Ainsi, Sega lui plaisait. C'était tout du moins ce qu'elle venait de lui répondre, lorsqu'il en conclut que le jeune homme lui plaisait. Il n'y avait rien de plus, cependant. Ah ? On disait tous cela, au début. Il n'y avait rien de plus, il me plaisait... et on connaissait la suite. Un sourire amusé se fraya un chemin sur les lèvres du Valeri. Il voyait bien que ce sujet semblait un peu agacer la jeune femme. Il n'allait pas l'embêter bien plus longtemps avec cela. Non. Quant au fait qu'il lui tapait une « crise de jalousie de merde ». Ce détail ne devait être que le fruit de l'imagination très grande de la jeune femme, car en aucun cas, il ne s'était montré jaloux. Ni dans ses gestes, ni dans ses mots. Peut-être avait-elle ce besoin de le sentir jaloux. Allez savoir. En tout cas, elle était agaçante ce matin-là, Jaileen. Il espérait que ça s'estomperait dans la journée, voire même dans la semaine. Oui, parce que si elle avait ses règles, il allait devoir la supporter plusieurs jours dans cet état-là. Pauvre de lui. Il ne pouvait pas lui manquer de lui faire toutes ces remarques, et aussi le fait qu'elle s'emportait pour rien. Vraiment pour rien. La preuve en était lors du prime. Un petit soupir s'échappa de la bouche du biélorusse, qui se pinça un instant les lèvres. Elle parlait beaucoup ce matin, beaucoup trop pour quelqu'un qui venait de se réveiller en tout cas. Ces mots résonnaient dans la tête encore embrumée du jeune garçon. Il paraît qu'il faisait à moitié la gueule. Une nouvelle fois, le fruit de l'imagination de Jaileen. L'autre cruche. Elle devait parler de Sydney. Elle était cool, Sydney. Ce n'était pas ses commentaires qui iront faire réagir vivement le biélorusse, en tout cas. Il l'écouta parler. Parler encore. Ou s'emporter. Oui. « Tu sais, ce n'est pas une honte le fait que je puisse te plaire... » souffla-t-il, laissant alors sa voix en suspend. Puis il y avait plein de filles qui devaient vouloir être à la place de Jaileen. Oui. Plein. Derrière leurs écrans de télévision. « Pourquoi tu t'emportes pour ça, franchement ? » lui demanda-t-il alors.

Jusqu’à présent la blondinette n’avait jamais eu à avoir une telle conversation dans cette aventure avec qui que ce soit. Bien entendu elle avait haussé le ton avec Cosmas qui se prenait pour le roi du monde, mais rien de plus. C’était un petit peu le monde des bisounours en fait, mais ce n’était pas plus mal, au moins il n’y avait pas une mauvaise ambiance permanente. Enfin, encore fallait-il penser que c’était encore le début de l’aventure pour le moment, normal que tout le monde s’entende plus ou moins bien. Valeri semblait faire la tête. Il ne cessait de demander à Jaileen où elle avait passé la nuit, avec qui et pourquoi elle n’était pas venue dormir avec lui. Elle lui amener les informations petit à petit, ne sachant trop que dire. Elle avait l’impression de l’avoir froissé en allant dormir avec un autre jeune homme que lui. Elle ne cessait de baisser les yeux à chaque fois qu’elle devait prendre la parole, qu’elle devait lui donner une explication. Et puis, de nouveau, voilà qu’il venait lui parler de dimanche matin, lors du prime, lorsqu’elle s’était un petit peu emporté contre Sydney, l’une des chroniqueuses. Enfin, il venait d’abord se faire un compliment à lui-même. « Tu sais, ce n'est pas une honte le fait que je puisse te plaire... » La demoiselle poussait un soupir tout en levant les yeux vers le plafond, secouant très légèrement la tête de gauche à droite, mais ne disait rien. En gros il était en train de dire qu’il avait du succès avec les nanas, qu’il le savait et que si elle était sous son charme, il pouvait le comprendre tout à fait ? Peut-être. « Pourquoi tu t'emportes pour ça, franchement ? » Et voilà, elle ne pouvait pas échapper à la question. La blondinette baissait les yeux vers le parquet, laissait le silence s’installer quelques secondes avant de finalement reprendre d’une voix bien plus douce que :  « J’aime pas qu’on raconte ma vie partout et oui je savais que cela serait comme ça en venant ici, mais je … en fait je … » Elle marquait une courte pause avant de dire :  « En fait je ne sais même pas pourquoi. » Elle laissait son front venir se poser sur ses genoux. Elle ne voulait plus croiser son regard et puis voilà.

Tous les dires de Valeri n'étaient basés que sur des spéculations. Jaileen n'avait décidé de lui parler, ni de se confier à lui. Très bien. Il tâcherait le retenir à l'avenir. Tout comme le fait qu'elle ait décidé de dévoiler deux indices de son secret, tout ceci est bien gravé dans un petit coin de sa tête. Il n'a pas l'air comme ça, mais quand il veut, il a une très bonne mémoire. Surtout pour les coups bas, très bas, que l'on pouvait lui faire. Il ne lui avait d'ailleurs toujours pas évoqué cela, sûrement ne le ferait-il jamais. Renforçant un peu sa rancune. Il lui avait bien mentionné le prime. Juste les quelques images et le commentaire qui avait pu faire par cette présentatrice. Valeri s'en était plus amusé qu'autre-chose de ses dires. Il s'en fichait. Oui. Ils pouvaient bien ce qu'il voulait à son sujet... Après tout, tout le monde ici devait avoir leur propre commentaire sur le biélorusse. Chacun d'entre vous avait su dépeindre un certain portrait de Valeri. Un portrait faux. Un portrait vrai. Qui sait ? Il s'en fichait, à vrai dire. Comme toujours. Comme souvent. Pourtant toute cette histoire basée sur un simple commentaire semblait être prise très à cœur par la jeune femme. Il ne comprenait pas le pourquoi du comment, à vrai dire. Franchement, il n'y avait pas de honte à avoir. Il en connaissait pas mal de filles qui aimeraient bien être à sa place. Ce n'était que le jeune biélorusse était du genre à beaucoup côtoyer la gente féminine... mais assez. Sa voisine de palier, dans son petit immeuble parisien, elle aimerait bien être à sa place. A la place de Jaileen. Il ne savait même pas pourquoi il se mettait à repenser à ce détail féminin. Une chose était certaine, elle s'emportait beaucoup. Beaucoup pour rien, rien. Elle disait alors qu'elle n'aimait pas que l'on colporte les faits qui se déroulaient dan sa vie. C'était pour le risque en s'inscrivant dans un jeu de télé-réalité, de télé d'enfermement qui plus est. Elle ne sait même pas pourquoi elle s'emportait de la sorte à ce sujet. Au sujet de son pseudo-béguin pour son partenaire de jeu, Valeri. Il reporta son regard sur la jeune femme, avant finalement de s'approcher de la jeune femme. Il tenta tant bien que mal de se déplacer jusqu'à elle (rappelons-le, il avait toujours cette blessure à la cheville), et s'assit à ses côtés. « Si je te plaisais, tu... tu me le dirais, hein ? » lui demanda-t-il alors, posant son regard sur le visage de la jeune femme. Il se pinça les lèvres quelques instants, peut-être n'aurait-il pas dû lui poser ça comme question.  

La relation que la jeune femme avait avec son partenaire n’était pas vraiment simple. Tout le monde était persuadé que la demoiselle avait le béguin pour le garçon et elle criait sur tous les toits que c’était faux, que la production avait raconté n’importe quoi et que cette chroniqueuse, Sydney, n’était qu’une amatrice dans le domaine du journalisme et des reportages. Elle s’emportait à chaque fois que quelqu’un commençait à aborder le sujet et coupait net les conversations à ce sujet. Jusqu’à présent, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’en discuter avec le principal intéressé, mais il fallait bien avouer que depuis que la petite anglaise avait dévoilé deux indices sur le secret de son camarade, il n’avait pas vraiment eu le temps de papoter. C’était comme si Valeri en voulait à la jeune femme. En plus, elle n’avait pas passé la nuit avec lui, mais avec Sega, du coup l’ambiance était plus qu’électrique entre les deux jeunes gens. Il lui demandait des explications. Explications qu’elle tardait à lui donner. Il fallait qu’il lui arrache les vers du nez. C’était comme si elle voulait lui cacher quelques choses. Elle insinuait même qu’il était jaloux. Il disait que non et il affirmait qu’elle ne lui avait pas manqué non plus. Elle n’était pas satisfaite de ces réponses. Ce n’était pas du tout ce qu’elle attendait. Peut-être voulait-elle sentir rien qu’une toute petite pointe de manque chez le garçon à son sujet ? Après tout, ils passaient beaucoup de temps ensemble et ils étaient habitués à dormir tous les deux donc il ne devait pas avoir honte de dire qu’elle lui avait manqué rien que pour une nuit. Et même lorsqu’elle en dirait des conclusions, quant à l’absence de réponse de la part de son partenaire, là aussi il venait répondre par une négation. Elle s’emportait un petit peu avant de lui expliquer qu’elle n’aimait pas vraiment que l’on raconte n’importe quoi sur sa petite personne. Mais racontait-on vraiment n’importe quoi à son sujet ? Et puis finalement elle venait avouer qu’en réalité, elle ne savait pas pourquoi elle s’emportait de la sorte. C’était ce moment-là que Valeri choisissait pour poser son regard sur elle avant de se lever, pour faire quelques pas avec difficultés vers la demoiselle. Il prenait place à ses côtés. Elle, n’osait pas le regarder. « Si je te plaisais, tu... tu me le dirais, hein ? » Elle était surprise par la question de son colocataire. Tournant la tête, elle posait ses pupilles sur le garçon, haussant les épaules.  « J’sais pas. » Marquant une courte pause, elle reprenait :  « De toute façon, que je te le dise ou non, cela ne changerait pas grand-chose non ? » C’était tout de même étrange comme question.

Sûrement auraient-ils dû avoir cette conversation, bien plus tôt. Sûrement, oui. Il ne savait pas vraiment, il faut dire qu'il n'avait pas tant chercher à répondre à cette question. Ils auraient pu avoir cette conversation, il y a de cela un jour, ou juste après le prime... Après le prime, après le petit incident qui avait eu lieu entre Sully et lui, ça aurait été certainement une très mauvaise idée. Il lui avait demandé si elle lui disait, dans le cas où il lui plairait -comme Sydney l'avait prétendu lors du prime. Il n'aurait peut-être pas dû lui demander ça, de façon un peu... un peu trop maladroite, oui. Son attention était porté sur le visage de la jeune femme, depuis un petit instant. Il n'attendait qu'avec une certaine curiosité hâtive qu'elle lui réponde. Il devait ne pas être surpris par la réponse avancée par la jeune femme. Elle ne savait pas, venait-elle alors de lui dire. Elle ne savait pas... Elle y ajouta alors quelques mots. Ca ne changerait pas grand-chose, lui fit-elle remarquer. Qu'elle lui dise oui ou non, ça ne changerait pas grand-chose. Il se pinça les lèvres, quelques secondes. Le temps de réfléchir à sa question. Est-ce que ça changerait un 'truc' si elle répondait oui ou non. Peut-être. Peut-être pas. Il ne savait pas. Il haussa alors les épaules, tentant alors de répondre en vain. « Peut-être... enfin, je n'sais pas. » souffla-t-il, un peu confus. Mais de toute évidence, elle lui avait clairement (ou non) dit que Sega lui plaisait. Alors, elle pouvait opter pour la carte de la franchise et lui dire ce qu'il en était. « ...mais autant que tu répondes sincèrement, tu ne penses pas ? ». Oui, voilà. Qu'elle réponde sincèrement, plutôt qu'elle avance l'idée qu'elle ne savait pas. Qu'elle réponde sincèrement et qu'elle soit sincère, non pas avec lui, mais avec elle-même. Il se doutait bien que depuis le prime, il n'était pas la première personne avec qui elle avait eu ce genre de conversation. C'était un peu le 'truc' qui avait attisé la curiosité affamée de certaines personnes. Certains croiront les propos avancés lors du prime, d'autres resteront indifférents. Elle avait sûrement eu le droit à ces mêmes questions répétitifs, avec la seule et unique réponse : « je ne sais pas. ». Evidemment, qu'elle savait. Ne pas savoir était un mensonge. Même lorsque l'on prétendait ne pas savoir, il y avait toujours au fond quelque-chose, au fond de nous souvent, qui était connu mais que l'on voulait dissimuler. L'ignorance n'existait pas, ou peu.

La question qu’il venait lui poser était un petit peu trop personnelle au goût de la jeune femme, mais de toute façon, elle ne pouvait pas le priver de réponse, cela le concernait. Elle baissait les yeux, ne sachant trop que répondre sur le moment. Elle ne pouvait pas lui cacher ce qu’elle pensait réellement, mais elle avait bien du mal à se montrer franche avec lui sur ce point-là. Elle avait un petit peu peur de ce que cela pouvait représenter par la suite. Si elle répondait sur non et que c’était non aussi du côté de Valeri alors, tout serait parfait. Si elle répondait oui et que c’était non pour son partenaire, alors elle se sentirait stupide comme si elle répondait non et que c’était oui pour lui. Si elle répondait oui et que c’était oui aussi du côté de son camarade, alors se serait compliqué, certainement, mais bien moins que si elle ne disait rien. Pourtant, la demoiselle restait là sans rien dire avant de prétendre qu’elle ne savait pas. Elle venait même admettre, tout en lui posant une question pour savoir ce que lui pensait de tout ça et si elle lui plaisait, que de toute façon que ce soit oui ou non cela ne changerait pas grand-chose. Quelques secondes de silence plus tard, il prenait la parole. « Peut-être... enfin, je n'sais pas. » Lui non plus ne donnait pas de réponse claire. Ils n’étaient pas près d’avancer si ça continuait comme ça. Jaileen marquait sa déception par une petite moue enfantine. Elle rapprochait encore un petit peu plus ses jambes vers sa poitrine comme pour se protéger de quelques choses. Si la belle ne savait plus quoi dire, Valeri semblait ne pas vouloir en rester là. « ...mais autant que tu répondes sincèrement, tu ne penses pas ? » Là, elle n’avait plus le choix. Elle était comme prise au piège. Devait-elle forcément parler pour dire franchement ce qu’elle pensait ? Elle n’en savait rien, mais elle ne le ferait pas. Sans oser poser ses pupilles couleurs javel sur lui, voilà qu’elle remuait légèrement et timidement sa tête de haut en bas. Elle espérait seulement qu’il n’allait pas la questionner. Elle n’avait pas envie d’en dire plus. La blondinette se sentait bizarre de faire une telle révélation à son partenaire., surtout qu’elle n’était pas là pour ça à la base.

Il ne devait sûrement pas se préparer à avoir une réponse concrète de la part de sa partenaire. Sûrement allait-elle être encore évasive dans ses mots, ne voulant pas se dévoiler. Il ne comprenait pas ce silence. Il avait soudainement l'impression de devoir converser à un mur. A un mur qui de temps en temps lui répondait. Lui donnant des réponses peu satisfaisantes. Elle jouait la carte du non-savoir. Comment pouvait-elle ne pas savoir ? Comment pouvait-elle dire qu'elle ignorait certaines choses ? Dans ce genre de situation, il n'y avait que des « oui » ou que des « non », mais jamais d'entre deux, ni de non-savoir. Est-ce que sa réponse pouvait changer quelque-chose, il ne savait pas... comment pouvait-il imaginer qu'une réponse -qui est « je ne sais pas »- puisse changer quelque-chose dans une relation ? L'ignorance ne faisait pas avancer une relation. Non. Elle enterrait un peu plus profondément dans les non-dits et les regrets. Ce serait sûrement plus simple qu'elle lui réponde sincèrement. Qu'elle change de carte dans cette partie. Au lieu de jouer celle du non-savoir, qu'elle joue celle de la sincérité. Il posa alors son regard quelques secondes, juste le temps d'attendre une réponse. Une réponse qui semblait tarder à venir. Son regard balaya le mur qui se trouvait en face de lui, observant attentivement chaque coin. La pièce se plongea dans un silence. Dans un silence palpable qui mettait mal à l'aise le biélorusse. Il finit par reporter son attention sur la jolie blonde qui se tenait juste à côté de lui, à quelques centimètres de lui. Il l'aperçut faire un bref signe de la tête. Un signe de la tête, ça ne voulait rien dire ça. Non. Ca ne voulait rien. Lui, ce qu'il voulait c'était des paroles, des mots, des sons, des voyelles et des consonnes qui chantent en chœur dans cette pièce. Pourquoi approuvait-elle de ce signe de la tête ? Pour lui faire comprendre qu'en effet elle devait répondre sincèrement... ou c'était autre chose ? C'était compliqué à comprendre. Trop compliqué. Il n'y avait pas redire : les filles étaient une espèce bien trop compliquée à cerner. Des démons nés pour faire vivre des enfers aux hommes. Il se pinça les lèvres, un instant. Et tout un tas de questions vint se semer dans son esprit. Et si Opaline ne serait pas venue, la semaine passée, que ce serait-il passé entre eux ? L'auraient-ils fait ? Et ce baiser au jardin botanique, l'avait-il désiré ? Et... il y avait plein de zones d'ombre à éclaircir. Beaucoup trop au goût du biélorusse. La jeune femme semblait vouloir le laisser sans réponse. Il allait donc devoir se contenter de ce silence en guise de réponse. Une réponse peu satisfaisante, certes. Il lâcha s'échapper un soupir, avant finalement d'ouvrir légèrement la bouche. « Hum, je vais aller prendre mon petit-déj. Tu peux v'nir si tu veux... j'ai déjà passé ma nuit tout seul, je n'ai pas trop envie de passer ma matinée encore seul. » lui fit-il remarquer, tout en tentant de se relever sans trop grimacer. Si elle ne voulait pas venir, il ne l'obligerait pas. Après tout, il avait bien dû dormir tout seul. Il pouvait bien aller prendre son petit-déjeuner, seul encore.

Pourquoi ne voulait-elle pas lui donner de réponse claire, nette et précise ? Cela n’allait très certainement pas la tuer. Alors pourquoi choisissait-elle de se taire sur ce sujet-là ? La blondinette n’avait jamais été très à l’aise avec ses sentiments, qu’ils soient amoureux ou bien amicaux, et le fait de se trouver dans une émission de télévision n’arrangeait pas les choses. Pourtant elle avait bien envie d’en parler avec le principal intéressé, en l’occurrence Valeri, son partenaire, mais c’était impossible, comme si quelque chose le retenait. Elle hochait pourtant la tête, ne voulant pas parler, mais elle savait très bien que cela n’allait pas convenir à son camarade. Depuis le début de l’aventure, il ne cessait de lui en demander toujours plus. Ce n’était pas aujourd’hui, en pleine conversation sérieuse, qu’il allait se contenter d’un simple hochement de tête. La blondinette était un petit peu perdue et le soupir qu’il poussait ne venait pas la rassurer. Elle était craintive. Elle avait peur. Peur qu’il prenne très mal la chose et qu’il finisse par s’énerver. Pourtant, il ne faisait rien de tout ça. Il se levait, essayant de cacher sa blessure à la cheville comme il le pouvait. « Hum, je vais aller prendre mon petit-déj. Tu peux v'nir si tu veux... j'ai déjà passé ma nuit tout seul, je n'ai pas trop envie de passer ma matinée encore seul. » Prendre son petit-déjeuner ? Jaileen n’avait pas vraiment faim, mais elle n’avait pas non plus envie de rester toute seule et de laisser Valeri tout seul. D’autant plus qu’il venait une nouvelle fois mettre sur la table le fait qu’il avait passé une nuit tout seul. Il n’était pas très loin d’elle et la jeune femme n’avait pas de mal à attraper sa main, le tirant très légèrement vers elle. [i] « T’es sûr que tu veux aller prendre ton petit déjeuner maintenant ? » Beh ouai c’était tôt tout de même et puis il venait tout juste de se réveiller. C’était peut-être un moyen pour la fuir. Non, il ne lui aurait pas proposé de se joindre à lui si c’était le cas. De toute façon, elle n’avait pas envie qu’il aille déjeuner maintenant. Elle balayait la pièce d’un regard comme pour s’assurer qu’il n’y avait personne. Lorsque ses pupilles se posait sur les micros et les nombreuses caméras, la belle sentait comme un poids énorme en elle, mais finalement, elle poussait un soupir pour finir par articuler :  « Dis-moi juste ce que cela changerait si j’en venais à te répondre que … oui, il y a un truc chez toi qui me plait. » Elle baissait les yeux, lâchant subitement la main du garçon venant à nouveau se recroqueviller sur elle-même et s’adosser contre le sofa.

Tout un amas de points d'interrogation tapissa son esprit bien confus. Après un long moment de silence, Valeri décida de se lever. Décidant alors de prendre son petit-déjeuner -il faut dire qu'il n'avait pas d'idée de l'heure qu'il pouvait être. Le matin, certes. Mais il n'avait pas d'autre précision sur l'heure. Ce détail temporel, à ce moment précis, il s'en fichait. Oui. Il se fichait de savoir s'il était huit heures, ou bien neuf heures. Tout ça n'avait plus d'importance à ses yeux pour le moment. Ainsi. Il allait prendre son petit-déjeuner, elle pouvait venir si elle voulait avec lui. Oui. Elle le pouvait. Que si elle en avait envie. Il ne la forcerait pas de ne pas accepter. Non. Oh ça non. Ainsi, il s'apprêta à faire un pas en avant, alors que la jeune femme semblait vouloir lui faire comprendre qu'il reste. Qu'il reste là. Son regard se posa sur sa main qu'elle venait de se saisir. Quelques instants, quelques secondes. Et il leva doucement son regard sur le visage de la jeune femme. S'il était sûr de vouloir aller prendre son petit-déjeuner. Il haussa légèrement les épaules. « Oui ? ». Après tout, il n'y avait pas d'heure de programmée pour prendre son petit-déjeuner. On pouvait manger à l'heure que l'on désirait qu'il soit six heure, huit, dix ou onze heure. Oui. Il n'y avait pas d'heures. Son regard détailla un long moment les traits du visage de la jeune femme. Elle semblait soucieuse, plus ou moins. C'est alors qu'elle reprit la parole. Evoquant toujours cette même question. Est-ce que ça changerait si elle venait à lui dire qu'il y avait un 'truc' qui lui plaisait chez-lui. Toujours cette même question qui soulignait un 'changement'. Valeri cligna un instant les paupières, avant de pouvoir constater qu'il n'avait plus ce contact physique avec la jeune femme. Elle venait de lui lâcher la main, en effet. Debout, sur ses deux jambes, il se semblait un peu idiot. Il se gratta la joue, avant finalement de se résigner à se rasseoir aux côtés de la jeune femme. « Si tu veux dire par-là que si... si tu venais à m'affirmer que je te plais et que par la suite, je pourrais me montrer distant ou je ne sais trop quoi avec toi, la réponse est... non. » souffla-t-il alors. Il ne savait pas pourquoi il venait de lui répondre ça, ni quel 'changement' voulait-elle évoqué dans son interrogation évasive. Il ne savait plus. Tout ça devenait de plus en plus ombragé dans l'esprit du biélorusse. Beaucoup trop ombragé, beaucoup trop sombre pour qu'il puisse comprendre tout ce qu'il se passait.

La blondinette ne savait pas vraiment pourquoi, tout d’un coup, elle était prise d’un élan de sincérité. Valeri se levait, prêt à la quitter pour rejoindre la cuisine afin de prendre son petit-déjeuner. Bien éduqué, il lui proposait tout de même de venir avec elle. Jaileen n’acceptait pas, mais elle ne refusait pas non plus. En fait, elle ne disait rien. Elle faisait juste une remarque sur le fait qu’il était peut-être un petit peu trop tôt pour aller manger. Elle, de son côté, elle était incapable d’avaler quoi que ce soit pour le moment. Et puis elle préférait passer encore un petit peu de temps avec son partenaire. Après tout la jeune femme était nominée et peut-être qu’il s’agissait des derniers moments qu’elle passait en compagnie de Valeri. Elle essayait de ne pas y penser pour ne pas se miner le moral. La demoiselle se redressait légèrement pour attraper la main de son camarade et la serrer dans la sienne, le tirant même vers elle pour l’obliger, sans prendre la parole, à rester ici. Il tournait la tête posant ses pupilles sur sa silhouette toute frêle, tout en haussant les épaules. « Oui ? » Lui-même n’avait pas de vraiment savoir s’il voulait aller prendre son déjeuner maintenant. Cela faisait sourire la demoiselle. Un sourire enfantin qui la rendait subitement un brin plus radieuse. Elle ne répondait pas tout de suite et ne venait prendre la parole que pour lui poser une question. Toujours la même. Cependant elle venait la poser différemment en prenant pour exemple le fait qu’il pouvait lui parler. Peut-être même qu’il lui plaisait. Ne sachant trop que faire après cela, elle finissait par lâcher la main de son partenaire pour venir se replier sur elle-même, à nouveau. Valeri restait silencieux quelques instants avant de venir reprendre place aux côtés de la jeune femme. « Si tu veux dire par-là que si... si tu venais à m'affirmer que je te plais et que par la suite, je pourrais me montrer distant ou je ne sais trop quoi avec toi, la réponse est... non. » Jaileen levait la tête pour venir poser ses yeux sur sa silhouette. Il ne comptait pas se montrer distant si jamais elle venait lui avouer qu’il lui plaisait. Une petite grimace venait se dessiner sur le visage de la petite anglaise.  « Oui, mais si … si ce n’est réciproque, il y aura forcément quelque chose qui va changer. Ce ne sera pas pareil que … que maintenant. » Et bien oui, parce que si jamais ce n’était pas une attirance réciproque et bien Jaileen se sentirait bête et lui de son côté serait peut-être mal à l’aise en présence de la demoiselle. Enfin, c’était compliqué tout ça. Il y avait une petite question qui trottait dans la tête de la jeune femme depuis quelques jours déjà et, comme si elle brulait les lèvres, voilà qu’elle venait la poser :  « Et si … si Opaline n’était pas arrivée la semaine dernière, tu crois que … » Elle ne terminait pas sa phrase et se contentait de l’observer timidement.