« Je me suis dit qu’on pouvait espionner nos petits camarades. » Elle apostrophe Henley en la voyant pénétrer dans la cuisine. Elle avait prévu de le faire seule mais pourquoi ne pas en profiter pour l’inclure dans son petit plaisir de l’après-midi ? En réalité, c’était plus un passe-temps qu’un réel plaisir. Une sorte de feux de l’amour mais en plus ennuyeux. C’était dire. Du coup, elle embarqua la demoiselle jusqu’à la salle de vidéo-surveillance et s’installa, elle et ses provisions. On ne fait pas de planque sans un bon repas. Ou du moins un bon casse-croute. Raisin, pomme et poire, le tout préparé avec amour en une salade de fruit. Ça n’avait l’air de rien, vu comme ça mais c’était en fait plutôt gouteux. « Niveau espionnage, je me situe à celui de l’inspecteur gadget alors je préfère cette méthode. » La dernière fois qu’elle avait essayé d’espionner une conversation depuis le cellier, elle s’était prit la porte lorsqu’ils l’avaient ouverte. C’était assez difficile de rester humble dans ces moments là. « On cherche quelqu’un en particulier ? » Elle entrainait Henley dans son aventure principalement parce que restait là seule était d’un ennui mortel et qu’elle appréciait assez la blonde pour avoir envie de passer du temps avec elle. « Eibhlin peut-être. » C’était la première personne qui lui était venue à l’esprit. « Elle est… » Inès chercha dix bonnes secondes avant d’entendre un léger bruit derrière elle. « Là. » Puisqu’effectivement, Eibhlin se trouvait juste derrière elle et leur petite escouade. « Salut. » Elle lui offrit un sourire tout en espérant qu’elle soit entrée juste assez tard pour ne l’avoir entendu. « Tu veux de la salade de fruit ? » Autant se montrer ruser et essayer de soudoyer l’ennemi.

Apparemment, je me suis trouvée une occupation pour l'après-midi. Ou au moins pour un instant, que ça soit quelques dizaines de minutes ou plus. Ou moins. Ça va peut-être être un séjour rapide dans la salle de vidéo-surveillance. Si ça indispose certains de regarder la vie ô combien passionnante des autres, on ne peut pas dire que c'est mon cas. Sûrement parce que je suis sans gêne. Je te laisse méditer là-dessus. Donc j'ai été embarquée par Inès dans la fameuse salle. Elle me dit qu'elle n'est pas très douée en espionnage, c'est du moins ce que je comprends et ça me fait sourire. Pas vraiment le genre de sourire doux ou niais qu'on voit sur la tronche des autres, non, c'est toujours ce petit sourire avec la touche de moquerie qui ressort. C'est pas non plus pour me moquer, c'est juste mon sourire habituel. « Par chance, la prod' a été assez sympa pour penser à te faciliter la tâche. » Avec cette pièce, donc. C'est vrai que c'est plus simple. On se pose et on écoute. Le nombre d'heures perdues à rien faire ici, quand j'y pense... Chercher quelqu'un ? Ok. Je hausse les épaules en guise d'accord. Eibhlin, qu'elle cherche. Pourquoi elle ? Quitte à chercher quelqu'un, autant plutôt taper dans les quelques cas rares qui ne ressemblent pas à rien, non ? Boh. Pas de bol, elle la trouve dans cette pièce, la gosse. Je tourne la tête vers elle deux secondes. « Oh, tiens, un vrai petit rayon de soleil.  » que je la gratifie. C'est ma façon de dire bonjour, oui. Parfois, j'oublie qu'il y a des gens plus sympas que moi, genre Inès qui propose de la bouffe à la gosse. Bon. « Quoi qu'il en soit, tu tombes super bien, on était justement en train de dire à quel point on t'adore. » Je lui souris, d'une façon que j'espère plus vraie mais ça doit avoir l'air encore plus faux, je bats des cils quelques fois.

Effectivement, avec cette pièce, c’était bien plus facile d’espionner les faits et gestes de tous plutôt que d’attendre de tomber sur une scène intéressantes. Et si la scène était d’ordre sexuel, elle préférait y assister via les écrans. Cela faisait un peu plus pervers à y penser mais c’était facile à vivre. Visiblement ce n’était gênant que pour elle, l’apparition d’Eibhlin au moment inopportun. On ne pouvait pas dire qu’Inès était une grande fan de la demoiselle mais tout bien considéré, elle n’avait non plus pas grand-chose contre elle. Et la scène n’était gênante que pour elle à en croire les réactions de ses deux autres camarades. Le ton railleur d’Henley était à la fête tout comme le quatrième degré d’Eibhlin. Chouette, elles allaient bien s’amuser… Inès ne savait pas vraiment quoi répondre à l’irlandaise, ce n’était pas vraiment le genre de conversations auxquelles elle était habituée. « Oui. » Cela sonnait plus comme une question qu’une réelle réponse mais elle doutait qu’elle ait même besoin de répondre. Elle tourna la tête vers Henley, les sourcils légèrement haussés à ses paroles. Ah oui, elles parlaient d’elle ? Inès était déjà un peu perdue entre les deux quand elle décida qu’elle jouerait pour son équipe et pas pour l’une des deux autres. Qu’elles s’arrosent de suffisance si elles le voulaient, elle resterait charmante et parfaitement apte à tenir une conversation civilisée. « Je t’assure, les liftings sont loin de ressembler à ça. » Et elle en avait assez vu pour pouvoir l’assurer. Quant à Henley, elle était très bien comme elle l’était mais la blonde connaissait déjà son avis sur la question. Les mégères ? Vraiment ? « C’est bien connu, on mange les enfants mal élevés. » C’était un peu fourbe et pas du tout dans ses habitudes mais c’était sorti sur un ton assez ironique pour qu’elle l’assortisse d’un grand sourire. « Tu ne connaitrais pas deux trois scoops dignes de voici par hasard ? » Ou gala, elle n’était pas très regardante quant à la qualité du magasine tant que c’était croustillant. « Et je ne suis pas une mégère. Si? » Oui, elle comptait bouder parce que la naine l’avait traitée de mégère mais avait quelque peu besoin d'entendre quelqu'un dire qu'elle n'en était pas une. Elle n’avait jamais rien dit de méchant à Eibhlin et ne comprenait pas vraiment d’où venait tout ça. Non, elle n’était pas du tout une fille susceptible…

Ah bah tu penses bien que je suis ravie de l'arrivée d'Eibhlin. Je l'adore tellement, il faut dire. Ah, oui, qu'est-ce que je ferais si elle n'était pas là, hm. Ironie. Elle est chiante, cette nana. Elle me donne toujours envie de la claquer. Que j'évite de sourire ? Hm, bah, non, je peux encore faire ce que je veux, je pense. Haha et elle est tellement hilarante, quand elle parle de lifting, vraiment. C'est vrai que j'ai de l'argent à jeter par les fenêtres, moi. « Oh, c'est tellement gentil de me prévenir. » que je lui fais en la regardant avec des yeux de Bambi. Et je souris encore un peu plus, parce que ouais, c'est bien mon genre de faire le contraire de ce qu'on me dit. Elle peut bien dire ce qu'elle veut, je m'en fous. Au moins, Inès est assez intelligente, elle, pour savoir que je ne suis pas retouchée. Eh, c'est pas grave. On peut dire que je m'en fous carrément. Bon, la gosse reprend la parole. Ce qu'on lui veut ? Hm, rien, si ce n'est qu'elle dégage, je pense. Enfin, moi, je le vis comme ça. J'écoute ce qu'Inès a à dire. Manger les enfants mal élevés. Oui. J'ai dû balancer une connerie du genre à Brielle, une fois ou deux. Pas très efficace. Elle réclame des scoops. Ah bah oui, ça serait pas mal. « Genre tu as croisé un cerveau en venant ici et il a décidé de t'adopter... » je lance en direction d'Eibhlin. D'accord, c'est vrai, les cerveaux sont pas cons au point de vouloir d'elle. Enfin, j'espère pour eux. Je dis ça, je dis rien. C'est la jolie brune qui reprend la parole. Une mégère. Je crois qu'elle n'en est pas une mais eh, j'en sais rien, moi, je la connais pas assez pour pouvoir l'affirmer. Je hausse les épaules. « Allez, parlons peu, parlons bien. Quel candidat est le plus inutile, selon vous ? » que je leur demande en déposant son regard sur les écrans. Quitte à être là, autant en profiter pour parler. Ou critiquer. Oui, surtout ça. « Eibhlin, chérie, pas besoin de dire mon prénom, tu serais trop prévisible. » J'esquisse un sourire moqueur vers elle. Dis-toi bien que maintenant, je vais lui sourire tout le temps juste pour la faire chier, hm.

Henley sourit et c’est le pire du pire qui puisse exister. En vérité, Eibhlin s’en fout, c’est juste que non seulement ça ne l’avantage pas, mais ça la décrédibilise aussi. Elle n’est franchement pas connue pour sa joie de vivre et ses larges sourires non plus. Si elle commence à sourire, c’est terminé. Après elle dit ça comme ça. Elle continue de sourire justement pour faire chier son monde – enfin – ça ne peut que la faire chier elle-même, parce qu’encore une fois Eibhlin s’en branle. Elle lui adresse un sourire aussi en guise de réponse, avant de se tourner vers Ines. Si ce n’est pas un lifting, elle s’est au moins fait botoxer. Ce n’est pas possible autrement de toute manière. Elle doit quoi ? Avoir trente-cinq ans ? Alors elle hausse les épaules à la réponse d’Inès lui disant que ça ne ressemble pas. « Comment tu l’sais ? T’as l’habitude d’en faire toi ? » Qu’elle répond, en sale gosse qu’elle est évidemment. Enfin, son côté sale gosse oblige à répondre. Elle veut toujours avoir raison en gros. Elle les traites de mégères. Ce n’est pas encore très méchant. Elle aurait pu les traiter de putes par exemple et encore, ce n’est pas non plus une horreur quoi. L’un répond qu’elles mangent les enfants mal élevée. Si elle ne le croit de son côté, elle peut franchement aisément le croire du côté de Henley. Les pauvres gosses qui doivent la côtoyer… Et puis elle part à la recherche du scoop. Quoi ? Elle croit qu’elle s’intéresse franchement aux autres. Déjà si elle vient dans la salle de vidéo surveillance, c’est pour mater. Pas pour s’intéresser à la vie des gens. Eibhlin ouvre la bouche, mais elle aussitôt coupée par la blonde. Elle parle de cerveau, un truc qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui tombe franchement à plat. Elle ne répond rien, tellement c’est naze. Et absolument pas digne d’intérêt. Ines se questionne sur son degré de « mégèrité ». Qu’elle se rassure : elle est loin d’égaler la blondasse, mais malheureusement à force de traîner avec elle, elle risque d’être contaminée. « Malheureusement si… » Qu’elle lâche, en soufflant. Elle peut crier, bouder, pleurer ; elle n’en restera pas moins une mégère qui a fier allure. Bon l’ambiance est mortelle ici. C’est vrai qu’elle se demande ce qu’elle fout là, alors qu’elle a la possibilité de bouger son cul, mais Henley la retient ici. Implicitement. Dire des choses sur le dos des gens, elle adore ça Eibhlin. Elle n’a malheureusement pas l’habitude, mais quand même. « J’aurais du mal à dire ton prénom… J’sais plus comment tu t’appelles… Et puis sérieux, j’pensais pas à toi. T’es quand même un peu utile ici… » Qu’elle lâche, en faisant une grimace. Bah ouai, il faut bien une blonde un peu connasse sur les bords, médisante et salope. Bon certes cette saison, cette « blonde » a été divisé en deux : Kinga et Henley. Alors voilà quoi. « Mais te fais pas d’illusion, t’es pas « si » utile que ça non plus, tu ne vas pas durer encore bien longtemps ici… » Qu’elle lâche naturellement et sincèrement. Elle n’est pas aussi intéressante que ça non plus. « Par contre pendant un moment, j’aurai bien dit Inès, sans vouloir te vexer ! » La pauvre. Elle est juste là, à côté. Elle semble franchement moins virulente qu’Eibhlin ne l’aurait cru. Si facilement attaquable, même si c’est la vérité. « Mais t’es pas mal foutue alors c’est vrai que te mater sous la douche, ça occupe… Pas comme blondasse ! Maintenant, sans parler du retour de l’asiat constipée, j’dirais… La meuf à la choucroute. Elle est venue que pour picoler celle-là. Mais aussi Camille là… Plus nunuche tu meurs. Et le chinois qui se fait passé pour hawaïen qui lui sert de partenaire aussi. Et l’autre là… Merde… Comment elle s’appelle… » Ouai, autrement dit, à ses yeux beaucoup ne servent à rien. C’est vraiment trop dur de faire un choix parmi tout ces cas soc.