfermer ici, en gros. Tu lui en voulais. Vraiment. Donc t’avais pas besoin d’elle. Pas pour placer le matelas, ni rien. C’était ça, tes remerciements. Enfin, tu ne l’avais pas remercié, justement. Et tu ne le ferais très probablement jamais. Tu finis par t’asseoir sur le matelas, tout en tirant une latte de ta cigarette. « Si tu veux te rendre utile, ramène-moi mon sac de frappe et mes gants. » Ce n’était pas ton sac de frappe, ni tes gants en soi, mais t’étais sûrement le seul qui te servait de ce matériel dans le nid. Tu ne passais pas une seule journée sans passer quelques heures dans la salle de sport pour faire de la boxe. Tu ne pouvais pas t’en passer, et ce depuis quelques mois. Et maintenant, tu allais devoir faire sans pendant une semaine. Tu n’avais plus rien pour te canaliser. L’horreur.

Bon, c'est vrai que déjà à la base c'est pas le mec le plus drôle et le plus aimable de la Terre mais là. Son regard il n'a rien d'avenant quand je rente, c'est pas un de ces regards qu'il me lance quand je le fais chier. Il a l'air vraiment en colère. Bouh, ça fait froid dans le dos. Mais ça ne m'empêche pas vraiment de rentrer. Je m'en fous de son regard ou de sa colère. Il n'aurait eu aucune pitié de m'envoyer ici. Sauf qu'à la différence de moi, j'pense qu'il ne serait pas levé en plein milieu de la nuit pour m'apporter toutes ces choses. Choses dont il n'en aura sans doute rien à faire sur le coup mais qu'il appréciera sans doute le moment venu. Bon évidemment, il m'envoie chier quand je plaisante au sujet du fait qu'il ne s'est pas levé. « Je m’en passerai volontiers. » Je lève les yeux au ciel. « C'est ce que tu disais aussi la dernière fois. » Sauf qu'il me semble qu'il avait plutôt apprécié ma petite intervention, moi nettement la fin mais ce n'est pas si grave, j'suis pas rancunière. Enfin si peut être un peu au fond sur ce genre de choses mais on s'en fout un peu. Je lui donne le petit butin que j'ai récolter tout pour lui. A fond, il peut s'estimer chanceux parce que j'en aurais sans doute pas fait la moitié si c'était pour une autre personne. Peut être aussi parce que je sais que les autres auraient sans doute fait preuve de gentillesse pour un autre. Le grand méchant Sandro. Bouh. « Quelle gentillesse. » Je souris. C'est fou parce que plus il est chiant et sec et plus j'ai envie de rire et d'être joyeuse. Pour compenser vous voyez. Evidemment que je suis gentille, il devrait être plus reconnaissant au lieu de faire la gueule là et bouder dans son coin. Bon j'aurais dû le laisser dehors ce putain de matelas, je m'emmerde à tout rapporter et il bouge même pas son cul. Il reste assis sur le sol. Je vous jure. Mais ça ne m'arrête pas. Il m'en faut plus. Et puis de toute façon il se lève. Alléluia. Cette clope dans sa bouche, elle me nargue, elle m'appelle et ce serait super simple de la lui voler parce que il a les mains occupées et que j'aime bien être punie. Enfin non j'aime pas, mais j'aime bien avoir cette épée de Damoclès au dessus de la tête je crois. Mais je me retiens, pour le moment. En plus je fais un constat flagrant sur ma vie. Un truc qui me frappe de plein fouet et ça fait mal. Je suis amoureuse de lui. C'est obligé, quoi d'autre ? Il hausse les épaules, ça me fait sourire. Je n'en attendais pas moins. « Ça te passera. Ça passe toujours. » Un léger rire s'échappe de mes lèvres. « Peut être pas... Tu sais les sentiments c'est fourbe. » Ah bah oui, il a cru que j'étais comme toutes les autres ? Qu'il suffisait d'une baguette magique pour que ces sentiments s'évaporent ? Ça ne marche pas comme ça, ce serait trop simple. « J’ai pas besoin de toi. J’vais pas te laisser te réjouir de ce que tu as fait. » Je le toise légèrement. Il est sérieux ? Non mais vraiment ? « Sauf que j'vais rester. Tu ne vas pas faire la gueule pour ça. Déride toi, t'aurais fait pareil alors la joue pas gros con en colère, ça ne changera rien... » Je suis assez sèche pour une fois. J'attends pas de merci, je sais que j'en aurais pas. Mais bon j'suis là, j'ai pas été faire les courses pour que dalle. « Si tu veux te rendre utile, ramène-moi mon sac de frappe et mes gants. » Et ce sera tout ? Non mais honnêtement. « S'il te plait ?» Je souris et me laisse tomber sur ce matelas, à ses côtés. Bah oui, j'ai dit que je n'allais pas rester debout alors je m'assoies, c'est normal. Je le fixe un moment en silence. De toute façon c'est pas comme si j'allais accourir dans la salle de sport pour soulever un truc que je n'arriverais pas à traîner. « Tu ne voudrais pas qu'on baise plutôt ? Le sexe ça apaise les tensions et t'as l'air tellement tendu, faut te calmer tu vas claquer avant la fin de la semaine... » Quoi qu'il veut mourir jeune alors au bout du coup ça devrait l'arranger.

« C'est ce que tu disais aussi la dernière fois. » Bah oui, c’est sûr, c’était avant qu’elle commence à te chauffer et tout faire pour que tu craques. Elle avait plutôt réussi, il faut dire. M’enfin. Tu lèves tout de même les yeux au ciel. « C’était la partie où tu ne me lavais pas qui était intéressante. » Autant dire que non, tu ne voulais pas qu’elle te lave. Tu ne savais même pas pourquoi tu l’avais laissé faire. Bon, t’avoue, au fond de toi, t’aimais bien quand elle te touchait comme ça. Mais tu le garderais pour toi. Elle te donne ensuite le panier où elle a recueilli plusieurs choses pour toi. T’avais l’intention d’être un putain d’assisté du coup, et ça ne te plaisait pas plus que ça. C’est pour ça que tout naturellement, tu ne la remercies pas. Et puis en plus, elle sourit, comme si ça lui plaisait que tu la rembarres et que tu sois désagréable. C’était surement la première personne que tu voyais qui te souriais comme alors que tu parlais aussi mal. Du jamais vu. Bref, une fois ta clope dans la bouche, tu bouges pour prendre le matelas. A part ça, elle est amoureuse de toi, c’est évident. Ou pas. « Peut être pas... Tu sais les sentiments c'est fourbe. » Bien sûr. Tu ne savais pas trop, elle avait peut-être raison. Ton regard se pose sur elle. Au fond, t’espérais pour elle qu’elle ne tomberait pas vraiment amoureuse de toi. Enfin, en soit, t’en avais rien à foutre, mais bon… « Bon bah tant pis pour toi.. J’t’aurai prévenu » Ouais, en plus c’était vrai. M’enfin. Y’avait des personnes comme ça, qui tombaient amoureux à chaque coin de rue. Ce n’était pas ton cas. Peut-être que dans ta vie, tu avais aimé deux fois. Ou juste une. Et bien sûr, ça c’était fini mal. Très mal. Comme toujours quand t’es dans l’histoire. « Sauf que j'vais rester. Tu ne vas pas faire la gueule pour ça. Déride toi, t'aurais fait pareil alors la joue pas gros con en colère, ça ne changera rien... » Elle a décidé de se rebeller, apparemment. Si bien que tu arques un sourcil, tout en tirant sur ta clope. Tu ne comprenais pas, tu ne la comprenais pas. Plus tu la repoussais, plus elle s’accrochait. Ce n’était pas logique. Peut-être qu’il fallait que tu abandonnes l’idée de la jarter, et de cette manière, elle se lasserait de toi, et te laisserait vraiment tranquille. « Oh, excuse-moi, princesse, de ne pas être content de me retrouver une semaine dans un endroit où les gens viennent pour chier ! » que tu répliques, montrant bien que tu étais effectivement en colère. Il t’en fallait peu pour l’être, de toute manière. T’étais colérique, c’était connu. Tu t’installes sur le matelas. Ton matelas à toi pour une semaine. Grace à elle. « S'il te plait ?» Mais oui bien sûr, il manquerait plus que tu sois poli. « Il me semble pas t’avoir demandé si ça te plaisait. » Effectivement, c’était la signification de « s’il te plaît », au fond. Bref. T’es toujours aussi sec. Elle s’installe à son tour sur le matelas. Sans que tu l’aies autorisé à le faire. T’en déduis que tu n’auras pas tes gants de boxe ni ton sac de frappe. Une semaine sans taper sur quelque chose, ça allait définitivement être compliqué pour toi. Déjà qu’en le faisant, tu étais très souvent sur les nerfs, cette fois-ci ça allait être pire. Tu serais sûrement plus agressif que la norme. Tu continues de fumer ta cigarette, et tu attrapes une bouteilles de whiskey qu’il y a dans le panier. Tu te fiches pas mal de l’heure qu’il est. Tu l’ouvres et bois une gorgée, étant adossé contre le mur, les jambes pliés, assis sur le fameux matelas. « Tu ne voudrais pas qu'on baise plutôt ? Le sexe ça apaise les tensions et t'as l'air tellement tendu, faut te calmer tu vas claquer avant la fin de la semaine... » Ah ? Et elle s’attendait à quoi ? Qu’après ces paroles, tu lui arraches sauvagement ses vêtements pour lui faire sauvagement l’amour ? En fait, t’en serais franchement capable, c’était bien ton genre. Mais là, t’étais en colère, donc pas vraiment d’humeur. Et vous étiez dans des toilettes. Ces deux facteurs faisaient que ce n’était pas vraiment un moment propice pour copuler. « J’sais bien que tu arrêtes pas d’y penser depuis la dernière fois, mais j’ai assez de fierté pour ne pas baiser dans des chiottes. » Dans une boîte de striptease, ok. Sous une douche, ok. Dans une cage d’escalier ou d’ascenseur, pas de problème. Mais pas dans des toilettes. Tu trouvais ça franchement dégoûtant. Des gens venaient faire la grosse commission ici, bordel. Et sur ces belles paroles, tu bois de nouveau. Il était pas content le Sandro.

« C’était la partie où tu ne me lavais pas qui était intéressante. » Ah bah voilà, on y vient. Bon, j'avais un peu de deviné mais ça fait plaisir de l'entendre de sa bouche. Non mais vraiment. En même temps ce serait bizarre qu'il n'aime pas ça. C'est pas pour me vanter mais bon, sauf s'il est gay il n'y a pas de raison qu'il ne finisse pas par aimer. « Tu vois que t'aimes quand je te touche ... » Bah ouais, il ne pouvait plus le nier. Maintenant tout le monde l'a entendu - non personne en fait - et les caméras en sont témoins - toujours pas non plus. Mais moi je le sais c'est déjà bien suffisant. Il aime comme je le touche et voilà. Je crois que je l'agace avec mes choses. J'crois que je l'agace encore plus avec mes sourires. Mais j'vais pas me vexer, faire la gueule et claquer la porte. C'est pas comme si j'avais pas l'habitude d'être traitée comme une sous-merde avec lui. Si je l'ai fait c'est juste parce que j'pense que personne ne le fera. Et c'est triste. Enfin peut être que je me plante, peut être qu'on vient le nourrir et tout. J'en sais rien. Et puis c'est de ma faute s'il est là alors bon, c'est normal que je prenne mes responsabilités. J'en conclus ensuite que je suis amoureuse de lui. C'est tellement flagrant, tellement évident. C'est comme ça, on ne peut pas luter contre les sentiments, c'est ce que je lui dis. « Bon bah tant pis pour toi.. J’t’aurai prévenu » J'ai l'impression qu'il essaye de savoir si c'est vrai ou non. Il peut continuer à me regarder, il ne le saura pas. Peut être bien que je le suis, ou peut être que c'est faux. Qui sait. « Dis pas ça, ça va finir par te tomber dessus et tu ne vas rien comprendre... » Je dis dans un sourire presque, malsain, ouais c'est ça malsain. Je caresse sa joue en une fraction de seconde, pas longtemps je retire ma main presque aussitôt qu'elle a effleuré sa peau, manquerait plus qu'il me bouffe le doigt, ou qu'il me crame avec sa clope tiens, cet espère ce de sauvage. Il m'agace fortement alors je hausse la voix, mon regard est un peu plus dur, mais il m'emmerde à faire son casse couille là, peut être qu'il arrive à berner tout le monde, peut être que ça fonctionne sur les autres, pas sur moi. Il a l'air, j'sais pas en tout cas, il bref... « Oh, excuse-moi, princesse, de ne pas être content de me retrouver une semaine dans un endroit où les gens viennent pour chier ! » Ouais c'est sûr que dit comme ça, ça craint. Mais bon, j'y peux rien moi. Ils auraient pu choisir j'sais pas moi, le supermarché, mais c'était les chiottes et évidemment c'était pour lui. J'aurais envoyé n'importe qui là dedans de toute façon. Même ma propre mère si c'était pour gagner ce jeu. « Princesse, c'est nouveau ? Arrête de faire ta fillette cinq minutes. Y'a pas mort d'homme hein. Je te proposerais bien de rester là pour te prouver que j'ai plus de tolérance que toi, mais tu vas croire que je ne peux pas vivre sans toi ! » Ce qui pour le coup était faux. Non, mais sérieusement, il va continuer encore longtemps son cana nerveux ? Oh tiens c'est drôle ça. Bon c'est marrant parce qu'il a l'air de ne pas apprécier mes petits cadeaux mais il veut que je lui rapporte un truc qui fait deux fois mon poids et des gants. « Il me semble pas t’avoir demandé si ça te plaisait. » Je lève les yeux au ciel. Non mais genre. Il se rappelle qu'il est enfermé dans ces chiottes et que la seule personne susceptible de lui ramener ces trucs pour l'instant c'est moi ou ? « Il me semble que tu vas devoir t'en passer alors... » Bah ouais c'est comme ça que ça fonctionne. Puis bon ça va, j'vais lui rapporter ces trucs, quand j'aurais réussi à soudoyer un mec de m'aider à les tirer jusque là. Je m'assieds du coup, comme pour bien lui prouver qu'il n'aurait pas ce qu'il demande, pas toute suite en tout cas. Il sort une bouteille du panier, encore un truc qu'il n'aurait pas eu sans moi. « Il est cinq heures du matin ... » Certes j'suis pas la mieux placée pour faire une remarque mais bon, c'est juste au cas où il n'avait pas supposé. Peut être il sait rien en fait. Je le regarde comme je fais tout le temps quand on est dans la même pièce. Je le regarde et je lui propose un truc, c'est une idée comme ça. Juste pour passer le temps finalement. Il a l'air dégoûté, ouais dégoûté. Tiens donc. « J’sais bien que tu arrêtes pas d’y penser depuis la dernière fois, mais j’ai assez de fierté pour ne pas baiser dans des chiottes. » Je ris. Ouais j'arrête pas d'y penser, c'est sûr, il occupe mes pensées, jours et nuits bon dieu mais va-t-il me prendre qu'on en finisse ? Pas là en tout cas. Je hausse les épaules. C'est pas l'endroit idéal, mais bon y'a pas d'endroit vraiment idéal pour ça. On fait ce qu'on peut quand on le peut. « T'as jamais ? Non laisse tomber. On peut parler si tu veux, j'suis sûre que ça va t'apaiser. Profite, il n'y a pas de micros, pas de caméras, tout ce qui sortira de ta bouche ne sortira pas de cette pièce. J'peux te faire un câlin si tu veux... » Le genre de truc qu'il doit adorer, j'en suis sûre. Non mais j'suis sûre qu'il n'a pas eu assez de câlins quand il était petit, il ne serait pas aussi grincheux et colérique sinon. « Que je me casse ne fait pas parti des options... » Je préfère prévenir avant qu'il me balance ça.

Spoiler:

« Tu vois que t'aimes quand je te touche ... » Non mais sérieusement, elle ratait pas la moindre occasion pour te faire dire ce que tu n’avais pas dit. Tu lèves les yeux aux ciels, en secouant la tête. Il ne fallait pas qu’elle confonde tout. Qu’elle ne se mette pas à te prendre la main et tout, non plus. Tss. « Arrête de faire la fière comme ça. » dis-tu sèchement. Bien que tu viennes indirectement de lui donner raison. Chose que tu ne voulais pas. Bon, tant pis. Tu t’en remettrais. Clairement. Ou pas. M’enfin, tu t’en fous en fait. Bref, apparemment elle est amoureuse de toi. C’est con, quand même. Elle pourrait avoir mieux, beaucoup mieux. « Dis pas ça, ça va finir par te tomber dessus et tu ne vas rien comprendre... » Tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un petit rire. Moqueur, le rire. Tu lèves les yeux au ciel. A croire que c’est un truc habituel quand t’es avec elle. Elle caresse même ta joue. T’as pas le temps de lui jeter un regard noir avant qu’elle l’enlève. Il fallait mieux pour elle. « Oui, c’est ça, bien évidemment. Y’a déjà mon cœur qui bat à la chamade, là, tu vois. » dis-tu avec ironie. Parce que bon, ce n’était pas le cas. Tu te contentes de fumer ta clope, alors que tu lui fais comprendre pourquoi tu n’étais pas content. Ca paraissait plutôt évident, quand même. T’étais coincé ici, bordel. « Princesse, c'est nouveau ? Arrête de faire ta fillette cinq minutes. Y'a pas mort d'homme hein. Je te proposerais bien de rester là pour te prouver que j'ai plus de tolérance que toi, mais tu vas croire que je ne peux pas vivre sans toi ! » C’est fou ce qu’elle pouvait t’énerver. Vraiment. Elle te foutait les nerfs en boule. Elle venait vraiment de dire que tu étais une fillette, hm ? « Va pas croire que c’est pour un surnom mignon, le Princesse. C’juste parce que t’as pas vraiment l’air d’avoir vécu dans des endroits crad’ comme ça. » En soi, tu n’en savais rien. Mais toi, tu savais que pour avoir dormi dans des endroits dégoutants, tu ne supportais pas une fois de plus être obligé de te retrouver ici, à dormir dans des chiottes. Et ça t’énerve, de dormir dans un endroit dégoûtant. Même si bon, ça restait plutôt bien entretenu. Ca restait des toilettes, bordel. « Vas-y, reste regarder les gens faire des aller-retour pour les entendre chier. » la défies-tu. Parce que tu savais sûrement qu’elle ne le ferait pas. Bref, avec tout ça, elle a dû comprendre que tu n’étais pas d’humeur, ce soir. Et sûrement aucun soir de la semaine. Et elle avait sûrement dû comprendre aussi que t’enfermer ici n’était pas une bonne idée. « Il me semble que tu vas devoir t'en passer alors... » Bah tiens, étonnant. En plus, elle s’assoit. Evidemment, ça serait trop beau si elle était partie. Tu ne lui réponds pas. T’as rien à dire à ça, de toute manière. T’avais plus aucun pouvoir, là. T’étais coincé ici, entre de la merde et de la pisse. Génial. Tu sors alors une bouteille. T’en avais besoin, clairement. « Il est cinq heures du matin ... » Merci pour l’information. A vrai dire, c’était vrai que tu ne connaissais pas l’heure. Tu poses ton regard sur elle et arque un sourcil. Dans quelle langue pourrais-tu lui faire comprendre que t’en avais rien à foutre, et que tu buvais si t’en avais envie ? Peut-être en somalien. Ouais, elle comprendrait peut-être si tu lui parlais en somalien, tiens. Le seul problème c’est que tu ne connaissais pas cette langue. Bref. « Et alors ? » demandes-tu en buvant une gorgée. Et puis elle te fait comprendre qu’elle est au taquet pour écarter les jambes. Bah tiens, ça t’aurais presque étonné. Ou pas, en fait. Hum. En plus, elle rit. C’est si drôle, bien sûr. M’enfin, tu te contentes de refuser son offre. Tu ne faisais pas ça dans des toilettes, toi. C’était dégradant. « T'as jamais ? Non laisse tomber. On peut parler si tu veux, j'suis sûre que ça va t'apaiser. Profite, il n'y a pas de micros, pas de caméras, tout ce qui sortira de ta bouche ne sortira pas de cette pièce. J'peux te faire un câlin si tu veux... » Elle était… désespérante. Tu la regardes, tout en buvant une nouvelle gorgée de whiskey. T’avais soif, t’avais besoin d’oublier ses paroles, aussi. Parce que ça te faisait chier. Parce que tu te retrouvais ici à cause d’elle. « Non, je n’ai jamais baisé dans des toilettes. » réponds-tu à sa question. Et puis parler ne t’apaisais pas. Jamais. Presque jamais, du moins. Et t’étais pas sûr qu’elle arrive à t’apaiser, elle. « Mais oui, bien sûr, j’ai très envie d’un câlin, là. » Ou pas. Parce que bon, les câlins et tout, c’était pas vraiment ton truc, ça devrait se savoir. C’était évident, même. « Que je me casse ne fait pas parti des options... » Génial. En gros, elle avait l’intention de rester. Tes yeux ne bougent pas, tu la fixes toujours. T’allais pas regarder la cuvette des toilettes, de toute manière. T’étais donc coincé, tu pouvais pas bouger, et elle, elle avait décidé de rester. Trop bien, ouais. « C’est bon, parle, j’écoute. » dis-tu en soupirant, résigné, tout en écrasant ta cigarette au sol, et ne tardant pas à te sortir une nouvelle clope. T’avais pas le choix. Et comme t’avais pas vraiment envie de parler, tu l’écouterais faire. De toute manière, à part de boucher les oreilles, t’avais pas le choix. C'était malgré toi.

Spoiler:

« Arrête de faire la fière comme ça. » Ah ! Ouais mais bon là j'suis obligée de sourire un peu plus. Il est sec mais je m'en fous, ouais je m'en fous souvent mais c'est vrai. Je m'en fous. Le truc c'est que bah il a confirmé qu'il avait aimé et moi ça me ravie parce qu'il aime j'en ai pas douté une seule seconde, il m'aurait repoussé comme une malpropre. Mais j'aurais pas pu espérer qu'il l'avoue. Alors ouais c'est un peu comme une victoire mais faut que j'arrête de sourire parce qu'il ne dira plus rien. Et le but, mon but c'est qu'il me parle. « J'fais pas la fière, j'suis juste contente que tu le reconnaisses. » Et ça ne fait pas de lui un soumis, un dépendant ou j'sais pas quoi. Il a le droit d'aimer des choses quand même. En tout cas, je suis plus douce l'espace de quelques secondes. Quand je lui dis que lui aussi il va être amoureux, il rit. Bon, c'est un rire un peu moqueur, mais bon moi je souris aussi du coup. « Oui, c’est ça, bien évidemment. Y’a déjà mon cœur qui bat à la chamade, là, tu vois. » Bah non justement, je ne vois pas alors je pose ma main contre son torse. Ouais c'est vrai qu'il bat. « Non mais c'est vrai, il bat, c'est que t'es humain en fin de compte. Fais gaffe, c'est dangereux. » J'suis pas du tout moqueuse, non non. J'suis juste réalité. J'sais pas, on a l'impression qu'il se prend pour un cyborg parfois. Bon j'vais retirer ma main à force parce qu'il va me bouffer sinon. Non mais c'est parce que j'suis pas habituée à tant d’humanité de sa part. Genre il a un cœur et il bat. Bon bah il est pas content, ça j'crois qu'on l'aura tous remarqué. Du coup je lui rentre un peu dedans, c'est normal. Va pas croire que c’est pour un surnom mignon, le Princesse. C’juste parce que t’as pas vraiment l’air d’avoir vécu dans des endroits crad’ comme ça. » Ouais bah ça c'est sûr, mignon et lui c'est pas compatible. J'y avais même pas songé une seule seconde. « J'ai l'air de quoi alors ? » D'une princesse ? J'suis pas une princesse. J'ai pas vécu dans des trucs crades c'est sûr, m'enfin il verra la baraque de ma mère. Hum. C'est pas dégueulasse j'dis pas ça. « Cela dit, t'as l'air d'avoir l'habitude toi, ça ne devrait pas te dépayser. » Mais j'en sais rien, puisque j'sais rien de lui. Il s'appelle Sandro, il a vingt six ans, il a un caractère de merde. Il aime personne sauf Opaline, et il est entraîneur de box. Il vit à Paris, à part ça. Quoi que c'est déjà pas mal mais ça ne vient de lui, merci les blogs et les petites fiches d'informations. « Vas-y, reste regarder les gens faire des aller-retour pour les entendre chier. » Faut pas me dire ça parce que clairement je pourrais rester, toute la semaine. Ça me dérange pas, j'pense que lui par contre ça le ferait bien chier de devoir vivre H24 avec moi dans la même pièce. « Tu ne supporterais pas... » C'est clair même. Je pourrais en mettre ma main au feu. Il comprend tout seul qu'il n'aura pas ce qu'il me demande. Non, pas dans l'immédiat ce n'est pas souvent que j'peux avoir un peu de pouvoir sur lui, j'en profite. Et puis il se met à boire, au fond je m'en fous. Je lui donne juste l'heure. Il me toise, je lève les yeux au ciel. Toujours aussi aimable. J'réponds rien, j'suis mal placée pour juger, je bois à n'importe quelle heure. Et ça passe plus rapidement avec de l'alcool dans le sang, je sais de quoi je parle. Enfin en tout cas j'apprends qu'il a trop de dignité pour baiser dans les toilettes. Pourquoi pas. Je m'en fous un peu. « Mais oui, bien sûr, j’ai très envie d’un câlin, là. » Je souris un peu, mais je ne dis rien. Je le regarde. Toujours, je ne fais que ça me direz-vous, le regarder. Ses yeux son regard, j'crois que c'est ce que je connais le plus chez lui. Je les regarde toujours. C’est bon, parle, j’écoute. » Il finit par dire après une bonne minutes de silence. Tiens donc ! Je parle et il m'écoute. J'sais pas ce que je pourrais lui dire. J'ai envie qu'il me parle pas l'inverse. Je me redresse, je me place devant lui. « J'ai pas envie de te parler, j'ai envie que tu me parles, toi. J'suis pas en colère moi. Par contre j'ai bien envie de te faire un câlin, alors, on va faire un câlin. » Je souris. Je lui pique sa clope, de sa bouche, encore, j'suis une grosse folle. Je tire dessus une fois, mais bon c'est la deuxième et il ne m'en a même a pas proposé une. Je la pose sur le sol, un peu plus loin. Je me fais une place je me colle comme je peux, un peu difficilement mais je le fais. Je passe mes bras autour de son cou, je me sers un peu, j'suis à moitié sur ses jambes, je le sers. Il pourrait me virer en deux temps trois mouvements, mais je m'en fous. « Tu sais ce que la plupart des meurtriers le deviennent parce qu'ils n'ont pas reçus assez d'affection. » J'ai lu ça j'sais plus où. Peut être que je l'ai entendu dans les Experts, j'en sais rien peu importe. Je caresse sa nuque. Bon, allez, il va me virer dans longtemps ? Non parce que j'crois que ça fait une demi seconde que j'suis contre lui. A peine.

Spoiler:

 « J'fais pas la fière, j'suis juste contente que tu le reconnaisses. » T’avais rien reconnu du tout. Qu’elle ne se fasse d’illusions, non plus. Tu n’allais pas l’encourager à te toucher, tout de même. N’importe quoi. « J’ai rien reconnu du tout. » fais-tu remarquer, histoire de mettre les choses au clair. Pourtant, t’as le sentiment que maintenant qu’elle a ça en tête, elle sera convaincue du contraire. Parce qu’elle était têtue. Et chiante. Et puis tu ne sais pas pourquoi, elle pose sa main sur ton torse, du côté de ton cœur. « Non mais c'est vrai, il bat, c'est que t'es humain en fin de compte. Fais gaffe, c'est dangereux. » Non, sans blague. T’avais pas besoin d’elle pour savoir que t’étais un humain. Tu lèves alors les yeux aux ciels. Peut-être qu’un jour elle dira des trucs intelligents et utiles. Peut-être. « C’est que tu es drôle, dis-donc. » Bien sûr que non, elle ne l’était pas. M’enfin. Depuis le temps, tu l’avais remarqué. Il fallait juste que tu prennes l’habitude. Tu lui fais finalement comprendre que non, ça ne te plaît pas d’être enfermé dans un endroit sale comme ça pendant une semaine. Tu détestais ça, même. « J'ai l'air de quoi alors ? » Dire qu’elle avait l’air d’une princesse serait sûrement exagéré, puisque ce n’était pas le cas. Tu hausses les épaules, ton regard ne quittant pas le sien. « T’as l’air d’une personne chiante qui pose trop de questions. » te contentes-tu de répondre. Bah oui, c’était la réalité, après tout. « Cela dit, t'as l'air d'avoir l'habitude toi, ça ne devrait pas te dépayser. » Putain, c’était fou comme elle t’énervait. Tu la regardes pas très bien, pour le coup. T’avais jamais manqué de rien, pendant ton enfance. Enfin, ta famille était de classe moyenne. Mais quand t’étais parti en Afghanistan, tu avais dû apprendre à te contenter de peu. Et c’était sûrement ça qui te gênait tant, maintenant. Devoir encore te contenter de peu. « Ouais, c’est ça. » dis-tu simplement histoire de clore le sujet. Tu ne voulais pas commencer à partir sur un débat qui n’aboutirait à rien. . T’aimais pas être là, c’était tout. Il n’y avait rien à redire. Et puis, finalement, tu la défies de rester ici. « Tu ne supporterais pas... » Ca, c’était clair. Tu deviendras fou, sûrement. Tu te demandes d’ailleurs si quelqu’un serait capable de supporter Monroe. Sûrement pas. C’était impossible. « Tu parles, c’est toi qui ne supporterais pas de rester coincé ici pendant une semaine. » Parce que franchement, écouter les gens chier comme ça, c’était pas cool. Et toi, t’étais obligé de le faire à cause d’elle. Tu lui devais beaucoup à Monroe. Ouais, vraiment. Ou pas. Bref. Tu fumes, t’es assis sur ton matelas, et tu bois aussi, accessoirement. Comme d’habitude, tu dis des choses sans grand intérêt, mais, comme d’habitude, elle surenchérit avec des choses encore moins intéressantes. Elle se redresse et tu la regardes en arquant un sourcil. « J'ai pas envie de te parler, j'ai envie que tu me parles, toi. J'suis pas en colère moi. Par contre j'ai bien envie de te faire un câlin, alors, on va faire un câlin. » Elle était sérieuse, là ? Genre vraiment ? En plus, elle te prend ta clope, et elle ne te la rend même pas. T’aimais pas ça. Tu la regardes mal. Tu pouvais rien faire d’autre, tu n’allais tout de même pas la frapper. Si ça avait été un mec, tu n’aurais pas hésité à frapper, en fait. Rien que pour une clope, oui. Tu détestais ça, qu’on te pique tes affaires et tout. Et elle prenait un malin plaisir à le faire. « J’ai rien à te dire. » te contentes-tu de déclarer. Tu n’avais rien à lui dire, et tu ne voulais rien lui dire. Et puis là, le drame. Tu sais pas trop ce qu’elle fait, mais elle va dans tes bras. Elle te fait un câlin. Genre vraiment. Putain. T’aimais pas ça. Tu n’avais pas trop l’habitude de faire des câlins aux gens, dirons-nous. Sûrement parce que tu n’avais aucune raison de le faire. « T’abuses Monroe. » fais-tu remarquer. Tout simplement parce que c’était le cas, elle abusait. « Tu sais ce que la plupart des meurtriers le deviennent parce qu'ils n'ont pas reçus assez d'affection.» Peut-être qu’elle a raison. Tu t’en fous, à vrai dire. T’avais déjà tué des gens, pas forcément volontairement. T’étais militaire, c’était normal. « M’oblige pas à commettre un énième meurtre. Dégage. » Et sur ces mots, tu poses tes mains sur sa taille histoire d’essayer de la faire reculer.
 

« J’ai rien reconnu du tout. » Oh bah oui, non mais c'est trop tard, moi j'ai bien retenu qu'il avait apprécié l'après douche, les caresses et plus si affinité. Enfin affinité il y avait mais bon, il s'est cru malin d'arrêter, ah la la. C'est pas grave, c'est la vie. Enfin si c'est grave, mais c'est pas grave. On parle de sentiments tout ça. Et je vérifie si son cœur bat, il bat, je le sens cogner contre ma main. « C’est que tu es drôle, dis-donc. » Je ris. Bah oui j'suis drôle, non mais c'est pas de ma faute s'il est réfractaire à l'humour, moi j'dis, il pas se marrer tous les jours. Il doit carrément se faire chier. La pauvre. Non mais je le plains, sincèrement. Mais il s'en tape alors je ne dis rien. De toute façon il va être chiant aujourd'hui, plus que d'habitude. Il n'aime pas être là, blabla. J'ai compris. « T’as l’air d’une personne chiante qui pose trop de questions. » Nouveau sourire, j'fais la fière. Bah ouais, j'suis chiante et je pose beaucoup de questions mais ça c'est un secret pour personne.  « Je me contente juste de m'intéresser à toi.  » Mais apparemment c'est un crime contre l'humanité ça. C'est impossible de penser deux secondes que je m'intéresse à lui. Il n'a rien d'intéressant, c'est qu'un con arrogant de mauvais poil. Ouais certes, mais c'est un peu facile comme résumé j'trouve. En tout cas, apparemment j'ai touché un point sensible quand j'dis qu'il a l'air d'avoir l'habitude. Je ne fais que supposer puisque j'en sais rien. Peut être qu'il vient d'une famille pété de thunes et qu'il se la joue rebelle, et que du coup il supporte pas la misère, ou peut être qu'il a grandi dans un bidon ville et que ça lui rappelle de mauvais souvenirs, ou peut être que ça n'a rien à voir, mais j'pense que j'en saurais jamais rien. Je n'insiste pas en tout cas. J'sais pas trop pourquoi il me défie de rester parce que j'imagine qu'il doit vouloir que je me casse à tout prix. Faut pas trop me défier moi, en plus il ne supporterait pas. « Tu parles, c’est toi qui ne supporterais pas de rester coincé ici pendant une semaine. » J'suis sûre que je me plaindrais beaucoup moins que lui, c'est même certain. « Et bien je reste, on verra bien... » Sauf que je suis sûre qu'il va me virer avant la fin de la journée. Mais bon ce sera mieux, il ne sera pas seul, on dormira ensemble on se tiendra chaud, on se bouchera mutuellement les oreilles tout ça. Bon, bah par contre, là, ça devient chiant, je lui dis que j'ai pas envie de parler, c'est déjà ça remarquez, il m'a autorisé à le faire, je l'aurais sinon mais là j'ai envie d'un câlin. Bon déjà je lui pique sa clope, il m'a nargué depuis tout à l'heure. Je tire dessus parce que bon, quand même j'ai envie de fumer moi aussi, déjà que je ne lui pique pas sa bouteille il pourrait s'estimer heureux. Bref, je me débarrasse de la dite clope, pas que j'ai peur mais un peu. Il n'a pas envie de parler, oh bah tiens ça m'étonne. Je me laisse pas déstabiliser pou pour autant. Je m'installe tranquillou pour lui faire un câlin pardi. « T’abuses Monroe. » Oh bah si j'abuse seulement. J'peux lui caresser les cheveux, enfin la nuque, là vous savez, la base des cheveux, j'aime bien toucher cette partie là. Je souris et je lui fais part d'une théorie qui tend à se prouver dans les séries policières à succès. « M’oblige pas à commettre un énième meurtre. Dégage. » Je soupire. Il m'emmerde quand même non mais genre vraiment. « Puisque c'est demandé si gentiment.  » Je soupire à nouveau. Je me détache un peu parce qu'il m'y oblige mais je garde ma main contre sa nuque. « Putain mais t'es pas croyable comme mec. T'as pas l'impression que j'essaye de te rendre la vie plus facile ? Tu crois que je me balade souvent dans le nid à cinq heures du mat pour faire mes courses ? J'sais que t'as rien demandé et que t'en as surement rien à battre mais dis toi que j'fais ça pour soulager ma conscience. Sale con !   » Je le fusille du regard. Ouais parce qu'il m'a gonflé. Mais alors à un point. Il voulait que je parle. Alors je parle. Voilà. Enfin en attendant j'suis toujours installée sur lui sans le lâcher du regard.

Elle sourit. Elle n’arrête pas de sourire. Et ça serait mentir de dire que ça ne t’agaçait pas. Tu ne savais pas comment une personne pouvait sourire autant. Avant, tu souriais. C’était moins rare que maintenant. Mais tu ne souriais tout de même pas autant qu’elle, elle le faisait. C’était un mystère. Ce qui se passait par sa tête et ses lèvres. « Je me contente juste de m'intéresser à toi.  » S’intéresser à toi. C’était bien beau, ces mots. Mais toi, tu ne voulais pas qu’on s’intéresse à toi. Tu n’avais rien à apporter aux gens. T’étais juste quelqu’un qui préférait rester seul, et qui était devenu presque aigri avant l’âge. Rien de bien intéressant en soi. Tu ne comprenais pas comment quelqu’un pouvait s’intéresser à toi, en soi. « T’as tort de le faire. » Juste pour la prévenir, au cas où. Parce qu’elle n’en tirerait probablement pas grand-chose, de cet intérêt pour toi. Tu disais ça comme ça, hein. C’était pas pour la décourager. Oh non, si pu. M’enfin. Tu la défies finalement de rester. Pas pour avoir la joie de l’avoir près de toi, mais pour lui montrer que c’était désagréable de rester coincé dans des chiottes. « Et bien je reste, on verra bien... » Bon, peut-être que c’était une mauvaise idée, en fait. Tu ne savais pas. Elle te casserait les pieds avant même la fin de la journée, pour sûr. Ou pas. Non, si, c’était certain. Tu la toises du regard, te contentant de fermer ta gueule, parce que, une fois de plus, tu n’avais rien à lui dire à ce propos. Tu verras seulement si elle était capable de supporter la chose avant que tu la fasses déguerpir d’ici pour t’avoir trop soulé. Puis ça commence bien, elle te pique ta clope pour ne jamais te la rendre. Génial. Tu la fusilles du regard, mais en deux temps trois mouvements elle se retrouve sur toi à te faire un câlin. Genre un vrai câlin et tout. Elle te caresse même les cheveux. Des trucs que tu n’étais pas habitué à faire. A part avec ta sœur. Mais ça, c’était avant. Bref. Autant dire que tu n’appréciais pas la chose, et que tu lui fais vite comprendre. Les contacts de ce genre, ce n’était pas ton truc. Ca ne l’avait jamais vraiment été. « Puisque c'est demandé si gentiment.  »  Ah bah, enfin. Elle se détache un peu, et tu te sens déjà mieux. Déjà un peu plus à l’aise. Parce que oui, t’étais mal à l’aise, toi. Pourtant, elle a toujours sa main sur ta nuque. Toi, t’as enlevé tes mains qui se trouvaient sur sa taille.« Putain mais t'es pas croyable comme mec. T'as pas l'impression que j'essaye de te rendre la vie plus facile ? Tu crois que je me balade souvent dans le nid à cinq heures du mat pour faire mes courses ? J'sais que t'as rien demandé et que t'en as surement rien à battre mais dis toi que j'fais ça pour soulager ma conscience. Sale con !   » Ah bah. Rien que ça. Elle s’énerve contre toi, genre vraiment. Tu ne la lâche pas du regard. Et tu souris. Oui, tu souris. Parce que tu l’attendais depuis un petit moment, cette crise. Tu attendais presque que ça, en fait. Parce qu’elle était trop gentille pour que ce soit vrai. Alors tu souris. Parce que ça t’amuses. Un vrai sourire et tout. T’es content. T’as colère est presque passée pour le coup, tu ne te sens même plus énervé, parce que ce que tu as devant toi te fais sourire. Te rends presque joyeux. Ouais, t’étais pas normal comme mec, mais elle avait dû le remarquer. « Putain, c’était pas trop tôt. » Et tu ne la laisses même pas réagir puisque alors que tu te redresses un peu, ta main se pose sur sa nuque, et tu ne perds pas ton temps pour l’embrasser. Bah oui, elle était encore plus attirante quand elle était énervée. C’était pas ta faute. Alors tu l’embrasses comme il se doit. Vraiment.