SETH & OLIVER

« Mec, dis-moi que t’es courageux et que t’accepte de m’accompagner dans ce truc. » C’est la réplique que je lançais à mon camarade, qui se tenait tout juste à mes côtés, alors qu’on se baladait tout gaiement dans les rues du studio, qui menait, ici et là, vers les divers lieux plus exquis les uns et des autres. Pourquoi avais-je décidé de m’arrêter devant cet édifice-ci et pas devant un autre, aucune idée. Mon cerveau qui déconnait, fort probablement. Mais l’hôpital abandonné avait un attrait tellement particulier à mes yeux, je ne pouvais pas ne point répondre à son appel. « T’es pas une poule mouillée, quand même ? » Moi, ça ne m’effrayait pas, mais quand je faisais de l’exploration, on m’avait bien conseillé de ne jamais partir seul. Car on ne sait jamais ce qui peut nous arriver – et je ne parlais pas de présences paranormales, mais peut-être plus d’incidents malheureux : ces constructions en ruine s’effritaient avec le temps et devenaient dangereuses. Pas étonnant que la plupart soit condamné (ce qui les rendait d’autant plus attrayantes, à mes yeux).

« Rien, vraiment? J’suis impressionné. » Connaissant mes propres faiblesses, je ne pouvais pas dire qu’il en était autant pour moi. J’avais mes peurs, mes craintes, et elles m’empêchaient parfois d’avancer dans la bonne direction. Je n’avais pas peur de foncer, ceci dit, et ça me forçait parfois à redoubler d’effort, rien que pour me prouver que je pouvais y parvenir, malgré tout. Il se met à me parler de son métier, ou du moins, son ancien. Il est vrai que ce détail m’avait échappé. Je me demande s’il m’en avait tout simplement déjà parlé – peut-être bien, mais ça m’était sorti de la tête. L’Irak, la guerre et tout ça : c’est à des lieux de la petite cuisine de mon bistrot. Là-bas, je mène mes propres combats, mais au moins, je ne risque pas la mort à tout moment…  Ça doit être fou d’être confronter à tout ça. Mais là n’est pas la question. Voilà que nous entrons d’un pas décidé dans l’établissement désaffecté. Il me demande si je suis déjà venu dans le coin. « En dehors de la petite fête de la semaine dernière, non. » J’aime pas les hôpitaux, même ceux factices, fabriqués de toute pièce pour habiller l’environnement d’une émission de télé-réalité. « Et sais-tu, je regrette pas. Franchement, quel est le plaisir de se balader dans ce tat de ruines. » Non, mais c’est vrai, il y avait des décors bien plus intéressants dans le coin. Des bruits lointains, quelque chose qui ressemblait à des cris, se firent entendre. Le genre de truc qui faisait crier les filles. Moi, ça ne réussit qu’à me faire rire. « Le nombre de rapprochement qu’il doit y avoir lieu ici… non mais c’est quand même le plan parfait : t’amène la fille de tes rêves, et là, elle a la trouille, alors résultat, elle se colle à toi tout le temps… ouais, c’est presque trop facile. » J’étais quand même pas malin sur ce coup. Au diable Seth, qu’on m’amène une candidate de remplacement! Et tout de suite.