Il était un peu perdu, confus, troublé... égaré dans ses nombreuses pensées. Il ne savait plus vraiment pourquoi il venait de lui demander ça, de lui dire ça. Il venait de lui demander si elle jouait tout simplement avec lui. C'était une façon comme une autre de savoir si elle avait toujours été sincère avec lui ou non. Peut-être n'aurait-il pas dû lui demander ça. Un silence s'installa entre eux. L'un de ces silences qui faisait ensuite naître un malaise. Un malaise léger, mais présent. Il s'en pinça les lèvres de cette maladresse verbale. On n'était jamais doué avec les mots. Même les plus grands orateurs avaient des failles. Jaileen prit alors la parole. Elle confirma alors que non. Non, elle ne jouait pas avec lui. Bien sûr que non, même. Elle reprit une nouvelle fois la parole. Lui disant qu'il se trompait. Qu'il se trompait. Il se trompait si tous ses gestes et mots qu'elle avait pu avoir à son égard étaient calculés. Il déglutit avec peine, se sentant alors idiot. Il se gratta la nuque, tentant alors d'ouvrir la bouche pour articuler quelques mots, quelques sons. Pour s'excuser certainement. Mais il n'eut pas le temps de réagir qu'il pouvait entendre et percevoir avec difficulté dans l'obscurité la jeune femme se lever et s'éloigner de lui. « Non... reste, s'il-te-plait... » réussit-il à prononcer en vain. Malgré ses mots, elle était partie s'asseoir un peu plus loin. Après quelques secondes -ou plutôt minutes- de réflexion, il se leva à son tour, afin de rejoindre la jeune femme. Elle s'était assise sur le bord du ponton. Il s'installa à ses côtés, silencieux. Il tourna légèrement la tête en sa direction. Tentant alors vainement de pouvoir détailler les traits de son visage. « Je suis désolé... j'étais maladroit sur ce coup. » reprit-il fébrilement. Maladroit, très maladroit. Il baissa légèrement la tête, avant de venir lui déposer un bref baiser au creux de son cou. « Je n'aurais pas dû de te dire des choses comme ça. ». Il n'aurait pas dû, mais ses confusions ont été bien plus fortes que lui pour le coup. Des confusions, il n'en avait jamais eu jusqu'à présent. Non. Jamais. Tout ça semblait nouveau pour lui, ou presque. Oui. Il semblait redécouvrir des choses dont on lui avait privé depuis des années. Toutes ces choses que n'importe quel personne lambda chérissaient.

Si la grande blonde pensait pouvoir se reposer sur son partenaire et compter sur lui pour lui faire oublier le moment embarrassant qu’elle était en train de vivre en ce moment même, eh bien elle se mettait le doigt dans l’œil. Comme tous les autres Valeri semblait douter de la sincérité de la jeune femme. Il ne lui posait pas de question, mais venait lui faire part de ses doutes, de ses confusions. C’était bien pire pour l’anglaise. Elle avait le sentiment de perdre la seule personne à qui elle pouvait faire confiance ici. Lui indiquant qu’elle n’avait jamais eu l’intention de jouer avec lui, avec ses sentiments, elle n’attendait pas longtemps pour s’échapper et s’éloigner de lui. « Non... reste, s'il-te-plait... » Elle entendait à peine ce qu’il lui disait. Rester. Pourquoi ? Il allait faire comme les autres, continuer à l’enfoncer encore un petit peu plus. Jaileen n’avait pas spécialement envie de rentrer au nid, de retourner dans son lit. Elle avait envie de profiter de l’air frais de la nuit. Sans un mot, elle marchait en direction du bout de ponton pour venir s’y installer. Assise, les pieds dans le vide, elle laissait ses jambes se balancer dans le vide. Ses pupilles scrutaient l’horizon. Elle restait comme ça durant de longues minutes. Même lorsque Valeri venait la rejoindre, s’installant à ses côtés, elle ne bougeait. Elle sentait bien qu’il était en train de l’observer, en train de la détailler, mais elle ne disait rien. « Je suis désolé... j'étais maladroit sur ce coup. » Maladroit ? C’était rien de le dire. La demoiselle lâchait un soupir en guise de réponse. Ce n’était pas un soupir exaspéré, mais plutôt un soupir ressemblant étrangement à un mélange de confusion et de tristesse. C’était à son tour de ne plus savoir quoi penser. Ses pensées venaient se bousculer un petit peu plus lorsqu’il venait déposer un baiser furtif au creux de son cou. Presque aussitôt la demoiselle venait passer l’une de ses mains à l’endroit où il l’avait embrassé. Elle n’était pas gênée, mais elle ne savait pas si c’était le bon moment. « Je n'aurais pas dû de te dire des choses comme ça. » C’était là qu’elle tournait la tête vers lui, qu’elle posait ses pupilles sur sa silhouette. Elle le détaillait un instant avant d’articuler faiblement :  « Ce … C’est pas bien grave. » Après tout elle ne pouvait pas le pousser à la mer pour si peu. La blondinette se rapprochait à peine de son camarade, laissant sa tête retrouver son épaule. Elle fermait les yeux quelques instants.

Sa question venait de donner naissance à un certain malaise. En effet, peu après lui avoir répondu, elle se leva et partit un peu plus loin. Mais non. Non. Il ne voulait pas qu'elle s'en aille, lui. Il lui demanda alors faiblement de rester. De rester à ses côtés. Il vint finalement s'asseoir à ses côtés, après avoir réfléchi un instant de rien. Il hésita à parler... ne sachant que dire, ou de peur d'être une nouvelle fois maladroit. Il se disait alors être maladroit. Maladroit d'avoir dit ça, ou d'avoir pu penser ça une brève fraction que minutes. Oui. Il était maladroit. Peut-être un peu trop. Sûrement la faute à toutes ces nouveautés qui s'éprenaient de ses états d'âme. Il ne savait pas si elle lui en voulait d'avoir pu dire ça, ou penser ça tout simplement. Sûrement oui. Après tout, si elle n'en aurait eu rien à faire de ça, elle ne serait pas partie de la sorte. Non. Sûrement non. Il s'interrompit alors quelques secondes, venant lui déposer un bref baiser dans le creux de son cou. Un baiser qu'il jugeait trop doux pour être vrai. Tellement doux. Il reprit une nouvelle fois la parole, lui disant qu'il n'avait pas à lui dire des choses pareilles. Il n'aurait pas dû. Peut-être aurait-il dû mettre sous ses silences ses craintes. Elle lui dit alors que ce n'était rien. Que ce n'était pas bien grave, comme elle lui disait. Si elle ne lui en voulait pas, c'était le principal, n'est-ce pas ? A moins qu'elle lui en voulait, mais qu'elle voulait se faire silencieuse à ce sujet. Parce qu'elle n'avait pas envie de se montrer froissée, ou blessée. Il ne savait pas. C'est alors qu'il sentit un léger poids se poser contre son épaule. Il baissa légèrement la tête, pouvant constater la jeune femme poser sa tête sur son épaule quelque peu docile. Un frêle sourire étira ses lèvres, alors que sa main se posa sur celle de Jaileen. Il était bien là. Seul. Seul avec elle. Il ne pouvait rien leur arriver, ici. A moins qu'un élément perturbateur vint casser cet instant. Comme cette fois dans la chambre, avec Opaline. Mais là, il n'y avait ni chambre, ni lit, et encore moins d'Opaline. Elle devait être couchée, comme tous les autres, elle. Il ne savait même pas pourquoi il repensait à ce moment. Ses doigts vinrent se mêler dans ceux de la jeune femme. Il lâcha un bref soupir. L'un de ses soupirs de béatitude. De bien-être. Enfin, vous voyez le genre. « Tu as déjà aimé quelqu'un ? … enfin avoir un petit-ami, quoi. Je me rends compte qu'on n'a jamais osé aborder ce genre de 'truc' ensemble... » souffla-t-il, avant de se taire. Il n'allait pas lui forcer à lui répondre, évidemment.

La blondinette préférait s’éclipser. Elle n’avait pas envie de montrer à son camarade que les paroles qu’il venait de prononcer avait eu le don de la peiner. Toute seule, assise tout au bout du ponton, les pieds dans le vide, la jeune femme scrutait l’horizon. Elle ne pensait pas que Valeri, son partenaire, pouvait douter d’elle. Jamais elle n’avait joué avec lui et jamais elle n’oserait. Elle tenait bien trop à lui pour ça. La demoiselle avait bien entendu lorsqu’il lui avait demandé de rester, mais elle ne l’avait pas écouté. Elle n’en faisait qu’à sa tête. Il se passait quelques minutes avant qu’il ne vienne la rejoindre. Il s’excusait venant même poser ses lèvres dans le cou de la jeune femme. On dirait qu’il voulait se faire pardonner. Jaileen ne savait pas quoi penser. En guise de réponse, elle lui disait que ce n’était pas bien grave. Elle n’avait pas tort. Il y avait toujours bien plus grave dans la vie, mais elle en était tout de même très affectée. Après tout il s’agissait de son partenaire, de la personne sur qui elle devait avoir une confiance aveugle dans le jeu. La personne sur qui elle devait pouvoir compter sans se méfier. Ne disant pas un mot de plus, elle venait poser délicatement sa tête contre l’épaule de son colocataire. Elle fermait les yeux. Rien ne pouvait l’atteindre. Elle était tellement bien. La main de Valeri venait se poser sur la sienne. Elle en frissonnait presque. C’était étrange. « Tu as déjà aimé quelqu'un ? … enfin avoir un petit-ami, quoi. Je me rends compte qu'on n'a jamais osé aborder ce genre de 'truc' ensemble... » C’était une question étrange. Cependant il arrivait à arracher un sourire à la demoiselle. Un sourire enfantin et timide à la fois. Effectivement, il n’avait jamais abordé ce sujet. La belle ne savait pas s’il était en couple en dehors du jeu ou bien s’il était seul. Elle ne savait même pas ce qu’il pensait de ce sentiment. Laissant sa tête sur l’épaule de son camarade, elle haussait maladroitement les siennes.  « Une seule fois. Enfin … peut-être deux, mais pas plus. » Enfin, elle n’avait aimé quelqu’un qu’une seule fois, peut-être deux. Des petits-amis, en revanche, elle en avait eu plus d’une fois. Jaileen ne restait pas bien longtemps célibataire, même si elle aimait sa liberté.  « Pourquoi ? » demandait-elle sur un ton curieux.

 

Ils étaient seuls, dans cet endroit. Seuls, loin de tous. Tout du moins, c'était ce que le biélorusse espérait. Les caméras devaient, elles aussi, dormir. Il l'espérait tout du moins. Tout comme ces camarades qui dormaient tous et qui ne viendraient en aucun les déranger, ici. Non. Une fois, ça suffit. Valeri lui demanda alors si elle avait déjà aimé, ou tout du moins s'il avait déjà eu un petit-ami, dans sa vie sentimentale. A vrai dire, l'un comme l'autre n'avait jamais abordé ce sujet... comme par pudeur, ou non-curiosité certainement. Jaileen haussa, tout abord, les épaules. Il pouvait sentir sa petite épaule venir s'entrechoquer contre la sienne. Puis, elle prit alors la parole. Elle disait avoir aimé une fois. Ou peut-être deux. Disons deux alors. Elle avait eu deux histoires sentimentales, dans sa vie. Elle n'en avait pas eu plus de deux, en tout cas. Ce fut ce qu'elle lui confirma. C'était étrange d'évoquer très brièvement son passé amoureux. Valeri se pinça les lèvres. Lui était à vingt mille lieux de tout ça. De ces romances idylliques. «  Et pourquoi ça s'est terminé ? » lui demanda-t-il, sûrement un peu trop curieux une nouvelle fois. Sa main ne quitta plus celle de la jeune femme, et ses doigts longilignes vinrent caresser les phalanges de Jaileen. Ce contact, ces douces caresses, il les aimait bien. Oui. Il était bien là, quand même. Oh ça oui. C'est alors qu'elle lui demanda les raisons de ces questions. Il aurait très bien pu lui répéter ce qu'il lui avait déjà répondu. Parce qu'ils n'avaient jamais osé aborder le sujet ensemble, tous les deux. Peut-être était-il à présent trop tard pour parler de ça. Il ne savait pas... il n'avait jamais été très doué lorsqu'il s'agissait parler de ça. Oui, vous savez d'avoir à parler d'amour, de romances, d'histoires sentimentales et de toutes ces niaiseries. «  Je... je ne sais pas trop pourquoi je te demande ça... peut-être ne devrais-je pas... ». Il ne savait pas, non.

C’était comme si de là où elle se trouvait, personne ne pouvait l’atteindre. Elle était tellement bien, sa tête contre son épaule, sa main dans la sienne. Elle n’avait pas envie de bouger. Elle pouvait rester là durant des heures et des heures. Elle fermait même les yeux un court instant, mais Valeri prenait la parole pour lui poser une question un tout petit peu trop personnelle au gout de la jeune femme. Elle haussait les épaules, dans un premier temps, avant d’ouvrir la bouche et de prendre la décision de se dévoiler sur ce sujet. Après tout, il avait bien le droit de savoir. C’était ainsi qu’elle venait lui indiquer qu’elle avait déjà aimé une personne. Deux fois. Pas plus. Les sentiments amoureux ce n’étaient pas de la rigolade. C’était impossible pour la grande blonde de tomber amoureuse dès qu’elle croisait le regard d’un garçon. Tomber sous le charme d’un jeune homme, ce n’était pas la même selon elle. «  Et pourquoi ça s'est terminé ? » La demoiselle fronçait très légèrement les sourcils. Elle ne relevait pas la tête pour autant. Hésitante au début, elle finissait par avouer :  « Eh bien, une fois parce qu’il m’a trompé et la deuxième fois parce qu’on ne s’entendait plus. » C’est la vie. Pas la peine d’en faire toute une histoire. C’était à cet instant précis qu’elle pouvait sentir les doigts de son partenaire venir caresser tout doucement ses phalanges. Un sourire s’emparait de ses lèvres. Quelques secondes de silence passaient. «  Je... je ne sais pas trop pourquoi je te demande ça... peut-être ne devrais-je pas... » Il semblait gêné tout à coup. C’était étrange. Comme pour le rassurer, elle venait mêler ses doigts aux siens, relevant la tête et déposant un baiser sur sa joue.  « T’inquiète pas, c’est du passé. Je ne vais pas m’effondrer dans tes bras et me mettre à pleurer comme une madeleine. » Un mince sourire sur le visage, elle laissait sa tête retrouver sa place sur l’épaule de son camarade.  « Et toi ? T’as déjà …aimé quelqu’un ? »

 

C'était bien la première fois qu'ils évoquaient, ensemble, ce sujet de conversation. Valeri l'avait vaguement fait par le passé avec Sully, et Lena aussi. Jamais, ils n'avaient parlé de leur passé amoureux. Ainsi, elle avait été amoureuse de fois. Il lui demanda alors pourquoi ça s'était terminé. Oui, car après tout, elle aurait très bien être encore en couple, à ce moment précis. Comme Lena. Lena devait d'ailleurs être la seule candidate en couple, de cette édition. Ainsi, le premier l'avait trompé et elle ne s'entendait plus avec le second. Oh, d'accord. Il trouvait ça, malgré tout, étrange d'évoquer ce passé sentimental. Peut-être parce que ce n'était pas le moment, il ne savait pas vraiment. Mais il n'en restait pas moins curieux. Il ne savait pas vraiment au fond pourquoi il lui parlait de ça. Non. Peut-être n'aurait-il pas dû. Il ne savait pas, à vrai dire. Il sentit les doigts de la jeune femme venir serre un peu plus les siens. C'était étrange ce contact. Etrange et si... si naturel, au fond. Il avait laissé de côté les artifices pour des gestes qui lui semblaient plus... plus naturels. Il n'avait pas à s'inquiéter, lui dit-elle alors. C'était du passé. Certes. Mais le passé nous hantait toujours un peu, qu'on le veuille ou non. Oh, il était certainement assez bien placé pour le dire, certainement. Son passé un tant soit peu proche le hantait toujours, comme une ombre indivisible. Il ria doucement lorsqu'elle continua de parler, heureusement qu'elle n'allait pas se mettre à pleurer. Oui, encore heureux. Et lui ? Elle lui demanda s'il avait déjà aimé. Aimé quelqu'un. Aimé une fille. Un léger silence s'installa. « Hum... non » souffla-t-il alors très brièvement. Il n'allait pas faire durer le suspens et encore moins s'inventer un passé sentimental ou amoureux.