cian

J’arrive pas à dormir. Ce n’est pas de la faute d’Antwon. Non, il ne ronfle, il ne bouge pas tant que ça non plus. Non, je crois que le problème c’est le café que je me suis enfilé il y a de cela deux heures environ. C’était une mauvaise idée et je le savais avant même d’avoir prit ma première gorgé. Mais j’avais envie d’un café. Alors c’est tout. Sauf que bon, le résultat c’est que je ne suis pas prête à fermer l’oeil aussitôt. Je me décide donc de me lever, n’ayant pas envie de tourner en rond le restant de la nuit. Le pire, c’est qu’il y a plusieurs candidats qui ne dorment pas encore à cette heure. On est libre de faire ce que l’on veut après tout. Je croise Judith. C’est anodin, en plus je ne la connais pas vraiment. Mais là, voilà que mon cerveau fait une connexion. Si elle est ici, peut-être que Cian est seul dans son lit. C’est une mauvaise connexion. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça. C’est idiot, je ne vais quand même pas aller me glisser sous ses couvertures comme ça. Nooooooon. Oui. Merde, mes pieds prennent tous seuls la direction de l’autre chambre. C’est pas de ma faute. J’ai juste envie de le voir, c’est pas une mauvaise chose en soit. Et peut-être qu’il n’est même pas là de toute façon. Je pousse la porte silencieusement, me rendant compte une fois à l’intérieur de la chambre que je ne sais même pas lequel est son lit. Bah bravo. Je m’avance donc vers le premier lit, passant ma tête au travers du rideau, priant pour ne pas surprendre quelqu’un entrain de faire des trucs pas catholiques. Mais non, et ce n’est pas Cian. Je vois presque rien, mais la personne est beaucoup trop petite pour que ce soit lui. Je continue et me mange la balançoire en pleine tronche. Je me mord la lèvre fortement pour ne pas crier. Merde, India avait raison pour cette fichue balançoire. Je l’aime beaucoup moins maintenant. Puis je me tourne et va vers un autre lit, poussant à nouveau le rideau, les yeux plissés dans l’obscurité, mon sourire s’agrandissant sur mes lèvres. Bingo. Je ne sais pas s’il dors, je ne vois vraiment pas grand chose. J’embarque donc avec délicatesse sur le lit, m’approchant de lui sans pour autant me faufiler sous les couvertures. « Tu dors ? » Je murmure alors que mon visage est un peu plus près du sien. Je viens lever le drap qui le couvre très doucement, comme si je voulais regarder en dessous. « T’es tout nu la-dessous ? » je demande, alors je suis certaine qu’il est réveillé Je me mord l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire quand même. Non mais qu’est-ce que je fais ici.

Dans le genre de geste complètement irréfléchie et quelque peu impulsif, venir me faufiler dans la chambre et dans le lit de Cian bat des records. Enfin, des records dans mon livre à moi. Je ne suis pas une grande aventurière à l’extérieur d’ici. Et je précise à l’extérieur parce que bon, semblerait que je sois un peu plus dégourdie depuis que j’ai mis les pieds dans ce château. Bref, je suis là, et je compte rester évidemment. Je soulève curieusement le drap comme si je voulais jeter un coup d’oeil à ce qui se trouvait la dessous, alors que j’en fais part à un Cian qui, j’en suis certaine, est bien réveillé. « Non mais ça peut s'arranger... » Je mord un peu plus l’intérieur de ma joue en l’entendant dans un murmure. Ah ouais, je vois. « Intéressant. » Non mais comme si j’allais réellement lui demander de retirer son boxer. Faut pas pousser non plus. Je commence à discerner son visage dans la noirceur et je finis par lui sourire me demandant s’il arrive à bien me voir lui. « Tu voulais quelque chose ? Me voir nu ? Te coller contre moi et profiter de mon corps sans que je m'en rende compte ? Si tu veux je peux toujours faire comme si je dormais y'a pas de soucis... Eclate toi bien. » C’est vrai que me voir débarquer dans son lit à une heure du matin doit nécessairement dire que j’avais envie de le peloter. Enfin, c’est tout de même pas fréquent comme petite visite, alors je comprend qu’il me pose des questions. Je ris silencieusement à sa dernière phrase alors que je me décide à me glisser sous les couvertures conservant tout de même une distance entre mon corps et le sien. « En fait, je voulais venir te parler de la guerre du Viet-Nam et de l’implication américaine dans ce conflit, mais maintenant que tu le proposes... » Je parle tout bas pour ne pas éveiller le reste de la chambre, ça ne serait pas super sympa de ma part. Je viens déposer ma tête contre son oreiller histoire que nos visages soient face l’un à l’autre, seulement quelques centimètres séparant ceux-ci. « J’arrivais pas à dormir... » dis-je la voix remplie d’innocence, comme si ça expliquait réellement ma présence ici. Excuse de merde, on est d’accord. J’arrivais pas à dormir dans mon lit alors je m’invite dans le tiens. Bon, je me contrôle mentalement en ce moment pour ne pas m’approcher un peu plus, même si la chaleur que dégage son corps est extrêmement attirante en ce moment.

Je ne vais tout de même pas lui avouer que je suis dans son lit pour venir lui retirer ses vêtements et me coller contre son corps. Mais non, je ne suis pas ici pour ça. C’est beaucoup trop déplacé et pervers comme comportement. Mais d’un autre côté, je ne sais même pas précisément ce que je fais ici. Alors j’invente des conneries et lui dit que je veux parler de guerre et tout ce genre de truc. Ce qui le fait rire silencieusement et qui m’arrache un sourire. « T'avais pas vu que j'étais un peu con comme mec ? J'peux pas être beau, bien foutu et intelligent, ça n'arrive que dans les films ça... » Je ne le considère pas comme un con tout de même, faut pas exagérer. Bon, je me doute bien qu’il ne passe pas ses journées à lire des livres d’histoire et de politique. « Non mais tu veux bien arrêter, c’est décevant de se faire dire ça. J’ai toujours voulu avoir une vie comme dans les films moi. » Ouais, c’est qu’il me déçoit du coup. Même si bon, je suis certaine qu’on pourrait peut-être faire un film sur ma vie finalement. Enfin, à mes yeux elle n’est pas si intéressante, mais j’imagine que pour d’autres elle pourrait l’être. Bref, après m’être glissé sous les draps, sans pour autant venir me coller à lui, je dépose ma tête sur l’oreiller, et c’est un peu déroutant d’être aussi près de son visage. Ça donnerait presque envie de venir coller mes lèvres contre les siennes. Presque, j’ai dit. J’aimerais pouvoir mieux voir son visage, mais c’est si sombre que je distingue à peine son regard. Je lui dis que je n’arrivais pas à dormir. « C'est l'excuse la plus bidon que j'ai jamais entendu. » C’est ce que je me disais moi aussi. « Mouais, je sais. Mais c’est vrai que j’arrivais pas à dormir... J’ai bu du café et la je tournais en rond. Et donc je me suis dit que tu ne dormais peut-être pas, même s’il est tard et... » Nicola, arrête de parler. C’est fou, j’ouvre la bouche et ça sort tout seul. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi du coup ? » C’est une bonne question. Et je ne sais absolument pas la réponse que je dois lui offrir. Sa main qui se dépose contre ma taille m’arrache un frisson. Je ne pense qu’à ça maintenant. Et le fait que je suis peu vêtue avec mes petites shorts de nuit et ce haut un peu lousse. Je me décide finalement à m’approche un peu plus près de lui, glissant mon corps en sa direction. Mes jambes viennent même dans un geste totalement volontaire se mêler aux siennes alors que je viens me coller contre son torse. Mon front contre le sien, je n’ai toujours pas répondu à sa question. Mais je sens mes palpitations cardiaques augmentées et la cause en est évidemment cette proximité entre nous. « Tu pourrais me chanter une berceuse pour que je réussisse à m’endormir... » dis-je dans un murmure à peine audible, mes doigts se faufilant agilement sur son avant-bras en remontant. Mais à quoi je joue ? Clairement, je me sens d’humeur allumeuse. Ce n’était pas ce qu’il voulait la dernière fois ? Lui montrer de quoi j’étais capable ? Je joue clairement avec le feu, mais je ne suis pas certaine de pouvoir assumer les conséquences de mes actes. Pourtant, en ce moment, je me retiens pour ne pas venir déposer mes lèvres contre les siennes.

« Non mais en y repensant ça ferait un bon scénario notre histoire. Toi bien sous tout rapports, nanny jeune et sexy, et moi ex-taulard pas franchement fréquentable, pas super jeune mais sexy comme jamais quand même, c'est carrément improbable et pourtant t'es folle de moi, à ton avis c'est un film qui fini bien ?  » Regardez le celui-là, déjà à penser à la fin de l’histoire. Mais c’est qu’il a presque raison, on pourrait franchement faire un bon scénario de film. En plus, s’il est le personnage principal, les filles vont en être dingues, ça fonctionnerait. Mes yeux commencent à s’habituer à l’obscurité de la pièce et je réussi donc à percevoir ses dents blanches, ce sourire que je trouve particulièrement beau. Ça a le don de me faire sourire moi aussi. « Toujours à exagérer sur le fait que je suis folle de toi. » Ouais, il décroche pas. Je ne suis pas entrain de dire qu’il a tord, c’est peut-être ça le pire. « Pour ce qui est de la fin, je sais pas. Ça serait bien que ça ne ressemble pas à Jack et Rose dans Titanic... » Et je dis ça bien sérieusement, avant d’ajouter... « Mais ça va, on est pas sur un bateau, donc ça devrait pas arriver. » Oui, c’est presque rassurant. C’est logique mon truc. Puis je viens à me justifier sur la raison de ma présence dans son lit, qui n’est pas tout à fait justifiable lorsqu’on y pense. Mais je crois pas non plus que je l’ai entendu se plaindre de mon arrivé. Non, moi je crois qu’il est même plutôt content. « Et tu t'es dis que tu serais tout aussi bien avec moi, bonne idée... » Ça me semble évident. Si mes pas m’ont guidé jusqu’ici, c’est parce que je savais que je serais particulièrement bien à ses côtés. « Oui, exactement. » Pourtant, je garde une certaine distance entre lui et moi, ce qui me semble ridicule. Mais c’est peut-être aussi parce que j’ai peur de la suite que pourrait prendre les événements si je venais à me glisser dans ses bras. Pourtant, aussitôt qu’il pose sa main contre ma taille, je me sens attirée comme un aimant, comme s’il offrait la possibilité de me coller à lui. Ce que je n’hésite pas à faire, mes jambes venant même se mêler aux siennes alors que nos lèvres se frôlent de désir. Il m’a demandé ce qu’il pourrait faire pour moi, et sans réfléchir je lui demande une berceuse, alors qu’en fait, dans cette position, ce n’est clairement pas la première chose que j’aimerais qu’il me fasse. Seigneur, voilà que j’ai des pensés perverses qui m’envahissent. C’est la proximité de son corps. C’est toute cette tension sexuelle qui nous retient. Ça me fait tourner la tête. « Je ne sais pas chanter. » Hein quoi ? Ah oui, la berceuse. En une seconde, j’avais déjà oublié ce que je lui avais fait comme demande. Parce que voilà que ma main remonte contre son bras, explorant curieusement sa peau, se faisant un chemin jusqu’à son torse. Ok, j’ai chaud là. Et on ne fait rien. Et Cian se décide finalement à déposer ses lèvres contre les miennes. Il vient enfin m’embrasser, avec cette douceur particulièrement inespérée. Je répond au baiser de la même façon, sa main contre mon dos, sur ma peau me force à me rapprocher encore plus près. C’est comme si tous nos mouvements étaient calculés, dans une sorte de lenteur sensuelle qui nous permettait de nous découvrir en douceur. Ma jambe remonte tranquillement, s’accrochant à lui pendant que mes doigts effleurent les contours de ses muscles. Je me laisse emporter par le baiser, ma langue dansant avec la sienne, la fougue et le désir me gagnant à chaque seconde. Mon dieu, je suis sous le charme. Je suis faible et sous le charme. Mais surtout, je ne sais absolument pas comment je réussirai à m’arrêter maintenant.

« J'exagère pas, tu es folle de moi, mais c'est pas grave, t'es pas obligé de le dire si t'as pas envie, je le sais c'est tout ce qui compte. » Non mais regardez le, certain de ce qu’il avance. C’est beau la confiance en soi. Non mais je sais qu’il plaisante aussi quelque peu face à la situation. « Je suis aussi folle de toi, que toi tu l’es de moi. » Voilà. Ça veut dire ce que ça veut dire. J’ai presque envie de lui tirer la langue telle une gamine, mais je me retiens quand même. De toute façon, on parle d’un film qui pourrait s’inspirer de nous. Je fais référence à Rose et Jake, dans le genre de fin que je ne veux pas pour nous. « Non non j'suis pas assez con pour rester dans l'eau quand y'a de la place pour deux. J'suis pas un héro moi j'crève pas pour la gloire. Non tu vois j'pensais plus à une fin comme ... Bon tu m'excuseras mais j'suis un peu une merde en film de nana, on devrait faire notre propre fin à nous. » Je laisse échapper un rire silencieux en l’entendant. J’aurais bien aimé qu’il me sorte un film de filles super cliché, j’aurai pu rire un peu de lui, mais non, comme je m’y attendais, il n’en connait pas vraiment. « Mouais, t’as surement raison, en plus, on est bien mieux que tous ces personnages de films. » Si on est plus canon que Jay-Z et Beyonce, on est mieux que tout le monde moi je dis. Il parle de l’étang, mais non, ça serait surement la mort la plus conne de l’histoire. La suite des choses se montre disons différente. Je crois que c’est réellement sa main qui se dépose sur ma taille qui est l’élément déclencheur de nos rapprochements. Mais disons qu’une fois que je viens me coller contre lui, la température grimpe de plusieurs degrés, alors que l’échange se veut particulièrement doux. Je le sens attentionné dans ses gestes, dans sa façon de m’embrasser. Mon coeur s’emballe aussi alors que mon désir ne fait qu’augmenter pour lui lorsque sa main descend contre mes fesses, mes cuisses. Je n’ai plus envie que tout s’arrête, mes doigts caresses chaque facette de son torse, le contour de ses muscles. Ce corps. Non mais ce corps est parfait. Je le savais qu’en le regardant, mais maintenant que j’y touche, que je le caresse, je ne peux être déçu. Sauf que je le suis lorsque Cian se sépare de mes lèvres alors que j’avance mon visage pour venir m’emparer de celles-ci à nouveau, je ne veux pas qu’il arrête de m’embrasser. On échange un regard, et je lui souris même faiblement. Je ferme les yeux lorsqu’il dépose ses lèvres contre mon cou pour y déposer une série de baiser. Ça a le don de me rendre folle. Mes glisses avidement vers son dos, descendant lentement vers le bas de celui-ci, jouant avec l’élastique de son boxer, l’envie de le lui retirer me gagnant l’esprit. Je sens son excitation qui est amplement partagé dans cette situation. Mais allez savoir pourquoi, j’ouvre les yeux et mon regard se pose sur la caméra qui nous fixe sans pudeur. Et je me met à penser aux filles qui risquent fortement de voir ces images. À leurs parents aussi. Aux miens. Merde. « Cian... » Ma voix dans un soupir, pourrait presque sembler comme une invitation à continuer. Parce que mon corps me crie de le laisser me déshabiller alors que mon esprit vient de prendre conscience de ce que je suis entrain de faire. Mes mains remontent contre son dos alors que je me recule très légèrement, ne brisant toutefois pas le contact entre nos deux corps. « Je... » Allez, un peu de volonté Nicola. « Je peux pas faire ça... » Et j’ai envie de me foutre une claque de devoir lui dire ça alors que je viens clairement de l’allumer. Je viens coller mon front contre le siens alors que je refuse qu’il s’éloigne de moi, alors que c’est surement ce qu’il a besoin pour se calmer un peu. Parce qu’il fait chaud sous cette couette. « Je suis désolée... j’en ai tellement envie... » Oh oui, j’ai tellement envie de lui en ce moment. Mais les fichues caméras... Je soupire encore une fois, me sentant réellement stupide. On dirait une gamine vierge qui a trop peur de franchir le pas et qui ne fait qu’allumer le mec avant de reculer une fois que les choses deviennent plus sérieuses. Ça me frustre. Je n’ose même pas imaginer à quel point il est frustré, lui.