Lena n'avait pas le moral. Il n'avait pas besoin d'être expert en psychologie humaine pour le deviner. Le départ de son partenaire, sa désignation par les traîtres, deux facteurs qui avaient fait en sorte que son moral pâtissait lourdement. Valeri avait donc choisi de trouver une solution, et de tenter de lui remonter le moral. Ce n'était pas son fort tout ça, il est certain. Il lui avait donc proposé dans la semaine un déjeuner, histoire de passer un peu de temps ensemble, et de lui changer les idées. Lui changer les idées et lui remonter le moral par ce biais-ci. La jeune femme avait bien entendu accepté son idée. Chose qui avait plutôt ravi le biélorusse. Elle l'avait donc convié, ce jeudi midi, au réfectoire. Elle avait pris en charge le repas, comme elle lui avait dit. Ainsi, lorsqu'il entra dans la cuisine, il pouvait apercevoir la jeune femme s'affairer encore derrière les fourneaux, sûrement pour les finitions de son plat. Il n'avait aucune idée du bon petit plat qu'elle avait bien pu lui concocter. Rien de l'idée de chercher à trouver le plat cuisiné par Lena, il pouvait déjà entendre son estomac crier déjà famine. Il la salua d'un signe de tête, il n'avait pas envie de la déranger -ou déconcentrer. C'est alors qu'elle lui fit remarquer qu'elle avait fait à manger, comme promis. Un léger sourire étira alors les lèvres du biélorusse. Cependant, elle ne garantissait pas que ce soit excellent, mais ce n'était pas évident comme elle lui fit remarquer. Alors, elle lui demandait de saluer l'effort. «  Je suis certain que c'est bon, moi ! » souffla-t-il alors, en s'approchant de la table que la jeune femme avait préparé. Elle avait cuisiné, et même dressé la table. Il finir par prendre place sur l'une des chaises qui entourait cette table. Lena ne tarda d'ailleurs pas à le rejoindre. Elle lui dit alors qu'elle était contente de déjeuner avec lui, et qu'elle était sincère en lui disant ça. Valeri ne doutait pas de sa sincérité dans les quelques mots qu'elle venait d'articuler. Lena n'était pas ce genre de filles hypocrites. Non. L'hypocrisie semblait être bien loin d'elle. Il ne put s'empêcher de lui sourire en retour. « Ca me fait plaisir à moi aussi, tu sais. » ajouta-t-il alors. Il ne pouvait pas le cacher que ce repas avec elle lui faisait plaisir. Il aurait même pu ajouter que ça lui faisait très plaisir. Mais peut-être aurait-elle cru qu'il en faisait trop. Lena lui proposa alors d'attaquer ce repas. Il détailla quelques secondes le repas préparé par la jeune femme. Purée et jambon. Il était loin des repas gastronomiques qu'il avait appris à confectionné lorsqu'il était encore en Biélorussie, mais le plus important n'était pas la nourriture, mais ce bon moment qu'il passerait en compagnie de la jeune femme. Puis, ils ne mourront pas de faim pour autant. Il se saisit de la grande cuillère en bois que la danoise lui tendait et commençait alors à se saisir. Alors qu'il était entrain de se servir un peu de purée, quelques pas en direction de l'entrée de la cuisine retentirent dans toute la pièce. Sûrement un candidat qui devait avoir faim et qui venait se ravitailler de quelques denrées. Oh. Valeri ne fit guère attention à cela, finissant alors de se servir. Son attention ne put s'empêcher de se poser sur cet inconnu lorsqu'il entendit Lena s'exclamer. Il fronça alors les sourcils lorsqu'il aperçut la silhouette de Sully. A croire qu'il était partout, celui-là. Vraiment partout. Soit il avait décidé de fliquer Valeri, soit c'était un nouveau signe du destin. Un nouveau mauvais coup du destin. Lena venait d'ailleurs de l’interpeller. Il n'allait pas lui en vouloir de faire ça. Elle le somma de venir s'asseoir avec eux. Valeri se pinça les lèvres, reposant la cuillère dans la purée. Si ce mauvais coup du destin devait avoir un prénom, il s’appellerait alors Lena. La jeune femme lui adressa d'ailleurs quelques mots. Lui demandant si ça le dérangeait. Si ça le dérangeait s'il venait. Valeri hésita quelques secondes, faisant alors mine de réfléchir. Il agita alors doucement la tête de gauche à droite. Non. Non, ça ne le dérangeait pas. «  Puis quand il y en a pour deux, il y en a pour trois ! » lança-t-il alors, se tournant vers Sully. Puis, il savait que ça ferait plaisir à Lena que Sully vienne autour de la table.

Ca lui faisait plaisir d'être là, avec elle. De passer un instant avec elle. Ca aurait été étrange que ça ne lui fasse pas plaisir, puisque ce repas était son initiative. Il savait que la jeune femme n'avait pas -ou peu- le moral ces derniers temps, et il avait envie de l'aider à oublier ces soucis et aller mieux. Oui, voilà. Il voulait qu'elle aille mieux, qu'elle retrouve le sourire comme il lui avait dit. Puis ils ne faisaient rien de mal, une nouvelle fois. Ils ne faisaient que manger ensemble, ça n'avait rien de mal, n'est-ce pas ? Sully pouvait bien débarquer, Valeri n'avait nul crainte. En parlant de débarquement, tant dit qu'il était entrain de se servir de la purée -préparée par Lena- des pas parasites vinrent rythmer leur conversation. Un candidat qui devait venir, ici, pour se préparer à manger, ou tout du moins venir chercher de quoi se ravitailler. En général, les gens normalement constitués faisaient ça, à cette heure-là de la journée. Cet intrus, ce fut Sully. Elément non-désiré par le biélorusse, c'est certain. Il est certain qu'il se serait bien passé de lui, même s'il comptait faire des efforts. Lena le convia d'ailleurs à venir à leur table. Ce qui ne surprenait guère Valeri. Son invitation devait partir d'un bon fond, en soi. Puis, lorsqu'ils s'étaient retrouvés, dans la cuisine, Sully et Valeri n'en étaient pas venus aux mains, ni aux ustensiles de cuisine pour se quereller. Alors, ils feront peut-être un effort encore, là. Oui, voilà. Des efforts, ils feront. Alors que la jeune femme lui demanda si ça ne le dérangeait pas, Valeri ne put lui faire remarquer que quand il y en avait pour deux, il y en avait forcément pour trois. C'était d'ailleurs sa grand-mère qui disait ça, ou sa mère... enfin quelqu'un de sa famille, quoi. Bref. Il n'avait jamais compris cette expression, mais il fallait croire qu'aujourd'hui, cette expression allait prendre tout son sens. L'américain ne manqua pas de faire une petite remarque. Valeri se contenta de lui adresser un rictus quelque peu amusé. Il disait avoir eu de la chance que ce soit elle qui l'ait vu, parce que si ça avait été Valeri, ce dernier n'aurait peut-être pas pris la peine de le convier. Sûrement. Ou peut-être pas. Personne ne le saura, à vrai dire. Il pouvait, malgré tout, constater que ça ne souciait pas le biélorusse qu'il s'installe à leur table. Il disait d'ailleurs que c'était gentil. Bien. Il vint alors s'installer aux côtés de Lena, et juste en face de Valeri. S'il avait décidé de faire un combat de regards, il pouvait se déclarer perdant d'avance. Valeri était bien trop fort à ce jeu-là. Oui, mais ils avaient passé l'âge de tous ces enfantillages. Il leur demanda alors comment ils allaient. Le biélorusse posa alors son regard sur la danoise -ce repas était d'ailleurs très coloré, un américain, une danoise, un biélorusse. Ce fut elle qui prit la parole en première. Valeri se doutait bien qu'il devait plus s'adresser à elle, plus qu'à lui. Parce qu'il ne devait certainement pas se soucier de lui. Elle disait alors aller bien. Enfin, elle croyait. Elle croyait aller bien. Quant à Valeri, il reporta son attention, droit devant lui, en direction de Sully. Il prit alors la parole. « Je vais bien aussi. » dit-il très brièvement. Il allait bien, tant moralement que physiquement -sa cheville lui faisant de moins en moins mal. Sully s'adressa alors à Lena. Lui demandant, de manière indirect, si Valeri l'avait aidée à préparer le repas. Parait-il que c'était son domaine. Enfin, c'était ce que l'américain avait osé dire. Son domaine. Ce n'était pas faux. Un domaine qui s'était quand même imposé à lui, rappelons-le. Il se gratta machinalement la joue, comme pour effacer une démangeaison imaginaire. Lena prit alors la parole, un brin hésitante. Non, avait-elle dit. Non, mais il l'avait laissé se débrouiller toute seule pour qu'elle progresse. Valeri lança un petit regard en coin à Sully, et hocha alors la tête, comme pour approuver les paroles de la danoise. « En effet... » souffla-t-il alors, lorsque Lena lui demanda une confirmation. Il l'avait supervisé, ils vont dire ça comme ça. De toute façon, Sully n'en saura rien. « Puis la prochaine fois, je m'occuperais du repas. ». Il lui fera goûter des spécialités de son pays d'antan, la Biélorussie. C'est alors que Lena semblait piaffer d'impatience à l'idée d'avoir un commentaire, ou une critique sur sa purée. Valeri se munit alors de sa fourchette et plongea cette dernière dans son assiette. Il n'allait pas faire attendre cette purée plus longtemps -surtout qu'elle risquerait de refroidir bien vite. Il goûta donc ladite purée -faite par Lena. A la première bouchée, il ne semblait pas être pris de nausée, ou de maux de ventre. C'était plutôt bon signe. « Elle est plutôt bonne, il manquerait juste d'un peu d'assaisonnement, mais ce n'est qu'un détail ça. » avoua-t-il. Oui. Elle manquait d'un peu de goût, mais elle n'était pas mauvaise pour autant. Il n'aura qu'à ajouter un peu de sel, et le tour était joué. Voilà. Enfin, il n'en était pas mort de cette dégustation. Maintenant, tous les regards étaient posés sur Sully. Attendant alors sa critique culinaire.

Initialement, ce repas devait être en tête à tête, entre Lena et lui. Il eut fallu la venue de l'américain pour finalement changer tout le plan prévu. Certes, cette venue n'enthousiasmait guère le jeune garçon. Pour la simple raison qu'il n'était pas grand ami avec l'homme en question. Ils étaient loin de ça, d'ailleurs. Il prit alors place autour de la table. Valeri l'observa attentivement, tant dit qu'il venait de prendre la parole. Leur demandant s'ils allaient bien. Il n'était pas dupe, et se doutait bien qu'il posait essentiellement cette question à Lena, et non à lui. Il laissa donc cette dernière prendre la répondre et lui dire qu'elle allait bien. Ce qui ne manqua pas de faire réagir Sully, ne manqua pas alors d'ajouter qu'elle pouvait lui en parler. Tout du moins si elle estimait qu'il pouvait toujours jouer son rôle de confident. Le jeune biélorusse ne savait pas s'il devait prendre cela comme une pseudo-attaque personnelle ou non, certainement vu le regard que l'homme venait de déposer sur lui. Hum, bien. Il se gratta la joue, silencieusement. Jetant un bref regard en direction de Lena qui prenait alors la parole, un brin confuse. Elle lui expliqua qu'il était toujours son confident. Valeri ne comprit d'ailleurs pas pourquoi il venait de faire part de cette observation. S'il avait peur que le biélorusse lui pique ce rôle qui semblait lui tenir bien à cœur, ce n'était pas dans les attentions de Valeri de prendre la place de qui que ce soit. Ce n'était pas son genre. Non. Oh ça non. Quant à ce dernier, il disait allait bien. Il n'allait pas lui parler de ces dernières misères à la cheville, non. Ce serait insensé. Quant à ce repas, Lena l'avait confectionné toute seule, sous l’œil avisé du biélorusse... oui, évidement. Il l'avait supervisé, et ainsi elle s'était débrouillée toute seule. Selon Sully, Valeri était très doué pour superviser... Le concerné ne savait pas vraiment comment accueillir cette remarque. Bien ou mal. Il en profita pour prendre des nouvelles de son doigt. Rappelons que la semaine passée, lorsqu'ils avaient confectionné cette pizza ensemble, Valeri s'était légèrement coupé le doigt. Ce n'était rien de grave en soi, juste une simple coupure. Plus de peur que de mal -et il n'y avait même pas eu de peur. La danoise semblait quelque peu inquiète et le questionna au sujet de son doigt. Elle lui demanda alors « quel doigt ». Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, avant de poser son regard sur la jeune femme comme pour la rassurer. Il ne fallait pas qu'elle s'inquiète. «  Ce n'est rien... c'était juste mon index. ». Il s'était juste fait une légère entaille, qui lui avait valu de mettre un pansement très excentrique. Il porta alors son attention sur Sully. «  Mon doigt va très bien, à présent. Il te remercie d'prendre de ses nouvelles ! » lui fit-il alors remarquer. Puis Lena les convia alors à goûter cette purée qu'elle avait faite elle-même -ou partiellement. Il ne savait pas à vrai dire si elle l'avait faite avec de vraies pommes de terre qu'elle avait écrasé elle-même, ou bien s'était-elle contentée de prendre l'un de ces sachets industriels. Sur cette interrogation, il goûta alors une fourchette. Il lui fit part aussitôt de son avis. Il manquait d'assaisonnement pour lui. Du sel. Ce fut d'ailleurs ce que souligna aussi Sully. Ils étaient donc tous les deux du même avis. Pour une fois. A croire qu'ils n'étaient pas qu'en perpétuel conflit d'idéaux. A son tour, elle goûta une bouchée. Elle en tiendra compte la prochaine fois, souligna-t-elle. Elle souffla, d'ailleurs, que cette gustation lui avait donné une idée. Valeri posa un petit air intrigué sur le visage de la danoise. Une idée ? Il n'eut pas à attendre de savoir ce qui se cachait derrière cette idée. Ce serait un jeu. Ah ? Dans ce jeu, l'un aurait les yeux bandés, et les deux autres lui feront goûtés un mélange de purée et du produit de leur choix. Cette idée l'amusa doucement, et lui rappela alors la fois où elle lui avait parlé de vouloir goûter un mélange esquimau et chips au barbecue. «  Je suis partant, pour ma part ! » lança-t-il alors. C'était un 'jeu' auquel il avait été habitué, surtout lorsqu'il travaillait en cuisine. Il se rappelait de ces nombreuses dégustations, dans ces débuts, qu'il avait dû faire à l'aveugle. Tout ça pour perfectionner ses pupilles et son flair. Ces débuts n'avaient été guère fructueux, et il était toujours aussi défaillant par moment lorsqu'il s'agissait de reconnaître certains produits. Elle demanda alors qui voulait commencer, tout du moins qui voulait avoir les yeux bandés. «  Je propose que ce soit Sully ! » souffla-t-il alors, dessinant un léger rictus, en levant la tête en sa direction.