Une de mes odeurs favorites, en dehors de tout ce qui touchait la nourriture bien évidemment, était celle des livres. Plus particulièrement des vieux livres. Je ne sais pas pourquoi j’appréciais tant leur parfum. Peut-être parce que ça me rappelait mon enfance, et les vagues souvenir que j’avais de mon père, qui possédait une petite librairie. Rarement j’y avais mis les pieds, d’ailleurs, mais il faut croire que tout ceci m’avait marqué. L’artificiel bibliothèque que nous retrouvions dans les décors n’avaient rien à envier aux actuelles lieux littéraires de Paris, mais étant conscient de l’artifice, je ne me sentais pas comme ‘chez moi’, voyiez-vous. Je passais peu de temps ici. Je parcourais les étagères, trouvait assez rapidement ce que je cherchais, puis m’éclipsais, plus souvent qu’autrement, dans les jardins pour savourer un petit moment de lecture bien mérité. Aujourd’hui, ma présence ici ne signifiait qu’une chose : j’étais en quête d’un nouveau roman à me mettre sous la dent. Le style m’importait peu, du moment que l’intrigue se relevait intéressante, je pouvais lire de tout. Même des romans à l’eau de rose. Comment vouliez-vous que je conserve mon côté charmeur, sinon! Je farfouillais d’une rangée à l’autre les bruissements des pages d’un livre qu’on tourne à répétition, sur un rythme régulier, se firent entendre. Là-bas, à l’une des tables, s’était installé l’un de mes compatriotes. Me tournant vers lui, je le toisais. « Dis, tu n’aurais pas quelque chose à me suggérer? » Un peu d’aide, devant ce vaste choix, ne serait pas de refus.