Zoran & Danaé
#1

Mise à part faire connaissance avec les autres je ne trouve pas grand-chose à faire ici pour le moment. Je ne vais pas aller jusqu’à dire que je m’ennuie, mais il est vrai que par moment je ne sais pas vraiment quoi faire. C’est peut-être parce qu’ici tout est déjà propre et que le frigo est plein à craquer. Chez moi, lorsque je ne sais pas à quelle occupation vaquer, je peux m’occuper de mon petit bout, je peux aller me promener au parc avec lui, je peux aller faire des courses, je peux faire le ménage et puis j’ai un libre accès à internet pour pouvoir consulter mon blog et dénicher la nouvelle petite perle rare du jour pour en faire profiter mes fidèles internautes chéris. J’aime vraiment beaucoup ce que je fais comme métier. Je crois bien que je ne peux pas rêver mieux. Je fais quelque chose qui me passionne et je crois bien que c’est le principal, mais ici je ne peux pas le faire alors il faut bien que je me trouve une toute nouvelle activité quotidienne passionnante pour égayer mes journées. Je ne sais pas vraiment ce que je veux pour le moment, mais j’ai une idée bien précise de ce que je ne veux pas faire. Par exemple, je n’ai pas envie d’aller faire du sport tous les jours ou encore de faire à manger pour tout le château. C’est barbant et pas du tout amusant. Je pourrais passer mes journées dans la bibliothèque, mais je n’ai pas envie que l’on me qualifie de rat de bibliothèque ou d’un truc dans le genre. Finalement je décide de partir à la découverte de l’extérieur du château, des jardins pour être plus précise. On est tout de même dans un lieu magnifique donc les espaces de verdure doivent l’être tout autant. N’ayant accès à l’extérieur que le matin, je prends soin d’enfiler un petit gilet pour ne pas attraper froid avant de partir arpenter les sentiers à travers les fleurs. Il fait plutôt bon dehors et quelques rayons de soleil viennent me chatouiller le visage. C’est plutôt agréable. Je m’éloigne petit à petit du château pour finir par arriver au centre du jardin, à côté de superbes fontaines. C’est tellement beau que je décide de m’arrêter là quelques instants. C’est en observant l’endroit que je remarque une masse ne ressemblant pas à de l’herbe un petit  peu plus loin, en plein soleil et sur le sol. Curieuse, je m’approche. Un jeune homme a l’air d’avoir eu envie de venir terminer sa nuit ici. Je ne sais pas s’il est en train de dormir, mais je ne résiste pas bien longtemps à l’envie de l’enquiquiner. « T’es mort ? » que je demande en m’accroupissant à ses côtés avant de venir toucher son bras de mon index histoire de voir s'il a une réaction quelconque.

Je vous jure que j’ai vraiment super peur quand je vois ce type allongé sur le sol. Je me doute bien qu’il n’est pas mort, mais peut-être qu’il a fait un malaise ou un truc dans l’genre et qu’aucun membre de la production ne s’en est rendu compte. Du coup, comme j’suis quand même super curieuse, il a fallu que j’aille voir de qui il s’agissait et surtout ce qu’il pouvait bien avoir. Au moment où je pose le bout de mon index contre son bras, il ouvre les yeux. Wow, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il réagisse aussi vite en fait et je sursaute comme une pauvre idiote. Je manque même de me ramasser une gamelle et de me retrouver les fesses sur l’herbe et les quatre fers en l’air. « Salut. » Il murmure tout en en me dévisageant avant de me sourire et de tapoter sur le sol. J’imagine que ce dernier geste est pour m’inviter à prendre place à ses côtés, mais pour le moment j’suis plutôt obnubilé par le fait de savoir s’il va bien ou pas. Il a l’air de ne pas être mal en point, mais je ne peux pas m’empêcher de venir poser, brièvement, ma main sur son front pour vérifier s’il n’a pas de la fièvre ou un truc dans l’genre. Rien. J’hausse brièvement les épaules avant de finalement venir m’allonger à ses côtés. Mes mains viennent se rejoindre sur mon ventre et je tourne la tête vers le garçon pour l’observer un très court instant. « T’as pas passé toute la nuit ici quand même ? » que je murmure pour ne pas trop le bousculer dès le réveil. Mes pupilles viennent à présent se poser sur le ciel, sur les nuages. J’en pointe un du doigt. « Regarde. »Un petit sourire se dessine sur mes lèvres. « On dirait un … » Je fronce les sourcils en tournant très légèrement la tête vers lui. « Il te fait penser à quoi ce nuage ? » Moi ça me fait penser à un petit lapin, mais avant de balancer mon idée de gamine je préfère m’assurer qu’il pense la même chose quoi. J’ai pas vraiment envie de passer pour une idiote.

Faut bien que je m’attende à trouver de tout dans cette aventure, même des gens qui terminent leur nuit au beau milieu d’une grande étendue d’herbe juste à côté de tout un tas de jolies fontaines. Il y en a bien qui le font dans les parcs alors que des chiens viennent pisser dessus alors pourquoi pas ici dans un jardin juste parfait et super bien entretenu. Il m’a quand même fait un petit peu peur le type. Il aurait pu lui arriver quelque chose de plus ou moins grave. Je ne me fais pas prier lorsqu’il me fait signe de venir me poser à côté de lui. Je l’observe un moment avant de lui poser une question. À son tour il tourne la tête vers moi. Peut-être que je le regarde avec un petit peu trop d’insistance pour qu’il me regarde lui aussi ou alors il a juste des bases de politesse, des petits principes qui le rendent sociable. « J'aurais pu, mais non.. » J’me rappelle pas l’avoir vu dans la chambre hier soir, mais s’il me le dit, je veux bien le croire. Lui adressant un petit sourire, je termine par laisser mes pupilles se perdre sur le ciel, sur les nuages. Y’en a un qui a une drôle de forme. Je le lui montre en le pointant du doigt tout en lui demandant à quoi cela lui fait penser. Il ne répond pas tout de suite, mais fini par me sortir avec un naturel assez déstabilisant : « Bah à une bite. » Il semble se moquer de moi. Je fronce les sourcils tout en tournant très légèrement la tête sur le côté pour observer le nuage sous un autre angle. « Je ne pensais pas à ça, mais … c’est vrai qu’avec beaucoup d’imagination on pourrait penser à ça oui. » Je marque une courte pause tout en continuant de scruter le volatile blanc. « Mais sans imagination c’est plutôt un pénis difforme quand même. » Ouai parce qu’en vrai je ne sais pas vraiment où il voit que ça ressemble à un pénis. « Remarque c’est peut-être parce que le tien est difforme et ressemble à ça que tu me dis que ça te fait penser à une bite. » que je lâche moi aussi avec naturel. Je ne demande pas à voir, je présente juste une hypothèse.

Un pénis. Non, mais sérieusement je ne sais pas si lui aussi il a le feu au derrière, comme la nana avec la cage à oiseau sur la tête, mais il est évident que ce joli petit nuage ne ressemble en rien à un pénis. Enfin si, peut-être bien un petit peu, mais il faut quand même une sacré imagination pour penser à un pénis. Du coup, je ne peux pas m’empêcher de lui faire part de mes pensées et d’y aller de ma petite remarque. Son pénis était-il aussi étrange que celui qu’il y avait dans le ciel ? En fait je ne veux pas vraiment savoir. C’est une question comme une autre, mais une question qui ne le laisse pas indifférents. Je sens qu’il tourne la tête vers moi et qu’il me regarde avec insistance. Tournant moi aussi la tête vers lui, je me rends compte qu’il est en train de froncer les sourcils. Un petit sourire moqueur vient prendre place sur mes lèvres alors qu’il en profite pour soulever très légèrement, afin que je ne puisse pas me rincer l’œil bien évidemment, la taille de son short et de boxer histoire de vérifier si tout est normal. « Ah, non. Tout se passe bien, par ici. C'est juste comme il faut. » Au fait, pourquoi il regarde ? Il a peur qu’elle ne se soit transformée en je ne sais quel cucurbitacée depuis ce matin ? En tout cas il a l’air satisfait de ce qu’il voit. Tant mieux pour lui. « Tu veux que je te montre ? » Les hommes et leur habituelle envie d’exhiber leurs attributs masculins à la vue de tous et surtout des jeunes femmes. C’est quand même une maladie tout ça. Bon d’accord c’est peut-être moi qui le provoque un petit peu, mais je n’ai jamais eu d’arrières pensées. « Non merci. Les horreurs de la guerre je les ai déjà vues. » Beh oui je ne suis pas née de la dernière pluie tout de même. « Et sinon en quoi trouves-tu que cela ressemble à un pénis ? » que j’demande en pointant le nuage de mon index. « J’pensais plus à un lapin moi en fait. Regarde, là t’as les deux oreilles, puis le corps et juste là sa petite queue. » On dirait que j’suis en train de parler à mon fils en parlant de petit lapin et en lui montrant de mon doigt chacune des parties de ce pauvre lapin volant. Il doit me prendre pour une folle, c’est certain.

Je ne sais pas vraiment s’il regarde sous son pantalon, enfin sous son boxer, parce que je viens de le froisser en insinuant qu’il était fort possible que son pénis soit déformé étant donné qu’il avait une vision assez particulière des attributs humains ou bien s’il fait cela uniquement pour se rendre intéressant. En tout cas il me propose de voir la chose qu’il vient de regarder et franchement non merci. Je ne suis pas née de la dernière pluie, j’ai suivi avec assiduité mes cours de biologie au collège et au lycée donc Dieu merci je sais tout de même, jusqu’à preuve du contraire, à quoi ressemble un pénis. Il soupire. Pourquoi ? Monsieur a-t-il envie que je fasse mumuse avec ses bijoux de famille ? « T'es lesbienne ou quoi ? » Alors là, pas du tout. J’suis loin d’être homophobe puisque j’ai des tonnes d’amis de ce bord là, mais moi ce n’est pas vraiment mon truc. Je ne réponds pas. Je décide d’agir. Tournant très  légèrement la tête vers lui pour l’observer du coin de l’œil, je termine par me redresser un tout petit peu pour venir poser mes lèvres sur les siennes. L’une de mes mains vient s’aventurer sur son bas ventre, mais ne descends pas plus bas bloquer par la taille de son short. Je lui offre un baiser plutôt fougueux. Mes dents viennent même capturer un instant sa lèvre inférieure avant que je ne me laisse retomber sur l’herbe. « Pour répondre à ta question, non je ne suis pas lesbienne. » Bref, sinon je ne vois toujours pas où il voit un pénis avec ce fameux nuage moi. Je lui explique où moi j’vois un lapin. Bien évidemment il n’est pas d’accord. « Ben, c'est pourtant clair.. Le truc bien épais et long, là bah c'est la bite et la queue de ton lapin c'est une des deux couilles. Regarde, la deuxième est à gauche. » Je fais la moue. Moué. Je ne suis pas franchement d’accord. Je fronce les sourcils encore une fois. J’essaye vraiment de m’imaginer la chose, mais c’est plus fort que moi, je n’y arrive pas. « En tout cas ma journée est plutôt productive puisque je viens d’apprendre qu’un lapin pouvait ressembler à un pénis en faisant preuve de … beaucoup d’imagination. » Je continue d’observer le nuage avant de lâcher un : « Apprends-moi autre chose. » comme si j’étais face à mon maître.